BSH Grand Est août 2020

Synthèse du mois


Sur le bassin Rhin-Meuse, le déficit pluviométrique de ce mois d’août a été sensiblement plus marqué en Lorraine (déficit de près de 45%) qu’en Alsace (déficit de l’ordre de 9%).
Ce contexte météorologique estival continue d’influencer défavorablement les écoulements dans les cours d’eau.
Les débits moyens mensuels (QMM) restent partout sensiblement inférieurs aux normales de saison, avec notamment des écoulements représentant moins de 40% des valeurs de saison sur toute la Moselle et sur la Meuse jusqu’à Stenay.
Les débits minimaux sur trois jours consécutif (VCN3) sont eux aussi très impactés par le déficit pluviométrique prolongé. Les VCN3 sont partout inférieurs au médian, avec des périodes de retour dépassant le décennal sec sur certaines stations.


Sur les bassins de Seine-Normandie, la pluviométrie reste inférieure à la normale au mois d’août, avec un déficit de l’ordre de 50 % sur l’ensemble du territoire.
Les hydraulicités sont globalement inférieures à 0.4. Elles sont même inférieures à 0.2 pour plusieurs stations du bassin de la Marne.
Les débits minimaux sur trois jours consécutif (VCN3) sont observés en fin de période, dus à l’absence de pluies significatives.
Ils sont globalement inférieurs au médian sur les bassins et inférieurs au décennal sec sur plusieurs stations amont.
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La tendance d’évolution des nappes est globalement à la baisse pour ce mois d’août et la vidange des nappes se poursuit. Les niveaux moyens mensuels de la majorité des nappes atteignent maintenant des niveaux bas à très bas, à l’exception de quelques nappes qui se maintiennent encore à des niveaux modérément bas, comme les craies de Champagne ou les calcaires du Dogger. Les nappes des grès du Trias inférieur et du sud de l’Alsace conservent des niveaux bas consécutifs des deux dernières années de sécheresse.

Pluviométrie


BILAN GLOBAL DU MOIS D’AOUT 2020

Les précipitations touchent inégalement la région en arrosant souvent sa partie est.
Le bilan pluviométrique mensuel est par conséquent extrêmement déficitaire sur la partie ouest.

§ PLUVIOMETRIE DU MOIS

En août 2020, la pluviométrie globale sur la région Grand Est (39,5 mm) est inférieure de 44,9 % à la normale (71,7 mm).
Ce mois est également moins arrosé que le mois d’août de l’année dernière, qui avait enregistré 54,9 mm de précipitations.

Les cumuls mensuels de pluie sont compris entre 4,4 mm à Montcheutin (08) et 172,6 mm au Lac Blanc à Orbey (68), ces écarts importants s’expliquant par la présence de fortes précipitations orageuses au cours du mois.

- CHAMPAGNE-ARDENNE

Le cumul mensuel de précipitations agrégées pour la Champagne-Ardenne est de 27.4 mm soit un déficit global de 59.7 %.

Les cumuls vont de 5 mm à 75 mm pour le département de la Haute-Marne, de 10 mm à 50 mm pour les départements des Ardennes et de la Marne, de 10 mm à 75 mm pour le département de l’Aube.

* pour la Marne, l’Aube et la Haute-Marne, le bilan se situe en dessous de la normale avec un déficit compris entre 10% et 100%

* pour les Ardennes, le bilan se situe en dessous de la normale avec un déficit compris entre 25% et 100%

- LORRAINE

Le cumul mensuel de précipitations agrégées pour la Lorraine est de 42 mm soit un déficit global de près de 44.5 %.

Les cumuls vont de 10 mm à 30 mm pour le département de la Meuse, de 20 mm à 150 mm pour les départements de la Meurthe-et-Moselle et de la Moselle, et de 30 mm à 150 mm pour le département des Vosges.

* pour la Moselle, le bilan se situe au voisinage de la normale et au-dessus de la normale sur l’extrême sud-est et compris entre 110% et 200%, et en dessous de la normale avec un déficit compris entre 10% et 75% sur le reste du département

* pour la Meurthe-et-Moselle, le bilan se situe au voisinage de la normale et au-dessus de la normale sur l’extrême est et compris entre 110% et 150%, et en dessous de la normale avec un déficit compris entre 10% et 75% sur le reste du département

* pour les Vosges, le bilan se situe au voisinage de la normale et en dessous de la normale avec un déficit compris entre 10% et 75%

* pour la Meuse, le bilan se situe en dessous de la normale avec un déficit compris entre 50% et 100%

- ALSACE

Le cumul mensuel de précipitations agrégées pour l’Alsace est de 64.9 mm soit un déficit global de près de 9.1 %.

