BSH Grand Est avril 2022

Synthèse du mois


Dans le bassin Rhin-Meuse, les précipitations hétérogènes de ce mois d’avril ont entrainé des évolutions différentes de la situation hydrologique selon les secteurs.
Sur les bassins du Rhin, de la Sarre et de la Moselle, qui ont été bien arrosés en début de mois avec le passage de la tempète "Diego", les hydraulicités sont en nette amélioration par rapport à mars. Les pluies intenses du début de mois ont même entrainé des crues de niveau jaune sur les secteurs de la Sarre, de l’Eichel, de la Seille, de l’Orne et des Nieds.
Sur le bassin de la Meuse, l’amélioration de l’hydraulicité est beaucoup plus limitée du fait d’un déficit pluviométrique qui s’est prolongé durant ce mois d’avril, notamment sur le secteur de la Meuse ardennaise.

Sur les bassins de la Seine Normandie, la pluviométrie a encore été inférieure à la normale pour ce mois d’avril avec un cumul moyen 27,9 mm, ce qui représente un déficit global de l’ordre 55 % et à pour conséquence de dégrader la situation hydrologique.
Le cumul des précipitations est compris entre 10 mm au sud de la Marne et 50 mm au nord des Ardennes et en Haute-Marne.
Les hydraulicités sont globalement stables par rapport au mois précédent et sont en amélioration pour plusieurs stations.

L’évolution des niveaux moyens des nappes de la région pour le mois d’avril est variable selon les secteurs par rapport au mois dernier. En effet, selon la réactivité des nappes, les précipitations importantes du début du mois d’avril ont induit une recharge plus ou moins importante, entrainant donc sur certains secteurs une tendance à la hausse par rapport au moins précédent, alors que d’autres présentent toujours une tendance à la baisse. Du fait de cette recharge de début de mois, les niveaux moyens pour le mois d’avril sont globalement autour des normales pour un mois d’avril pour les nappes réactives, mais restent inférieurs aux normales pour les nappes moins réactives.

Pluviométrie


La pluviométrie agrégée d’avril 2022 sur le Grand Est (62 mm) est proche de la normale 1981-2010. Elle est deux fois plus importante qu’en avril 2021 qui avait enregistré seulement 31 mm de précipitations. Les quatre départements de Champagne ainsi que la Meuse affichent des cumuls de précipitations inférieurs aux normales. Le déficit le plus important est observé dans les Ardennes, avec deux fois moins de pluie qu’à l’ordinaire. Les autres départements de la région sont plus arrosés que la normale, avec des excédents de l’ordre de 10 à 30 %.
Le 8, au passage de « DIEGO » sur la région, les cumuls journaliers dépassent localement 50 mm.
Nous relevons :
• 54.8 mm à Erneville-aux-Bois (55)
• 55.7 mm à Rodalbe (57)
• 55.8 mm à Berg (67)
• 56.5 mm à Sommesous (51)
• 58.8 mm à Mmouterhouse (67)
• 61.0 mm à Kruth (68, alt. 512 mètres)
• 62.5 mm à Sewen-Lac d’Alfeld (68, alt. 620 mètres)
Depuis le 1er septembre 2021, début de l’année hydrologique 2021/2022, le cumul des précipitations agrégées sur le Grand Est atteint 462 mm. Ce cumul représente un déficit de près de 70 % par rapport à la normale et il se classe en 10ème position des valeurs les plus basses depuis 1959, sur la même période. L’année dernière sur la même période (de septembre 2020 à avril 2021), la pluviométrie moyenne s’élevait à 597 mm, proche de la moyenne de référence 1981-2010.

I. PLUVIOMÉTRIE

– CHAMPAGNE-ARDENNE
Le cumul des précipitations agrégées en Champagne-Ardenne pour le mois d’avril 2022 (45 mm), représente 73 % de la normale. À l’échelle du département, la pluviométrie mensuelle affiche un déficit de l’ordre de 50 % dans les Ardennes, de 30 % dans l’Aube, de 10 % en Marne et de 25 % en Haute-Marne.
Les cumuls mensuels relevés par les stations du réseau sont compris :
• entre 24 mm et 43 mm dans les Ardennes
• entre 29 mm et 65 mm dans l’Aube
• entre 31 mm et 69 mm en Marne
• entre 32 mm et 64 mm en Haute-Marne.

