BSH Grand Est août 2024

Synthèse du mois
Sur le bassin Rhin-Meuse, la situation hydrologique générale reste sous l’influence marquée d’un contexte orageux qui perdure. En effet, ce mois d’août est le troisième mois d’affilée présentant des pluies orageuses diluviennes. Ces passages perturbés intenses ont apporté des cumuls très hétérogènes à l’échelle des bassins, avec notamment un déficit pluviométrique très marqué de l’ordre de 80% sur l’ouest du Bas-Rhin.
Les hydraulicités sont représentatives de cette répartition très inégale des pluies. Si les débits moyens mensuels d’août affichent un déficit de l’ordre de 50% sur le secteur de l’Ill amont, ils représentent plus de 4 fois les valeurs de saison sur les secteurs bien plus arrosés du Madon et de l’Orne.
Les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N) sont eux aussi logiquement influencés par ces pluies très hétérogènes. Bien que les débits de base restent encore majoritairement supérieurs à la quinquennale humide à l’échelle du bassin Rhin-Meuse, ils se rapprochent du médian sur les secteurs les moins arrosés.
Sur les bassins de la Seine Normandie, la pluviométrie a été conforme à la normale pour un mois d’août, avec un cumul mensuel moyen de 72 mm. Le cumul des précipitations est compris entre 50 mm au nord de la Marne et 120 mm au nord de la Haute-Marne.
Les hydraulicités sont en baisse par rapport au mois de juillet avec des valeurs majoritairement supérieures à 2.0.
En ce qui concerne les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N) en août, ils sont majoritairement supérieurs au quinquennal humide.
Concernant les eaux souterraines, les niveaux moyens mensuels restent modérément hauts à hauts en moyenne pour ce mois d’août, mais les tendances à la baisse sont largement majoritaires sur le Grand Est : c’est le cas pour 4/5 des piézomètres.
Les niveaux les plus hauts (hauts, voire très hauts) se retrouvent sur les nappes inertielles ou plus réactives du Centre et du Sud-Ouest de la région et sur la nappe d’Alsace dans le département du Bas-Rhin. Au Nord-Ouest (département des Ardennes et partie Nord du département de la Marne), les points de suivi affichent plutôt des niveaux modérément hauts.
C’est à l’Est que la situation reste plus contrastée pour la nappe des Grès du Trias Inférieur et le Sud de la nappe d’Alsace : les niveaux moyens mensuels s’y échelonnent de très bas à très haut.
Pluviométrie



Pour lire le résumé climatique mensuel de Météo-France, téléchargez le document ci dessous.
(Source : Météo-France)
Eaux superficielles
Hydraulicité

Sur le bassin du Rhin, les pluies du mois d’août 2024 sont plutôt déficitaires par rapport aux moyennes annuelles. Généralement orageuses, la répartition des pluies est hétérogène. Par conséquent, dans le sud du Haut-Rhin, moins arrosé, les hydraulicités sont faibles (entre 0.4 et 0.5) sur les bassins versants de l’Ill amont à Didenheim et de la Doller à Reiningue.
La situation hydrologique du centre Alsace au nord Alsace est plus hétérogène et oscille d’un déficit de 30% (hydraulicité de 0.7) à Guebwiller sur la Lauch ou de Sélestat sur le Giessen à des excédents de près de 50% (hydraulicité à 1.5) à Ostheim sur la Fecht ou à Holtzheim sur la Bruche.
Les écoulements dans le Rhin à Lauterbourg sont proches des normales pour un mois d’août.
Sur le bassin de la Sarre, des pluies orageuses ont également été constatées. Les hydraulicités sur les stations de référence varient de 1.3 en amont du bassin sur la station de Sarrebourg à des valeurs proches de 1 sur la partie aval à Wittring.
Un déficit de 40% (hydraulicité de 0.6) est constaté sur l’Eichel à la station de Oermingen.
Sur le bassin de la Meuse, les précipitations du mois d’août ont été globalement conformes à la normale. La globalité du bassin possède une hydraulicité excédentaire.
Sur le bassin de la Moselle, les précipitations du mois d’août ont été plutôt conformes aux normales. Toutefois, un déficit de l’ordre de 30% sur le secteur amont de la Moselle est constaté. Les hydraulicités sont globalement supérieures à 1.2. A contrario, l’hydraulicité à la station de Rupt sur Moselle est comprise entre 0.4 et 0.8.
Sur le bassin de la Seine-Normandie, les précipitations de ce mois d’août ont été conformes à la normale. Les hydraulicités sont en baisse par rapport à celles du mois précédent mais restent majoritairement supérieures à 2.0.
Sur l’amont, à Villiers-sur-Suize, elle est comprise entre 0.8 et 1.2. A Frignicourt, Châlons-en-Champagne, Méry-sur-Seine et Pont-sur-Seine, elles sont comprises entre 1.2 et 2.0.
Débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs (Q3J-N)

