Agriculture et pratiques agricoles

1. L’agriculture lorraine

Sur les 2 millions d’hectares de la superficie régionale, la Surface Agricole Utile (SAU) représente 1 157 000 hectares, soit la moitié du territoire consacré à l’agriculture de production. En 2008, la Lorraine comptait 13 014 exploitations agricoles, dont 59% de professionnelles. La double tendance à la baisse du nombre d’exploitations et à la concentration se poursuit. Depuis 2000, le secteur a perdu 3 600 exploitations, soit 22% en 8 ans (14 000 exploitations depuis 1988 , soit une baisse de 52% en 20 ans). La baisse de l’emploi agricole (mesurée en équivalents temps complets) est cependant moins rapide que celui des exploitations avec une baisse de 11% seulement depuis 2000, ce qui représente un fort ralentissement par rapport à la période 1988-2000 (-37% sur la période). En 2008, l’ensemble des actifs des exploitations agricoles fournit l’équivalent de 19 400 personnes travaillant à plein temps. (21 900 en 2000 et 34 600 en 1988).

Les cultures en Lorraine

Trois grands types d’orientations dominent l’agriculture régionale. Avec 42% des exploitations professionnelles, les structures spécialisées dans l’élevage bovin constituent le groupe le plus important. Les exploitations mixtes, qui associent l’élevage aux grandes cultures, représentent 30%. Enfin, l’orientation grandes cultures regroupe 23% des structures. Ces trois types d’exploitations regroupent à eux seuls 95% des superficies. Le cheptel bovin approche le million de têtes et représente 5% de l’effectif national. Cependant, le nombre d’élevages diminue. La taille moyenne était de 59 têtes en 1988, elle atteint désormais la centaine. La composition du cheptel évolue : la part des vaches laitières diminue au profit des vaches nourrices. En douze ans, le nombre d’élevages laitiers est pratiquement divisé par deux. Les céréales occupent 61% des terres labourables en Lorraine. Le colza est l’oléagineux le plus cultivé : il occupe 134 000 hectares en 2008 et sa production représente 9,4% de la production nationale. En douze ans, sa superficie a augmenté de 62%. Cette culture est favorisée par la possibilité offerte de produire du colza industriel sur des terres soumises au gel des terres. Les unités spécialisées dans le maraîchage, l’horticulture, la viticulture ou l’arboriculture fruitière représentent 5% de l’ensemble des exploitations. Seulement 5% des exploitations produisent sous signe officiel de qualité, et 1,8% pratiquent l’agriculture biologique ou sont en cours de conversion. La vente directe de produits agricoles ainsi que les activités agro-touristiques comme l’hébergement ou la restauration sont relativement faibles en Lorraine.

2. Les pratiques agricoles et les pollutions diffuses

a) Pollutions par transfert diffus On qualifie généralement de « pollutions diffuses » la contamination des milieux par des sources multiples et induisant, généralement des concentrations assez faibles, par opposition à des « pollutions ponctuelles » ou accidentelles. Les mécanismes de transfert diffus sont liés aux mouvements de l’eau dans les milieux suite aux précipitations, qui entraînent avec eux les polluants jusqu’au ressources aquatiques : ruissellement (de surface ou de sub-surface), dérive des brouillards de pulvérisation, lixiviation, circulation dans les réseaux de drainage agricole, … Les principales pollutions diffuses liées aux pratiques agricoles concernent la présence de produits phytosanitaires dans les eaux. La contamination des eaux par les pesticides s’explique majoritairement par des sources diffuses. Avec plus de 90% du tonnage des substances actives organiques utilisées, l’agriculture est le premier utilisateur régional de ces produits, suivi des particuliers, puis des collectivités. En 2005 le secteur agricole a utilisé 1626 tonnes de substances actives phytosanitaires pour protéger les cultures contre les attaques des bio-agresseurs (insectes, maladies, mauvaises herbes…). La moitié de ce tonnage est constitué d’herbicides. L’essentiel des substances retrouvées dans les eaux est également constitué d’herbicides, à près de 90% (données AERM 2007). L’application de ces produits se faisant sur des sols généralement nus ou faiblement couverts, cela les rend plus sensibles aux phénomènes de transferts diffus. Certains facteurs tendent également à accentuer ces transferts en Lorraine comme l’importance des surfaces drainées.
Pression azotée (élevage et engrais de synthèse)

