BSH Grand Est avril 2025

Synthèse du mois
Sur le bassin Rhin-Meuse, la situation hydrologique générale est représentative d’un printemps sec et notablement chaud. Ce mois d’avril 2025 est d’ailleurs le huitième mois d’avril le plus chaud depuis 1947.
Dans un contexte de forte activité végétative, le déficit pluviométrique cumulé depuis plusieurs mois impacte maintenant sensiblement les écoulements de tous les cours d’eau. En conséquence, l’hydraulicité reste inférieure aux valeurs de saison sur tous les secteurs.
La situation la plus défavorable se retrouve sur les bassins les plus réactifs alimentés directement par le relief vosgien, et notamment sur le secteur de la Moselle amont qui affiche une hydraulicité de seulement 0.2 à Rupt sur Moselle, soit un déficit d’écoulement de 80%.
Les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N) de ce mois de d’avril restent inférieurs au débit médian sur une grande majorité de stations. Ils sont même déjà inférieurs au decennal sec sur les secteurs de la Moselle amont, du Giessen, de la Thur et du Rhin à Lauterbourg.
Sur les bassins de la Seine Normandie, la pluviométrie a été très déficitaire pour un mois d’avril avec un cumul mensuel moyen de 40 mm. Le cumul des précipitations est compris entre 13 mm dans le nord de la Marne et 47 mm au sud de la Haute-Marne.
Les hydraulicités sont en baisse par rapport à celles du mois de mars. Les valeurs sont très hétérogènes et majoritairement comprises entre 0.2 et 0.4.
En ce qui concerne les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N) en avril, ils sont très majoritairement inférieurs au médian.
Concernant les eaux souterraines, la pluviométrie déficitaire depuis le mois de février sur le Grand Est impacte largement les nappes. Les niveaux moyens mensuels sont en moyenne modérément bas, et les tendances à la baisse sont quasiment généralisées. Seuls la nappe des Cailloutis du Sundgau et quelques points de la nappe d’Alsace ou des Grès du Keuper présentent encore des tendances à la hausse.
Les niveaux les plus hauts (hauts ou très hauts) représentent à peine 6% des points de suivi sur le Grand Est en ce mois d’avril.
Pluviométrie



Pour lire le résumé climatique mensuel de Météo-France, téléchargez le document ci dessous.
(Source : Météo-France)
Eaux superficielles
Hydraulicité

Sur le bassin du Rhin, les pluies du mois d’avril 2025 sont majoritairement déficitaires notamment sur les reliefs.
Les débits moyens d’avril 2025 sont partout inférieurs aux moyennes mensuelles interannuelles. Les hydraulicités sont particulièrement faibles sur les cours d’eau issus du massif vosgien haut-rhinois avec des hydraulicités variant de 0.2 (déficit de 80%) à 0.3 (déficit de 70%).
Les hydraulicités des affluents du Rhin (Ill, Moder, Zorn) et du Rhin à Lauterbourg sont légèrement plus importantes et comprises entre 0.5 (déficit de 50%) à Holtzheim sur la Bruche et 0.7 (déficit de 30%) à Schweighouse sur Moder.
Sur le bassin de la Sarre, les hydraulicités observées en avril 2025 sont également inférieures aux moyennes mensuelles interannuelles. Comme en mars, une hydraulicité moyenne de 0.5 (déficit de 50%) s’observe à l’échelle du bassin.
Sur le bassin de la Meuse, la pluviométrie a été comparable à ce que l’on peut attendre d’un mois d’avril, cependant cela n’a pas permis une amélioration de l’hydraulicité des cours d’eau. La situation la plus défavorable se trouve sur l’amont du bassin à Goncourt et Saint-Mihiel avec une hydraulicité de 0.3 (70% de déficit). La situation est légèrement plus favorable à l’aval avec une hydraulicité sur l’ensemble du bassin d’environ 0.5 (50% de déficit). Sur le bassin de la Chiers, les hydraulicités sont légèrement plus hautes que sur la Meuse avec environ 0.6 pour l’ensemble du bassin (40% de déficit).