– LORRAINE
Le cumul des précipitations agrégées en Lorraine pour le mois d’avril 2022 (73 mm) correspond à 111 % de la normale. Seule la Meuse enregistre un déficit de l’ordre de 10 % tandis que les autres départements sont excédentaires avec 110 % de la normale pour les Vosges et autour de 125 % pour la Meurthe-et-Moselle et la Moselle.
Les cumuls mensuels relevés par les stations du réseau sont compris :
• entre 48 mm et 81 mm en Meurthe-et-Moselle
• entre 41 mm et 81 mm en Meuse
• entre 51 mm et 95 mm en Moselle
• entre 51 mm et 175 mm dans les Vosges.

– ALSACE
Le cumul des précipitations agrégées en Alsace pour le mois d’avril 2022 (77 mm) enregistre 130 % de la valeur statistique 1981-2010. À l’échelle du département, les précipitations observées sont en excédent de 28 % dans le Bas-Rhin et de 33 % dans le Haut-Rhin.
Les cumuls mensuels relevés par les stations du réseau sont compris :
• entre 38 mm et 124 mm dans le Bas-Rhin
• entre 48 mm et 224 mm dans le Haut-Rhin.

II. HUMIDITÉ DANS LE SOL AU 01/05/2022
La situation au 1er mai 2022 par rapport au 1er avril 2022 montre une évolution à la baisse de l’écart pondéré à la moyenne quotidienne de référence 1981-2010 de l’indice d’humidité des sols en Champagne-Ardennes, et une hausse en Lorraine ainsi que du relief des Vosges au Sundgau.

(Source : Météo-France)

Eaux superficielles


Sur le bassin du Rhin, des pluies importantes se sont produites en début du mois d’avril. Elles sont à l’origine de réactions importantes et de crues des cours d’eau. Un épisode pluvieux significatif s’est également produit en fin du mois d’avril. Entre ces deux épisodes, le mois avril a été sec.
En conséquence, les hydraulicités du mois d’avril 2022 sont en hausse au niveau de toutes les stations des principaux affluents de l’Ill par rapport au mois de mars 2022. Elles sont situées autour des normales, ou sont un peu supérieures à celles-ci.
Le débit moyen du mois d’avril 2022 sur le Rhin à Lauterbourg est proche de la valeur moyenne des débits moyens mensuel en avril.

Sur le bassin de la Sarre, les précipitations sont similaires aux précipitations sur le bassin du Rhin : un épisode pluvieux conséquent en début du mois d’avril, et un épisode pluvieux significatif en fin du mois d’avril.
Les hydraulicités des cours d’eau étudiés sont supérieures à très supérieures aux normales pour un mois d’avril. A l’échelle du bassin, les débits moyens mensuels sont de 30% à quasiment 100% supérieurs à la moyenne interannuelle des débits mensuels du mois d’avril.
Il est à noter que des crues se sont produites lors de l’évènement du début du mois d’avril, la crue de la Sarre présente une période de retour d’environ 5 ans à Wittring, et la crue de l’Eichel présente une période de retour comprise entre 10 ans et 20 ans à Oermingen.

Sur le bassin de la Meuse, le cumul de pluie observé est proche de la normale pour ce mois d’avril, excepté sur le département des Ardennes ou un déficit important de précipitation est constaté.
Malgré ce déficit pluviométrique, l’hydraulicité de l’intégralité du bassin de la Meuse reste globalement proche des normales de saison.

Sur le bassin de la Moselle, des pluies importantes ont été constatée en début du mois d’avril. Certaines parties du bassin ont fortement réagi à ces pluies, notamment le bassin de la Seille et des Nieds. De légères précipitations ont aussi été observées en fin de mois.
Les hydraulicités des cours d’eau étudiés sur le bassin de la Moselle sont supérieures à très supérieures aux normales pour un mois d’avril, ceci en réponse à l’évènement pluviométrique du début de mois.
Des crues ont été observées sur les bassins de l’Orne, de la Seille (environ une période de retour 10 ans à Chambrey) ainsi que sur le bassin les Nieds, notamment sur l’amont de la Nied Française (environ la vicennale à Ancerville) et Allemande (environ la décennale à Varize).

