BSH Grand Est octobre 2018

Synthèse du mois

Sur le bassin Rhin-Meuse, le déficitif pluviométrique marqué (de l’ordre de 70% pour l’Alsace et 80% pour la Lorraine) qui s’est encore prolongé en octobre, impacte toujours fortement les écoulements dans tous les cours d’eau.
En conséquence, les débits moyens mensuels et les VCN3 d’octobre restent globalement orientés à la baisse par rapport au mois précédent et l’écart aux normales de saison s’accentue.
Au mois d’octobre, la pluviométrie accuse encore un déficit global compris entre 50 et 75 % en moyenne sur le bassin Seine Normandie. Le rapport à la normale des précipitations du mois d’octobre est très inférieur à la normale en Haute-Marne. On se rapproche de la normale en allant vers le nord des Ardennes.
Les débits des cours d’eau restent encore à un niveau très bas pour la période et ils sont globalement inférieurs au débit médian d’un mois d’octobre.

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Les niveaux des nappes du mois d’octobre montrent toujours une tendance générale à la baisse, en continuité des mois précédents. Les niveaux moyens mensuels de plusieurs nappes ont atteint leurs niveaux de basses eaux ; pour la moitié des piézomètres, les niveaux moyens mensuels atteints sont des niveaux bas à très bas. La période de recharge hivernale n’a pas encore commencé.

Pluviométrie

Le bilan global est déficitaire.

  • Pluviométrie du mois

- Lorraine

Le nombre de jours de pluie supérieure ou égale à 1 mm est compris entre 1 et 9 jours.
Le nombre de jours de pluie supérieure ou égale à 10 mm est compris entre 0 et 2 jours.
La 3ème décade est plus arrosée que les deux autres.

Le cumul mensuel de précipitations agrégées pour la Lorraine est de 17.3 mm soit un déficit global de 82%.
Les cumuls sont compris entre 10 mm et 30 mm voire 50 mm à l’extrême nord de la Meurthe-et-Moselle.

Le bilan par rapport à la normale est :

* Déficitaire pour les quatre départements et le déficit est globalement compris entre 75% et 100% voire localement moins marqué, entre 50% et 75% dans le nord-ouest de la Meuse, l’extrême nord de la Meurthe-et-Moselle et sur deux zones en Moselle, à l’ouest et au sud-est.

- Alsace

Le nombre de jours de pluie supérieure ou égale à 1 mm est compris entre 0 et 9 jours.
Le nombre de jours de pluie supérieure ou égale à 10 mm est compris entre 0 et 2 jours.
La 3ème décade est plus arrosée que les deux autres.

Le cumul mensuel de précipitations agrégées pour l’Alsace est de 22.9 mm soit un déficit global de 73%.
Les cumuls sont compris entre 10 mm et 30 mm en plaine et jusqu’à 50 mm sur le relief pour le Bas-Rhin et entre 20 mm et 50 mm pour le Haut-Rhin.

Le bilan par rapport à la normale est déficitaire :

* Pour le Bas-Rhin : compris entre 75% et 100% sur la moitié nord du département mais moins marqué sur la moitié sud, entre 50% et 75%

* Pour le Haut-Rhin : compris entre 50% et 75% à l’exception d’une bande à l’extrême ouest où il atteint 100%.

- Champagne-Ardenne

Le nombre de jours de pluie supérieure ou égale à 1 mm est compris entre 3 et 10 jours.
Le nombre de jours de pluie supérieure ou égale à 10 mm est compris entre 0 et 3 jours.
La 3ème décade est plus arrosée que les deux autres.

Le cumul mensuel de précipitations agrégées pour la Champagne-Ardenne est de 33.7 mm soit un déficit global de 59%.
Les cumuls sont compris entre 20 mm et 50 mm pour la Marne et l’Aube, entre 10 mm et 30 mm pour la Haute-Marne et entre 30 mm et 75 mm pour les Ardennes.

Le bilan par rapport à la normale est déficitaire :

* Pour la Haute-Marne : compris entre 75% et 100% à l’exception de deux zones au nord-ouest et au sud où il est moins marqué, entre 50% et 75%
* Pour l’Aube et la Marne : compris globalement entre 50% et 75% à l’exception du nord-ouest de la Marne où ce déficit est moins marqué, entre 25% et 50%
* Pour les Ardennes : à l’exception d’une petite moitié Est, plus déficitaire, de 50% à 75%, le déficit sur le reste du département ne dépasse pas les 50%.

