Le risque inondation, principal risque naturel majeur

Les inondations constituent le principal risque naturel en région

Les inondations concernent près d’un quart des communes, avec des zones inondables qui couvrent 4% des surfaces régionales et concernent 7% de la population et des logements 1. Le contexte hydrographique, la nature du sol et du sous-sol et la topographie jouent un rôle essentiel dans la genèse et le régime des inondations. Celles-ci sont liées à des débordements de cours d’eau, au ruissellement pluvial, ainsi qu’aux remontées de nappes ou au débordement de réseaux d’assainissement. Elles peuvent également survenir suite à la surverse, voire à la rupture de digues fluviales et barrages, en cas de forte crue.

Les inondations peuvent se trouver aggravées par l’imperméabilisation progressive des sols et certaines pratiques et orientations agricoles. L’exposition aux risques inondation peut à terme être renforcée par les effets du changement climatique, notamment suite à des événements de plus forte intensité. L’établissement public d’aménagement (EPA) Meuse et ses affluents et l’EPTB Seine Grands Lacs sont engagés dans des programmes de recherche permettant d’apprécier ses effets (voir chapitre Changements climatiques).

(Carte) Zones inondables

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Une connaissance fine de l’aléa débordement, mais encore partielle pour les phénomènes de ruissellements, remontées de nappe et rupture de digues.

La connaissance de l’aléa inondation par débordement de cours d’eau a beaucoup progressé ces dernières années, avec la cartographie des aléas des Plans de prévention des risques et les atlas des zones inondables. Elle est amenée à progresser pour ceux liés aux ruissellements, aux remontées de nappe et aux ruptures de digues fluviales dans le cadre des stratégies locales de gestion du risque inondation (SLGRI) sur les territoires les plus exposés, pour lesquels la connaissance reste encore essentiellement liée aux derniers événements. A noter qu’une cartographie des aléas érosion et ruissellement sur le département de la Marne est en cours d’élaboration par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), et devrait être diffusée en 2016.

Des crues de débordements de cours d’eau, dont la survenue et l’ampleur est depuis plusieurs décennies atténuées par les grands lacs-réservoirs.

L’amont des grands bassins versants de l’Aisne, de la Marne, de l’Aube, de la Seine et de la Meuse, ainsi que les petits bassins versants des affluents, avec des vallées encaissées à fortes pentes et des espaces de débordements réduits constituent des zones privilégiées de genèse de crue. Ces crues rapides sont générées par de fortes intensités de pluie sur des durées courtes en été, mais elles peuvent également survenir en saison hivernale suite à des petites pluies du fait de la saturation ou du gel des sols.

L’afflux simultané des débits des bassins versants amont et les hauteurs d’eau importantes en hiver des cours d’eau de plaine, suite à des pluies longues et généralisées sur l’ensemble des bassins versants, engendrent des crues de débordement lentes et durables à l’aval. Du fait de la topographie relativement plane et des caractéristiques géologiques (substrat crayeux favorable à l’infiltration des eaux dans les nappes phréatiques), les plaines assurent un vaste champ d’expansion et de laminage des crues. Celles-ci sont aggravées au printemps par la charge forte des nappes à cette période, conséquente du cumul des précipitations hivernales.

Les grands lacs réservoirs, qui se remplissent entre novembre et juin pour réguler les crues de l’Aube (lac du temple-Amance), de la Marne (lac du Der-Chantecoq) et de la Seine (lac de la Forêt d’Orient), et se vidangent au cours de la période estivale pour assurer un soutien d’étiage, permettent de contrôler les hauteurs d’eau de ces rivières. La zone de ralentissement dynamique des crues (ZRDC) de la Meuse en amont de Mouzon permet également l’abaissement des lignes d’eau de crue à l’aval pour les crues centennales. Ces ouvrages peuvent néanmoins devenir transparents lorsqu’ils atteignent leur remplissage maximal en cas d’années particulièrement pluvieuses (voir chapitre Ressources en eau).

