L’industrie

1. Industrie et environnement

Sur les trente dernières années, la profonde reconversion industrielle de la Lorraine avec l’arrêt de nombreuses installations sidérurgiques concomitant à l’arrêt des activités minières, a su allier diversification et recomposition du tissu économique, avec recentrage de l’appareil productif vers des produits à plus forte valeur ajoutée. L’industrie conserve un rôle important dans l’économie lorraine, mais son poids est en diminution constante. Avec 18,5% des emplois dans l’industrie en 2006 (contre 22,5% en 1999), la Lorraine perd sa place dans le peloton de tête des régions industrielles (7e rang en 1999) pour une position médiane (11e rang en 2006). À l’inverse, dans les secteurs des services, la Lorraine gagne une place et se situe désormais en 8e position, avec 59,5% des emplois en 2006 contre 56% en 1999. Le recul de l’industrie touche l’ensemble de la région, mais il est particulièrement marqué dans les zones d’emploi du bassin-houiller, de Remiremont-Gérardmer et de Commercy, puis dans celles de Longwy et de Lunéville. De même, la croissance du poids des services vaut pour tout le territoire lorrain, les zones d’emploi de Metz et Nancy restant bien sûr très pourvoyeuses d’emplois dans ces secteurs. L’industrie lorraine, qui emploie encore 160 000 personnes, comprend un grand nombre de secteurs d’activité à forts enjeux environnementaux tant par des industries manufacturières que des industries du secteur énergétique.

indicateur 4 - Emplois environnementaux par secteur

a) Caractéristiques industrielles
Les activités spécifiques lorraines sont issues de son histoire industrielle (sidérurgie, centrales thermiques, textile, traitement de surface, chimie,…) ou résultent de sa situation géographique et naturelle (cristalleries, traitement de déchets, bois, papeteries…). La sidérurgie, la filière automobile, le travail des métaux et les produits métalliques, les industries agroalimentaires constituent toujours les principaux employeurs lorrains en 2008 : PSA emploie 6019 personnes en Lorraine, Arcelor-Mittal 2658, Nestlé Waters 1525 et Saint-Gobain Pam 2300, la plateforme pétrochimique de Carling 2000 environ. Ils sont aussi les principaux investisseurs en Lorraine : la filière automobile d’abord, avant la sidérurgie et la chimie organique. De plus, la Lorraine est la première région papetière de France, le siège de deux des quatre cokeries encore en activité ou des deux dernières soudières en activité sur le territoire national.

b) Risques industriels
Un éventail de risques industriels non négligeable, aussi bien liés à ses industries traditionnelles (chimie, sidérurgie, etc….) qu’à des activités telles les silos céréaliers (nombre de sites limités mais à fort potentiel de stockage comme le nouveau port de Metz, de Frouard, etc..), les entrepôts, etc…. Une autre singularité liée au risque industriel découle de l’existence de la plate-forme chimique de Carling. elle présente la particularité de regrouper sur environ 300 ha, 5 industriels SEVESO seuil haut exploitant une trentaine d’ateliers individuellement SEVESO seuil haut dont 25 exploités par les seules sociétés TPF et ARKEMA résultant de la scission d’ATOFINA.

c) Concentration géographique
Certains secteurs géographiques lorrains (vallée de la Moselle, de la Meurthe, de la Sarre, vallées vosgiennes) concentrent les activités, les pollutions et les nuisances, et s’opposent aux zones particulièrement démunies sur le plan industriel (plaine des Vosges, Meuse).
La vallée de la Moselle constitue un axe économique majeur sur lequel sont localisées les grandes implantations urbaines et les principales activités industrielles. Du fait de cette situation géographique, plusieurs axes de communication traversent la région lorraine et génèrent des pollutions atmosphériques non négligeables liées aux transports. A signaler aussi que la Lorraine est une des toutes premières régions de France en matière de canalisations avec 4657 km tous produits dont 2722 km en gaz, 969 km en hydrocarbures et 966 km de produits chimiques. De plus, la forte densité industrielle lorraine entraîne une production importante de déchets (papeteries, sidérurgie, chimie). Cette situation a tout naturellement incité à l’implantation sur le territoire régional de nombreuses installations de transit, de traitement ou d’élimination de déchets tels que des incinérateurs de déchets industriels et les centres de stockage de déchets ultimes.

