BSH Grand Est décembre 2022

Synthèse du mois

Sur le bassin Rhin-Meuse, le déficit pluviométrique observé durant ce mois de décembre très contrasté au niveau des températures influence la situation hydrologique générale.
Le caractère irrégulier des passages pluvieux, concentrés essentiellement sur la dernière décade a limité leur efficacité.
Ainsi, les débits moyens mensuels restent en grande majorité inférieurs aux valeurs de saison. A l’exception des secteurs alimentés directement par le relief vosgien, plus arrosés, le rapport d’hydraulicité s’élève à seulement 0.5 (déficit d’écoulement de 50%) sur tout le bassin de la Meuse et sur une grande partie du bassin de la Moselle.
Sur les bassins du Rhin et de la Sarre, la situation est plus favorable et le déficit d’écoulement reste plus modéré.
Les débits minimaux sur trois jours consécutifs (VCN3) qui ont généralement été relevés à la fin de la deuxième décade froide et sèche sont quasiment partout inférieurs au médian.

Sur les bassins de la Seine Normandie, la pluviométrie a été inférieure à la normale pour ce mois de décembre avec un déficit de l’ordre de 30 %.
Le cumul des précipitations est compris entre 30 mm dans l’Aube et le sud de la Marne et 100 mm dans le nord de la Haute-Marne.
La situation pour les hydraulicités est proche de celle du mois précédent avec des valeurs majoritairement comprises entre 0.4 et 0.8.
En ce qui concerne les débits de base, on observe une baisse par rapport à novembre avec des VCN3 proches du médian sur l’amont et inférieurs au médian sur l’aval.

Concernant les eaux souterraines, l’évolution des niveaux moyens des nappes de la région pour le mois de décembre est globalement à la hausse par rapport au mois précédent, sur les nappes les plus réactives (nappes des calcaires du Jurassique de Lorraine, nappes alluviales, nappe d’Alsace, etc.). La recharge de ces nappes s’installe doucement. Pour la nappe de la craie, les prémices de recharge du mois précédent se maintiennent globalement, quelques baisses sur les nappes à plus forte inertie sont cependant à noter. Les niveaux moyens y restent globalement inférieurs aux valeurs habituellement observées à cette période de l’année.

Pluviométrie

Bilan des précipitations du mois :

Ce mois de décembre est faiblement arrosé et doux mais très contrasté avec une 2ème décade très froide et une 3ème extrêmement douce. Les passages pluvieux ont été irréguliers, se concentrant principalement sur la 3ème décade où près de 70 % des précipitations mensuelles sont recueillies. Les cumuls mensuels de précipitations relevés pour les stations du réseau sur la région Grand Est sont compris entre 18.4 mm à Colmar-Meyenheim (68) et 290,6 mm à Sewen-Lac d’Alfeld-SAPC (68, alt. 620 m.).
A l’échelle de la région, le bilan pluviométrique présente un déficit de plus de 30 %.
A l’échelle des départements, les cumuls mensuels agrégés sont déficitaires de près de 40 % dans l’Aube à 20 % dans les Vosges.
Situation depuis le début de l’année hydrologique (septembre dernier) :
Le cumul de précipitations agrégées sur la région est de 332 mm, ce qui est tout à fait conforme à la normale malgré de grandes disparités à l’échelle des départements.

Précipitations efficaces du mois :

Les précipitations efficaces sont positives, comprises entre 25 et 100 mm et dépassant 125 mm sur le massif vosgien, et à l’exception de la région de la Hardt où les pluies ne sont comprises qu’entre 0 mm et 25 mm.
Situation depuis le début de l’année hydrologique (septembre dernier) :
Les précipitations efficaces sont partout positives, comprises entre 100 mm et 200 mm pour les régions les moins arrosées et atteignant plus de 400 mm sur le massif vosgien.

