Prélèvements, pressions et rejets
7. Des activités fortement consommatrices d’eau
L’abondance en eau a favorisé le développement d’activités utilisant cette ressource (industries, centrales énergétiques…) et explique notamment que la région soit exportatrice d’énergie. Les prélèvements sont essentiellement le fait des secteurs de l’énergie (71%) de l’industrie (15%) et de la distribution publique (14%). Les centrales énergétiques se fournissent essentiellement dans les eaux superficielles, et nécessitent des volumes importants (plus d’un milliard de m3 par an), ce qui peut poser des difficultés lors des périodes de faible débit des cours d’eau (étiage par exemple). Ces volumes prélevés pour le refroidissement sont cependant restitués en grande partie au milieu naturel. Les mutations industrielles et la mise en œuvre de technologies économes en eau ont fait régresser les consommations industrielles. 77% des prélèvements dédiés à la distribution pour l’alimentation en eau potable se font à partir des eaux souterraines. Metz, à partir de la Madine et Nancy à partir de la Moselle sont des exceptions notables.
8. L’alimentation en eau potable
127 millions de m3 d’eau potable ont été facturés et livrés aux lorrains en 2004, soit 54 m3 par habitant.
9. Les rejets d’effluents des agglomérations urbaines et l’assainissement collectif
Dans les grandes agglomérations et les communes où l’habitat est groupé, les eaux usées des habitants doivent être acheminées par les réseaux d’assainissement dans une station d’épuration pour y être épurées.
10. Les pressions sur les milieux aquatiques
Le couvert végétal JOUE un rôle de ralentisseur de la vitesse de ruissellement et étale les crues. Les zones humides et les prairies bordant les rivières retiennent l’eau. Ces milieux sont pourtant en décroissance. La qualité des rivières est aussi tributaire des activités exercées dans les lits majeurs : la présence de carrières est facteur de « vulnérabilité » des nappes d’accompagnement de par leur mise en air libre. L’exploitation des carrières est une contrainte majeure dans les hautes vallées alluviales, en Moselle dans les secteurs de Thionville-Apach, de Pont-à-Mousson et de Charmes-Épinal, ainsi qu’en Meurthe dans le secteur de Lunéville-Saint-Dié.
L’artificialisation des cours d’eau concerne une part considérable du patrimoine aquatique lorrain, du fait de la canalisation des cours d’eau et de la présence d’ouvrages hydroélectriques. Elle touche particulièrement les cours d’eau du plateau lorrain, la Moselle (à l’aval de Nancy et autour de Metz). Les petits cours d’eau sont également touchés, parfois de manière difficilement réversible, par les travaux d’aménagement agricole des dernières décennies, ou par l’impact de l’industrie lourde (Orne, Chiers, Rosselle). Les zones humides sont fortement menacées alors qu’elles jouent aussi un rôle clé dans le cycle de l’eau par leur fonction d’épuration naturelle et d’écoulement.
11. La pollution industrielle
Les rejets polluants de l’industrie ont fortement décru depuis le siècle dernier, notamment pour les matières oxydables et les rejets toxiques ; la baisse d’activité de certains secteurs comme la sidérurgie, le textile ou le secteur minier a joué un rôle important. Pour les plateformes industrielles dont l’activité s’est intensifiée, la réduction des rejets d’eaux usées a été notable : une division par dix en douze ans des rejets organiques de la chimie à Carling, par vingt-cinq de ceux de la sidérurgie de la vallée de la Fensch. L’ensemble des rejets d’eaux usées des papeteries lorraines, essentiellement implantées dans les Vosges, sont aujourd’hui conformes aux normes les plus sévères de l’arrêté papetier appliquées aux nouvelles installations. La Lorraine comporte cependant toujours un nombre important d’établissements avec des rejets significatifs dans l’eau. Certains établissements industriels rejettent dans le milieu des quantités autorisées de chlorures, de métaux et d’hydrocarbures (plate-forme chimique de Carling, soudières, cokerie, papeteries).
a) Les rejets salins Les principaux rejets salins d’origine industrielle en Lorraine résultent de l’activité des soudières de Novacarb et Solvay. Cette activité, liée à la présence de gisements de sel à proximité de Nancy, date de la fin du XIXe siècle et représente 3 000 emplois directs et indirects. Ces rejets sont liés à la fabrication de carbonates de sodium utilisés principalement dans l’industrie du verre et les procédés de dépollution mais également, dans les industries chimiques, pharmaceutiques ou cosmétiques. La quantité de chlorure rejetée en moyenne annuelle sur dix ans est de 13,48 kg/s pour Novacarb et de 16,25 kg/s pour Solvay. L’impact potentiel de ces rejets sur la Meurthe et la Moselle renvoie à une préoccupation internationale ; la convention de Bonn fixe une limite de rejet pour les deux soudières lorraines de 31 kg/s de chlorure, valeur calculée en moyenne inter-annuelle décennale, et une limite de concentration ajoutée au milieu naturel, la Moselle, de 400 mg/l de chlorures au droit d’ Hauconcourt, soit 80 km en aval du point de rejet.
Neuf captages situés à proximité de la Moselle, dans sa nappe alluviale, destinés à l’alimentation en eau potable sur les vingt-sept situés en France le long de la Meurthe et de la Moselle à l’aval des rejets des soudières sont sujets à des dépassements de la référence de qualité pour des eaux destinées à la consommation humaine (250 mg/l). En 2009, seuls 2 captages ont ponctuellement dépassé 250 mg/l : SIE Verny (Puits la Lobe à Arry) et Metz ( Puits sud à Moulins-lès-Metz). La concentration maximale journalière atteinte par la Moselle en 2008 à Hauconcourt a été de 495 mg/l et la concentration moyenne annuelle en 2008 était de 360 mg/l. La qualité des rejets est encadrée par arrêtés préfectoraux applicables à chacun des deux industriels du 24 décembre 1999. De plus, le nouveau SDAGE acte un plan d’actions pluriannuel à engager dès 2010 et visant à prendre en compte l’usage eau potable de la masse d’eau Moselle et à garantir l’atteinte du bon état de la nappe alluviale de cette masse d’eau d’ici 2027.
b) Les rejets radioactifs dans la Moselle La Moselle reçoit des effluents liquides rejetés par la centrale de Cattenom. Les rejets radioactifs liquides en tritium ont représenté 74 TBq (46% des autorisations réglementaires) en 1997 et 112 TBq (80% des autorisations) en 2008.