Les cumuls vont de 50 mm à 75 mm pour le département du Bas-Rhin, et de 50 mm à 150 mm pour le département du Haut-Rhin.

* pour le Haut-Rhin, le bilan se situe au voisinage de la normale et au-dessus de la normale sur le nord-est et compris entre 110% et 125%, et au voisinage de la normale et en dessous de la normale avec un déficit compris entre 10% et 25% sur le reste du département

* pour le Bas-Rhin, le bilan se situe au voisinage de la normale et en dessous de la normale avec un déficit compris entre 10% et 50%

§ EAU DANS LE SOL AU 01/09/2020

La situation au 1er septembre 2020 par rapport au 1er août 2020 montre une dégradation (plus négatif) sur l’ouest et une atténuation (moins négatif) sur l’est de la région Grand Est de l’écart pondéré à la moyenne quotidienne de référence 1981-2010 de l’indice d’humidité des sols.

§ PLUVIOMETRIE DE SEPTEMBRE 2019 A AOUT 2020

Sur la période de septembre 2019 à août 2020, la pluviométrie agrégée sur le Grand Est (886,1 mm) est inférieure à la normale de 4,6 % et se positionne au 33ème rang des valeurs les plus faibles depuis 1959, avec 347,8 mm de plus que le record bas de 1976 (538,3 mm).
L’an dernier sur la même période, la pluviométrie moyenne s’élevait à 698,3 mm et plaçait cette période au 8ème rang des valeurs les plus faibles depuis 1959, avec 160 mm de plus que le record bas de 1976.

(Source : Météo-France)

Eaux superficielles


Sur le bassin du Rhin, les débits moyens mensuels restent nettement inférieurs aux normales malgré les quelques pluies observées en août.
A l’image du mois de juillet, les stations de Didenheim (Ill amont) et Willer-sur-Thur proposent les écoulements les plus faibles (hydraulicités inférieurs à 0.4) avec même un assec presque tout le mois sur le Giessen à Sélestat.
Sur le reste du territoire, les hydraulicités sont comprises entre 0.5 et 0.8 (Ill à l’aval de Strasbourg ainsi que sur le Rhin à Lauterbourg).

Sur le bassin de la Sarre, l’hydraulicité moyenne reste basse également. Les stations de Keskastel et Wittring sur la Sarre affichent un déficit de -50% et l’on chute même à -70% sur l’Eichel à Oermingen.

Sur les bassins Meuse-Moselle, les débits moyens mensuels restent nettement inférieurs aux normales pour l’ensemble des stations pour le mois d’août.
Le déficit pluviométriques est important particulièrement sur le bassin de la Meuse. Les débits moyens mensuels sont tous au moins inférieurs à 50% par rapport aux normales.

Sur les bassins de la Seine Normandie, les précipitations observées au mois d’août sont bien inférieures à la normale et ne présentent aucun effet bénéfique sur les eaux de surface. La situation se dégrade encore un peu par rapport au mois précédent.
Les hydraulicités sont maintenant inférieures à 0.2 pour les stations de Villiers-sur-Suize et de Vitry-en-Perthois. Ailleurs, elles restent stables et globalement proches de 0.4.

Sur le bassin du Rhin, le débit minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs pour l’ensemble des stations est inférieur aux débits de base (entre 3 et 10 ans sec selon les secteurs) mais quelques stations affichent des débits inférieurs à la décennale sèche comme à Willer-sur-Thur (influencée par les travaux en cours sur le barrage de Kruth), Didenheim, Sélestat ou encore Schweighouse-sur-Moder.

Sur le bassin de la Sarre, le débit minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs est compris entre 4 et plus que 10 ans sec notamment sur l’Eichel.

Sur le bassin Meuse-Moselle, le débit minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs pour l’ensemble des stations est inférieur aux débits de base.
Comme pour le mois de juillet, l’intégralité des débits minimum enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont inférieurs au médian voire inférieurs au décennal sec. Ces valeurs sont observées en fin de mois.
Certaines stations affichent des débits minimum enregistrés pendant 3 jours consécutifs avec des temps de retour compris entre 10 et 20 ans sec.