Sur le bassin de la Moselle, la pluviométrie a été déficitaire sur l’amont du bassin, ce qui se traduit directement sur les cours d’eau avec une hydraulicite de 0.2 (80% de déficit) à Rupt sur Moselle et de 0.3 (déficit de 70%) à Saint Dié. Plus en aval, la situation est légèrement plus favorable avec des hydraulicités d’environ 0.5 (50% de déficit) sur l’ensemble du bassin, y compris sur les affluents de l’Orne et la Seille. Seul le bassin du Madon dispose d’une hydraulicité supérieure, d’environ 0.7 (30% de déficit).
Sur le bassin de la Seine-Normandie, les précipitations de ce mois d’avril ont encore été déficitaires.
Les hydraulicités sont en baisse par rapport à celles du mois précédent. Elles sont très hétérogènes et majoritairement comprises entre 0.2 et 0.4. La valeur la plus basse, inférieure à 0.2, est observée à Chevrières. Les hydraulicités les plus élevées, entre 0.8 et 1.2 sont observées aux stations de Soudron et de Saint-Saturnin.
Débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs (Q3J-N)

Sur le bassin du Rhin, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont nettement inférieurs aux débits médians. Les stations de Sélestat sur le Giessen, de Willer sur Thur ou de Lauterbourg sur le Rhin ont des débits de base de période de retour 20 ans sec pour un mois d’avril sur 3 jours consécutifs.
Sur le bassin de la Sarre, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont proches, voir inférieurs aux débits médians.
Sur le bassin de la Meuse, malgré une pluviométrie proche de la normale pour un mois d’avril, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont inférieurs au débit médian aux stations (dans la continuité du mois précédent). Seul l’amont du bassin de la Chiers dispose d’une situation plus favorable avec un Qj3-N très légèrement supérieur au débit médian.
Sur le bassin de la Moselle, en réponse a un deuxième mois sec sur l’amont du bassin, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont encore en baisse sur l’amont du bassin, notamment pour les stations de Rupt sur Moselle et Saint Dié des Vosges où le Qj3-N est inférieur au décennal sec pour un mois d’avril.
Sur l’aval du bassin les Qj3-N sont inférieurs aux débits médian des stations, seul le Madon dispose encore d’un Qj3-N supérieur au débit médian.
Sur le bassin de la Seine-Normandie, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs pour ce mois d’avril sont très majoritairement inférieurs au médian. Ils sont proches de la médiane à l’ouest du territoire (Bar-sur-Seine, Saint-Saturnin et Soudron) et inférieurs à la décennale sèche à Chevières.
Eaux souterraines

Concernant les nappes des Calcaires du Jurassique de Lorraine, elles affichent la situation la moins satisfaisante pour ce mois d’avril.
La vidange de ces nappes réactives, survenue précocement, s’est généralisée : la situation présente des baisses sur tous les points de suivi. Les niveaux moyens mensuels sont largement affectés et sont bas en moyenne pour la saison : ils s’échelonnent de très bas (comme à Nubécourt (55) sur les calcaires du Tithonien) à modérément bas (comme à Brieulles-sur-Bar (08) sur les Calcaires de l’Oxfordien des Côtes de Meuse Nord), sauf à Ville-sur-Yron (54) où le niveau est encore proche des normales.
La nappe des Grès du Trias inférieur affiche également une évolution à la baisse sur tous les points de suivi. Les niveaux moyens mensuels y sont toutefois encore globalement satisfaisants, et sont en moyenne proches des normales de saison : ils s’échelonnent de modérément bas à modérément haut, et sont conformes aux normales pour 60% des piézomètres suivis.
Les niveaux moyens d’avril sont en baisse par rapport à ceux du mois de mars en Alsace ; la nappe d’Alsace présente cependant une situation satisfaisante.
