BSH Grand Est avril 2023

Synthèse du mois


Sur le bassin Rhin-Meuse, le contexte météorologique frais et pluvieux observé durant ce mois d’avril a sensiblement amélioré la situation hydrologique générale. L’excédent pluviométrique (+20% au niveau de la région) apporté par les passages pluvieux répétés a généré des apports dont ont bénéficié tous les cours d’eau.
Ainsi les débits moyens mensuels sont partout conformes aux normales de saison, voire même excédentaires sur de nombreux secteurs. La situation la plus favorable se retrouve sur les bassins du Giessen et de l’Orne qui affichent des écoulements représentant près du double de la normale pour un mois d’avril.
Les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N), eux aussi représentatifs de la nette amélioration de la situation hydrologique observée par rapport au mois précédent sont quasiment partout supérieurs au médian. Sur de nombreux secteurs, ils affichent même une période de retour supérieur à 5 ans humide.


Sur le bassin Seine-Normandie, la pluviométrie a été un peu supérieure à la normale pour un mois d’avril avec un excédent de 20 % (cumul global de 69 mm). Le cumul des précipitations est compris entre 58 mm au sud de la Haute-Marne et 84 mm au nord de la Haute-Marne.
Les hydraulicités sont en amélioration par rapport au mois de mars avec des valeurs majoritairement comprises entre 1,2 et 2,0.
En ce qui concerne les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N), les valeurs observées sont majoritairement supérieures au quinquennal humide, sauf sur l’aval où elles sont inférieures à la médiane.


Concernant les eaux souterraines, suite aux précipitations des mois de mars, puis d’avril dans une moindre mesure, l’évolution des niveaux moyens mensuels des nappes de la région est globalement à la hausse. Quelques baisses sont encore constatées sur la nappe de la craie, partie sud, et sur un piézomètre dans le Haut-Rhin.
Les niveaux moyens mensuels sont quant à eux très contrastés entre les différentes formations.
Pour les calcaires du Jurassique de Lorraine et les Grès du Trias Inférieur, les niveaux moyens mensuels sont au moins conformes aux normales de saison. A noter cependant des niveaux bas à très bas pour la nappe des Grès du Trias Inférieur concentrés au pied du massif des Vosges, au sud des départements de Moselle et Meurthe-et-Moselle.
Par contre, la nappe de la craie affiche plutôt des niveaux moyens mensuels bas pour la saison, avec quelques niveaux encore très bas. En Alsace, la nappe retrouve des niveaux proches des normales de saison, parfois même au-dessus dans le nord de l’Alsace, mais plutôt inférieures aux normales dans le sud.

Pluviométrie

Suite à l’évolution des documents produits par Météo France, la partie météorologique du BSH a été modifiée.

Pour lire le résumé climatique mensuel de Météo-France, téléchargez le document ci-dessous.

(Source : Météo-France)

Eaux superficielles

Hydraulicité


Sur le bassin du Rhin, les débits moyens mensuels observés durant le mois d’avril 2023 sont a minima conformes aux normales sur tous les bassins.
Les précipitations observées sont légèrement excédentaires dans le Bas-Rhin et légèrement déficitaires dans le Haut-Rhin.
Dans la continuité du mois de mars, les hydraulicités des cours d’eau du Haut-Rhin sont normales sur le bassin Ill amont, et même excédentaires sur les cours d’eau issus des hautes Vosges (+35% en moyenne sur les affluents haut-rhinois de l’Ill).
La situation dans le Bas-Rhin est également normale pour les affluents du Rhin (Zorn-Moder) ainsi que le Rhin à Lauterbourg.
Comme dans le Haut-Rhin, les cours d’eau issus du massif sont excédentaires (+90% sur le Giessen et +30% sur la Bruche).

Sur le bassin de la Sarre, les hydraulicités des cours d’eau étudiés sont équivalentes, voire légèrement supérieures à celles observées en mars.
A l’échelle du bassin, une hydraulicité moyenne de 1.2 est observée.

Sur le bassin de la Meuse, les débits moyens mensuels de toutes les stations du bassin sont excédentaires (au moins +20% à chaque station), ceci est notamment dû aux pluies observées tout le long du mois d’avril.