Sur les bassins de la Seine Normandie, les débits minimaux sur trois jours consécutifs se sont encore dégradés au mois d’août, notamment pour les stations de Villiers-sur-Suize, Mussey-sur-Marne et Vitry-en-Perthois où les débits de bases sont inférieurs au décennal sec.
On observe cependant une amélioration sur les cours d’eau bénéficiant d’un soutien d’étiage. Pour les autres cours d’eau, les débits sont globalement inférieurs au médian.

Eaux souterraines


Sur les nappes de Lorraine, la tendance d’évolution du niveau moyen mensuel continue à la baisse et la décharge estivale se poursuit. Les niveaux moyens mensuels des calcaires sont globalement modérément bas à bas, mais certains points de mesure affichent des niveaux très bas (Epiez-sur-Meuse, Les Roises, Fréville). Les alluvions, eux aussi, présentent des niveaux bas, seule la partie avale des alluvions de la Moselle reste modérément basse. Les grès du Trias inférieur conservent encore des niveaux inférieurs aux niveaux habituellement observés à cette période en raison des deux dernières années de sécheresse de 2018 et 2019, certains niveaux sont très bas (Voyer, Gelacourt, Relanges).

Les niveaux moyens d’août sont en baisse par rapport à ceux du mois de juillet sur quasiment toute l’Alsace, hormis certains secteurs proches du Rhin. Dans le Bas-Rhin, les moyennes sont partout en baisse, de -20 cm en moyenne au nord et sur la nappe du Pliocène, de -8 à -15 cm sur le reste du département. Les niveaux restent encore modérément bas au nord sur la nappe rhénane (Sessenheim), mais ils sont majoritairement bas ou très bas ailleurs (Haguenau, Lipsheim, Weitbruch) et même extrêmement bas sur le secteur de Rossfeld. Dans le Haut-Rhin, La baisse est également conséquente, avec -13 cm au nord (Holtzwihr), -24 cm en centre plaine (Hettenschlag), et de -35 à -50 cm pour les secteurs de Habsheim, Wittenheim et Cernay. Les secteurs sous l’influence principale du Rhin sont en légère hausse (+8 cm à Fessenheim). Les niveaux sont dans l’ensemble modérément bas (Wintzenheim, Cernay, Fessenheim ou Hésingue), mais localement bas en centre plaine (Hettenschlag) et désormais extrêmement bas dans le Sundgau oriental (Habsheim).

Pour les aquifères du bassin Seine-Normandie, les nappes sont en phase de vidange depuis le mois de mars et les niveaux moyens mensuels sont tous à la baisse. Les niveaux des nappes atteignent maintenant des niveaux moyens modérément bas à bas, mais certains restent encore modérément hauts (Calcaires de Brie et de Champigny) et d’autres sont déjà à des niveaux très bas (sables de l’Albien). Les craies de Champagne atteignent des niveaux bas dans la partie nord, mais restent encore à des niveaux modérément bas dans la partie centrale et au sud.
(Sources : BRGM, APRONA, Délégation de bassin Rhin-Meuse)


Une liste des piézomètres de la région Grand est disponible en téléchargement ci-dessous. Le tableau contient des liens vers les informations relatives à chaque point de mesure.

Réservoirs


Pour les réservoirs et barrages de la région Grand Est, le niveau de remplissage global est de l’ordre de 32% pour les retenues destinées à la navigation. Pour les retenues destinées à l’alimentation en eau potable, le réservoir de Madine affiche un taux de remplissage de 83% et la retenue de Michelbach de 62%. Pour les retenues destinées au soutien de l’étiage, le remplissage est de l’ordre de 52%. A noter que le barrage de Kruth est en travaux d’entretien depuis cet automne et affiche un taux de remplissage inférieur à 10%.

Observations de l’Observatoire National des Étiages (ONDE)

L’Office Français de la Biodiversité (OFB) présente dans les Bulletins de Situation Hydrologique de bassin les observations collectées dans le cadre de l’Observatoire National Des Étiages (ONDE) qui vise à apporter de l’information sur l’évolution quantitative des ressources en eau sur des secteurs où le réseau de suivi traditionnel est moins dense.
S’il y a lieu, des éléments sur les conséquences des conditions hydro-climatiques remarquables sur les habitats et le fonctionnement des milieux aquatiques sont également présentés.

Liens utiles…..


