Le phénomène de reconstitution de nappe dans le bassin Houiller

La nappe des grès du Trias inférieur (GTI), également appelée nappe des grès vosgiens, constitue une importante réserve d’eau souterraine, de plus de 180 milliards de mètres cubes, qui s’étend sous une grande partie de la région Grand Est, mais aussi sous une partie du Luxembourg et de l’Allemagne. Cette nappe d’eau souterraine qui circule au sein des grès vosgiens qui se sont formés il y a plus de 230 millions d’années s’écoule globalement du sud vers le nord, soit des Vosges vers la Sarre allemande.

Sous la majeure partie du territoire lorrain, ce réservoir d’eau souterraine est sous recouvrement de terrains imperméables. De ce fait, il est majoritairement dit « captif ». Il en est ainsi par exemple dans le secteur de Nancy. Au contraire, le long des Vosges et dans le bassin houiller lorrain (secteur de Creutzwald, Longeville-lès-Saint-Avold, Freyming-Merlebach et Forbach) la nappe est essentiellement « libre », donc dépourvue de couverture, ce qui lui permet de bénéficier directement des infiltrations d’eau de pluie, les grès étant affleurant au niveau du sol.

En zone « libre », la profondeur à laquelle se trouve la nappe d’eau souterraine fluctue naturellement selon les saisons et/ou la succession d’années sèches et/ou humides. La profondeur moyenne (ou altitude) autour de laquelle elle fluctue a toutefois été perturbée par les prélèvements d’eau qui y ont été réalisés par le passé et par ceux encore actifs de nos jours pour répondre aux besoins des activités humaines. Cela étant, lorsque la nappe se recharge naturellement en conséquence d’une succession d’années humides ou d’une diminution des prélèvements d’eau, on parle de reconstitution ou de remontée de nappe.

Dans le secteur particulier du bassin houiller lorrain, une diminution de la consommation en eau potable et industrielle est observable depuis les années 1990. S’ajoute à cela les exhaures arrêtées en raison de la fin de l’activité minière, intervenue il y a plus de dix ans. Les évolutions techniques, socio-économiques, ainsi que les politiques publiques mises en place au cours des dernières années dans l’objectif de préserver les ressources naturelles ont conduit à une accentuation de la baisse des prélèvements d’eau. En conséquence, les niveaux de la nappe remontent et il en sera ainsi jusqu’à ce qu’elle ait atteint un nouvel état d’équilibre moyen, à partir duquel elle pourra encore fluctuer en fonction des saisons et des années sèches ou humides.

Les conséquences d’une nappe d’eau souterraine plus proche de la surface que par le passé récent (moins d’un siècle) peuvent mettre des années à se manifester réellement en fond de vallée ou en basse plaine. Il est donc important de prendre en compte ce phénomène dès à présent dans l’aménagement du territoire au moyen d’études fines. Il peut en effet entraîner des problèmes de salubrité publique et des dommages aux biens et aux infrastructures sur des périodes relativement longues (les crues de nappes peuvent durer plusieurs mois, voire plusieurs années).

C’est dans cet objectif que des études hydrogéologiques et des modélisations spécifiques ont été lancées sur le bassin houiller afin de caractériser au mieux le phénomène et la vulnérabilité du territoire qui en découle. Elles ont pour ambition d’intégrer au mieux le rôle que peuvent jouer certaines failles géologiques sur l’écoulement de la nappe d’eau souterraine, mais aussi l’impact de l’anthropisation des milieux (berges aménagées, cours d’eau bétonnés, anciennes zones marécageuses urbanisées, prélèvements anthropiques etc) ainsi que les zones dont la sensibilité au phénomène de remontée de nappe résulte des affaissements miniers.

Une première cartographie des zones soumises à la recharge de la nappe sur l’Ouest du bassin houiller (secteur de Creutzwald) a été communiquée en 2016 et fait l’objet d’un porter à connaissance réalisé par la Direction Départementale des Territoires de la Moselle (DDT 57).

Une actualisation élargie à l’ensemble de la nappe « libre » du bassin houiller (Secteur Est, Centre et Ouest) est en cours. C’est dans ce cadre qu’une campagne de reconnaissance de la nature des sols présents en fond de vallée a été réalisée en 2017 sur l’ensemble du bassin houiller afin d’améliorer la connaissance du territoire, alimenter le travail de modélisation et obtenir une cartographie plus précise des zones soumises au phénomène en question.

L’objectif est d’aboutir à des cartes de sensibilité du territoire à ce phénomène selon deux scénarios, l’un étant dit « réaliste » et l’autre étant dit « sécuritaire ». Les résultats de ces études seront ensuite exploités par la DDT 57 pour les intégrer dans un PPRI afin de guider au mieux les communes dans l’aménagement de leur territoire. Deux types de secteurs seront toutefois à distinguer dès lors qu’ils nécessiteraient la mise en œuvre de mesures de prévention :
– les zones affaissées, dans lesquelles les mesures seront prises en compte par l’État dans le cadre de l’après-mine ;
– les zones non affaissées, qui seront financées comme dans un PPRI classique.
Cette distinction permet de prendre en compte les conséquences de l’ancienne activité minière arrêtée sur le territoire depuis 2006.

L’état des connaissances à ce sujet est présenté au sein d’un Comité de Suivi Remontée de Nappe (CSRN), dont la première réunion s’est tenue le 06 octobre 2017 à Forbach. La mise en place de cette instance a été décidée par le Préfet de la Moselle.
Les présentations exposées au cours de celle(s)-ci sont accessibles ci-dessous :

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