Territoire et population

La densité de population

1. Population et économie

La Lorraine a une frontière avec trois pays : l’Allemagne, la Belgique et le Luxembourg. Cette situation constitue aujourd’hui un atout important pour la région. Attractive pour les implantations étrangères, la Lorraine l’est aussi pour bien des ressortissants étrangers qui choisissent de venir résider du côté français. Par ailleurs, le Luxembourg et l’Allemagne offrent des emplois à de nombreux Lorrains. Au cours des quinze dernières années, le paysage économique régional s’est profondément transformé. Les mines de fer ont disparu du paysage, et la suppression totale des houillères est intervenue en 2005. La métallurgie ne représente plus que 3,9% des emplois salariés en 2005, contre 6,6% en 1989. De même, les emplois dans le textile-habillement ne représentent plus que 0,7% (2,8% en 1989). De nouvelles industries sont apparues comme l’industrie automobile et la plasturgie. Ce redéploiement a notamment été permis par les nombreuses implantations étrangères, la Lorraine se situant parmi les toutes premières régions françaises quant au nombre d’emplois ainsi créés. Depuis 2001, l’emploi industriel a cependant fortement reculé. Dans la région, le tertiaire a profité du fort dynamisme des secteurs de la santé et de l’action sociale et, de façon moindre, de l’essor des activités de conseils et développement.
Le travail frontalier, en direction du Luxembourg notamment, est en forte expansion. De 18 600 en 1982, le nombre de travailleurs frontaliers est passé à 65 000 en 1999. Il est estimé à près de 100 000 aujourd’hui. Plus des deux tiers (68%) des frontaliers travaillent au Luxembourg.

En 2009, la Lorraine compte 2,337 millions d’habitants. La densité de 99 habitants au km2 est proche de la moyenne nationale (112). La Moselle, avec 166 habitants au km2 est cinq fois plus densément peuplée que la Meuse. Certaines zones rurales en voie de désertification n’atteignent pas 20 hbts/km2. Depuis 1999, la population a augmenté en moyenne de 0,16% par an contre 0,62% au niveau national.

L'évolution territoriale de la population
La croissance bénéficie surtout aux départements déjà les plus peuplés, Meurthe-et-Moselle et Moselle, et particulièrement dans les zones péri-urbaines. Dans les Vosges, la population augmente à peine, alors que dans la Meuse, un rebond démographique léger mais continu est observé. Le solde naturel est le principal facteur d’augmentation de la population lorraine. Il reste positif en 2005 (+6100), au niveau du solde moyen des cinq dernières années. Quant au solde migratoire, s’il demeure encore négatif, de l’ordre de -2000 par an, il est en voie de réduction.

L’importance du travail frontalier et le départ de nombreux jeunes actifs ont longtemps permis à la Lorraine de se situer, au plan du chômage, dans une situation un peu plus favorable que l’ensemble des régions françaises. Cependant, depuis 2001, le chômage, et notamment celui des moins de 25 ans, augmente plus rapidement en Lorraine. Fin 2009, il se situe à un niveau plus élevé d’un point que la moyenne métropolitaine.

2. L’occupation du sol

L’agriculture occupe la majeure partie du territoire français (60%). Dans les départements lorrains, la proportion est identique, à l’exception du département des Vosges, qui ne comporte que 45% de territoires agricoles, les milieux naturels et forestiers occupant la moitié du département. L’occupation des sols reflète la géologie et l’hydrographie. Les sols peu accessibles ou aux faibles potentialités de valorisation par les cultures agricoles intensives ont été laissés à une occupation « naturelle », se traduisant par les forêts dans les Vosges. A l’inverse, certaines zones du Plateau lorrain, du Barrois, du Pays haut sont composées de plus de 80 voire 90% de territoires agricoles. Avec 5,7% du territoire en occupation artificielle du sol, la Lorraine apparait comme une région plutôt artificialisée, plus que la moyenne métropolitaine (5,1%) qui comprend pourtant l’Ile de France (21% de zones artificialisées).

Progression des zones artificialisées

Seules les régions Nord Pas de Calais et Alsace sont significativement plus artificialisées (à hauteur de 10% du territoire).
La Moselle fait partie des départements à plus fort taux d’artificialisation (près de 10%), se situant à la dixième place des départements (hors Ile de France).
L’artificialisation est fortement liée à la densité de population (présente ou passée) : le sillon mosellan à la fois lieu d’habitation, d’activités et de réseaux de circulation est triplement concerné. La part des zones naturelles (milieux forestiers essentiellement) est toutefois assez importante en Lorraine (38% contre 34% France) grâce notamment à la présence de la forêt vosgienne. Le département des Vosges se situe à la 19ème place des départements les « plus naturels », derrière les zones de montagne (Alpes, Pyrénées, Massif central) et de forêt (Landes, Gironde).

La progression de l'artificialisation
Entre 2000 et 2006, deux évolutions marquantes doivent être soulignées. La progression régulière de l’artificialisation (+600 ha par an) au détriment des zones naturelles et surtout agricoles et la diminution, au sein de l’espace agricole, des superficies de prairies permanentes au profit des terres arables (au rythme annuel de 420 ha).

