BSH Grand Est avril 2024

 

Synthèse du mois


Sur le bassin Rhin-Meuse, la situation hydrologique générale reste sous l’influence d’un contexte humide prolongé. En effet, au niveau de la région, ce mois d’avril est le septième mois consécutif présentant un excédent pluviométrique.
Les précipitations répétées et parfois intenses, qui ont notamment entrainé des crues de niveau jaune en début de mois sur les bassins de la Meuse, de la Moselle et de la Sarre, profitent aux débits moyens mensuels qui sont encore très majoritairement supérieurs, voire même très supérieurs aux normales de saison.
Ainsi, si les écoulements restent proches de la normale sur les secteurs des Vosges et du Haut-Rhin alimentés directement par le relief vosgien, l’hydraulicité présente un fort excédent sur les autres bassins.
La situation la plus extrême se retrouve sur le bassin de l’Orne où le débit moyen mensuel de ce mois représente plus du double des normales pour un mois d’avril.
Les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N) ont été soutenus par les fréquents apports et sont partout supérieurs au médian.


Sur les bassins de la Seine Normandie, la pluviométrie a été supérieure de 15 % par rapport à la normale pour un mois d’avril avec un cumul mensuel moyen de 65 mm.
Le cumul des précipitations est compris entre 32 mm au centre de l’Aube et 65 mm en Haute-Marne.
Les hydraulicités sont en hausse par rapport au mois de mars avec des valeurs globalement supérieures à 1.2 et supérieures à 2.0 sur l’amont.
En ce qui concerne les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N) en avril, ils sont majoritairement supérieurs au médian.

Concernant les eaux souterraines, la recharge se maintient encore sur certains secteurs en ce mois d’avril, mais les baisses sont majoritaires sur le Grand Est : la moitié des piézomètres est à la baisse et un quart affiche encore une hausse. Concernant les périodes de retour, la moyenne des niveaux moyens mensuels reste modérément haute.
Ce sont les nappes les plus inertielles qui présentent encore en ce mois d’avril la situation la plus favorable en terme de période de retour, notamment sur la Craie où les niveaux moyens mensuels sont hauts en moyenne. Les tendances à la baisse cependant se multiplient.
Les nappes réactives restent à des niveaux modérément hauts notamment pour les Calcaires du Jurassique de Lorraine.
A l’Est de la région, la situation est plus contrastée sur la nappe des Grès du Trias Inférieur, ou encore sur la nappe d’Alsace : près de la moitié des points de suivi y est à la baisse mais les niveaux moyens mensuels restent proches des normales de saison en moyenne, s’échelonnant de bas à très hauts.

Pluviométrie

Pour lire le résumé climatique mensuel de Météo-France, téléchargez le document ci dessous.

(Source : Météo-France)

Eaux superficielles

Hydraulicité


Sur le bassin du Rhin, les pluies observées durant le mois d’avril 2024 sont conformes aux normales à l’échelle du département du Haut-Rhin et plutôt excédentaires dans le département du Bas-Rhin.
Un gradient entre la plaine (moins arrosée) et les massifs est constaté.
Les hydraulicités observées sont généralement proches des débits moyens interannuels pour un mois d’avril sur les stations de références du Haut-Rhin.
Les stations du Bas-Rhin montrent un léger excédent par rapport aux moyennes interannuelles, notamment à Schweig-house-sur-Moder, à Holtzheim sur la Bruche et à Waltenheim-sur-Zorn (hydraulicités de 1.4).

Sur le bassin de la Sarre, les pluies observées sur le bassin de la Sarre durant le mois d’avril 2024 sont excédentaires de 25 à 50% par rapport aux normales.
Les hydraulicités sont en hausse et atteignent un excédent de 70% (hydraulicité 1.7) à l’échelle du bassin.

Sur le bassin de la Meuse, les pluies observées durant le mois d’avril 2024 sont en moyenne légèrement excédentaires par rapport aux normales. Un gradient entre l’amont du bassin de la Meuse (moins arrosé) et l’aval est constaté.
Les hydraulicités observées sont supérieures aux débits moyens interannuels pour un mois d’avril. L’excédent constaté est de l’ordre de 60% (hydraulicité de 1.6) à l’échelle du bassin.

Sur le bassin de la Moselle, les pluies observées durant le mois d’avril 2024 sont excédentaires de l’ordre de 25% par rapport aux normales.
Les hydraulicités observées sont supérieures aux débits moyens interannuels pour un mois d’avril. L’hydraulicité des stations amont de la Moselle et de la Meurthe présentent un léger excédent (d’environ 15%) par rapport à la normale.
En revanche, à l’aval, l’hydraulicité est bien plus excédentaire avec une hydraulicité de l’ordre de 1.4 pour la Moselle Aval et la Seille et jusqu’à 2.5 pour l’Orne à Moyeuvre-Grande.

Sur le bassin de la Seine-Normandie, les précipitations de ce mois d’avril ont encore été supérieures à la normale. Les hydraulicités sont en hausse par rapport au mois de mars et globalement supérieures à 1.2.
Sur l’amont du territoire, elles sont mêmes supérieures à 2.0 (Villiers-sur-Suize, Mussey-sur-Marne, Bar-sur-Aube, Bar-sur-Seine).

Débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs (Q3J-N)


Sur le bassin du Rhin, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs restent majoritairement supérieurs au médian sur l’ensemble des stations du domaine.

Sur le bassin de la Sarre, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs restent élevés et proches de la quinquennale humide sur toutes les stations.

Sur le bassin de la Meuse, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont majoritairement supérieurs au médian et de l’ordre de la quinquennale humide pour la Chiers.

Sur le bassin de la Moselle, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont majoritairement supérieurs au médian et de l’ordre de la quinquennale humide pour la Moselle aval et le Madon.

Sur le bassin de la Seine-Normandie, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs pour ce mois d’avril sont majoritairement supérieurs au médian. Pour les autres stations, les Q3J-N sont supérieurs au quinquennal humide.

Eaux souterraines


Concernant les nappes des Calcaires du Jurassique de Lorraine, les niveaux moyens mensuels restent en moyenne modérément hauts, et atteignent encore localement un niveau haut voire très haut comme sur les Calcaires Oxfordiens à Epiez-sur-Meuse (55). La tendance est globalement stable avec des baisses plus présentes dans le nord-ouest (département des Ardennes et nord des départements de la Meuse et de la Meurthe-et-Moselle) et des hausses davantage relevées dans la partie sud (notamment moitié sud du département de la Meuse).

Pour la nappe plus inertielle des Grès du Trias Inférieur, au nord-ouest du socle vosgien, la situation se maintient légèrement sous les normales de saison, avec une tendance globale à la stabilité. En limite du socle vosgien sur le flanc ouest, le niveau moyen mensuel est plutôt modérément haut. Il passe à modérément bas sur les points de suivi au nord-ouest du socle vosgien (Gélacourt (54) et Voyer (57)). En s’éloignant vers l’ouest, le point de suivi de Relanges (88), sur un secteur plus réactif, présente cependant un niveau bas.