Le transfert diffus de nitrates constitue une autre source de pollution des milieux aquatiques. Cette forme de pollution est majoritairement liée aux pratiques agricoles et notamment aux modalités de gestion des engrais azotés, des effluents d’élevage, des résidus de culture et des reliquats azotés post-récolte.

b) Adaptation des pratiques pour lutter contre les pollutions diffuses Afin de limiter les transferts des pesticides vers les eaux par voie diffuse, la réglementation s’est renforcée sur les conditions d’utilisation de ces produits ainsi que sur la mise en place de dispositifs agronomiques limitant ces transferts : l’instauration d’un couvert environnemental obligatoire dans le cadre de la conditionnalité des aides PAC (Politique Agricole Commune), l’instauration de Zones Non Traitées (ZNT) en bordure des points d’eau, des limitations d’utilisation sur sols drainés pour certains produits, …
Des actions volontaires se sont également mises en place, notamment avec le programme Agri-Mieux présent en Lorraine, afin de développer des systèmes de cultures limitant le recours aux intrants phytosanitaires. Enfin, la lutte contre les pollutions diffuses par les pesticides fait l’objet d’un plan ambitieux baptisé Ecophyto 2018, visant à traduire l’engagement du Grenelle de l’Environnement de parvenir à une réduction de l’utilisation des pesticides de 50%, si possible, en 10 ans. En ce qui concerne la lutte contre les pollutions diffuses par les nitrates, des programmes d’action sont mis en oeuvre dans les zones vulnérables au titre de la Directive « nitrates ». Ils définissent des mesures nécessaires à une bonne maîtrise de la fertilisation azotée et à une gestion adaptée des terres agricoles en vue de limiter, d’une part les apports, et d’autre part les fuites de composés azotés à un niveau compatible avec les objectifs de restauration et de préservation, pour le paramètres nitrates, de la qualité des eaux superficielles et souterraines (voir thème II : 5. b) .
En 2005, Les résultats de la surveillance des eaux souterraines au titre de la Directive « nitrate » montrent que 74% des points de suivi ont une teneur moyenne en nitrates inférieure à 40mg/l (contre 78% en 1993). Pour les eaux superficielles, en 2004, l’ensemble des stations suivies contiennent des pesticides, principalement des herbicides. La situation vis-à-vis des nitrates est meilleure. La teneur en nitrates est inférieure à 25% pour l’ensemble des points suivis lors de la surveillance des eaux au titre de la Directive « nitrates » en 2005. Les quatrièmes programmes d’actions nitrates dans les zones vulnérables sont entrés en application dans les départements lorrains entre août 2009 et janvier 2010. Deux mesures nouvelles ont été introduites. Elles donnent une orientation claire à ce programme d’action qui doit contribuer à l’atteinte du bon état des masses d’eau, pour le paramètre nitrates, au titre de la Directive cadre sur l’eau. Il s’agit de l’accroissement du taux de couverture des sols en période de lessivage de façon à atteindre progressivement une couverture de 100% des sols cultivés en 2012 et de l’implantation d’une bande enherbée ou boisée permanente le long de tous les cours d’eau. Ces deux mesures visent à réduire les transferts de nitrates dans les milieux aquatiques.

Drainage

c) Le drainage Les sols agricoles de Lorraine sont marqués par l’excès d’eau (hydromorphie) qui a suscité d’importantes opérations de drainage depuis les années 1970. Le drainage qui permet la mise en culture de terres humides, modifie le régime hydrique général, l’organisation du parcellaire, conduit à la raréfaction des écosystèmes humides et peut accélérer le lessivage des sols en entrainant les polluants.
En 2000, la Lorraine compte 163 000 ha de surfaces drainées soit 14% de sa Surface Agricole Utile. Cet aménagement permet la valorisation par des cultures céréalières de terres argileuses, essentiellement situées sur le plateau lorrain et dans la Woëvre. La surface supplémentaire drainée annuellement est de l’ordre de 3 500 ha.

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