BSH Grand Est novembre 2018

Synthèse du mois

Sur le bassin Rhin-Meuse, le déficit pluviométrique marqué (de l’ordre de 60% pour l’Alsace et 40% pour la Lorraine) qui s’est encore prolongé en novembre continue à impacter très fortement la situation hydrologique générale.
En cette période normalement très humide, le manque de précipitations accentue encore un peu plus l’écart aux valeurs de saison, tant pour les débits minimaux que pour l’hydraulicité mensuelle qui affiche des écoulements représentant globalement moins de 20% de la normale pour un mois de novembre.

Au mois de novembre, la pluviométrie est proche de la normale sur les départements de l’Aube et de la Marne. Les Ardennes et la Haute-Marne sont en grande partie déficitaires. Pour ces 2 départements, seule une bande à l’est des Ardennes est proche de la normale.

Les débits des cours d’eau restent encore à un niveau très bas pour la période et ils sont globalement inférieurs au débit médian d’un mois de novembre.

L’état du niveau des nappes est comparable à celle des mois précédents, à savoir une situation de basses eaux. Certaines nappes parmi les plus réactives ont vu leurs niveaux réagir aux pluies tombées en fin de mois, signe de l’amorce de la recharge. Cependant les niveaux restent inférieurs aux normales d’un mois de novembre et atteignent des niveaux modérément bas, bas à très bas, ce qui s’explique par le fait que la période de recharge devrait être débutée depuis le mois dernier.

Pluviométrie

Novembre 2018

Bilan Global

Déficitaire

Pluviométrie du mois

- Lorraine

Le nombre de jours de pluie supérieure ou égale à 1 mm est compris entre 6 et 16 jours.
Le nombre de jours de pluie supérieure ou égale à 10 mm est compris entre 0 et 3 jours.
La 1ère décade est plus arrosée que les deux autres.

Le cumul mensuel de précipitations agrégées pour la Lorraine est de 54.3 mm soit un déficit global de 39%.

Les cumuls sont compris entre 30 mm et 75 mm voire 100 mm au nord-ouest de la Meuse.

Le bilan par rapport à la normale est déficitaire pour les quatre départements :

* pour la Moselle, le déficit s’étage de 10% sur la moitié ouest à 75% sur l’extrême sud-est

* en Meurthe-et-Moselle, le bilan déficitaire est compris entre 10% et 25% sur la moitié nord et entre 25% et 50% sur la moitié sud voire 75% à l’extrême sud-est

* pour la Meuse, le déficit, majoritairement compris entre 25% et 50% voire localement 75%, ne dépasse pas 25% au nord-ouest du département

* dans le département des Vosges, le déficit passe, de 25% à 50% sur la moitié ouest, à 50% et 75% sur l’Est du département.

- Alsace

Le nombre de jours de pluie supérieure ou égale à 1 mm est compris entre 7 et 15 jours.
Le nombre de jours de pluie supérieure ou égale à 10 mm est compris entre 0 et 4 jours.
La 3ème décade est plus arrosée que les deux autres.

Le cumul mensuel de précipitations agrégées pour l’Alsace est de 30.1 mm soit un déficit global de 59%.

Les cumuls sont compris entre 20 mm et 50 mm.

Le Bilan par rapport à la normale est déficitaire :

* Pour le Bas-Rhin : compris entre 25% et 50% dans une zone Haguenau-Saverne-Strasbourg mais plus accentué de 50% à 75% sur le reste du département voire 100% sur le relief vosgien

* Pour le Haut-Rhin : compris entre 50% et 75% à l’exception de la région de Mulhouse où il est moins marqué, de 25% à 50%.

- Champagne-Ardenne

Le nombre de jours de pluie supérieure ou égale à 1 mm est compris entre 3 et 10 jours.

Le nombre de jours de pluie supérieure ou égale à 10 mm est compris entre 0 et 3 jours.
La 3ème décade est plus arrosée que les deux autres.

Le cumul mensuel de précipitations agrégées pour la Champagne-Ardenne est de 63.9 mm soit un déficit global de 16%.

Les cumuls sont compris entre 50 mm et 75 mm voire 100 mm, sur une bande Est des Ardennes, au sud-est de l’Aube et localement sur la Haute-Marne.

