Une dynamique de construction questionnant l’adéquation quantitative et qualitative entre offre et besoin

Ville ( © F. Gouyau MEEM)

En Champagne-Ardenne comme ailleurs, l’augmentation de l’artificialisation est portée principalement par l’accroissement du nombre de logements. L’artificialisation nouvelle est fortement liée aux formes urbaines, et l’attrait marqué en Champagne-Ardenne pour la maison individuelle, plus consommatrice d’espace dans les formes qu’elle prend sur le territoire, tend à accentuer ce phénomène (65 % du parc des résidences principales, contre 56 % pour la moyenne nationale et 57 % pour le Grand Est 1). Toutefois, la dynamique de construction entre formes urbaines se rééquilibre ces dernières années, la part de l’individuel dans les nouveaux logements passant de 80 % au début des années 2000 à environ 50 % en 2014 2 , cette évolution est probablement à mettre en relation avec la crise économique dont les conséquences affectent moins le secteur du logement collectif.
Si la construction excédait largement l’augmentation du nombre de ménages lors de la décennie précédente, induisant de la vacance dans les logements, notamment les plus anciens, elle s’est fortement réduite sur les années les plus récentes. Cette inadéquation apparente a surtout été observée en Haute-Marne et dans une moindre mesure dans la Marne.

La progression de l’artificialisation est aussi favorisée par un prix du foncier peu élevé (un des moins élevés à l’échelle nationale), permettant l’acquisition d’un terrain plus grand accentuant l’étalement urbain. Plus on s’éloigne des pôles urbains principaux et plus la surface des terrains augmente (plus de 1000 m² en zone rurale contre moins de 800 m² dans les grands pôles, pour une moyenne champardennaise de 851 m², 801 m² en moyenne nationale). Ainsi, la Haute-Marne présente un coût du foncier le plus bas (27 euros/m² contre 87 euros en moyenne pour la région) et une superficie médiane des terrains aussi la plus élevée (1 002 m²). Néanmoins, la surface des terrains à bâtir tend globalement à diminuer depuis 2006 (-1,4 %/an), seule la Haute-Marne connaissant une très légère évolution positive (+0,2 %/an) 3.

En outre, l’offre de grands logements est aussi plus importante en Champagne-Ardenne, alors que paradoxalement la taille moyenne des ménages diminue (2,43 personnes par ménage en 1999, 2,23 en 2010 4). Ainsi, les grands logements (au moins 5 pièces) représentent 28 % du parc de logements champardennais en 2011 (25 % à l’échelle nationale) et c’est la catégorie de logements qui progresse le plus depuis 1999, alors que la part des plus petits logements (1 ou 2 pièces) accuse un net recul. Les permis délivrés en 2012 concernent des maisons d’une superficie médiane de 125 m² contre 119 m² pour la France métropolitaine. L’augmentation de la taille des logements s’observe partout sauf dans les grandes communautés d’agglomération 5 .

Alors que le nombre de nouveaux logements augmente bien plus fortement que le nombre de ménages, la Champagne-Ardenne est l’une des régions les plus touchées par lavacance 6 des logements (9 % du parc total en 2012, 4ème taux le plus fort derrière la Bourgogne, le Limousin et l’Auvergne). Ce phénomène touche toute la région et plus fortement la Haute-Marne, le parc privé comme public dans des proportions similaires. En outre, la progression de la vacance s’accentue ces dernières années, plus particulièrement dans la Marne et l’Aube (environ +20%) et dans les grandes agglomérations. Ce niveau de vacance est directement lié à l’état du parc, plus ancien que la moyenne nationale et donc potentiellement plus dégradé ou peu performant (13 % des logements construits avant 1975 sont vacants), un constat soulignant le fort enjeu de réhabilitation de ce parc en Champagne-Ardenne, pour enrayer l’étalement urbain. Il est également lié à une offre de logements neufs importante dans les agglomérations, leur construction ayant été « boostée » par les dispositifs d’investissements locatifs (lois Scellier, puis Pinel et Duflot) alors que la demande y est relativement faible.

Notes et références

1Diagnostic Alsace Champagne-Ardenne Lorraine Préfecture p. 42

2Chiffre 2000 In Caractérisation des stratégies foncières en Champagne-Ardenne (DREAL, 2013) et chiffre 2014 in La construction de logements en Champagne-Ardenne – Bilan 2014 (DREAL, 2015)

3La construction de maisons individuelles en Champagne-Ardenne en 2012 (DREAL, 2014)

4Dispositif d’observation de l’habitat en Champagne-Ardenne (DREAL, 2014)

5La construction de maisons individuelles en CA en 2012 (DREAL, 2014)

6La vacance du parc de logements en Champagne-Ardenne (DREAL)

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