Sur le bassin de la Moselle, les débits moyens mensuels observés sont a minima conformes aux normales sur tous les bassins. Le bassin du Madon et de l’Orne présentent des hydraulicités excédentaires (jusqu’à +90% sur le bassin de l’Orne),
Les hydraulicités des cours d’eau de la Moselle et la Meurthe sont globalement légèrement excédentaires.

Sur le bassins Seine-Normandie, les précipitations du mois de mars ont permis une amélioration de la situation.
Les hydraulicités sont en hausse par rapport au mois précédent avec des valeurs qui sont majoritairement comprises entre 1.2 et 2.0.
La situation reste un peu plus dégradée sur l’aval des bassins de la Marne et de l’Aube, avec des hydraulicités comprises entre 0.4 et 0.8 à Saint-Saturnin, à Soudron et à Montmirail.

Débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs (Q3J-N)


Sur le bassin du Rhin, le débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs est généralement supérieur aux valeurs médianes.
Les stations sur l’Ill amont, Ill de plaine ou sur la Doller présentent des débits de base supérieurs à la quinquennale humide.

Sur le bassin de la Sarre, le débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs est maintenant supérieur au médian sur toutes les stations.
La station de Wittring à l’aval de la Sarre affiche même une période de retour supérieur à 5 ans humide.

Sur le bassin de la Meuse, le débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs est supérieur aux valeurs médianes sur l’intégralité des stations.
Le Q3J-N est même supérieur à la quinquennale humide sur la partie aval du bassin, à Stenay et Chooz.

Sur le bassin de la Moselle, le constat est identique, le débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs est supérieur aux valeurs médianes sur l’intégralité des stations.
Le bassin de l’Orne et du Madon affiche même une période de retour supérieur à la quinquennale humide.

Sur le bassin Seine-Normandie, le débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs est majoritairement supérieur au quinquennal humide pour ce mois d’avril.
Cependant, sur l’aval du territoire, après les Grands Lacs, la situation est encore plus dégradée avec des périodes de retour inférieures à la médiane (Méry-sur-Seine, Pont-sur-Seine, Arcis-sur-Aube, Saint-Saturnin, Montmirail et Soudron).

Eaux souterraines

Comme au mois précédent, le cumul de précipitations au mois d’avril agrégées sur Grand Est est supérieur à la normale, mais de façon moindre et avec des disparités entre les départements.
Cette pluviométrie est favorable à la recharge des nappes des calcaires du Jurassique de Lorraine. Les niveaux sont en hausse par rapport au mois précédent sur la majorité des piézomètres. Quelques-uns affichent une stabilité comme sur les Calcaires de l’Oxfordiens à Les Cléry (55) ou les Calcaires du Tithonien à Nubécourt (55). Le niveau moyen mensuel des nappes dépasse la moyenne et se rapproche globalement d’un niveau modérément haut pour la saison. Il s’échelonne de modérément bas, encore sur quelques piézomètres au Nord de la région, comme à Brieulles-sur-Bar (08) et Les Cléry (55) au Nord des Calcaires de l’Oxfordien, à un niveau haut comme à Epiez-sur-Meuse (55) plus au Sud sur les Calcaires de l’Oxfordien, et atteint même un niveau très haut comme à Gespunsart (08) sur le Socle du massif Ardennais.
Les niveaux de la nappe des Grès du Trias Inférieur sont globalement à la hausse. Une stabilité est encore à noter à Voyer (57) au Sud du département de la Moselle, ou à Relanges (88) au sud du département des Vosges. Sur ces nappes, les pluies des dernières semaines ont permis de retrouver majoritairement des niveaux conformes aux moyennes de saison , voire supérieurs. Cependant, la zone des départements de Moselle et Meurthe-et-Moselle aux pieds du massif des Vosges affiche encore des niveaux bas (à Voyer (57)) à très bas (à Celles-sur-Plaine (88) ou à Gélacourt (54)).