Le Bilan par rapport à la normale est hétérogène :

* Pour la Haute-Marne : le déficit est compris entre 25% et 50% sur la moitié sud et une bande Est du département et moins marqué, de 10% à 25%, sur le reste du département

* Pour l’Aube et la Marne : proche de la normale sur la moitié sud de l’Aube et ouest de la Marne (voire excédentaire jusqu’à 25% à l’extrême nord-ouest) et déficitaire, de 10% à 25% sur le reste des deux départements

* Pour les Ardennes : à l’exception d’une bande à l’Est du département, proche de la normale, le bilan est déficitaire sur le reste du département, de 10% à 25% voire 50% sur le nord des Ardennes.

§ Pluviométrie de septembre à novembre 2018

Pour cette période, le bilan est déficitaire sur tout le Grand Est :

* pour la Lorraine : compris entre 50% et 75% à l’exception d’une bande à l’extrême ouest de la Moselle et du nord-ouest de la Meuse où il est moins accentué, de 25% à 50%

* pour l’Alsace : sur toute la région, globalement compris entre 50% et 75%

* pour la Champagne-Ardennes : compris entre 25% et 50% pour les départements des Ardennes, de l’Aube et de la Marne (voire 75% à l’extrême sud-est) et plus marqué, de 50% à 75% sur la Haute-Marne.

Pluies efficaces.

Le cumul des pluies efficaces est positif sur toute la région.
Pour l’Alsace, il est globalement compris entre 0 mm et 25 mm voire 50 mm sur le relief haut-rhinois.
Pour la Lorraine, il est majoritairement compris entre 25 mm et 50 mm mais est plus marqué, de 50 mm à 75 mm, sur une bande à l’extrême ouest de la Moselle et sur une bande nord-sud à l’ouest de la Meuse.
Pour la Champagne-Ardennes, il est plus contrasté : globalement compris entre 50 mm et 75 mm sur la Haute-Marne et une large moitié nord des Ardennes ainsi que sur une bande ouest et au nord-est de la Marne et sur le sud-est de l’Aube. Sur le reste de la région, le cumul est moins accentué et ne dépasse pas les 50 mm.

Le cumul de pluies efficaces de septembre à novembre 2018 reste positif et est compris :

* pour la Lorraine, entre 0 mm et 50 mm voire 100 mm au nord-ouest de la Meuse

* pour l’Alsace, entre 0 mm et 50 mm

* pour la Champagne-Ardenne, entre 0 mm et 50 mm pour la Haute-Marne et une bande sud-ouest/nord-est de l’Aube, alors qu’ailleurs le cumul est plus conséquent et atteint 100 mm voire 200 mm au nord-ouest des Ardennes.

§ Eau dans le sol au 01/12/2018

L’indice d’humidité des sols au 01/12/2018 est compris entre 0.20 (Bas-Rhin) et 0.55 (Meuse, Haute-Marne et sud de l’Aube), voire 0.65 (relief vosgien et nord des Ardennes).
Cela génère un écart pondéré à la normale négatif et compris globalement entre -70% et -30%, sur la Lorraine et l’Alsace, mais moins accentué sur la Champagne-Ardenne, de -50% à -20%.

Eaux superficielles

Encore un mois record au sujet des débits moyens mensuels pour les cours d’eau du bassin du Rhin. Comparable aux automnes 2011 ou 2005, ce mois de novembre 2018 propose les plus faibles débits moyens jamais observés pour la plupart des stations. Des déficits de -80% et plus sont constatés sur l’ensemble des affluents de l’Ill et sur l’Ill amont.
Le déficit atteint -50 à -60% sur le Rhin et ses affluents directs (Zorn, Moder).
Sur le bassin de la Sarre les débits moyens sont très faibles et constituent également des records. Des hydraulicités autours de 0.2 (déficit de -80%) sont généralement observées.

Sur les bassins de la Seine Normandie, les débits moyens sont encore en baisse par rapport à ceux observés au mois d’octobre. Ce mois-ci, le rapport des débits sont en majoritairement comprise entre 20 et 40 % du débit moyen mensuel. Les stations d’Allibaudières sur l’Herbissonne et de Mussey-sur-Marne sur la Marne présentent même un écoulement inférieur à 20 % de la normale pour un mois de novembre.

Sur les bassins de la Meuse et de la Moselle, le déficit pluviométrique particulièrement marqué sur l’ensemble des bassins et notamment sur celui de la Moselle Amont a conduit à des débits moyens mensuels observés en déficit de plus de 80% par rapport à la normale pour un mois de novembre généralement très arrosé et ce pour la majorité des stations.
Les stations situées sur la Meuse aval affichent des débits moyens légèrement moins déficitaires par rapport à l’amont mais sont toutefois inférieurs à 60% à la normale.