3. Le développement urbain dans le sillon mosellan et le nord lorrain

La majeure partie du développement urbain et économique se situe depuis la fin du siècle dernier autour de deux axes. Le « sillon lorrain », dit aussi « sillon mosellan », car se développant autour de cette rivière, traverse la région du sud au nord sur l’axe Epinal, Nancy, Metz et Thionville et l’espace nord lorrain frontalier orienté d’est en ouest. Ces deux axes forment le « T » lorrain, caractéristique du territoire. Le reste du territoire est à dominante plus rurale.

a) Un passif social et environnemental
Ce « T » est marqué par l’histoire industrielle et minière de la Lorraine. Il achève aujourd’hui une profonde reconversion économique suite au déclin des activités traditionnelles (sidérurgie, mines, textile) au profit d’autres secteurs (automobile, pétrochimie, métallurgie, cristallerie) : cette transition s’accompagne d’un besoin important de résorption d’un passif social et environnemental. Sur le plan social, 70% des ménages lorrains sont en effet éligibles au logement locatif social et leur nombre continue d’augmenter. La Lorraine compte 38 zones urbaines sensibles dont 23 quartiers inscrits au programme national de rénovation urbaine, ce qui démontre que les enjeux liés à la politique de la ville, du logement et désormais de la réhabilitation sont particulièrement importants. Le passif environnemental de la région s’illustre notamment par les bassins miniers, dont le bassin ferrifère nord lorrain marqué par les aléas de mouvements de terrains d’origine minière, 6000 ha de grands espaces dégradés par l’industrie lourde, ou encore 300 sites et sols potentiellement pollués en grande partie mis en sécurité pour l’usage actuel mais qui néanmoins recèlent encore de multiples pollutions. Ces friches, héritières de l’histoire, sont souvent situées au coeur même des villes qui se sont développées autour de l’activité industrielle et présentent donc aujourd’hui un intérêt notable pour des projets de réaménagement urbains. Trois agences d’urbanisme (Nancy, Metz, Longwy) et l’établissement public foncier de Lorraine (EPFL) contribuent à leur réaménagement.

b) Une pression urbaine croissante dans le nord lorrain
Le renouvellement de centres urbains existants s’inscrit dans un contexte de pression urbanistique croissante. Le « T » lorrain bénéficie de l’essentiel du potentiel d’attractivité démographique de la région et de croissance économique, accentuant ainsi le développement inégal de la région et les disparités sociales. Le phénomène de périurbanisation qui touche l’ensemble de la France concerne aussi la Lorraine. Alors que la population urbaine continue de décroitre lentement entre 1999 et 2006, celle des couronnes périurbaines progresse, notamment en Moselle et Meurthe et Moselle. Avec près de 430 000 habitants, la grande aire urbaine de Metz est passée au premier rang des aires urbaines de Lorraine et au seizième rang des 354 aires urbaines de France. L’aire urbaine de Nancy, avec 410 500 habitants est au dix septième rang. Cette évolution s’effectue dans un contexte de stagnation démographique, à l’exception des zones frontalières : depuis 1999, le centre de gravité démographique de la Lorraine s’est déplacé vers le nord du sillon lorrain. Ainsi, les zones d’emploi de Thionville, de Briey et de Longwy ont gagné 12 000 habitants entre 1999 et 2006.

L’essor économique du Grand Duché du Luxembourg conduit à redessiner les contours des dynamiques territoriales en Lorraine. Les problématiques de déplacements domicile-travail, de hausse importante du coût du foncier, d’habitat, de consommation d’espace deviennent dans ce contexte des interrogations de premier plan. Il modifie également le contexte économique local ; en effet, s’il est facteur de développement d’une économie de type résidentiel, il constitue également une perte importante de ressources fiscales pour les collectivités locales.

c) De forts besoins de mobilité
Les actifs travaillent en majorité hors de leur commune de résidence. Ainsi, en 2006, 69% des actifs de plus de 15 ans ayant un emploi se déplacent quotidiennement dans une autre commune pour exercer leur activité (ils étaient 67% en 1999). L’usage de la voiture pour ces déplacements est prédominant (80% des cas). Les transports collectifs sont diversement utilisés selon les départements, de 2% à 9% (dépendant des densités de population, du degré d’urbanisation et des politiques locales). L’essor du phénomène transfrontalier dans le nord lorrain s’accompagne d’une sur-utilisation de l’automobile par rapport aux autres modes de transport. Les transports collectifs sont cependant utilisés par 7 500 travailleurs frontaliers quotidiennement, essentiellement dans le sillon mosellan (Metz, Thionville), avec l’indéniable succès du TER dont la fréquentation a augmenté de 50% entre 2004 et 2008.
La disponibilité d’une automobile pour les besoins de mobilité individuelle se développe : en 1999, 31% des foyers lorrains possédaient deux voitures ou plus, ils sont 35% en 2006. Le phénomène transfrontalier se traduit également par une coopération renforcée entre partenaires français, luxembourgeois, belges, allemands sarrois et rhénans au sein de la Grande Région. Cette coopération transfrontalière se développe notamment dans les domaines de l’aménagement du territoire, des transports ou de la politique de l’eau. Elle s’exprime également au travers de projets communs : PED Longwy, Eurozone Sarrebrück-Forbach et surtout le projet emblématique sur le site de Belval au Grand Duché du Luxembourg.

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