Une sensibilité importante au ruissellement pluvial agricole et urbain

La Champagne-Ardenne est sensible au ruissellement, phénomène naturel, mais qui devient d’autant plus important que les sols sont imperméables (artificialisés ou argileux), le tapis végétal faible, la pente forte et les précipitations soutenues.
La région est concernée par du ruissellement d’origine agricole, qui peut s’accompagner de phénomènes d’érosion des sols, et générer des coulées de boues (voir chapitre sols et sous-sols). Ce risque est prépondérant sur les coteaux viticoles, et dans une moindre mesure dans les plaines agricoles du fait de la topographie. Il est aggravé par certaines pratiques culturales : désherbage, tassement des sols par le passage des engins, réduction, voire disparition des bandes enherbées et des haies, favorables au ralentissement et à l’infiltration des eaux. Ce phénomène est accentué l’hiver lorsque les sols sont nus ou au printemps et en été lorsque les cultures sont encore en croissance.
On observe également des phénomènes de ruissellement générés en milieu urbain, dûs à l’imperméabilisation des sols, qui diminue les surfaces d’infiltration des eaux. Ce phénomène devient récurrent dans certains secteurs, notamment dans l’agglomération rémoise. Ce risque est renforcé par des capacités des réseaux d’assainissement parfois insuffisantes pour absorber les débits générés.
Outre les dommages matériels et humains, le ruissellement est à l’origine de la perturbation et de la dégradation de la morphologie des cours d’eau et de la qualité des eaux superficielles, par apport de matières en suspension et autres éléments (azote, phosphore, pesticides…).

En cas de forte crue, un risque de surverse, voire de rupture lié à des causes multiples

Les digues de protection contre les inondations fluviales ont pour but de guider l’eau en dehors des zones densément habitées ou sensibles afin d’éviter leur submersion, par exemple lors de fortes crues. En Champagne-Ardenne, elles s’étendent sur environ 200 km et sont essentiellement présentes le long des larges plaines des grands cours d’eau et protègent des zones urbanisées importantes dans les secteurs de Châlons-en-Champagne, Troyes, le long du canal de la Haute-Seine dans l’Aube, ainsi que dans les vallées encaissées du nord de la région. Peuvent également avoir un impact les digues dites par destination, dont la fonction n’est a priori pas de protéger contre les inondations (type remblais ferroviaires).
Lors des crues passées et dans certains secteurs, la montée des eaux a atteint la limite du seuil de surverse, montrant ainsi un risque de submersion des territoires arrière. Cette montée des eaux entraîne une pression sur les ouvrages, pouvant conduire à des brèches, voire à leur rupture.
La rupture d’une digue peut être mise en lien avec différentes problématiques. L’entretien n’est pas toujours suffisant, notamment lorsque aucun gestionnaire d’ouvrage n’est clairement identifié. La création de la compétence dite GeMAPI devrait contribuer à clarifier ce type de situation. Une autre difficulté est que certains ouvrages ne sont pas identifiés comme tels. Enfin, les ouvrages de protection contre les crues sont prévus pour des phénomènes d’ampleur déterminée. Au-delà, l’efficacité de l’ouvrage n’est pas garantie.

Une sensibilité très forte aux remontées de nappe phréatique

La région est également concernée par des inondations générées par des remontées de nappe phréatique, pouvant se conjuguer aux crues des cours d’eau. Ces inondations sont lentes, localisées (caves, bâtiments noyés, chaussée dégradée…) et peuvent persister plusieurs mois. De nombreux secteurs sont très sensibles aux remontées de nappes, notamment sur les plateaux occidentaux de la Marne et dans les vallées, où la nappe est sub-affleurante. Certains secteurs urbanisés (Reims, Châlons-en-Champagne, Vitry-le-François, Troyes…) sont particulièrement concernés.

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Pour aller plus loin :

Notes et références

1Service de l’observation et des statistiques du Ministère en charge de l’écologie (SOeS), http://www.stats.environnement.developpement-durable.gouv.fr/Eider/series.do#X

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