Sur les bassins de Seine Normandie, les précipitations du mois de mars sont encore très inférieures à la normale. Les hydraulicités sont globalement proches de celles du mois de mars et sont très majoritairement comprises entre 0.4 et 0.8. Pour plusieurs stations, on observe une amélioration : Saint-Saturnin, Vitry-en-Perhois, Givry, Chevières et Châlons-en-Champagne, elles sont comprises entre 0.8 et 1.2 et entre 1.2 et 2.0 à Verrières.

Eaux souterraines

SEBP>


L’évolution des niveaux moyens des nappes de la région pour le mois d’avril est variable, selon les secteurs, par rapport au mois dernier. En effet, selon la réactivité des nappes, les précipitations importantes du début du mois d’avril ont induit une recharge plus ou moins importante, entrainant donc sur certains secteurs une tendance à la hausse par rapport au moins précédent, alors que d’autres présentent toujours une tendance à la baisse. Du fait de cette recharge de début de mois, les niveaux moyens pour le mois d’avril sont globalement autour des normales pour un mois d’avril pour les nappes réactives, mais restent inférieurs aux normales pour les nappes moins réactives.

L’évolution des niveaux moyens d’avril est variable, selon les secteurs de nappe en Alsace, par rapport au mois dernier.
Dans le Bas-Rhin, les niveaux sont relativement stables par rapport à mars (0 à 2 cm de variation) sur la partie nord du département (Wissembourg et Sessenheim), autour de Strasbourg (de Reichstett à Lipsheim) et sont en légère hausse sur Haguenau (+11 cm) et dans le sud (+5 cm à Rossfeld). Les secteurs de bordures comme Lampertheim ou Griesheim sont quant à eux en légère baisse (-3 à -4 cm). La situation mensuelle par rapport aux normales saisonnières reste stable ou évolue à la hausse, avec dans l’ensemble des niveaux modérément bas (Wissembourg, Weitbruch, Lipsheim) ou autour de la moyenne (Reichstett, Rossfeld), et certains qui passent en modérément hauts (Sessenheim, Haguenau, Baldenheim). En revanche, les niveaux à Griesheim restent bas.
Dans le Haut-Rhin, la tendance à la hausse domine, avec +4 cm à Holtzwihr et Habsheim, +11 cm à Guémar, +16 cm le long du Rhin à Fessenheim, jusqu’à +24 cm à Wittenheim et +29 cm à Cernay. Le centre plaine reste stable et seul le secteur de bordure à Wintzenheim (Fecht) baisse de -17 cm. Les niveaux sont remontés à hauteur des normales pour Fessenheim et Guémar. Sur le reste du département, la quasi-totalité des sites reste inférieure à la normale (modérément bas) en se maintenant ou en remontant parfois légèrement (Holtzwihr, Hettenschlag, Cernay, Wittenheim, Hésingue). Seuls les 2 secteurs de la Fecht (Wintzenheim) et du Sundgau oriental (Habsheim) passent en niveaux bas pour ce mois d’avril

Sur la nappe de la craie, la décharge de la nappe se poursuit, avec des niveaux moyens sur le mois d’avril qui passent globalement sous les normales. En effet, il apparait que sur plusieurs secteurs de la nappe de la craie, la décharge a débuté avec un à deux mois d’avance.


Une liste des piézomètres de la région Grand est disponible en téléchargement ci-dessous. Le tableau contient des liens vers les informations relatives à chaque point de mesure.

Réservoirs


Pour les réservoirs et barrages de la région Grand Est, le niveau de remplissage est de l’ordre de 75% pour les retenues destinées à la navigation. Pour les retenues destinées à l’alimentation en eau potable, le réservoir de Madine et et la retenue de Michelbach affichent un taux de remplissage de 98%. Pour les retenues destinées au soutien de l’étiage, le taux de remplissage est de l’ordre de 92% pour le réservoir de Vieux Pré et de près de 37% pour le barrage de Kruth qui a repris son remplissage suite aux travaux réalisés en automne 2021. Les barrages-réservoirs du bassin de la Seine poursuivent leur recharge et affichent un taux de remplissage de 89% conforme à l’objectif.

Liens utiles…..


Vigicrues :
https://www.vigicrues.gouv.fr/

Le suivi de l’étiage :
http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/etiage-secheresse-r244.html

La banque hydro :
http://hydro.eaufrance.fr/

Le portail d’accès aux données sur les eaux souterraines :
http://www.ades.eaufrance.fr/

Glossaire

Thème 1. Météorologie :

Évapotranspiration :
Quantité d’eau consommée qui comprend d’une part l’eau transpirée par la plante, d’autre part l’évaporation directe à partir du sol, exprimée en millimètre.

