Les cours d’eau

Matières organiques et oxydables

4. Un réseau hydrographique dense

La région, et plus particulièrement les Vosges, sont parcourues par de nombreux cours d’eau. La Moselle (550 km) et la Meuse (950 km), orientées nord-sud, sont navigables. La Moselle est alimentée par de nombreux affluents, tels la Vologne, le Madon, la Meurthe, la Seille et l’Orne qui viennent des reliefs vosgiens ou du plateau lorrain. La Meuse a un cours plus direct qui débouche dans le delta du Rhin aux Pays-Bas. La gestion des cours d’eau comme la Meuse, la Moselle ou la Sarre a un impact sur les flux de substances transportés, comme sur le régime hydrologique en aval, non seulement au niveau national mais aussi au niveau international. En Belgique, en Allemagne ou aux Pays-Bas, l’alimentation en eau potable provient essentiellement des eaux de la Moselle ou de la Meuse (canal Albert).

5. Un niveau de pollution des cours d’eau toujours préoccupant

L’évolution de la qualité des rivières est difficile à analyser. En effet, de nombreux facteurs interviennent dans le jugement global que l’on peut porter sur l’état des cours d’eau : qualité chimique de l’eau, diversité des biotopes liés au cours d’eau, état des berges, qualité biologique, ressources halieutiques…

De plus, ces différents aspects dépendent en partie (dans une proportion plus ou moins importante) du débit des cours d’eau (hydraulicité), elle-même fortement dépendante de la pluviométrie, facteur climatique aléatoire. La qualité physico-chimique des eaux superficielles, mesurée par les paramètres matières organiques et oxydables, nitrates et phosphore sur les stations de mesure pérennes depuis 1990, se maintient à un niveau général moyen.

Nitrates dans les eaux superficielles

a) Matières organiques et oxydables
Le niveau de pollution générale des cours d’eau par les matières organiques et oxydables (MOOX) reste préoccupant : l’amélioration régulière de la qualité dans la décennie 90 fait place à des évolutions plus chaotiques, orientées vers une stabilisation. Les conditions hydrologiques (faible pluviosité) sont un facteur explicatif. L’examen de la répartition régionale de la pollution montre une localisation des perturbations les plus fortes dans les zones industrielles et les anciens bassins miniers.

b) Nitrates
Les nombreux apports dus à l’activité humaine (rejets domestiques ou industriels, et surtout élevages et lessivages des sols nus ou de cultures amendées à l’excès) ont déséquilibré le cycle naturel de l’azote au profit de la forme nitrates. La pollution est importante sur les bassins versants agricoles de la Meuse, la Chiers, la Nied et des principaux affluents de la Moselle (Madon, Seille, Orne). L’évolution récente est plutôt orientée à une stabilisation. Les bons indices obtenus au tournant du siècle, pendant des années particulièrement humides (2000-2001) n’ont toujours pas été retrouvés. Les niveaux de contamination des eaux superficielles par les nitrates demeurent cependant toujours inférieurs à la norme de potabilité de 50 mg/l.

c) Matières phosphorées
La pollution liée au phosphore a nettement diminué mais demeure à des niveaux importants. Les efforts menés depuis le début des années 1990 pour une réduction notable du phosphore (notamment la réduction des teneurs dans les lessives, la mise en service de traitements sur les grandes agglomérations, la mise aux normes de bâtiments d’élevage) ont permis des progrès considérables. L’amélioration de la qualité, constatée depuis une vingtaine d’années, se poursuit à un rythme cependant ralenti.

d) Chlorures et sulfates
Les paramètres chlorures et sulfates ont une importance spécifique en Lorraine. La teneur en chlorures d’un cours d’eau est liée au substrat géologique de son bassin versant. Lorsque celui-ci comporte des couches salées drainées par les eaux, les concentrations sont naturellement élevées. C’est le cas des rivières telles la Seille ou le Sânon dont les dénominations témoignent de cette caractéristique particulière.

Les pesticides
Les chlorures proviennent aussi des rejets des industries chimiques du bassin houiller qui affectent la Rosselle, des rejets des soudières de l’amont de Nancy qui affectent la Meurthe puis la Moselle. Or, les eaux fortement chargées en chlorures posent problème pour la fabrication d’eau potable et certains usages industriels. Par ailleurs, la région connaît des problèmes de teneurs en sulfates liés soit à la géologie (Est vosgien par exemple) soit, de manière transitoire, à l’arrêt de l’exploitation minière dans les bassins ferrifères et houillers.

e) Produits phytosanitaires (pesticides)
Utilisés essentiellement par l’agriculture mais également par les particuliers et les collectivités, les produits phytosanitaires peuvent contaminer le milieu par pollution ponctuelle (débordement de cuve, mauvaise gestion des fonds de cuve, etc.) ou diffuse (ruissellement consécutif à de mauvaises conditions d’épandage, etc.). La présence, en plus ou moins grande importance, de certaines substances actives peut menacer la richesse de la faune et de la flore des cours d’eau et limiter l’autoépuration. La potabilité de l’eau destinée à la consommation humaine peut être affectée. 84 substances (sur les 280 substances recherchées en 2007) sont retrouvées plus ou moins fréquemment dans les eaux superficielles du bassin. L’atrazine, herbicide interdit à la vente depuis 2003, se retrouve encore dans 4% des prélèvements, alors que le glyphosate (roundup) et son principal métabolite (AMPA) sont identifiés respectivement dans 20% et 50% des prélèvements.
95% des stations de suivi sont concernées en 2007 par la présence (en concentration plus ou moins élevée) de pesticides.

