Les menaces sur la biodiversité
6. Les zones humides menacées
Les zones humides répertoriées couvrent 200 000 ha regroupés dans cinq ensembles de « zones humides d’intérêt national » parmi les 149 sites inventoriés en France. Il s’agit des vallées alluviales de la Moselle (8 000 ha), de la Meuse et de son affluent la Chiers (165 000 ha), des étangs de la Woëvre (4 500 ha), de ceux du Sud-Est mosellan (2 500 ha) et du massif à tourbières des Vosges (2 700 ha). Ces zones ont souffert d’importantes dégradations imputables, dans un premier temps (1945-1960), à la mise en culture et aux aménagements touristiques et, dans un deuxième temps, à la fertilisation intensive, au développement de l’ensilage (fauche précoce), au drainage et à l’exploitation des alluvions. En Lorraine, de nombreux petits étangs ont été créés sur les zones humides, ce qui aboutit à une perturbation de leur fonctionnement et à une dégradation qualitative.
La stabilisation de leur état écologique reste incertaine. Globalement, on assiste à une banalisation des milieux humides et à l’artificialisation de la circulation et du régime des eaux (pompages en nappes, imperméabilisation…), de même qu’à un cloisonnement et une fragmentation des zones humides, empêchant la circulation d’espèces. De plus, les zones humides sont particulièrement concernées par le développement des espèces invasives (Jussie, Renouée du Japon, Écrevisse de Louisiane…) qui entrent en compétition avec les espèces présentes. Pourtant, les zones humides abritent des espèces végétales menacées et la moitié des espèces d’oiseaux protégés. Elles permettent l’accomplissement du cycle de vie de nombreuses espèces (amphibiens par exemple) et sont essentielles à la sauvegarde des espèces migratrices. Elles jouent aussi un rôle dans le cycle de l’eau par leur fonction d’épuration naturelle, d’écoulement et de recharge de la nappe en eau de qualité. Elles écrêtent les crues et contribuent à la lutte contre les inondations. La préservation et la restauration des zones humides est un enjeu majeur tant au regard de la biodiversité que de la gestion des risques d’inondation et de la préservation de la ressource en eau. Aujourd’hui, à peine 2,5% de ces surfaces font l’objet d’opérations de préservation. Deux zones ont été désignées au titre de la convention internationale de Ramsar : la petite Woëvre dans la Meuse et l’étang de Lindre, propriété du conseil général de Moselle. La préservation des zones humides est devenue un enjeu prioritaire, notamment dans le cadre de la constitution du réseau Natura 2000.
7. Les pelouses calcaires en régression accélérée
Plus généralement, la baisse régulière des superficies en herbe, due essentiellement à la modification des modes de production agricole, mais aussi à l’urbanisation, constitue un facteur important de perte de biodiversité.
8. La fragmentation des espaces naturels
Le maintien de la richesse du vivant passe par la qualité et la diversité des habitats (milieux naturels), ainsi que par les possibilités de transferts entre ces milieux. On parle de réseaux maillés d’espaces naturels, constitués des espaces remarquables (noyaux ou coeur de biodiversité) et de continuités ou corridors écologiques. Ces derniers permettent le refuge et la migration des espèces, la dispersion et les échanges génétiques. La biodiversité peut ainsi s’exprimer grâce à la connexion des milieux remarquables et ordinaires, constituant un réseau fonctionnel vivant ; la fragmentation des milieux est reconnue comme une des causes majeures de sa régression.