Le risque d’inondation

Arrêtés de catastrophe naturelle

1. Risques naturels

Près d’une commune lorraine sur deux est soumise à au moins un risque. La Lorraine est une des régions les plus sinistrées de France, puisqu’on y comptabilise près de 8 % du nombre total d’arrêtés de catastrophes naturelles pris entre 1982 et 2008. Les inondations marquent tant par leur ampleur que par les dégâts occasionnés. Les affaissements miniers ont des effets sur l’habitat et la sécurité des personnes. Les modifications apportées sur les comportements hydrologiques des eaux superficielles et souterraines par l’intensification agricole, la croissance urbaine et la reconversion industrielle expliquent en partie ces évènements. Leur résolution qui dépasse le seul domaine de la prévention et qui implique une politique réellement volontariste, originale à la région, associant de nombreux partenaires et engageant des crédits importants, comporte une dimension sociale et internationale.

Atlas des zones inondables

2. Un fort risque d’inondation

L’inondation est le risque naturel le plus important en Lorraine. La Moselle et la Meuse sont les départements qui ont été les plus touchés. 901 communes sont soumises au risque d’inondation. Au cours des dernières décennies, la vulnérabilité des communes s’est accrue, principalement du fait du développement de l’urbanisation en zone inondable et de l’évolution des pratiques agricoles. De nombreuses zones humides qui permettaient d’écrêter les crues, de stocker les trop-pleins d’eau et de réguler le débit des fleuves ont été asséchées. Parallèlement, les surfaces drainées ont augmenté de 35% entre 1988 et 2000, en particulier dans les Vosges et en Moselle (respectivement +62,3% et +46%). Le risque d’inondation dans les parties médianes et inférieures des plaines alluviales se caractérise par une montée lente des eaux et d’importantes surfaces immergées. En tête de bassin, les montées sont plus rapides mais les territoires concernés sont moins étendus.

a) Contrôler l’urbanisation en zone inondable
Dans le domaine de la prévention, l’État peut mettre en place un plan de prévention des risques (PPR) dont l’objet est de délimiter les zones exposées, d’y réglementer ou d’y interdire les constructions, ou d’y prescrire certains travaux d’aménagement. Les documents réglementant l’occupation du sol doivent prendre en compte les risques naturels.
Ainsi le PPR doit être annexé au plan local d’urbanisme de la commune. En 2008, 263 communes lorraines étaient dotées d’un PPRI approuvé ; elles étaient 86 en 2001. Cependant, parmi les communes ayant donné lieu à inondations répétées, toutes ne bénéficient pas ncore d’un tel plan. Sur 113 communes, l’établissement d’un PPR a été prescrit et devra être réalisé dans les années à venir.

Plans de prévention des risque inondation
L’établissement d’atlas des zones inondables pour les cours d’eau prioritaires et dans les secteurs exposés déjà urbanisés est en cours de finalisation. Ces atlas sont destinés à établir l’étendue et l’importance des inondations en vue d’engager l’élaboration des PPRI. Ils permettent par ailleurs la sensibilisation des décideurs et responsables socio-économiques. La concertation avec les élus est de plus en plus étroite lors de l’élaboration des PPRI. Il sera ainsi plus facile de prévenir et d’éviter les dégâts causés par les crues, tout en préservant les écosystèmes et la qualité des paysages.
Les enjeux humains
Les atlas de zones inondables, désormais réalisés pour les cours d’eau principaux, permettent de localiser les zones susceptibles d’être inondées. Près d’un millier de communes lorraines, d’une surface de 9720 km2 sont concernées, la partie inondable représentant environ 985 km2. Ces zones inondables sont constituées essentiellement de zones agricoles (75%) et de zones artificialisées (15%). Les enjeux humains et économiques sont importants. Une première estimation réalisée en 2007 par l’Ifen (désormais SOeS), évalue le nombre de logements situés en zone inondable à 106000 en Lorraine, ce qui correspond à 230000 personnes environ. Ce chiffre inquiétant doit cependant être relativisé : il ne tient pas compte des mesures individuelles qui ont pu être prises pour sécuriser le terrain et les rez-de-chaussée, et les zones étudiées sont soumises à des submersions d’intensité et de fréquence variables, certaines n’étant inondées qu’en cas de crues très rares et d’intensités exceptionnelles. Dans une étude de 2009, le SOeS (ex-Ifen) observe que la construction de logements neufs se poursuit dans les zones inondables, y compris dans les communes disposant d’un PPRI. La pression de la demande de construction, l’attrait des terrains en bord de cours d’eau et la densification de certaines zones urbaines inondables expliquent ce paradoxe.
Le risque inondation

b) Le dispositif d’annonce des crues
La surveillance et la prévision des crues relèvent des compétences des maires des communes menacées par les inondations. Toutefois, sur un certain nombre de cours d’eau présentant des risques importants, la mission d’annonce des crues relève de l’État. Sur chaque grand bassin hydrographique est élaboré un schéma directeur de prévision des crues (SDPC) et, sur le territoire de chaque service de prévision des crues (SPC), un règlement de surveillance, de prévision et de transmission de l’information sur les crues (RIC). L’annonce des crues est assurée par bassin versant ; le réseau couvre 52 % du linéaire total des fleuves et des rivières, principalement pour les bassins de la Meuse (36 stations) et de la Moselle (24 stations). Les informations concernent à la fois les hauteurs d’eau constatées en temps réel et la pluviométrie. Fin 1996, l’automatisation des stations a été lancée. Les têtes de bassin sont peu couvertes par ces types de stations ; en raison de la topographie, les besoins se situent plus au niveau de la mesure de la pluviométrie. L’acquisition d’une bonne connaissance de l’aléa dans cette zone revêt donc une importance particulière, de même que la restauration ou la création de zones d’expansion de crues.

c) Un partenariat inter-régional et international
L’Établissement public pour l’aménagement de la Meuse et de ses affluents (EPAMA) a été mis en place en 1996. C’est un syndicat mixte de collectivités qui regroupe des représentants des régions, des départements et de nombreuses communes riveraines de la Meuse en Champagne-Ardenne et en Lorraine. Une étude de modélisation des écoulements de la Meuse sur l’intégralité de son cours entre Neufchâteau et Givet a permis d’élaborer un scénario cohérent d’aménagement prévoyant huit zones de ralentissement dynamique et de stockage, dont celle du Mouzon en cours de réalisation.
La coopération avec les pays du bassin du Rhin, de la Meuse et ceux mitoyens avec la mer du Nord, se poursuit. La Commission internationale pour la protection du Rhin (CIPR), la Commission internationale pour la protection de la Moselle et de la Sarre (CIPMS) et la Commission internationale de la Meuse (CIM) ont toutes un plan d’action de lutte contre les inondations, de façon à appréhender le risque à l’échelle des bassins versants.

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