Vigicrues :
https://www.vigicrues.gouv.fr/

Le suivi de l’étiage :
http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/etiage-secheresse-r244.html

La banque hydro :
http://hydro.eaufrance.fr/

Le portail d’accès aux données sur les eaux souterraines :
http://www.ades.eaufrance.fr/

Glossaire

Thème 1. Météorologie :

Évapotranspiration :
Quantité d’eau consommée qui comprend d’une part l’eau transpirée par la plante, d’autre part l’évaporation directe à partir du sol, exprimée en millimètre.

Évapotranspiration Potentielle ETP :
Correspond à la quantité maximale d’eau transpirée par les végétaux et à l’évaporation du sol dans des conditions idéales.

Normale (météorologique) :
Moyenne de variables météorologiques calculées sur une période uniforme relativement longue choisie par consensus et telle qu’une moyenne établie sur toute période plus longue n’ait pas une valeur significativement différente. En météorologie, une période de 30 années a été retenue par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Les périodes de référence furent 1901-1930, 1931-1960, 1951-1980, et actuellement la période est 1971-2000.
Attention, à ne pas confondre avec la moyenne (voir définition dans ce glossaire).

Pluie efficace (ou bilan hydrique potentiel) :
Différence entre les cumuls de précipitations (RR) et l’évapotranspiration potentielle (ETP). Elle peut donc être négative.

RR (Rainfall Runoff) :
Cumul de précipitations, généralement exprimé en millimètre de pluie (mm).

Thème 2. Hydrologie :

Débit  :
Volume d’eau écoulé par unité de temps généralement exprimé en mètre cube par seconde (m3/s).

Débit de pointe de crue :
Débit instantané maximum observé.

Débit de base (VCN 3) :
Le VCN 3 correspond au débit moyen minimal calculé sur 3 jours consécutifs sur une période donnée. La date du VCN3 correspond au premier des trois jours considérés.

Débit moyen journalier (QMJ) :
Le débit moyen journalier correspond au volume écoulé sur une journée rapporté à l’unité de temps, et généralement exprimé en m3/s.

Hydraulicité mensuelle :
Rapport du débit moyen du mois considéré à la moyenne historique du mois considéré. Elle permet de positionner un mois par rapport à un mois moyen.

Module mensuel :
Moyenne de l’ensemble des débits moyen mensuels d’un mois considéré, calculé sur l’ensemble de la période d’observation de la station.

Thème 3. Piézométrie :

Aquifère (ou nappe d’eau souterraine) :
Formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l’eau mobilisable, constituée de roches perméables et capables de la restituer naturellement et/ou par exploitation. On distingue deux types d’aquifères :
- Aquifère à nappe libre : l’aquifère reposant sur une couche très peu perméable est surmonté d’une zone non saturée en eau.
- Aquifère captif (ou nappe captive) : dans une nappe captive, l’eau souterraine est confinée entre deux formations très peu perméables. Lorsqu’un forage atteint une nappe captive, l’eau remonte dans le forage.

Niveau piézométrique :
Niveau auquel peut monter l’eau d’une nappe dans un tube (le piézomètre) lorsqu’on réalise un forage. Ce niveau correspond à la pression de la nappe, il est généralement donné en mètres NGF.

Piézomètre :
Tube foré dans le sol atteignant la nappe phréatique et permettant de mesurer son niveau. Certains puits ou forages qui ne sont plus exploités aujourd’hui servent également de piézomètres.

Thème 4. Statistique

Fréquence :
Pourcentage de chance qu’un événement se produise sur une période donnée.

Fréquence quinquennale (respectivement décennale) sèche ou humide :
Valeur-seuil dépassée 20 % (respectivement 10 %) du temps.

Médiane :
Valeur qui divise une séquence ordonnée de données en deux parties strictement égales. En l’absence de valeurs toutes similaires, la moitié des observations sera inférieure et l’autre moitié sera supérieure à la médiane. Elle est aussi appelée normale en hydrologie.

IPS (Indicateur Piézométrique standardisé) :
Il est défini sur une échelle dite « standard », sa valeur numérique varie entre –3 et +3 (sans unité), il facilite le calcul d’un indicateur global à partir d’un indicateur ponctuel, il permet d’avoir une vision homogène de l’état des nappes libres (ou captives) à l’échelle nationale.

Période de retour (ou durée de retour) :
Inverse de la fréquence, généralement exprimée en nombre d’années. Par exemple, pour une fréquence quinquennale (soit 20%, donc 1/5ème), la période de retour est de 5 ans.

COTECO :
Comité Technique de Coordination de l’EPTB Seine Grands Lacs.

EPTB Seine Grands Lacs :
Etablissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs.

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