Dans le Bas-Rhin, les niveaux sont stables à Griesheim-près-Molsheim et en baisse partout ailleurs, de -5 cm à Weitbruch, -10 cm au sud à Baldenheim et Rossfeld, -13 cm autour de Strasbourg (Lipsheim et Reichstett), -17 au nord à Haguenau et Sessenheim, jusqu’à -31 cm à Wissembourg. Les niveaux moyens mensuels sont stables ou baissent d’une classe, avec des niveaux modérément bas à Rossfeld, autour de la moyenne pour Lipsheim, Griesheim ou Wissembourg, modérément hauts à Sessenheim, Reichstett et Haguenau, voire encore hauts à Weitbruch et Lampertheim.
Dans le Haut-Rhin, les niveaux sont aussi majoritairement en baisse, de -9 cm en centre plaine et à Illhaeusern, -18 cm à Guémar et dans le sud à Habsheim ou Hésingue, -23 cm à Wittenheim, jusqu’à -66 cm à Cernay (Thur). Ils sont stables en bordure à Wintzenheim (Fecht) et en légère hausse le long du Rhin (+8 cm à Fessenheim). Les niveaux moyens mensuels varient de modérément bas à Holtzwihr, autour de la moyenne à Cernay, Habsheim ou au nord à Guémar et Illhaeusern, jusqu’à modérément hauts pour Wintzenheim, Hettenschlag, Wittenheim, Fessenheim et Hesingue.
Sur la nappe de la craie, plus inertielle, tous les points de suivi affichent une tendance à la baisse. Cette nappe n’est donc plus épargnée.
La situation y est cependant très constrastée : les niveaux moyens mensuels sont en moyenne proches des normales, mais ils varient de très bas (comme à Bussy-le-Château (51)) à haut (comme à Linthelles (51)). Les niveaux autour de la moyenne et les niveaux modérément hauts restent cependant majoritaires.
(Sources : APRONA, Délégation de bassin Rhin-Meuse)
Une liste des piézomètres de la région Grand est disponible en téléchargement ci-dessous. Le tableau contient des liens vers les informations relatives à chaque point de mesure.
Réservoirs



Pour les réservoirs et barrages de la région Grand Est, le niveau de remplissage fin avril 2025 est de plus de 77% pour les retenues destinées à la navigation. En ce qui concerne les retenues destinées à l’alimentation en eau potable, le réservoir de Madine et la retenue de Michelbach affichent un taux de remplissage de près de 98%.
Pour les retenues destinées au soutien de l’étiage, le taux de remplissage du réservoir de Vieux Pré reste à un niveau confortable avec près de 99% alors qu’il s’élève à près de 80% pour le barrage de Kruth.
Les barrages-réservoirs du bassin de la Seine poursuivent leur recharge. Leur taux de remplissage s’élève fin avril à 87%, proche de l’objectif de gestion.
Liens utiles…..
Vigicrues :
https://www.vigicrues.gouv.fr/
Le suivi de l’étiage :
http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/etiage-secheresse-r244.html
L’HydroPortail (anc. banque hydro), le portail des données quantitatives sur les cours d’eau :
https://hydro.eaufrance.fr/
Le portail d’accès aux données sur les eaux souterraines :
http://www.ades.eaufrance.fr/
Glossaire
BSH :
Bulletin publié par la DREAL Grand Est qui présente mensuellement l’évolution de la ressource en eau.
Thème 1. Météorologie :
Évapotranspiration :
Quantité d’eau consommée qui comprend d’une part l’eau transpirée par la plante, d’autre part l’évaporation directe à partir du sol, exprimée en millimètre.
Évapotranspiration Potentielle ETP :
Correspond à la quantité maximale d’eau transpirée par les végétaux et à l’évaporation du sol dans des conditions idéales.