  • Pluviométrie de septembre à octobre 2018

Pour cette période, le bilan est déficitaire sur tout le Grand Est :

* pour la Lorraine : compris entre 75% et 100% pour le sud-ouest et le nord-est de la Meuse, une large zone au sud de la Meurthe-et-Moselle ainsi qu’une grande moitié ouest dans le département des Vosges. Sur le reste de la région, le déficit est moins marqué, entre 50% et 75%
* pour l’Alsace : sur toute la région, globalement compris entre 50% et 75%
* pour la Champagne-Ardenne : globalement compris entre 50% et 75% à l’exception de l’Est de la Haute-Marne où il atteint 100% et d’une large moitié nord des Ardennes qui affiche un déficit moins marqué, compris entre 25% et 50%.

  • Pluies efficaces

Le cumul des pluies efficaces est positif pour la Moselle, les Vosges, le Bas-Rhin et le Haut-Rhin, la Marne et l’Aube globalement compris entre 0 mm et 25 mm avec localement quelques zones négatives, entre -25 mm et 0 mm.
Il est globalement positif sur les Ardennes avec une moitié Est et sud comprise entre 0 mm et 25 mm et le reste du département qui affiche un cumul entre 25 mm et 50 mm.
Il est plus contrasté sur les autres départements, la Meuse, la Meurthe-et-Moselle et la Haute-Marne avec des zones négatives, comprises entre -25 mm et 0 mm, et positives, de 0 mm à 25 mm, également réparties.

Le cumul de pluies efficaces de septembre à octobre 2018 est compris :

* pour la Lorraine, entre -50 mm et 50 mm.
* pour l’Alsace, globalement entre 0 mm et 50 mm avec deux zones au nord-est du Bas-Rhin et à l’extrême sud du Haut-Rhin comprises entre -50 mm et 0 mm.
* pour la Champagne-Ardenne, globalement entre -50 mm et 50 mm à l’exception de l’extrême nord des Ardennes qui présente un cumul plus élevé, entre 50 mm et 100 mm.

  • Eau dans le sol au 01/11/2018

L’indice d’humidité des sols au 01/11/2018 est compris entre 0.10 (Meurthe-et-Moselle et Bas-Rhin) et 0.35, voire 0.45 (relief vosgien) et 0.50 (extrême nord des Ardennes).
Cela génère un écart pondéré à la normale négatif et compris globalement entre -80% et -50%.
Mais cet écart est moins accentué sur l’Aube qui présente localement un écart à -40% ainsi qu’à l’extrême nord des Ardennes où s’affiche -30%.

(Source : Météo-France)

Eaux superficielles


Pour les cours d’eau du bassin du Rhin, les débits moyens sont très bas. Sur de nombreuses stations du Haut-Rhin ainsi que sur la Bruche et le Giessen les moyennes mensuelles du mois d’octobre sont les plus basses de l’année affichant des hydraulicités de 0.2 voire 0.1 sur le Giessen avec des assecs de plusieurs jours.
Sur les autres stations du Bas-Rhin les débits moyens sont équivalents à ceux du mois d’août dernier avec des hydraulicités comprises entre 0.4 (Zorn et Ill à Kogenheim) et 0.8 (Ill à Strasbourg).
L’hydraulicité sur le Rhin est également inférieure à 0.5.
Sur le bassin de la Sarre les débits moyens sont également très faibles. Des hydraulicités comprises entre de 0.2 et 0.3 sont généralement observées.

Sur les bassins Meuse et Moselle, la situation se dégrade nettement par rapport au moins de septembre : les débits moyens sont très bas. En tête de bassin, les écoulements sont inférieurs à 20% de la moyenne pour la saison pour une majorité de stations. C’est également le cas pour la Moselle aval.
Pour la Meuse aval, les débits moyens du mois sont compris entre 20 et 40% du débit moyen interannuel.

Sur le bassin Seine-Normandie, les débits moyens sont en baisse par rapport à ceux observés au mois de septembre. Les débits du mois d’octobre sont en grande majorité en dessous des valeurs moyennes et même bien en dessous pour la station de Mussey-sur-Marne sur la Marne avec une valeur d’hydraulicité inférieure à 0.20.

