Les déchets spéciaux
2. Les boues de stations d’épuration
Depuis la loi de 2002 qui stipule que seuls les déchets ultimes peuvent être mis en décharge, les boues des stations d’épuration urbaines et industrielles doivent trouver un mode de valorisation ou d’élimination. Le recyclage par épandage agricole concerne 33 000 tonnes de matières sèches en 2008, pour moitié issues de boues urbaines et moitié de boues industrielles.
En ce qui concerne les industries, la filière papetière fournit la majorité des boues recyclées (33 000 tonnes en 1999, 10 000 en 2008). La forte baisse du tonnage peut s’expliquer par les actions menées par les industriels sur la limitation des pertes matières et une certaine baisse de la production.
La quantité de boues urbaines produites est constante entre 1999 et 2008. La part du recyclage agricole augmente faiblement. La mise en décharge concerne encore un millier de tonnes (de matières sèches), correspondant notamment aux boues jugées non conformes pour l’épandage.
Globalement, on constate un développement de l’incinération, solution souvent jugée plus rapide et moins contraignante que le recyclage. Le compostage se développe également fortement, ce qui empêche un suivi fin du devenir des boues. En effet, la boue compostée acquiert le statut de « produit » et conduit à une perte de traçabilité, et à l’absence de plans d’épandage et de suivi des sols.
3. Les déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI)
Les déchets d’activités de soins à risques infectieux et assimilés (DASRI) peuvent présenter un risque infectieux, de blessure (piquants, coupants, tranchants) ou générer un impact psycho émotionnel. En raison de ces risques, les DASRI sont classés parmi les déchets dangereux qu’il est interdit de mélanger avec les ordures ménagères. Les producteurs de DASRI disposent de plusieurs solutions pour une élimination conforme des déchets qu’ils génèrent : la collecte par une société spécialisée ; l’apport volontaire sur un site de regroupement déclaré en préfecture (borne automatisée, déchèterie, établissement de soins, cabinet médical, laboratoire d’analyse, etc.) ; la banalisation des déchets de soins au moyen d’un prétraitement par désinfection (non mise en oeuvre en Lorraine). Ils doivent ensuite suivre une filière d’élimination spécifique aux frais du producteur.
La Lorraine compte deux sites autorisés à incinérer des DASRI : les usines d’incinération des ordures ménagères (UIOM) de Ludres (54) et de Tronville-en-Barrois (55). La majeure partie des déchets lorrains est incinérée dans la région, seule une faible part est incinérée dans une usine de Strasbourg. Les capacités d’incinération installées sont largement suffisantes. En 2008, l’UIOM de Ludres a traité 4 044 tonnes de DASRI pour 5 500 tonnes autorisées et l’UIOM de Tronville-en-Barrois en a traité 2 494 tonnes pour 2 800 autorisées. L’élimination des déchets produits par les établissements de soins et les laboratoires d’analyse est satisfaisante. Ils génèrent à eux seuls plus de 90% des tonnages collectés.
En secteur libéral, l’ARS de Lorraine mène annuellement une campagne de contrôles relatifs à l’élimination des DASRI. Cette démarche a pour principaux objectifs d’accompagner la mise en œuvre d’une réglementation spécifique et d’aider les professionnels de santé à améliorer leurs pratiques quotidiennes dans ce domaine. Au total, un peu plus de 2 100 professionnels ont été contrôlés sur pièces et près de 250 sur place entre 2004 et 2008. Il ressort de ce programme que près de 75% des professionnels libéraux de santé lorrains interrogés et/ou contrôlés disposent d’une filière d’élimination réglementaire pour leurs DASRI mais que la traçabilité, pourtant obligatoire, fait parfois défaut, en particulier lors du regroupement de DASRI de différents producteurs sur un même site.
Les DASRI produits par des ménages (ex : diabétiques) sont soumis à la même réglementation que ceux des professionnels. Quelques collectivités lorraines ont mis en place une filière d’élimination des DASRI des ménages. Au total, 58% de la population lorraine est couverte par une filière d’élimination des DASRI. Ce pourcentage varie fortement d’un département à un autre. Pour en savoir plus : https://www.grand-est.ars.sante.fr/Encadré : l'expérience de la Sarre jpg - 6.5 ko Ces opérations sont assurées par un syndicat intercommunal de traitement (E.V.S. : Entsorgungsverband Saar). A la fin des années 1990, la situation du traitement des déchets était alarmante. Aussi fut-il nécessaire de mettre en place une infrastructure de traitement. Trois sites de tri sélectif et 2 usines d’incinération ont été construits. Au début des années 1990, le volume de déchets dépassait les 650 000 tonnes soit près du double de la situation actuelle. A cette époque, il était difficile de prévoir quelle serait l’efficacité des nouvelles installations et du nouveau système de collecte (système dual, sac jaune, consigne pour les cannettes, consigne pour les bouteilles en verre), ni que ces nouvelles mesures auraient pour conséquence de diminuer le volume des déchets. C’est seulement en 2007 que la réduction des volumes a fini par correspondre aux capacités des 2 sites d’incinération. A noter qu’il ne s’agissait pas seulement de traiter les déchets ménagers, mais aussi les déchets industriels. Aujourd’hui la question est posée de savoir si le 2ème site de Neunkirchen, qui appartient désormais au groupe E.O.N., est encore nécessaire, alors que son coût d’exploitation est presque le double de celui de Velsen propriété de E.V.S. Aussi E.V.S., après de longues négociations, a réussi à modifier le contrat d’exploitation avec E.O.N Energy from Waste (E.E.W.) non seulement dans le but d’en arriver au terme du contrat en 2016, mais avant tout dans le sens d’un arrangement satisfaisant jusqu’à cette date. Il est en effet indispensable de réduire progressivement le volume des déchets d’ici 2016 pour pouvoir se passer du site de Neunkirchen. La 2ème étape de la nouvelle stratégie d’E.V.S. consiste en l’établissement d’un système de ramassage et de taxation basé sur le volume qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2011. Ce système, innovant après 30 ans de pratique non réglementée, permet d’espérer que l’attrait de la diminution des taxes entraînera une diminution des volumes dont l’intérêt tant à la fois économique et écologique est évident. L’impact serait de 30 millions d’euros en diminution annuelle de taxe soit 40 % du coût global du retraitement. |