Normale (météorologique) :
Moyenne de variables météorologiques calculées sur une période uniforme relativement longue choisie par consensus et telle qu’une moyenne établie sur toute période plus longue n’ait pas une valeur significativement différente. En météorologie, une période de 30 années a été retenue par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Les périodes de référence furent 1901-1930, 1931-1960, 1951-1980, 1971-2000 , 1981-2010 et actuellement la période est 1991-2020.
Attention, à ne pas confondre avec la moyenne (voir définition dans ce glossaire).
Pluie efficace (ou bilan hydrique potentiel) :
Différence entre les cumuls de précipitations (RR) et l’évapotranspiration potentielle (ETP). Elle peut donc être négative.
RR (Rainfall Runoff) :
Cumul de précipitations, généralement exprimé en millimètre de pluie (mm).
Thème 2. Hydrologie :
Débit :
Volume d’eau écoulé par unité de temps généralement exprimé en mètre cube par seconde (m3/s).
Débit de pointe de crue :
Débit instantané maximum observé.
Débit minimum sur trois jours consécutifs (Q3J-N) :
Le Q3J-N (anciennement appelé VCN3 et aussi appelé débit de base) correspond au débit moyen minimal calculé sur 3 jours consécutifs sur une période donnée. La date du Q3J-N correspond au premier des trois jours considérés.
Débit moyen journalier (QMJ) :
Le débit moyen journalier correspond au volume écoulé sur une journée rapporté à l’unité de temps, et généralement exprimé en m3/s.
Hydraulicité mensuelle :
Rapport du débit moyen du mois considéré à la moyenne historique du mois considéré. Elle permet de positionner un mois par rapport à un mois moyen.
Module mensuel :
Moyenne de l’ensemble des débits moyen mensuels d’un mois considéré, calculé sur l’ensemble de la période d’observation de la station.
Thème 3. Piézométrie :
Aquifère (ou nappe d’eau souterraine) :
Formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l’eau mobilisable, constituée de roches perméables et capables de la restituer naturellement et/ou par exploitation. On distingue deux types d’aquifères :
- Aquifère à nappe libre : l’aquifère reposant sur une couche très peu perméable est surmonté d’une zone non saturée en eau.
- Aquifère captif (ou nappe captive) : dans une nappe captive, l’eau souterraine est confinée entre deux formations très peu perméables. Lorsqu’un forage atteint une nappe captive, l’eau remonte dans le forage.
Niveau piézométrique :
Niveau auquel peut monter l’eau d’une nappe dans un tube (le piézomètre) lorsqu’on réalise un forage. Ce niveau correspond à la pression de la nappe, il est généralement donné en mètres NGF.
Piézomètre :
Tube foré dans le sol atteignant la nappe phréatique et permettant de mesurer son niveau. Certains puits ou forages qui ne sont plus exploités aujourd’hui servent également de piézomètres.
Thème 4. Statistique
Fréquence :
Pourcentage de chance qu’un événement se produise sur une période donnée.
Fréquence quinquennale (respectivement décennale) sèche ou humide :
Valeur-seuil dépassée 20 % (respectivement 10 %) du temps.
Médiane :
Valeur qui divise une séquence ordonnée de données en deux parties strictement égales. En l’absence de valeurs toutes similaires, la moitié des observations sera inférieure et l’autre moitié sera supérieure à la médiane. Elle est aussi appelée normale en hydrologie.
IPS (Indicateur Piézométrique standardisé) :
Il est défini sur une échelle dite « standard », sa valeur numérique varie entre –3 et +3 (sans unité), il facilite le calcul d’un indicateur global à partir d’un indicateur ponctuel, il permet d’avoir une vision homogène de l’état des nappes libres (ou captives) à l’échelle nationale.
Période de retour (ou durée de retour) :
Inverse de la fréquence, généralement exprimée en nombre d’années. Par exemple, pour une fréquence quinquennale (soit 20%, donc 1/5ème), la période de retour est de 5 ans.
Thème 5. Divers :
COTECO :
Comité Technique de Coordination de l’EPTB Seine Grands Lacs.
EPTB Seine Grands Lacs :
Etablissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs.