Une centaine d’espèces exotiques invasives identifiées en région dont une forte proportion inféodée aux milieux aquatiques et humides

La prolifération des espèces exotiques envahissantes est reconnue à l’échelle mondiale comme la seconde cause d’appauvrissement de la biodiversité.

En Champagne-Ardenne, une centaine d’espèces exotiques invasives ou susceptibles de l’être ont été identifiées. Parmi celles-ci, près de la moitié sont inféodées aux milieux aquatiques et humides, contribuant à fragiliser ces derniers déjà sous pression, et un tiers aux milieux anthropiques. Il s’agit notamment pour la flore des Renouées du Japon et Sakhaline, du Robinier faux-acacia, de certaines Elodées, et pour la faune de la Grenouille verte rieuse, de l’Écrevisse de Louisiane, du Ragondin, de la Coccinelle asiatique et de la Bernache du canada. D’autres espèces font également l’objet d’une surveillance, car elles peuvent présenter un caractère invasif à plus ou moins long terme, au regard de leur présence localement (Azolla fausse-fougère, Frelon asiatique), ou de la dynamique de progression dans les régions limitrophes (Jussie). Les conséquences du changement climatique pourraient constituer un facteur d’aggravation de la prolifération de ces espèces.

Leur prolifération peut avoir des impacts négatifs sur la santé publique

Un développement des allergies ou intolérances ou des maladies à vecteur peut en résulter, avec par exemple en Champagne-Ardenne, l’Ambroisie et la Berce du Caucase pour les plantes (voir chapitre Santé-environnement).

Elle peut également entraîner la régression, voire la disparition de certaines espèces (de la même famille ou d’autres familles)

Celle-ci est principalement liée à la prédation des espèces invasives sur les œufs, l’hybridation avec les espèces indigènes, la compétition avec les espèces autochtones et la transmission de maladies et de parasites. Leur prolifération peut enfin perturber le fonctionnement des écosystèmes, voire conduire à la destruction des habitats (érosion des berges, destruction des frayères et des zones de nidification par réduction des herbiers aquatiques, principaux supports de ponte de nombreuses espèces …).

La prise en compte de cette problématique

Elle est initiée depuis une quinzaine d’années, via la mise en place d’un suivi des espèces invasives (pour la flore par le Conservatoire botanique national du bassin parisien (CBNBP), pour la faune par le muséum national d’histoire naturelle (MNHN), l’office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) , l’office national de l’eau et des milieux aquatiques (ONEMA) et les fédérations de pêche). Elle est amenée à évoluer suite à l’entrée en vigueur en 2015 du règlement européen relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes. Les actions engagées (principalement par les syndicats de rivière) restent locales et ponctuelles.

La difficulté principale à la mise en place d’une démarche coordonnée de lutte contre ces espèces le long des cours d’eau résulte à la fois d’un fort morcellement des structures compétentes et du statut non domanial de nombreux cours d’eau, leur gestion et leur entretien revenant aux propriétaires riverains, qui n’ont pas forcément de connaissances naturalistes et écologiques.

Règlement de l’Union européenne relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes, adopté en 2014 par le Conseil d’État :
Ce texte, qui entre en vigueur le 1er janvier 2015, fixe les règles visant à prévenir, réduire et atténuer les effets néfastes de l’introduction et la propagation, intentionnelle ou non, d’espèces exotiques envahissantes sur la biodiversité, la santé humaine ou l’économie.
La Commission adoptera une liste non exhaustive des espèces considérées comme préoccupantes pour l’Union, qui sera mise à jour et réexaminée au minimum tous les six ans. Les espèces y figurant ne pourront pas être introduites sur le territoire de l’UE, ni être conservées, élevées, cultivées, transportées, mises sur le marché ou libérées dans l’environnement. Le règlement permet également à un Etat membre de déterminer les espèces qui nécessitent une coopération régionale renforcée, coopération qui devra être facilitée par la Commission.
Le texte instaure un système de surveillance afin de détecter de façon précoce et d’éradiquer rapidement les espèces envahissantes. Mais il prévoit toutefois un système d’autorisations pour certaines activités en rapport avec ces espèces. Il est prévu que la Commission procède à une évaluation du règlement d’ici le 1er juin 2021.

Pour aller plus loin :

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