d) L’eau et l’industrie
La Lorraine, et plus particulièrement les Vosges, sont parcourues par de nombreux cours d’eau situés en tête de bassins versant importants : Moselle, Meuse, Seine et Rhône. Ces cours d’eau et leurs affluents situés très en amont n’ont que de faibles débits, ce qui limite fortement leur capacité d’acceptation des effluents pollués. Or, cette région abrite de nombreuses industries (papeteries, blanchisseurs, …) amenées à rejeter des eaux usées. Cette situation peut être critique, car l’industriel, même s’il respecte les textes ationaux et s’il fait usage des meilleures technologies disponibles, peut présenter un rejet qui ne soit pas acceptable pour le milieu récepteur.
Le développement d’installations existantes ou l’implantation de nouvelles entreprises nécessite donc des précautions et des prescriptions renforcées afin que le développement économique ne se fasse pas au détriment de la qualité de l’eau. A ces contraintes s’ajoutent dans certains milieux une dégradation qualitative et quantitative de la ressource comme dans le bassin ferrifère et la nappe des grès vosgiens. Par ailleurs, l’industrie traditionnelle ancienne peine parfois à se mettre à niveau sur un plan environnemental, dans un contexte concurrentiel qui lui est devenu défavorable et dans un contexte réglementaire de plus en plus renforcé.

e) Les mines
Il faut souligner l’importance qu’ont eue les activités minières en Lorraine -bassins houiller, ferrifère, et salifère- sur les plans humains, sociaux, économiques et environnementaux. Parmi ces exploitations dans le domaine du fer, du charbon et du sel, seules ces dernières sont toujours en activité. Par contre, l’exploitation passée des gisements souterrains de mines peut provoquer une instabilité des terrains, des affaissements, ou des effondrements, ce qui fait de la Lorraine la région de France la plus affectée par le risque minier. Sur ces bassins se posent en effet des problématiques de caractérisation des risques miniers, ainsi que de surveillance et de mise en sécurité des sites en tant que de besoin. Voir thème IV : 4.b) sur l’après-mines.

f) Des sites dégradés
La Lorraine possède un passif de sites pollués lié à un développement industriel basé sur l’industrie lourde qui, en raison des exigences environnementales limitées de l’époque, se traduit par de grands espaces dégradés (près de 6 000 ha), en grande partie mis en sécurité vis-à-vis de l’usage actuel mais qui cachent de multiples pollutions qui couvrent souvent plusieurs dizaines d’hectares avec des dégradations difficilement traitables (Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques dus aux cokeries, métaux lourds sur les tanneries et cristalleries). Voir thème IV : 5. sur les friches industrielles.

g) Responsabilité transfrontalière
Enfin, la situation géographique transfrontalière avec la Belgique, le Luxembourg et l’Allemagne implique au niveau environnemental des problématiques spécifiques. La Lorraine doit prendre en compte les préoccupations environnementales de ses voisins vers lesquels s’écoulent les principales rivières et vers lesquels se dirigent les vents dominants. Elle se doit notamment de respecter les engagements internationaux pris dans le cadre des différentes instances pour la qualité de l’eau. Les préoccupations concernent également les risques industriels et chimiques avec des exigences d’information des représentants des pays riverains concernés à l’image du Comité Local d’Information et de Concertation (CLIC) et de la Commission Locale d’Information et de Concertation sur l’Environnement (CLICE) de Carling. La Lorraine est soumise à de fortes pressions visant à l’importation de déchets étrangers. Elle représente un fort pourcentage de l’ensemble des flux transfrontaliers de France. La majeure partie de ces déchets sont des déchets inertes, en particulier en provenance du Luxembourg. L’application stricte du règlement européen de 1993 a permis aujourd’hui d’assainir la situation et d’éviter des
sinistres tels que ceux qui furent médiatisés dans la région par le passé.

h) Exigences réglementaires plus strictes
La réglementation environnementale applicable aux différents secteurs d’activité est très largement dictée par les instances européennes. Celles-ci, par la prise en compte du principe de développement durable, une sensibilité toujours croissante de la population et la nécessité de limiter les impacts sanitaires et les risques, renforcent ses exigences en matière de prévention des pollutions et des risques accidentels sur Directive SEVESO et sur Directive IPPC. De plus, l’amélioration des connaissances de la qualité des milieux et la prise en compte de nouveaux polluants non suivis à ce jour participent au renforcement des exigences vis-à-vis des émetteurs.

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