L’évolution des niveaux moyens d’avril est, comme pour le mois précédent, très variable selon les secteurs de nappe en Alsace.
Dans le Bas-Rhin, les niveaux sont en baisse dans les secteurs au nord, entre -4 et -8 cm de Lauterbourg ou Wissembourg jusqu’à hauteur de Haguenau, mais également sur le secteur autour de Strasbourg et dans la partie sud, avec -3 cm à Rossfeld. Ailleurs, les niveaux sont stables par rapport à mars (Lampertheim, Baldenheim), voire en hausse légère, avec +4 cm à Griesheim et +18 cm à Weitbruch. Concernant les périodes de retour, elles restent comparables à celles du mois de mars, avec toujours des niveaux hauts à très hauts au nord (Wissembourg, Haguenau, Sessenheim), ainsi qu’à Lampertheim et Baldenheim. Les autres secteurs sont dans l’ensemble modérément hauts (Reichstett, Weitbruch, Lipsheim ou Rossfeld), à l’exception de Griesheim-près-Molsheim, qui reste encore bas.
Dans le Haut-Rhin, les niveaux sont pour la plupart en baisse, au nord à Holtzwihr (-3 cm), le long du Rhin à Fessenheim (-4 cm), en centre plaine à Hettenschlag (-7 cm), à Wittenheim (-14 cm) et dans l’extrême sud à Hésingue (-18 cm). Seuls les secteurs du Sundgau oriental (+16 cm à Habsheim) et du cône de la Fecht (+11 cm à Wintzenheim) sont en légère hausse. Les périodes de retour sont très proches de celles observées en mars, avec des niveaux encore hauts à Wittenheim. Sur le reste du département, ils sont soit modérément hauts dans de nombreux secteurs (Holtzwihr, Guémar, Hettenschlag, Fessenheim, Cernay), soit modérément bas en zones de bordures (Sundgau oriental et cône de la Fecht).

Sur les nappes de la craie, au comportement inertiel, la situation reste favorable pour ce mois d’avril en terme de période de retour : les niveaux moyens mensuels sont hauts en moyenne et modérément hauts dans les cas les plus défavorables. Notons cependant une tendance à la baisse majoritaire sur les points de suivi.
Pour les zones les plus inertielles, les piézomètres sont globalement stables et atteignent encore des niveaux hauts en moyenne. Pour les zones les plus réactives, les piézomètres affichent aussi des niveaux hauts mais tous les points de suivi sont à la baisse.

Une liste des piézomètres de la région Grand est disponible en téléchargement ci-dessous. Le tableau contient des liens vers les informations relatives à chaque point de mesure.

Réservoirs


Pour les réservoirs et barrages de la région Grand Est, le niveau de remplissage fin avril 2024 est de près de 83% pour les retenues destinées à la navigation. En ce qui concerne les retenues destinées à l’alimentation en eau potable, le réservoir de Madine et la retenue de Michelbach affichent un taux de remplissage de l’ordre de 99%. Pour les retenues destinées au soutien de l’étiage, le taux de remplissage est de 100% pour les réservoirs de Vieux Pré et le barrage de Kruth. Les barrages-réservoirs du bassin de la Seine affichent un taux de remplissage de 90%, conforme à l’objectif de gestion.
La retenue de Bouzey poursuit son remplissage progressif, alimenté uniquement par les ressources naturelles (sources, ruisseaux et écoulements d’eau pluviale).

Liens utiles…..

Vigicrues :
https://www.vigicrues.gouv.fr/

Le suivi de l’étiage :
http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/etiage-secheresse-r244.html

L’HydroPortail (anc. banque hydro), le portail des données quantitatives sur les cours d’eau :
https://hydro.eaufrance.fr/

Le portail d’accès aux données sur les eaux souterraines :
http://www.ades.eaufrance.fr/

Glossaire

BSH  :
Bulletin publié par la DREAL Grand Est qui présente mensuellement l’évolution de la ressource en eau.
Thème 1. Météorologie :

Évapotranspiration  :
Quantité d’eau consommée qui comprend d’une part l’eau transpirée par la plante, d’autre part l’évaporation directe à partir du sol, exprimée en millimètre.

Évapotranspiration Potentielle ETP :
Correspond à la quantité maximale d’eau transpirée par les végétaux et à l’évaporation du sol dans des conditions idéales.

Normale (météorologique) :
Moyenne de variables météorologiques calculées sur une période uniforme relativement longue choisie par consensus et telle qu’une moyenne établie sur toute période plus longue n’ait pas une valeur significativement différente. En météorologie, une période de 30 années a été retenue par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Les périodes de référence furent 1901-1930, 1931-1960, 1951-1980, 1971-2000 , 1981-2010 et actuellement la période est 1991-2020.
Attention, à ne pas confondre avec la moyenne (voir définition dans ce glossaire).

