Des énergies renouvelables diversifiées, en forte progression, avec des potentiels encore à mobiliser

Fin 2010, la production d’énergies renouvelables est d’environ 10 100 GWh/an, soit environ 20 % de la consommation d’énergie finale. Consciente de ses potentialités de développement des énergies renouvelables, la Champagne-Ardenne a traduit son ambition dans son Plan climat air énergie (PCAER) avec un objectif de production d’énergies renouvelables fixé à 45% de la consommation énergétique finale à horizon 2020 (34% hors agrocarburants), dépassant ainsi l’objectif de 23% à horizon 2020 fixé par la loi de programmation de 2009 relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement, et porté à 32% à horizon 2030 par la loi TECV d’août 2015. Ces objectifs permettraient d’éviter l’émission de plus de 4 millions de teqCO2/an (hors agro carburants).

Objectifs de production d’énergies renouvelables en Champagne-Ardenne à horizon 2020. Source : PCAER 2012
Production fin 2010 (GWh/an)Objectif 2020 (GWh/an)
Bois-énergie 994 3 894
Eolien 1 571 5 740
Solaire thermique 7 47
Photovoltaïque 13 159
Géothermie 66 292
Hydroélectricité 54 216
Agrocarburants 4 668 4 668
Valorisation déchets (dont biogaz) 152 410
Autres (aérothermie, récupération de chaleur, poêles et cheminées) 2 567 3 392
TOTAL 10 092 18 818

Le développement des énergies renouvelables requiert néanmoins une prise en compte intégrée de l’ensemble des enjeux territoriaux et peut se heurter à une acceptation locale peu favorable. En particulier, les impacts potentiels sur les paysages, le patrimoine et l’environnement (biodiversité, avifaune, continuité écologique des cours d’eau, qualité de l’air) ainsi que des concurrences possibles sur l’utilisation des ressources (valorisation de la biomasse forestière, partage de la ressource en eau) et sur l’usage des sols (terres agricoles notamment) doivent être considérés.

Une progression rapide de l’éolien et des potentialités encore à mobiliser

L’éolien a connu un très fort développement en Champagne-Ardenne depuis le début des années 2000. En moins de 10 ans, la puissance installée a été multipliée par 11 pour atteindre fin 2015 1 797 MW, plaçant ainsi la Champagne-Ardenne au premier rang des régions françaises.
L’atteinte des objectifs ambitieux à horizon 2020 nécessitera une forte mobilisation des acteurs devant permettre une appropriation des enjeux par les citoyens ainsi qu’une prise en compte renforcée des enjeux soulignés par le Schéma régional de l’éolien, notamment en matière de paysage (risque de mitage, d’encerclement, de covisibilité), de biodiversité (avec un enjeu plus particulier lié aux couloirs de migration d’espèces d’oiseaux et de chauve-souris), de nuisances sonores.

Evolution du parc éolien : puissance cumulée en fin d’année (en MW).
Source : SOeS, d’après raccordements ERDF, RTE, EDF-SEI et des principales ELD, et CRE (autres ELD)
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Le bois-énergie, une ressource très utilisée, un potentiel d’exploitation encore important

A l’échelle régionale, la consommation de bois est estimée à environ 1 million de tonnes par an. Le gisement théorique de bois supplémentaire mobilisable a été évalué à 1,39 million de tonnes, principalement d’origine forestière. Cela représente un potentiel important de développement de l’exploitation de la ressource régionale pour la production de chaleur renouvelable, mais qui implique une optimisation de la mobilisation de la ressource rendue difficile en région par un morcellement important de la forêt et un manque de cohésion de la filière (voir Contexte – La sylviculture). Au-delà de la ressource, le potentiel de développement inclut également le remplacement des appareils existants par des appareils plus performants pour l’habitat individuel, ce qui permettrait aussi de limiter les émissions de particules par une meilleure combustion du bois (voir chapitre Qualité de l’air). Dans le secteur collectif, il s’agirait de développer les chaufferies bois collectives et valoriser les réseaux de chaleur.

La valorisation des produits d’origine agricole avec les agrocarburants et la méthanisation

Les agrocarburants pèsent pour moitié dans la production des énergies renouvelables en région. Toutefois, il n’y a pas de levier d’action direct à l’échelle régionale, la politique de développement relevant du niveau national qui initie des plans d’agrément définissant pour les unités de production retenus une quantité d’agrocarburants à retenir. En outre, les agrocarburants font l’objet de débats quant à leur durabilité en raison des procédés de production et des enjeux liés à la biodiversité et au stockage de carbone dans les sols. En conséquence, le PCAER ne prévoit pas d’évolution de la production à horizon 2050. A noter la mise en place de projets pilotes en lien avec le pôle de compétitivité industrie agro-ressources (IAR) afin de promouvoir les agrocarburants de seconde génération.

La méthanisation consiste en la valorisation (électricité, chaleur et injection dans les réseaux de gaz) de déchets d’origine agricole ou agro-alimentaire (lisiers, fumiers, résidus de culture, sous-produits organiques…). Elle peut aussi être mise en œuvre à partir de déchets urbains, tels que la fraction organique des ordures ménagères et les boues de stations d’épuration, sous réserve d’une taille critique suffisante. En 2014, on recense une vingtaine d’installations en fonctionnement ou en construction, 19 en projet et 22 en étude, soit un objectif de 55 installations en 2020 fixé par le PCAER en bonne voie d’être atteint. La puissance totale des installations en fonctionnement, en construction et en projet (hors installations en étude donc) était de 7 847 kW en 2015.
Par ailleurs, des travaux de raccordement gazier actuellement en cours pourraient apporter localement des possibilités d’injection de bio-méthane.

La géothermie, une ressource sous-exploitée

La Champagne-Ardenne dispose d’un potentiel hydrogéologique favorable à la géothermie très basse énergie utilisable par le biais d’une pompe à chaleur pour chauffer ou rafraîchir des locaux. Ainsi, près de 30% du territoire régional est concerné par un fort potentiel. Malgré ces 144 installations pour une production d’énergie renouvelable de 15 900 MWh/an en 2010 1, cette ressource reste encore sous-exploitée au regard de son potentiel, les principaux freins à son développement étant le manque d’information des maîtres d’ouvrages potentiels et l’absence de véritable filière régionale de la géothermie, animée, structurée et formée. L’objectif du PCAER est de multiplier par 5 le nombre d’installations en géothermie d’ici à 2020.

D’autres filières en émergence en région et participant au mix énergétique

Les filières du solaire photovoltaïque, de l’aérothermie, du biogaz sont amenées à connaître un développement relativement fort jusqu’en 2050, suivant les objectifs fixés par le PCAER. En revanche, le potentiel de la filière hydroélectrique pourrait être rapidement exploité conduisant à son plafonnement à court-moyen terme.

Pour aller plus loin :

Notes et références

1Plaquette ADEME 2011 Géothermie très basse énergie

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