Sur le bassin du Rhin, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs restent supérieurs à la médiane sur la majorité des stations en dehors des stations du sud du Haut-Rhin sur lesquelles on se rapproche des débits de base généralement observés pour un mois d’août. La station de Lauterbourg propose un débit de base inférieur au médian.
Sur le bassin de la Sarre, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont supérieurs à la médiane sur la plupart des stations en dehors de celle d’Oermingen sur l’Eichel qui propose des débits de base inférieurs aux moyennes pour un mois d’août.
Sur le bassin de la Meuse, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont exclusivement supérieurs au quinquennal humide.
Sur le bassin de la Moselle, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont proches du médian aux stations de Rupt sur Moselle, Damelevières et Custines. Ailleurs, ils sont supérieurs au médian, voire supérieurs au quinquennal humide.
Sur le bassin de la Seine-Normandie, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs pour ce mois d’août sont majoritairement supérieurs au quinquennal humide.
A Villiers-sur-Suize et Méry-sur-Seine, les débits de base sont supérieurs au médian et ils sont proches de la médiane à Frignicourt.
Eaux souterraines

Concernant les nappes des Calcaires du Jurassique de Lorraine, les niveaux moyens mensuels restent en moyenne proches des niveaux hauts pour la saison. Cependant, la tendance d’évolution à la baisse se généralise.
Pour la nappe plus inertielle des Grès du Trias Inférieur, on distingue la zone au nord-ouest du socle vosgien, où les niveaux moyens mensuels sont en moyenne modérément hauts, avec une tendance à la baisse, et la zone au sud du département des Vosges où la situation est très contrastée : niveau haut et à la baisse à Plombières-les-Bains (88), conforme à la situation générale de la nappe des GTI, mais niveau très bas et stable sur le secteur plus réactif du point de suivi de Relanges (88).
Les niveaux moyens d’août sont en baisse par rapport au mois de juillet sur presque toute l’Alsace, à l’exception du secteur de bordure à l’ouest de Colmar (Fecht).
Dans le Bas-Rhin, les niveaux sont partout en baisse, comme en juillet, avec -58 cm en bordure à Lampertheim, -41 cm au nord à Wissembourg, -33 cm à Haguenau, -22 cm à Sessenheim et Reichstett, entre -10 et -14 cm ailleurs (seulement -5 cm à Griesheim). Les niveaux moyens mensuels restent tous au-dessus des normales saisonnières, sauf à Griesheim-près-Molsheim (modérément bas), variant entre modérément hauts (Rossfeld) et très hauts (Sessenheim, Haguenau, Lampertheim).
Dans le Haut-Rhin, la baisse est également bien présente, avec autour de -50 cm le long du Rhin à Fessenheim et dans le Sundgau oriental à Habsheim, -40 cm sur le secteur de la Thur à Cernay, -30 cm à Wittenheim, -18 cm en centre plaine à Hettenschlag et dans l’extrême sud à Hésingue. Les niveaux moyens sont à peu près stables à Holtzwihr (-3cm) et Illhaeusern (-2 cm). Seul le secteur du cône de déjection de la Fecht reste en légère hausse (+7 cm à Wintzenheim). Les niveaux moyens mensuels s’étalent de modérément bas à Habsheim, autour de la moyenne à Wintzenheim, à modérément hauts pour Holtzwihr, Hettenschlag, Fessenheim ou Cernay, voire hauts pour Guémar ou Illhaeusern.
Sur les nappes de la craie, au comportement inertiel, la situation reste favorable pour ce mois d’août : les niveaux moyens mensuels s’échelonnent de modérément haut à très haut, les niveaux étant hauts en moyenne. Cependant, la tendance à la baisse s’y généralise.
Une liste des piézomètres de la région Grand est disponible en téléchargement ci-dessous. Le tableau contient des liens vers les informations relatives à chaque point de mesure.
Réservoirs