Pluie efficace (ou bilan hydrique potentiel) :
Différence entre les cumuls de précipitations (RR) et l’évapotranspiration potentielle (ETP). Elle peut donc être négative.

RR (Rainfall Runoff) :
Cumul de précipitations, généralement exprimé en millimètre de pluie (mm).

Thème 2. Hydrologie :

Débit  :
Volume d’eau écoulé par unité de temps généralement exprimé en mètre cube par seconde (m3/s).

Débit de pointe de crue  :
Débit instantané maximum observé.

Débit minimum sur trois jours consécutifs (Q3J-N) :
Le Q3J-N (anciennement appelé VCN3 et aussi appelé débit de base) correspond au débit moyen minimal calculé sur 3 jours consécutifs sur une période donnée. La date du Q3J-N correspond au premier des trois jours considérés.
Débit moyen journalier (QMJ) :
Le débit moyen journalier correspond au volume écoulé sur une journée rapporté à l’unité de temps, et généralement exprimé en m3/s.

Hydraulicité mensuelle  :
Rapport du débit moyen du mois considéré à la moyenne historique du mois considéré. Elle permet de positionner un mois par rapport à un mois moyen.

Module mensuel  :
Moyenne de l’ensemble des débits moyen mensuels d’un mois considéré, calculé sur l’ensemble de la période d’observation de la station.

Thème 3. Piézométrie :

Aquifère (ou nappe d’eau souterraine) :
Formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l’eau mobilisable, constituée de roches perméables et capables de la restituer naturellement et/ou par exploitation. On distingue deux types d’aquifères :
- Aquifère à nappe libre : l’aquifère reposant sur une couche très peu perméable est surmonté d’une zone non saturée en eau.
- Aquifère captif (ou nappe captive) : dans une nappe captive, l’eau souterraine est confinée entre deux formations très peu perméables. Lorsqu’un forage atteint une nappe captive, l’eau remonte dans le forage.

Niveau piézométrique  :
Niveau auquel peut monter l’eau d’une nappe dans un tube (le piézomètre) lorsqu’on réalise un forage. Ce niveau correspond à la pression de la nappe, il est généralement donné en mètres NGF.

Piézomètre  :
Tube foré dans le sol atteignant la nappe phréatique et permettant de mesurer son niveau. Certains puits ou forages qui ne sont plus exploités aujourd’hui servent également de piézomètres.

Thème 4. Statistique

Fréquence  :
Pourcentage de chance qu’un événement se produise sur une période donnée.

Fréquence quinquennale (respectivement décennale) sèche ou humide :
Valeur-seuil dépassée 20 % (respectivement 10 %) du temps.

Médiane  :
Valeur qui divise une séquence ordonnée de données en deux parties strictement égales. En l’absence de valeurs toutes similaires, la moitié des observations sera inférieure et l’autre moitié sera supérieure à la médiane. Elle est aussi appelée normale en hydrologie.

IPS (Indicateur Piézométrique standardisé) :
Il est défini sur une échelle dite « standard », sa valeur numérique varie entre –3 et +3 (sans unité), il facilite le calcul d’un indicateur global à partir d’un indicateur ponctuel, il permet d’avoir une vision homogène de l’état des nappes libres (ou captives) à l’échelle nationale.

Période de retour (ou durée de retour) :
Inverse de la fréquence, généralement exprimée en nombre d’années. Par exemple, pour une fréquence quinquennale (soit 20%, donc 1/5ème), la période de retour est de 5 ans.

Thème 5. Divers :

COTECO  :
Comité Technique de Coordination de l’EPTB Seine Grands Lacs.

EPTB Seine Grands Lacs  :
Etablissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs.

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