BSH Grand Est mars 2020

Synthèse du mois


Sur le bassin Rhin Meuse, la situation hydrologique générale bénéficie encore de l’effet des précipitations abondantes de février et début mars.
Les débits moyens mensuels sont partout sensiblement supérieurs à la moyenne interannuelle, et bien que l’absence de précipitations significatives durant la seconde décade de mars et la reprise de l’activité végétative aient entrainé une baisse généralisée des écoulements, les débits minimaux sur trois jours consécutifs (VCN3) restent encore en grande majorité proches du médian.


Au mois de mars sur le bassin Seine-Normandie, la pluviométrie a été globalement proche de la normale sur l’ensemble du territoire. Cependant ces précipitations ont été observées au cours de la première moitié du mois.
Les débits moyens mensuels des cours d’eau sont proches de ceux du mois de février. Par contre, les débits de bases sont en baisse par rapport à février du fait de l’absence de précipitations au cours de la deuxième moitié du mois de mars. Ils sont cependant proche du médian.

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Avec un mois de mars déficitaire en pluies sur l’ensemble de la région, la tendance d’évolution des nappes est hétérogène, ainsi les nappes les plus inertielles conservent une tendance à la hausse alors que les autres peuvent stagner ou être à la baisse. Les niveaux moyens mensuels des nappes sont globalement supérieurs à des niveaux habituellement observés pour un mois de mars, à l’exception de la nappe d’Alsace au sud de Colmar et des Grés du Trias dans la partie vosgienne qui affichent encore des valeurs de niveau inférieures aux normales.

Pluviométrie


MARS 2020

BILAN GLOBAL

Le bilan mensuel est très disparate selon les endroits.

§ PLUVIOMETRIE DU MOIS

- ALSACE

Le nombre de jours de pluie supérieure ou égale à 1 mm est compris entre 3 et 14 jours.
Le nombre de jours de pluie supérieure ou égale à 10 mm est compris entre 1 et 6 jours.
La 1ère décade est très arrosée alors que les deux autres sont quasiment sèches.

Le cumul mensuel de précipitations agrégées pour l’Alsace est de 61.7 mm soit un déficit global de près de 10%.

Les cumuls sont compris :
- Pour le Bas-Rhin : entre 30 mm et 50 mm sur le Grand Ried et jusqu’à 50 à 100 mm sur les Vosges Centrales
- Pour le Haut-Rhin : entre 20 mm et 40 mm sur le Grand Ried, l’Ochsenfeld, la forêt de Hardt, et jusqu’à 50 mm à 125 mm voire localement plus sur les Hautes-Vosges

Le bilan par rapport à la normale est :
- Pour le Bas-Rhin :
* excédentaire et compris entre 110% et 150% sur l’Alsace Bossue, le pays de Hanau, le Kochersberg, et l’ouest de la région de l’Outre Forêt,
* normal à faiblement déficitaire avec un déficit compris entre 10% et 25% partout ailleurs
- Pour le Haut-Rhin, déficitaire avec un déficit compris entre 10% et 50%

- LORRAINE

Le nombre de jours de pluie supérieure ou égale à 1 mm est compris entre 7 et 14 jours.
Le nombre de jours de pluie supérieure ou égale à 10 mm est compris entre 1 et 6 jours.
La 1ère décade est très arrosée alors que les deux autres sont de plus en plus sèches.

Le cumul mensuel de précipitations agrégées pour la Lorraine est de 76.6 mm soit un déficit global de près de 7%.

Les cumuls sont compris :
- Entre 40 mm et 80 mm sur la Woëvre, le Thionvillois et le pays Messin,
- Et jusqu’à 50 mm à 100 mm sur le Val de Meuse et le pays de Sarrebourg,
- Et jusqu’à 80 mm à 150 mm vers la Déodatie

Le bilan par rapport à la normale est normal à déficitaire, excepté sur la moitié sud du Val de Meuse où l’excédent est compris entre 110% et 125%.
Le déficit le plus important et compris entre 25% et 50% est observé sur la Woëvre et en partie centrale du département des Vosges.

- CHAMPAGNE-ARDENNE

Le nombre de jours de pluie supérieure ou égale à 1 mm est compris entre 7 et 14 jours.
Le nombre de jours de pluie supérieure ou égale à 10 mm est compris entre 1 et 4 jours.
La 1ère décade est très arrosée alors que les deux autres sont de plus en plus sèches.

Le cumul mensuel de précipitations agrégées pour la Champagne-Ardenne est de 69.6 mm soit un excédent global de près de 1%.