Évapotranspiration Potentielle ETP :
Correspond à la quantité maximale d’eau transpirée par les végétaux et à l’évaporation du sol dans des conditions idéales.

Normale (météorologique) :
Moyenne de variables météorologiques calculées sur une période uniforme relativement longue choisie par consensus et telle qu’une moyenne établie sur toute période plus longue n’ait pas une valeur significativement différente. En météorologie, une période de 30 années a été retenue par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Les périodes de référence furent 1901-1930, 1931-1960, 1951-1980, et actuellement la période est 1971-2000.
Attention, à ne pas confondre avec la moyenne (voir définition dans ce glossaire).

Pluie efficace (ou bilan hydrique potentiel) :
Différence entre les cumuls de précipitations (RR) et l’évapotranspiration potentielle (ETP). Elle peut donc être négative.

RR (Rainfall Runoff) :
Cumul de précipitations, généralement exprimé en millimètre de pluie (mm).

Thème 2. Hydrologie :

Débit  :
Volume d’eau écoulé par unité de temps généralement exprimé en mètre cube par seconde (m3/s).

Débit de pointe de crue :
Débit instantané maximum observé.

Débit de base (VCN 3) :
Le VCN 3 correspond au débit moyen minimal calculé sur 3 jours consécutifs sur une période donnée. La date du VCN3 correspond au premier des trois jours considérés.

Débit moyen journalier (QMJ) :
Le débit moyen journalier correspond au volume écoulé sur une journée rapporté à l’unité de temps, et généralement exprimé en m3/s.

Hydraulicité mensuelle :
Rapport du débit moyen du mois considéré à la moyenne historique du mois considéré. Elle permet de positionner un mois par rapport à un mois moyen.

Module mensuel :
Moyenne de l’ensemble des débits moyen mensuels d’un mois considéré, calculé sur l’ensemble de la période d’observation de la station.

Thème 3. Piézométrie :

Aquifère (ou nappe d’eau souterraine) :
Formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l’eau mobilisable, constituée de roches perméables et capables de la restituer naturellement et/ou par exploitation. On distingue deux types d’aquifères :
- Aquifère à nappe libre : l’aquifère reposant sur une couche très peu perméable est surmonté d’une zone non saturée en eau.
- Aquifère captif (ou nappe captive) : dans une nappe captive, l’eau souterraine est confinée entre deux formations très peu perméables. Lorsqu’un forage atteint une nappe captive, l’eau remonte dans le forage.

Niveau piézométrique :
Niveau auquel peut monter l’eau d’une nappe dans un tube (le piézomètre) lorsqu’on réalise un forage. Ce niveau correspond à la pression de la nappe, il est généralement donné en mètres NGF.

Piézomètre :
Tube foré dans le sol atteignant la nappe phréatique et permettant de mesurer son niveau. Certains puits ou forages qui ne sont plus exploités aujourd’hui servent également de piézomètres.

Thème 4. Statistique

Fréquence :
Pourcentage de chance qu’un événement se produise sur une période donnée.

Fréquence quinquennale (respectivement décennale) sèche ou humide :
Valeur-seuil dépassée 20 % (respectivement 10 %) du temps.

Médiane :
Valeur qui divise une séquence ordonnée de données en deux parties strictement égales. En l’absence de valeurs toutes similaires, la moitié des observations sera inférieure et l’autre moitié sera supérieure à la médiane. Elle est aussi appelée normale en hydrologie.

IPS (Indicateur Piézométrique standardisé) :
Il est défini sur une échelle dite « standard », sa valeur numérique varie entre –3 et +3 (sans unité), il facilite le calcul d’un indicateur global à partir d’un indicateur ponctuel, il permet d’avoir une vision homogène de l’état des nappes libres (ou captives) à l’échelle nationale.

Période de retour (ou durée de retour) :
Inverse de la fréquence, généralement exprimée en nombre d’années. Par exemple, pour une fréquence quinquennale (soit 20%, donc 1/5ème), la période de retour est de 5 ans.

COTECO :
Comité Technique de Coordination de l’EPTB Seine Grands Lacs.

EPTB Seine Grands Lacs :
Etablissement Public Territorial de Bassin Se

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