Sur le bassin du Rhin, le débit minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs est partout inférieur aux normales. La plupart des stations du Haut-Rhin ainsi que le Rhin, le Giessen à Sélestat ou la Moder à Schweighouse affichent des débits inférieurs à la décennale sèche.

Sur le bassin de la Sarre, le débit minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs correspond à des périodes de retour sèches comprises entre 5 et 10 ans sec.

Sur les bassins de la Seine Normandie, les débits minimaux sur trois jours consécutifs sont globalement inférieurs au médian. Toutefois, deux valeurs restent proche du médian, il s’agit de Méry-sur-Seine sur la Seine et de Outre-Aube sur l’Aube.

Sur les bassins de la Meuse et de la Moselle, le débit minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs est partout inférieur aux normales. La plupart des stations affichent des débits inférieurs à la décennale sèche.
Les autres stations (Commercy et Chooz notamment) affichent des débits minimaux sur trois jours consécutifs correspondant à des périodes sèches d’une période de retour comprise entre 5 et 10 ans.

Eaux souterraines

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La situation météorologique déficitaire du mois de novembre a entrainé une prolongation de la période de basses eaux que l’on retrouve habituellement en fin d’étiage. Du fait de cette prolongation des basses eaux et alors que la période de recharge devrait être commencée, les niveaux des nappes s’éloignent des normales d’un mois de novembre et atteignent des niveaux modérément bas, bas à très bas (11 piézomètres sont à des niveaux très bas). Certains piézomètres parmi ceux qui sont les plus réactifs, réagissent aux pluies tombées en novembre et leur niveau moyen mensuel est en hausse, signe de l’amorçage de la recharge. Pour les autres, le niveau se stabilise ou reste à la baisse.
(Source : Délégation de bassin Rhin-Meuse)

L’évolution des niveaux moyens de novembre est comparable à celle des deux derniers mois en Alsace, avec des tendances par secteurs qui se poursuivent dans la même direction.
Dans le Bas-Rhin, les moyennes baissent légèrement de l’extrême nord jusqu’à Haguenau (-1 à -4 cm), alors qu’une hausse de 5 à 10 cm persiste dans le reste du département. Les moyennes sont partout en dessous des normales de saison, avec des niveaux modérément bas (Weitbruch), à très bas (Haguenau, Sessenheim, Lipsheim, ou Altorf).
Dans le Haut-Rhin, les moyennes sont encore en hausse au nord (+6 cm), stables en centre plaine et toujours en baisse sensible dans la moitié sud (-7 cm le long du Rhin, -23 cm à Habsheim, -29 cm à Cernay). Les niveaux varient de modérément bas (Fessenheim), à bas au sud et en centre plaine, voire très bas au nord (Holtzwihr).
(Source : APRONA)

La situation des nappes en Champagne-Ardenne est dans la continuité des tendances observées du mois d’octobre avec une poursuite de la décharge généralisée des niveaux de nappe vers des niveaux très bas sur les premières semaines du mois de novembre avec une tendance à la stabilisation. On constate néanmoins que la fin du mois de novembre marque clairement le début de la remontée des niveaux et d’une recharge des nappes.
(Source : BRGM)

Une liste des piézomètres de la région Grand est disponible en téléchargement ci-dessous. Le tableau contient des liens vers les informations relatives à chaque point de mesure.

Réservoirs


Pour les réservoirs et barrages de la région Grand Est, la tendance à la baisse constatée le mois dernier se poursuit, cependant il est constaté la remontée du niveau de certains ouvrages (Mouche et Bouzey), en réaction aux pluies tombées pendant le mois de novembre.
Le niveau de remplissage global est de l’ordre de 15% pour les retenues destinées au soutien de l’étiage et de l’ordre de 25% pour les retenues destinées à la navigation. Pour les retenues destinées à l’alimentation en eau potable, le réservoir de Madine affiche un taux de remplissage de 81% et la retenue de Michelbach de 11%.
Pour rappel, pour répondre à la double mission de soutien des étiages et de lutte contre les crues, les lacs-réservoirs Marne, Seine et Aube sont en théorie remplis du 1er novembre au 30 juin puis vidangés du 1er juillet au 31 octobre, la vidange pouvant être prolongée en cas d’étiage sévère jusqu’à début décembre. Fin septembre, les taux de remplissage des trois lacs sont proches de leur objectif de gestion.