f) La chlorophylle total
Les bassins de la Meuse, de la Chiers et de la Seille sont fortement sensibles au développement excessif de phytoplancton lié aux apports trop riches en nutriments (phénomène d’eutrophisation). La Seille est affectée par ce phénomène du fait de la présence de l’étang de Lindre sur son bassin amont, de son cours lent, des aménagements et des rejets (domestiques et agricoles). Les teneurs restent très liées à la climatologie. La situation a en fait peu évolué depuis 1993.

Qualité des eaux superficielles, altération pesticides

6. Qualité biologique des cours d’eau : des résultats contrastés

a) L’indice de qualité basé sur les algues unicellulaires (diatomées)
L’analyse des peuplements de diatomées permet d’évaluer la qualité du milieu et tient compte notamment des pollutions passées qui ont pu perturber le biotope. Globalement, les résultats font apparaitre de fortes perturbations des cours d’eau lorrains.

Encadré sur les eaux minérales
La Moselle en amont de Saulx est de bonne à très bonne qualité, puis voit sa qualité baisser fortement entre Golbey et Bainville-aux-Miroirs ; une plus légère baisse est observable plus en aval entre Méreville et Liverdun. Après sa confluence avec la Meurthe, la Moselle a une qualité globalement moyenne jusqu’en aval de Thionville, puis une baisse significative est observable près de Sierck-les- Bains (mauvaise qualité). La Meurthe a une bonne à très bonne qualité dans sa partie apicale au Valtin. Sa qualité baisse fortement entre Fraize et Voivre. Entre Thiaville et Damelevières, sa qualité est moyenne. Ensuite la Meurthe se minéralise fortement et voit sa qualité osciller entre moyenne et mauvaise. La Sarre Rouge et la Sarre Blanche présentent de bonne à très bonne qualité. Ces deux rivières se rejoignent pour former la Sarre, qui voit sa qualité baisser à Sarraltroff (mauvaise qualité généralement). Plus en aval, entre Gosselming et Grosbliederstroff, la Sarre a une qualité homogène qui est moyenne. La Meuse est de qualité moyenne à l’amont, puis voit sa qualité s’améliorer pour devenir bonne entre Domrémy et Sassey/Meuse. Puis sa qualité se dégrade à nouveau entre Inor et Nouzonville (qualité moyenne à bonne). En aval, le secteur entre Laifour et Givet montre une légère amélioration de la qualité.

Dans le bassin ferrifère et houiller, plusieurs points noirs sont à noter : la Fensch, l’Alzette, l’Yron, la Chiers en amont, la Rosselle. Dans la partie Seine-Normandie de la région Lorraine, la Saulx est de bonne à très bonne qualité, par contre l’Ornain et l’Aire sont de bonne qualité en amont puis voient leur qualité devenir moyenne plus en aval. La Saône (bassin du Rhône) est de bonne qualité.

b) L’indice Poisson
Les peuplements de poissons constituent également de bons indicateurs de la qualité écologique des cours d’eau. Près de 40% des stations sont jugés de bonne ou très bonne qualité et 30% sont de mauvaise ou très mauvaise qualité.

Les meilleurs peuplements se situent essentiellement sur le bassin Seine - Normandie et le massif vosgien. Ces deux secteurs, où coulent ruisseaux et cours d’eau de taille intermédiaire, sont caractérisés par une bonne qualité générale de l’eau et une assez bonne à bonne qualité du milieu physique. Ailleurs, certaines stations peuvent également présenter de bons peuplements mais la répartition de ces stations est clairsemée. On peut citer la Crusnes à Joppécourt, le Trey à Vandières et le ruisseau de Manderen à Apach. Les peuplements de moyenne qualité dominent la région.

L'indice "poisson"
On les rencontre principalement sur les bassins moyen et aval de la Meurthe, la Moselle intermédiaire et aval et la Sarre amont. En exemple, on peut citer le cas de la Meurthe à Thiaville dont la qualité de l’eau médiocre (forte charge de matières en suspension et de matières organiques d’origines anthropiques) est un facteur limitant pour le développement d’un peuplement équilibré et sain. L’état des peuplements sur la Meuse est plutôt bon, en raison de la relative bonne intégrité du milieu physique. Les situations les plus dégradées sont observées au niveau de stations étant sous l’influence de barrages ou de seuils (l’Albe à Insming, la Sarre à Willerwald, la Saône à Monthureux-sur-Saône, le Rupt de Mad à Arnaville) ou sur des cours d’eau dont la qualité de l’eau est médiocre (l’Othain et, dans une moindre mesure, le Vair).

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