Les cumuls sont compris :
- Entre 40 mm et 80 mm dans les départements de la Marne et de l’Aube (minimum de 40.4 mm à Esternay-51),
- Et entre 50 mm et 100 mm dans les départements des Ardennes et de la Haute-Marne

Le bilan par rapport à la normale est proche de la normale dans l’Aube et proche de la normale à faiblement déficitaire dans les Ardennes.
En Haute-Marne, le bilan est normal, à faiblement excédentaire et compris entre 110% et 125% vers le Perthois, le Vallage, le Chaumontais et le Bassigny.
Dans la Marne, le bilan est normal à faiblement excédentaire sur la moitié nord et compris entre 110% et 125%, et normal à déficitaire et compris entre 10% et 50% au sud.

§ PLUIES EFFICACES

Le cumul des pluies efficaces est :
- Pour l’Alsace :
* négatif et compris entre 0 et -25 mm sur le Grand Ried du Haut-Rhin,
* positif et compris entre 0 mm et 50 mm sur le Jura Alsacien, le Grand Ried, le Kochersberg, le pays de Hanau, la forêt d’Haguenau et une partie de l’Outre-Forêt
* positif et compris entre 50 mm et 100 mm voire localement un peu plus sur les Vosges Centrales et les Hautes-Vosges
- Pour la Lorraine, positif partout et compris :
* entre 0 mm et 50 mm le plus souvent,
* entre 50 mm et 75 mm localement sur le Val de Meuse,
* et entre 50 mm et 125 mm sur le relief Vosgien
- Pour la Champagne-Ardenne, positif partout et compris :
* entre 0 mm et 50 mm dans les départements de la Marne et de l’Aube,
* et entre 25 mm et 75 mm le plus souvent dans les départements des Ardennes et de la Haute-Marne

§ EAU DANS LE SOL AU 01/04/2020

L’indice d’humidité des sols au 01/04/2020 est :
* supérieur à 0.75 en Lorraine,
* supérieur à 0.70 dans les Ardennes et en Haute-Marne,
* supérieur à 0.65 dans la Marne, l’Aube et la Lorraine

Cela génère un écart pondéré à la normale :
* majoritairement compris entre 0% et -20% sur tout le Grand-Est,
* et compris entre -20% et -30% sur les Hautes-Vosges et les Vosges Centrales

(Source : Météo-France)

Eaux superficielles


Sur le bassin du Rhin, les débits moyens mensuels des stations de référence sont tous supérieurs aux moyennes interannuelles.
Les débits du mois de mars bénéficient à la fois des quelques pluies du début de mois mais aussi de l’effet des crues de février.
Les hydraulicités sont de l’ordre de 1.5 sur les affluents de l’Ill et affluents du Rhin, légèrement plus faibles sur l’Ill amont ou le Rhin.

Sur le bassin de la Sarre, les hydraulicités sont comprises entre 1.7 et 2.
Les réactions hydrologiques de mars ont été plus fortes que sur le reste du territoire avec des crues de période de retour comprises entre la biennale et la quinquennale.

Sur les bassins de la Meuse et de la Moselle, les débits moyens mensuels sont également tous supérieurs aux moyennes interannuelles.
Si globalement les précipitations ont été proches des normales pour un mois de mars, les importantes précipitations de février et du début du mois ont maintenu des débits importants sur les bassins surtout la première quinzaine.

Sur le bassin de la Moselle les hydraulicités sont comprises entre 1.3 et 1.5.

Sur le bassin de la Meuse, les débits moyens mensuels restent près de deux fois supérieurs aux moyennes interannuelles pour la partie médiane et aval.
Cela est notamment dû à la propagation lente des crues issues de l’amont caractéristique de ce bassin et d’une décrue progressive.

On observe globalement une nette chute des débits la deuxième quinzaine de mars en l’absence de précipitations significatives.

Sur les bassins de la Seine Normandie, les précipitations observées au mois de mars sont proches de la normale. Le mois de février a été très humide et des précipitations ont encore été observées début mars. Les hydraulicités pour ce mois sont toutes supérieures à 1.7 mais les réactions hydrologiques ont été observées au cours de la première moitié du mois de mars.

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Sur le bassin du Rhin, le débit minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs est observé en fin de mois pour l’ensemble des stations.
Bien que les valeurs soient généralement proches du médian, il est toutefois intéressant de constater qu’aucune pluie efficace n’a été observée depuis la mi-mars.

Sur le bassin de la Sarre, le débit minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs est également observé en fin de mois pour l’ensemble des stations.
Sur ce secteur également, aucune pluie efficace n’a été observée depuis la mi-mars.

Sur les bassins de la Meuse et de la Moselle, l’absence de précipitations significatives et efficaces la deuxième quinzaine du mois de mars et la reprise de la végétation
ont conduit à une baisse généralisée des débits. Les débits minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont observés en fin de mois pour l’ensemble des stations.