Le débit minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs est partout inférieur aux normales. Les stations du Haut-Rhin ainsi que le Rhin, le Giessen à Sélestat ou la Moder à Schweighouse affichent des débits inférieurs à la décennale sèche.
Le débit minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs correspond à des périodes de retour sèches comprises entre 5 et 10 ans sec.

Sur les bassins Meuse-Moselle, les débits minimaux sur trois jours consécutifs sont partout très inférieurs aux normales pour un mois d’octobre. La situation la plus défavorable se retrouve sur les secteurs amonts ainsi que sur la Moselle aval où les valeurs relevées sont inférieures au décennal sec.

Sur le bassin Seine-Normandie, les débits minimaux sur trois jours consécutifs sont globalement inférieurs au médian. Des valeurs restent toutefois supérieures à la moyenne comme sur l’Aube à Arcis-sur-Aube et sur l’Aire à Chevières.

Eaux souterraines

Pour les nappes en Lorraine, avec un mois d’octobre encore déficitaire en précipitations, la situation observée le mois précédent se poursuit, à savoir une prolongation de la période de basses eaux que l’on retrouve en période de fin d’étiage. Majoritairement, les niveaux des nappes de Lorraine ont une tendance à la légère baisse et atteignent des niveaux modérément bas, voire bas à très bas (piézomètres de Villers-en-Haye, Gelacourt, Les Roises, Cousances-les-Triconville, Gerardmer, Xonrupt).
(Source : Délégation de bassin Rhin-Meuse)

Pour la nappe d’Alsace, dans le Bas-Rhin, les moyennes baissent encore dans toute la partie nord jusqu’à hauteur de Haguenau -4 à -12 cm), alors qu’une légère hausse persiste dans le reste du département. Elles restent partout en dessous des normales saisonnières, avec des niveaux modérément bas (Wissembourg ou Weitbruch), à très bas (Haguenau, Sessenheim, Lipsheim). Dans le Haut-Rhin, les moyennes sont toujours en hausse dans la partie nord (+6 cm) jusqu’en centre plaine (+7 cm) et continuent leur baisse dans la moitié sud (-10 cm le long du Rhin, -25 cm à Habsheim, -41 cm à Cernay). Les niveaux sont modérément bas (Fessenheim, Cernay), bas au sud et en centre plaine, très bas au nord (Holtzwihr).
(Source : APRONA)

La situation des nappes en Champagne-Ardenne pour le mois d’octobre est dans la continuité des tendances observées au mois de septembre à savoir une situation de vidange généralisée des nappes.
Au final, on note une poursuite de la baisse généralisée des niveaux de nappe vers des niveaux très bas. La faible voire l’absence de recharge sur le mois d’octobre a continué de favoriser le phénomène de décharge des eaux souterraines enclenché depuis le mois d’avril dernier.
(Source : BRGM)


Une liste des piézomètres de la région Grand est disponible en téléchargement ci-dessous. Le tableau contient des liens vers les informations relatives à chaque point de mesure.

Réservoirs


Pour les réservoirs et barrages de la région Grand Est, la tendance à la baisse constatée le mois dernier se poursuit.
Le niveau de remplissage global est de l’ordre de 24% pour les retenues destinées au soutien de l’étiage et de l’ordre de 29% pour les retenues destinées à la navigation. Pour les retenues destinées à l’alimentation en eau potable, le réservoir de Madine affiche un taux de remplissage de 82% et la retenue de Michelbach de 17%.
Pour rappel, pour répondre à la double mission de soutien des étiages et de lutte contre les crues, les lacs-réservoirs Marne, Seine et Aube sont en théorie remplis du 1er novembre au 30 juin puis vidangés du 1er juillet au 31 octobre, la vidange pouvant être prolongée en cas d’étiage sévère jusqu’à début décembre. Fin octobre, les débits encore faibles observés sur les cours d’eau régulés par ces retenues nécessitent de poursuivre le soutien d’étiage.

Liens utiles…..


Vigicrues :
https://www.vigicrues.gouv.fr/

Le suivi de l’étiage :
http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/etiage-secheresse-r244.html

La banque hydro :
http://hydro.eaufrance.fr/

Le portail d’accès aux données sur les eaux souterraines :
http://www.ades.eaufrance.fr/

Glossaire

Thème 1. Météorologie :

Évapotranspiration :
Quantité d’eau consommée qui comprend d’une part l’eau transpirée par la plante, d’autre part l’évaporation directe à partir du sol, exprimée en millimètre.

