Des menaces portant principalement sur la banalisation des peuplements et le dépérissement des essences fragilisées par les phénomènes climatiques

Les milieux forestiers se sont étendus de 4% (31 000 ha) depuis les années 2000. Cette progression est la conséquence de la dynamique naturelle de la végétation après l’abandon du pâturage et du développement de la populiculture dans les fonds de vallée. Ces évolutions constituent à la fois une menace pour les milieux forestiers en eux-mêmes (banalisation par le rajeunissement des peuplements et l’homogénéisation des espèces) mais aussi à terme pour les milieux ouverts faisant l’objet de cette reconquête progressive (fermeture des milieux et perte des habitats et espèces animales et végétales inféodées).

L’évolution de la gestion sylvicole pour produire une plus forte proportion de gros bois (conversion des taillis-sous-futaie en futaies régulières, parfois monospécifiques, exploitation des arbres morts sur pied, rajeunissement des peuplements …), entraîne également une diminution de la biodiversité, notamment des espèces cavernicoles (Pic mar, Pic cendré, Chouette de Tengmalm …) et des espèces fréquentant les sous-bois peu denses (Gélinotte des bois, Gobe-mouche à collier).

Enfin, les travaux forestiers (tassement des sols, passage dans le lit des cours d’eau, interventions lors des périodes sensibles pour le cycle vital de certaines espèces …) contribuent aussi dans une moindre mesure au dépérissement des peuplements et à l’appauvrissement de la biodiversité.

La tempête de 1999 et la canicule de l’été 2003 ont eu des répercussions sanitaires majeures : fragilisation des arbres isolés, privés de l’ambiance forestière et dépérissement des essences les moins tolérantes à la sécheresse comme le Hêtre et le Chêne. À terme, le changement climatique peut conduire à l’évolution de la répartition des essences et à la prolifération des ravageurs et parasites. Si ces derniers ne sont pas directement favorisés par le changement climatique, ils s’attaquent à des sujets affaiblis par des chocs successifs (tempêtes, canicules …).

En Champagne-Ardenne, alors que les populations de cerfs et sangliers étaient descendues à un niveau très bas à la fin des années 1950, elles connaissent une forte progression sur l’ensemble de la région depuis une dizaine d’années, la tempête de 1999 ayant été un facteur déterminant pour leur extension vers de nouveaux massifs. Ce fort accroissement des populations (prélèvements de sangliers multipliés par 5 entre les périodes 1991-1994 et 2005-2008) s’explique d’une part par la présence du maïs en zones agricoles et l’agrainage (nourrissage artificiel) trop systématique en forêt (y compris en dehors des périodes de sensibilité des cultures) et d’autre part des pratiques de tir des chasseurs préservant les femelles reproductrices. Cette surpopulation induit de nombreux dégâts aux écosystèmes (abroutissement de jeunes plants, écorçage …). Cette surdensité peut également constituer un risque sanitaire important pour le bétail, avec notamment la recrudescence des cas de tuberculose bovine.

La forêt a aussi une fonction de loisir et d’accueil du public, dont l’importance est croissante, en Champagne-Ardenne comme partout en France. Elles sont néanmoins relativement peu fréquentées, à l’exception des secteurs à proximité des grandes agglomérations. La montée en puissance des usages récréatifs et du tourisme nature en région constitue une opportunité pour sensibiliser et former la population à la biodiversité et à l’importance de sa préservation, via des outils et actions d’éducation à l’environnement.

Pour aller plus loin :

Partager la page

S'abonner