Pour le bassin de la Moselle, les valeurs sont globalement proches du médian à l’exception des affluents du Madon et de l’Orne avec un débit de base supérieur au quinquennal humide.

Pour le bassin de la Meuse, on observe un gradient amont/aval marqué : les débits minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont inférieurs à la médiane en amont tandis qu’ils sont supérieurs à la médiane et même à la quinquennale humide à l’aval. Cela s’explique par la lente propagation des crues sur la Meuse du début du mois et l’apport des affluents (Chiers, Semois) notamment.

Sur les bassins de la Seine Normandie, les débits minimaux sur trois jours consécutifs sont en baisse par rapport au mois de février et sont observés en fin de mois pour l’ensemble des stations.
Cette baisse des débits de base est encore plus marquée sur l’amont des cours d’eau du fait de l’absence de précipitations au cours de la deuxième moitié du mois de mars. Les débits sont globalement proches ou inférieurs au médian.

Eaux souterraines


Le mois de mars 2020 est caractérisé par une première décade très arrosée puis deux suivantes avec très peu de pluie, ceci a engendré un déficit pluviométrique. En conséquence, sur les calcaires de Lorraine, la tendance d’évolution du niveau moyen mensuel est à la stabilité ou la baisse. Les niveaux moyens mensuels sont toujours à des valeurs allant de modérément haut à très haut, indiquant que la recharge hivernale a été bonne. Les grès du Trias inférieur conservent encore des niveaux inférieur aux niveaux habituellement à cette période en raison des deux dernières années de sécheresse de 2018 et 2019, certains niveaux sont encore bas (Gelacourt) ou modérément bas (Celles-sur-Plaine, Voyer).

Les niveaux moyens de mars sont en hausse par rapport au mois dernier sur pratiquement toute l’Alsace.
Dans le Bas-Rhin, les moyennes sont en hausse, sur la partie nord et sur la nappe du Pliocène (de +10 cm à Haguenau jusqu’à +33 cm à Sessenheim), ainsi qu’autour de Strasbourg (env. +15 cm). Dans le sud du département, les niveaux sont à peu près stables (Rossfeld) par rapport à février. Malgré une hausse d’env. +20 cm à Lampertheim et Weitbruch, ces secteurs de la Souffel et du nord de la Zorn sont encore modérément bas, à bas. Ailleurs, les niveaux sont modérément hauts, voire hauts pour la première fois de l’année. Dans le Haut-Rhin, les niveaux sont plus ou moins stables dans le secteur nord, en légère hausse en centre plaine et le long du Rhin, et en hausse plus marquée ailleurs : de +17 cm à Wintzenheim, +35 cm à Cernay, +47 cm à Habsheim, jusqu’à +59 cm à Wittenheim. Les niveaux restent autour de la moyenne en centre plaine (Hettenschlag), et sont toujours modérément hauts sur de nombreux secteurs du département, sauf pour le cône de la Fecht (modérément bas) et la partie sud (Fossé de Sierentz, Sundgau oriental : très bas à Habsheim).

Les nappes en Champagne-Ardenne sont en phase de recharge depuis le mois de décembre ; pour les nappes les plus inertielles, cette phase se poursuit encore au mois de mars, pour les autres nappes, le déficit pluviométrique du mois de mars se fait sentir à certains endroits et certains niveaux sont stables ou à la baisse. Les niveaux moyens mensuels des nappes sont toujours en amélioration et atteignent maintenant des valeurs globalement supérieures à la moyenne. Sur les nappes de la craie, les niveaux sont revenus à des valeurs plus habituelles pour la période et en moyenne, les niveaux sont à des valeurs hautes par rapport aux valeurs d’un mois de mars.
(Sources : BRGM, APRONA, Délégation de bassin Rhin-Meuse)


Une liste des piézomètres de la région Grand est disponible en téléchargement ci-dessous. Le tableau contient des liens vers les informations relatives à chaque point de mesure.

Réservoirs


Pour les réservoirs et barrages de la région Grand Est, le niveau de remplissage global est de l’ordre de 80% pour les retenues destinées à la navigation. Pour les retenues destinées à l’alimentation en eau potable, le réservoir de Madine affiche un taux de remplissage de 99% et la retenue de Michelbach de 99%. Pour les retenues destinées au soutien de l’étiage, le remplissage est de l’ordre de 60%. A noter que le barrage de Kruth est en travaux d’entretien depuis cet automne et affiche un taux de remplissage inférieur à 10%.

Liens utiles…..