Évapotranspiration Potentielle ETP :
Correspond à la quantité maximale d’eau transpirée par les végétaux et à l’évaporation du sol dans des conditions idéales.

Normale (météorologique) :
Moyenne de variables météorologiques calculées sur une période uniforme relativement longue choisie par consensus et telle qu’une moyenne établie sur toute période plus longue n’ait pas une valeur significativement différente. En météorologie, une période de 30 années a été retenue par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Les périodes de référence furent 1901-1930, 1931-1960, 1951-1980, et actuellement la période est 1971-2000.
Attention, à ne pas confondre avec la moyenne (voir définition dans ce glossaire).

Pluie efficace (ou bilan hydrique potentiel) :
Différence entre les cumuls de précipitations (RR) et l’évapotranspiration potentielle (ETP). Elle peut donc être négative.

RR (Rainfall Runoff) :
Cumul de précipitations, généralement exprimé en millimètre de pluie (mm).

Thème 2. Hydrologie :

Débit  :
Volume d’eau écoulé par unité de temps généralement exprimé en mètre cube par seconde (m3/s).

Débit de pointe de crue :
Débit instantané maximum observé.

Débit de base (VCN 3) :
Le VCN 3 correspond au débit moyen minimal calculé sur 3 jours consécutifs sur une période donnée. La date du VCN3 correspond au premier des trois jours considérés.

Débit moyen journalier (QMJ) :
Le débit moyen journalier correspond au volume écoulé sur une journée rapporté à l’unité de temps, et généralement exprimé en m3/s.

Hydraulicité mensuelle :
Rapport du débit moyen du mois considéré à la moyenne historique du mois considéré. Elle permet de positionner un mois par rapport à un mois moyen.

Module mensuel :
Moyenne de l’ensemble des débits moyen mensuels d’un mois considéré, calculé sur l’ensemble de la période d’observation de la station.

Thème 3. Piézométrie :

Aquifère (ou nappe d’eau souterraine) :
Formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l’eau mobilisable, constituée de roches perméables et capables de la restituer naturellement et/ou par exploitation. On distingue deux types d’aquifères :
- Aquifère à nappe libre : l’aquifère reposant sur une couche très peu perméable est surmonté d’une zone non saturée en eau.
- Aquifère captif (ou nappe captive) : dans une nappe captive, l’eau souterraine est confinée entre deux formations très peu perméables. Lorsqu’un forage atteint une nappe captive, l’eau remonte dans le forage.

Niveau piézométrique :
Niveau auquel peut monter l’eau d’une nappe dans un tube (le piézomètre) lorsqu’on réalise un forage. Ce niveau correspond à la pression de la nappe, il est généralement donné en mètres NGF.

Piézomètre :
Tube foré dans le sol atteignant la nappe phréatique et permettant de mesurer son niveau. Certains puits ou forages qui ne sont plus exploités aujourd’hui servent également de piézomètres.

Thème 4. Statistique

Fréquence :
Pourcentage de chance qu’un événement se produise sur une période donnée.

Fréquence quinquennale (respectivement décennale) sèche ou humide :
Valeur-seuil dépassée 20 % (respectivement 10 %) du temps.

Médiane :
Valeur qui divise une séquence ordonnée de données en deux parties strictement égales. En l’absence de valeurs toutes similaires, la moitié des observations sera inférieure et l’autre moitié sera supérieure à la médiane. Elle est aussi appelée normale en hydrologie.

IPS (Indicateur Piézométrique standardisé) :
Il est défini sur une échelle dite « standard », sa valeur numérique varie entre –3 et +3 (sans unité), il facilite le calcul d’un indicateur global à partir d’un indicateur ponctuel, il permet d’avoir une vision homogène de l’état des nappes libres (ou captives) à l’échelle nationale.

Période de retour (ou durée de retour) :
Inverse de la fréquence, généralement exprimée en nombre d’années. Par exemple, pour une fréquence quinquennale (soit 20%, donc 1/5ème), la période de retour est de 5 ans.

COTECO :
Comité Technique de Coordination de l’EPTB Seine Grands Lacs.

EPTB Seine Grands Lacs :
Etablissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs.

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