Les niveaux moyens d’avril sont en hausse par rapport à ceux du mois dernier sur presque tout le territoire alsacien.
Dans le Bas-Rhin, les niveaux sont en hausse dans l’extrême nord, +14 cm sur la nappe du Pliocène à Wissembourg, +4 ou +5 cm sur le reste de la moitié nord du département, entre +5 et +8 cm sur la moitié sud. Le secteur de bordure à Griesheim reste stable par rapport au mois de mars. Par rapport aux normales de saison, les niveaux observés sont très variables, puisqu’ils varient localement de très bas à Griesheim, bas à Weitbruch, modérément bas ou autour de la moyenne du sud jusqu’au nord de Strasbourg, pour atteindre désormais des niveaux modérément hauts au nord (Wissembourg et Sessenheim), voire hauts à Haguenau.
Dans le Haut-Rhin, les niveaux sont presque partout en hausse, de +3 cm dans l’extrême sud à Hésingue, +4 à +10 cm sur le secteur au nord de Colmar, +12 cm dans le Sundgau oriental à Habsheim, jusqu’à +65 cm à Cernay (Thur), où le battement de nappe est habituellement plus élevé. Ailleurs, les niveaux sont stables en centre plaine à Hettenschlag et le long du Rhin à Fessenheim et en baisse dans le cône de déjection de la Fecht (-16 cm à Wintzenheim). Les périodes de retour restent proches des normales saisonnières mais toujours inférieures à celles-ci, variant jusqu’à des niveaux modérément bas (Holtzwihr, Hettenschlag, Cernay, Wittenheim), voire bas à Wintzenheim et très bas dans le Sundgau oriental à Habsheim.

Sur la nappe de la craie, les niveaux moyens mensuels sont globalement à la hausse en avril. Quelques baisses sont encore à noter sur des nappes avec inertie (La Saulsotte 10) ou sensibles aux sécheresses météo (Chamoy (10) ou Saint-Hillaire-sous-Romilly (10)). Mais malgré les hausses, les niveaux restent globalement bas pour cette période de l’année. Le niveau est encore très bas pour les nappes à plus forte inertie (notamment Hannogne-Saint-Rémy (08) et Vailly (10)). Une bonne moitié des piézomètres affichent des niveaux bas à modérément bas. Et seul 1/6ème des piézomètres atteint un niveau autour de la moyenne.


Une liste des piézomètres de la région Grand est disponible en téléchargement ci-dessous. Le tableau contient des liens vers les informations relatives à chaque point de mesure.

Réservoirs


Pour les réservoirs et barrages de la région Grand Est, le niveau de remplissage fin avril 2023 est de plus de 69% pour les retenues destinées à la navigation. En ce qui concerne les retenues destinées à l’alimentation en eau potable, le réservoir de Madine et la retenue de Michelbach affichent un taux de remplissage de près de 99%. Pour les retenues destinées au soutien de l’étiage, le taux de remplissage est de 100% pour le réservoir de Vieux Pré et pour le barrage de Kruth. Les barrages-réservoirs du bassin de la Seine affichent un taux de remplissage de 91%, conforme à l’objectif de gestion.
A noter que la retenue de Bouzey est en cours de vidange totale pour permettre la réalisation de travaux.

Liens utiles…..

Vigicrues :
https://www.vigicrues.gouv.fr/

Le suivi de l’étiage en Grand Est :
http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/etiage-secheresse-r244.html

L’HydroPortail (anc. banque hydro), le portail des données quantitatives sur les cours d’eau :
https://hydro.eaufrance.fr/

Le portail d’accès aux données sur les eaux souterraines :
http://www.ades.eaufrance.fr/

Glossaire

BSH (Bulletin de Situation Hydrologique) :
Bulletin publié par la DREAL Grand Est qui présente mensuellement l’évolution de la ressource en eau.

Thème 1. Météorologie :

Évapotranspiration  :
Quantité d’eau consommée qui comprend d’une part l’eau transpirée par la plante, d’autre part l’évaporation directe à partir du sol, exprimée en millimètre.

Évapotranspiration Potentielle ETP :
Correspond à la quantité maximale d’eau transpirée par les végétaux et à l’évaporation du sol dans des conditions idéales.