Pour les réservoirs et barrages de la région Grand Est, le niveau de remplissage fin août 2024 est de plus de 63% pour les retenues destinées à la navigation. En ce qui concerne les retenues destinées à l’alimentation en eau potable, le réservoir de Madine et la retenue de Michelbach affichent un taux de remplissage de l’ordre de 93%. Pour les retenues destinées au soutien de l’étiage, le taux de remplissage est de 99% pour le réservoir de Vieux Pré et de plus de 74% pour le barrage de Kruth. Les barrages-réservoirs du bassin de la Seine affichent un taux de remplissage de 75%, légèrement supérieur à l’objectif de gestion.
Liens utiles…..
Vigicrues :
https://www.vigicrues.gouv.fr/
Le suivi de l’étiage :
http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/etiage-secheresse-r244.html
L’HydroPortail (anc. banque hydro), le portail des données quantitatives sur les cours d’eau :
https://hydro.eaufrance.fr/
Le portail d’accès aux données sur les eaux souterraines :
http://www.ades.eaufrance.fr/
Glossaire
BSH :
Bulletin publié par la DREAL Grand Est qui présente mensuellement l’évolution de la ressource en eau.
Thème 1. Météorologie :
Évapotranspiration :
Quantité d’eau consommée qui comprend d’une part l’eau transpirée par la plante, d’autre part l’évaporation directe à partir du sol, exprimée en millimètre.
Évapotranspiration Potentielle ETP :
Correspond à la quantité maximale d’eau transpirée par les végétaux et à l’évaporation du sol dans des conditions idéales.
Normale (météorologique) :
Moyenne de variables météorologiques calculées sur une période uniforme relativement longue choisie par consensus et telle qu’une moyenne établie sur toute période plus longue n’ait pas une valeur significativement différente. En météorologie, une période de 30 années a été retenue par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Les périodes de référence furent 1901-1930, 1931-1960, 1951-1980, 1971-2000 , 1981-2010 et actuellement la période est 1991-2020.
Attention, à ne pas confondre avec la moyenne (voir définition dans ce glossaire).
Pluie efficace (ou bilan hydrique potentiel) :
Différence entre les cumuls de précipitations (RR) et l’évapotranspiration potentielle (ETP). Elle peut donc être négative.
RR (Rainfall Runoff) :
Cumul de précipitations, généralement exprimé en millimètre de pluie (mm).
Thème 2. Hydrologie :
Débit :
Volume d’eau écoulé par unité de temps généralement exprimé en mètre cube par seconde (m3/s).
Débit de pointe de crue :
Débit instantané maximum observé.
Débit minimum sur trois jours consécutifs (Q3J-N) :
Le Q3J-N (anciennement appelé VCN3 et aussi appelé débit de base) correspond au débit moyen minimal calculé sur 3 jours consécutifs sur une période donnée. La date du Q3J-N correspond au premier des trois jours considérés.
Débit moyen journalier (QMJ) :
Le débit moyen journalier correspond au volume écoulé sur une journée rapporté à l’unité de temps, et généralement exprimé en m3/s.
Hydraulicité mensuelle :
Rapport du débit moyen du mois considéré à la moyenne historique du mois considéré. Elle permet de positionner un mois par rapport à un mois moyen.
Module mensuel :
Moyenne de l’ensemble des débits moyen mensuels d’un mois considéré, calculé sur l’ensemble de la période d’observation de la station.
Thème 3. Piézométrie :
Aquifère (ou nappe d’eau souterraine) :
Formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l’eau mobilisable, constituée de roches perméables et capables de la restituer naturellement et/ou par exploitation. On distingue deux types d’aquifères :
- Aquifère à nappe libre : l’aquifère reposant sur une couche très peu perméable est surmonté d’une zone non saturée en eau.
- Aquifère captif (ou nappe captive) : dans une nappe captive, l’eau souterraine est confinée entre deux formations très peu perméables. Lorsqu’un forage atteint une nappe captive, l’eau remonte dans le forage.
Niveau piézométrique :
Niveau auquel peut monter l’eau d’une nappe dans un tube (le piézomètre) lorsqu’on réalise un forage. Ce niveau correspond à la pression de la nappe, il est généralement donné en mètres NGF.
Piézomètre :
Tube foré dans le sol atteignant la nappe phréatique et permettant de mesurer son niveau. Certains puits ou forages qui ne sont plus exploités aujourd’hui servent également de piézomètres.
Thème 4. Statistique
Fréquence :
Pourcentage de chance qu’un événement se produise sur une période donnée.
Fréquence quinquennale (respectivement décennale) sèche ou humide :
Valeur-seuil dépassée 20 % (respectivement 10 %) du temps.
Médiane :
Valeur qui divise une séquence ordonnée de données en deux parties strictement égales. En l’absence de valeurs toutes similaires, la moitié des observations sera inférieure et l’autre moitié sera supérieure à la médiane. Elle est aussi appelée normale en hydrologie.
IPS (Indicateur Piézométrique standardisé) :
Il est défini sur une échelle dite « standard », sa valeur numérique varie entre –3 et +3 (sans unité), il facilite le calcul d’un indicateur global à partir d’un indicateur ponctuel, il permet d’avoir une vision homogène de l’état des nappes libres (ou captives) à l’échelle nationale.
Période de retour (ou durée de retour) :
Inverse de la fréquence, généralement exprimée en nombre d’années. Par exemple, pour une fréquence quinquennale (soit 20%, donc 1/5ème), la période de retour est de 5 ans.
Thème 5. Divers :
COTECO :
Comité Technique de Coordination de l’EPTB Seine Grands Lacs.
EPTB Seine Grands Lacs :
Etablissement Public Territorial de Bassin Seine Grands