Vigicrues :
https://www.vigicrues.gouv.fr/

Le suivi de l’étiage :
http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/etiage-secheresse-r244.html

La banque hydro :
http://hydro.eaufrance.fr/

Le portail d’accès aux données sur les eaux souterraines :
http://www.ades.eaufrance.fr/

Glossaire

Thème 1. Météorologie :

Évapotranspiration :
Quantité d’eau consommée qui comprend d’une part l’eau transpirée par la plante, d’autre part l’évaporation directe à partir du sol, exprimée en millimètre.

Évapotranspiration Potentielle ETP :
Correspond à la quantité maximale d’eau transpirée par les végétaux et à l’évaporation du sol dans des conditions idéales.

Normale (météorologique) :
Moyenne de variables météorologiques calculées sur une période uniforme relativement longue choisie par consensus et telle qu’une moyenne établie sur toute période plus longue n’ait pas une valeur significativement différente. En météorologie, une période de 30 années a été retenue par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Les périodes de référence furent 1901-1930, 1931-1960, 1951-1980, et actuellement la période est 1971-2000.
Attention, à ne pas confondre avec la moyenne (voir définition dans ce glossaire).

Pluie efficace (ou bilan hydrique potentiel) :
Différence entre les cumuls de précipitations (RR) et l’évapotranspiration potentielle (ETP). Elle peut donc être négative.

RR (Rainfall Runoff) :
Cumul de précipitations, généralement exprimé en millimètre de pluie (mm).

Thème 2. Hydrologie :

Débit  :
Volume d’eau écoulé par unité de temps généralement exprimé en mètre cube par seconde (m3/s).

Débit de pointe de crue :
Débit instantané maximum observé.

Débit de base (VCN 3) :
Le VCN 3 correspond au débit moyen minimal calculé sur 3 jours consécutifs sur une période donnée. La date du VCN3 correspond au premier des trois jours considérés.

Débit moyen journalier (QMJ) :
Le débit moyen journalier correspond au volume écoulé sur une journée rapporté à l’unité de temps, et généralement exprimé en m3/s.

Hydraulicité mensuelle :
Rapport du débit moyen du mois considéré à la moyenne historique du mois considéré. Elle permet de positionner un mois par rapport à un mois moyen.

Module mensuel :
Moyenne de l’ensemble des débits moyen mensuels d’un mois considéré, calculé sur l’ensemble de la période d’observation de la station.

Thème 3. Piézométrie :

Aquifère (ou nappe d’eau souterraine) :
Formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l’eau mobilisable, constituée de roches perméables et capables de la restituer naturellement et/ou par exploitation. On distingue deux types d’aquifères :
- Aquifère à nappe libre : l’aquifère reposant sur une couche très peu perméable est surmonté d’une zone non saturée en eau.
- Aquifère captif (ou nappe captive) : dans une nappe captive, l’eau souterraine est confinée entre deux formations très peu perméables. Lorsqu’un forage atteint une nappe captive, l’eau remonte dans le forage.

Niveau piézométrique :
Niveau auquel peut monter l’eau d’une nappe dans un tube (le piézomètre) lorsqu’on réalise un forage. Ce niveau correspond à la pression de la nappe, il est généralement donné en mètres NGF.

Piézomètre :
Tube foré dans le sol atteignant la nappe phréatique et permettant de mesurer son niveau. Certains puits ou forages qui ne sont plus exploités aujourd’hui servent également de piézomètres.

Thème 4. Statistique

Fréquence :
Pourcentage de chance qu’un événement se produise sur une période donnée.

Fréquence quinquennale (respectivement décennale) sèche ou humide :
Valeur-seuil dépassée 20 % (respectivement 10 %) du temps.

Médiane :
Valeur qui divise une séquence ordonnée de données en deux parties strictement égales. En l’absence de valeurs toutes similaires, la moitié des observations sera inférieure et l’autre moitié sera supérieure à la médiane. Elle est aussi appelée normale en hydrologie.

IPS (Indicateur Piézométrique standardisé) :
Il est défini sur une échelle dite « standard », sa valeur numérique varie entre –3 et +3 (sans unité), il facilite le calcul d’un indicateur global à partir d’un indicateur ponctuel, il permet d’avoir une vision homogène de l’état des nappes libres (ou captives) à l’échelle nationale.

Période de retour (ou durée de retour) :
Inverse de la fréquence, généralement exprimée en nombre d’années. Par exemple, pour une fréquence quinquennale (soit 20%, donc 1/5ème), la période de retour est de 5 ans.

COTECO :
Comité Technique de Coordination de l’EPTB Seine Grands Lacs.

EPTB Seine Grands Lacs :
Etablissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs.

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