Normale (météorologique) :
Moyenne de variables météorologiques calculées sur une période uniforme relativement longue choisie par consensus et telle qu’une moyenne établie sur toute période plus longue n’ait pas une valeur significativement différente. En météorologie, une période de 30 années a été retenue par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Les périodes de référence furent 1901-1930, 1931-1960, 1951-1980, et actuellement la période est 1971-2000.
Attention, à ne pas confondre avec la moyenne (voir définition dans ce glossaire).

Pluie efficace (ou bilan hydrique potentiel) :
Différence entre les cumuls de précipitations (RR) et l’évapotranspiration potentielle (ETP). Elle peut donc être négative.

RR (Rainfall Runoff) :
Cumul de précipitations, généralement exprimé en millimètre de pluie (mm).

Thème 2. Hydrologie :

Débit  :
Volume d’eau écoulé par unité de temps généralement exprimé en mètre cube par seconde (m3/s).

Débit de pointe de crue  :
Débit instantané maximum observé.

Débit minimum sur trois jours consécutifs (Q3J-N, anc. VCN 3) :
Le Q3J-N (aussi appelé débit de base) correspond au débit moyen minimal calculé sur 3 jours consécutifs sur une période donnée. La date du Q3J-N correspond au premier des trois jours considérés.

Débit moyen journalier (QMJ) :
Le débit moyen journalier correspond au volume écoulé sur une journée rapporté à l’unité de temps, et généralement exprimé en m3/s.

Hydraulicité mensuelle  :
Rapport du débit moyen du mois considéré à la moyenne historique du mois considéré. Elle permet de positionner un mois par rapport à un mois moyen.

Module mensuel  :
Moyenne de l’ensemble des débits moyen mensuels d’un mois considéré, calculé sur l’ensemble de la période d’observation de la station.

Thème 3. Piézométrie :

Aquifère (ou nappe d’eau souterraine) :
Formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l’eau mobilisable, constituée de roches perméables et capables de la restituer naturellement et/ou par exploitation. On distingue deux types d’aquifères :
- Aquifère à nappe libre : l’aquifère reposant sur une couche très peu perméable est surmonté d’une zone non saturée en eau.
- Aquifère captif (ou nappe captive) : dans une nappe captive, l’eau souterraine est confinée entre deux formations très peu perméables. Lorsqu’un forage atteint une nappe captive, l’eau remonte dans le forage.

Niveau piézométrique  :
Niveau auquel peut monter l’eau d’une nappe dans un tube (le piézomètre) lorsqu’on réalise un forage. Ce niveau correspond à la pression de la nappe, il est généralement donné en mètres NGF.

Piézomètre  :
Tube foré dans le sol atteignant la nappe phréatique et permettant de mesurer son niveau. Certains puits ou forages qui ne sont plus exploités aujourd’hui servent également de piézomètres.

Thème 4. Statistique

Fréquence  :
Pourcentage de chance qu’un événement se produise sur une période donnée.

Fréquence quinquennale (respectivement décennale) sèche ou humide :
Valeur-seuil dépassée 20 % (respectivement 10 %) du temps.

Médiane  :
Valeur qui divise une séquence ordonnée de données en deux parties strictement égales. En l’absence de valeurs toutes similaires, la moitié des observations sera inférieure et l’autre moitié sera supérieure à la médiane. Elle est aussi appelée normale en hydrologie.

IPS (Indicateur Piézométrique standardisé) :
Il est défini sur une échelle dite « standard », sa valeur numérique varie entre –3 et +3 (sans unité), il facilite le calcul d’un indicateur global à partir d’un indicateur ponctuel, il permet d’avoir une vision homogène de l’état des nappes libres (ou captives) à l’échelle nationale.

Période de retour (ou durée de retour) :
Inverse de la fréquence, généralement exprimée en nombre d’années. Par exemple, pour une fréquence quinquennale (soit 20%, donc 1/5ème), la période de retour est de 5 ans.

COTECO  :
Comité Technique de Coordination de l’EPTB Seine Grands Lacs.

EPTB Seine Grands Lacs  :
Etablissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs.

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