Glossaire

Thème 1. Météorologie :

Évapotranspiration :
Quantité d’eau consommée qui comprend d’une part l’eau transpirée par la plante, d’autre part l’évaporation directe à partir du sol, exprimée en millimètre.

Évapotranspiration Potentielle ETP :
Correspond à la quantité maximale d’eau transpirée par les végétaux et à l’évaporation du sol dans des conditions idéales.

Normale (météorologique) :
Moyenne de variables météorologiques calculées sur une période uniforme relativement longue choisie par consensus et telle qu’une moyenne établie sur toute période plus longue n’ait pas une valeur significativement différente. En météorologie, une période de 30 années a été retenue par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Les périodes de référence furent 1901-1930, 1931-1960, 1951-1980, et actuellement la période est 1971-2000.
Attention, à ne pas confondre avec la moyenne (voir définition dans ce glossaire).

Pluie efficace (ou bilan hydrique potentiel) :
Différence entre les cumuls de précipitations (RR) et l’évapotranspiration potentielle (ETP). Elle peut donc être négative.

RR (Rainfall Runoff) :
Cumul de précipitations, généralement exprimé en millimètre de pluie (mm).

Thème 2. Hydrologie :

Débit  :
Volume d’eau écoulé par unité de temps généralement exprimé en mètre cube par seconde (m3/s).

Débit de pointe de crue :
Débit instantané maximum observé.

Débit de base (VCN 3) :
Le VCN 3 correspond au débit moyen minimal calculé sur 3 jours consécutifs sur une période donnée. La date du VCN3 correspond au premier des trois jours considérés.

Débit moyen journalier (QMJ) :
Le débit moyen journalier correspond au volume écoulé sur une journée rapporté à l’unité de temps, et généralement exprimé en m3/s.

Hydraulicité mensuelle :
Rapport du débit moyen du mois considéré à la moyenne historique du mois considéré. Elle permet de positionner un mois par rapport à un mois moyen.

Module mensuel :
Moyenne de l’ensemble des débits moyen mensuels d’un mois considéré, calculé sur l’ensemble de la période d’observation de la station.

Thème 3. Piézométrie :

Aquifère (ou nappe d’eau souterraine) :
Formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l’eau mobilisable, constituée de roches perméables et capables de la restituer naturellement et/ou par exploitation. On distingue deux types d’aquifères :
- Aquifère à nappe libre : l’aquifère reposant sur une couche très peu perméable est surmonté d’une zone non saturée en eau.
- Aquifère captif (ou nappe captive) : dans une nappe captive, l’eau souterraine est confinée entre deux formations très peu perméables. Lorsqu’un forage atteint une nappe captive, l’eau remonte dans le forage.

Niveau piézométrique :
Niveau auquel peut monter l’eau d’une nappe dans un tube (le piézomètre) lorsqu’on réalise un forage. Ce niveau correspond à la pression de la nappe, il est généralement donné en mètres NGF.

Piézomètre :
Tube foré dans le sol atteignant la nappe phréatique et permettant de mesurer son niveau. Certains puits ou forages qui ne sont plus exploités aujourd’hui servent également de piézomètres.

Thème 4. Statistique

Fréquence :
Pourcentage de chance qu’un événement se produise sur une période donnée.

Fréquence quinquennale (respectivement décennale) sèche ou humide :
Valeur-seuil dépassée 20 % (respectivement 10 %) du temps.

Médiane :
Valeur qui divise une séquence ordonnée de données en deux parties strictement égales. En l’absence de valeurs toutes similaires, la moitié des observations sera inférieure et l’autre moitié sera supérieure à la médiane. Elle est aussi appelée normale en hydrologie.

IPS (Indicateur Piézométrique standardisé) :
Il est défini sur une échelle dite « standard », sa valeur numérique varie entre –3 et +3 (sans unité), il facilite le calcul d’un indicateur global à partir d’un indicateur ponctuel, il permet d’avoir une vision homogène de l’état des nappes libres (ou captives) à l’échelle nationale.

Période de retour (ou durée de retour) :
Inverse de la fréquence, généralement exprimée en nombre d’années. Par exemple, pour une fréquence quinquennale (soit 20%, donc 1/5ème), la période de retour est de 5 ans.

COTECO :
Comité Technique de Coordination de l’EPTB Seine Grands Lacs.

EPTB Seine Grands Lacs :
Etablissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs.

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