Exploitant d’une tour aéroréfrigérante : prévenez le risque de développement de légionelles
Vous êtes exploitant d’au moins une tour aéroréfrigérante (TAR) relevant de la nomenclature des installations classées (rubrique 2921).
A ce titre, vous devez respecter les prescriptions de l’arrêté ministériel du 14 décembre 2013, que vous releviez du régime de l’enregistrement ou de la déclaration. Le respect de ces prescriptions vous permettra de limiter le développement et la prolifération de légionelles, qui, une fois disséminés dans l’air, peuvent engendrer une maladie potentiellement mortelle.
Risques liés aux TAR
- Développement de micro-organismes dans les eaux du circuit
- Flore interférente
- Légionella spp, Légionella pneumophila
- Dispersion des légionelles par voie aérienne
- Infection respiratoire grave voire mortelle dans 10% des cas. Le Grand-Est est la 4ème région la plus touchée, avec un taux d’incidence en 2022 de 3,1/100 000 habitants
Bilan de la surveillance
En Grand Est, en 2023, la surveillance montre que 96% des analyses déclarées sont conformes et 87% des établissements ont des analyses conformes. Plus particulièrement :
- pour 68 analyses, la présence de flore interférente a été identifié .
- pour 42 analyses, la concentration en légionelles était supérieure au seuil de 1000 UFC/L (mais inférieure à 100 000 UFC/L).
- pour 2 analyses, la concentration en légionelles a dépassé le seuil de 100 000 UFC/L.
La présence de flore interférente et de Légionelle spp sont des indicateurs d’un milieu propice au développement de Legionella pneumophila.
La présence de flore interférente ou dépassement des seuils nécessitent des actions correctives puis un prélèvement de contrôle. Il est impératif de rechercher les causes de la présence de micro-organisme ou flore interférente.
Ce qui est attendu : Une analyse de la concentration en Légionella pneumophila : mensuelle pour les sites ICPE soumis à enregistrement et bimensuelle pour les sites ICPE soumis à déclaration.
Vos responsabilités
Pour éviter le développement et la prolifération de légionelles, vous devez :
- Maintenir à jour votre analyse méthodique des risques (AMR)
- Entretenir vos TAR : propreté, nettoyage annuel, limiter la corrosion et l’entartrage…
- Maîtriser des situations en cas d’alerte : procédures à jour, connues, accessibles, testées
- Surveiller vos installations.
La surveillance des installations :
- Maintien du taux en légionelles < 1 000 UFC / L
- Respect de la norme NF-T90-431 : prélèvements d’échantillon, personnel formé
- Présence de personnel formé en permanence, y compris pendant la période des congés
Déclaration des résultats d’analyse
Constat : Déclarations GIDAF souvent en retard (pour 76% des établissements).
Ce qui est attendu : disposer d’une organisation pour assurer la déclaration sous 30 jours
Bonne pratique : Insérer le bordereau d’analyse en fichier joint
Obligations de déclaration fixées par arrêté ministériel du 28/04/14 et déclaration sous 30 jours fixée par arrêté ministériel du 14/12/13.
En Grand-Est, l’Agence Régionale de Santé a accès à GIDAF et consulte vos déclarations lorsqu’un cas de légionellose est déclaré. Il est d’autant plus important de déclarer vos résultats.
Emploi des biocides oxydants et des biocides non-oxydants
Les stratégies de traitement ne nécessitent pas nécessairement d’avoir recours à un ou plusieurs produits de traitement : la gestion de la vitesse de circulation de l’eau constitue un traitement par action mécanique de l’eau sur le biofilm. Les biocides oxydant et non oxydant jouent 2 rôles distincts.
Le biocide oxydant (BO) en traitement préventif :
- Abattement de la matière organique
- Désinfection (tue les micro-organismes accessibles et sensibles),
- Réduction de l’épaisseur du biofilm
Le biocide non oxydant (BNO) en traitement curatif :
- Désinfection (tue les micro-organismes accessibles et sensibles),
- N’a pas d’action sur l’épaisseur du biofilm (inefficace pour traiter les légionelles présentes dans l’épaisseur du biofilm, ou sur une espèce d’amibe)
- Utilisé ponctuellement pour des opérations chocs sur la légionella (dès que la concentration dépasse le seuil de 1 000 UFC/litre d’eau),
- Utilisé en action transitoire en attendant les actions correctives.
L’usage de BNO en traitement préventif doit se limiter à une situation transitoire, où l’on démontre la présence de légionelles :
- il masque le risque,
- il favorise les amibes résistantes
- il peut entraîner des résultats faux négatifs lors des analyses
L’utilisation de BNO en traitement préventif doit obligatoirement être justifié (l’argument qu’il est moins corrosif que le BO n’est pas suffisant). L’utilisation du BNO en chocs programmés ne peut être acceptée. Le phénomène d’accoutumance par les bactéries aux BNO est avéré. Ainsi, il n’est pas opportun de l’utiliser en traitement préventif.
Points d’attention pour prévenir la prolifération des légionelles
- Élimination, gestion des bras morts
- Gestion de la vitesse de circulation de l’eau suffisante (action mécanique sur le biofilm)
- Recours aux tensio-actifs, pour maintenir l’épaisseur du biofilm au minimum
- Filtration de l’eau d’appoint pour éviter les apports minéraux et organiques
- Emploi d’anti-tarte et anti-corrosion pour éviter les dépôts incrustants et protéger les surfaces sensibles
- Vigilance lors des arrêts et redémarrages
- Surveillance accrue en cas de changement de stratégie de traitement (informer l’inspection des installations classées)