Humidité des sols superficiels

Situation au 1er janvier :
Les sols se sont très nettement humidifiés au cours du mois. Ils sont dorénavant saturés ou tendent vers la saturation le plus souvent en Lorraine, dans les Ardennes, sur le vignoble du Barrois en Haute-Marne, sur la montagne vosgienne, ou encore sur le nord du Bas-Rhin. Malgré cette évolution, l’indice d’humidité des sols reste encore assez bas vers la Hardt, le nord de la Woëvre, dans la Marne et plus particulièrement sur l’ouest, et dans l’Aube. Comparé à la normale, cet indice oscille le plus souvent autour de la normale, excepté dans le Haut-Rhin, la Meuse, et en Champagne-Ardenne où il est parfois en déficit de 10 % à 30 %.

(Source : Météo-France)

Eaux superficielles

Hydraulicité


Sur le bassin du Rhin, les débits moyens mensuels observés durant le mois de décembre 2022 poursuivent la tendance à la hausse entamée depuis la sortie de l’été.
A l’image des mois précédents, les hydraulicités sont proches des débits moyens interannuels mais restent toutefois comprises entre la quinquennale sèche et le débit moyen.
Les stations de l’Ill amont et affluents de l’Ill accusent un déficit moyen de 30%. Les affluents du Rhin (Ill aval, Moder et Zorn) sont déficitaires de 15% en moyenne alors que le Rhin à Lauterbourg est proche des moyennes interannuelles (déficit de 10%).

Sur le bassin de la Sarre, les hydraulicités des cours d’eau étudiés poursuivent également leur hausse depuis la sortie de l’été. L’hydraulicité moyenne à l’échelle du bassin repasse toutefois en dessous des normales (déficit moyen de 20%).

Sur le bassin de la Meuse, les débits moyens mensuels observés durant le mois de décembre 2022 restent déficitaires sur l’ensemble du bassin, cela est dû au déficit pluviométrique sur le bassin.
Ce mois encore l’hydraulicité du bassin présente un déficit homogène d’environ 50% sur l’intégralité du bassin ainsi que sur les affluents.

Sur le bassin de la Moselle, les débits moyens mensuels observés durant le mois de décembre 2022 sont déficitaires sur l’ensemble du bassin, excepté la partie très à l’amont des Vosges où les précipitations ont été proches de la normale.
Ce mois ci l’hydraulicité du bassin de la Moselle est en baisse avec un déficit moyen de 50% tant pour la Moselle elle-même que pour les affluents, cependant à l’amont, notamment pour la station de Rupt sur Moselle, l’hydraulicité est comparable à la normale.

Sur les bassins de la Seine Normandie, les précipitations sont inférieures à la normale au cours de ce mois de décembre. La situation est quasiment identique à celle observée au cours du mois de novembre avec des hydraulicités qui sont majoritairement comprises entre 0.4 et 0.8.
Sur l’aval du territoire, les hydraulicités restent plus faibles que sur l’amont et sont comprises entre 0,2 et 0,4 (Verrières, Givry, Saint-Saturnin et Montmirail).

Débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs (VNC3)


Sur le bassin du Rhin, le débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs est à nouveau plutôt inférieur au médian sur la plupart des cours d’eau.
Sur le bassin de la Sarre, le débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs est proche des moyennes interannuelles sur l’ensemble du bassin, en dehors de la station de Wittring où il est légèrement inférieur au médian.

Sur le bassin de la Meuse, le débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs est semblable au mois dernier, la situation est homogène sur l’ensemble du bassin et les débits sont inférieurs aux débits médians pour toutes les stations.

Sur le bassin de la Moselle, le VCN3 est en baisse par rapport au mois dernier, toutes les stations présentent un VCN3 inférieur au débit médian, excepté pour l’amont de la Moselle, la station de Rupt sur Moselle qui a un VCN3 encore supérieur au débit médian et celle de Tonnoy qui a un VCN3 proche du débit médian.

Sur les bassins de la Seine Normandie, les VCN3 sont en baisse par rapport au mois de novembre et en moyenne proches du médian. Les débits de base des stations amont sont majoritairement proches de la médiane. Sur l’aval du territoire, la situation est plus dégradée avec des VCN3 inférieurs au médian et même inférieur au décennal sec à Montmirail.

Eaux souterraines

SEBP>


L’évolution des niveaux moyens des nappes des calcaires du Jurassique de Lorraine pour le mois de décembre est globalement à la hausse par rapport au mois précédent. La recharge des nappes se poursuit sur ces nappes calcaires. Cependant, les valeurs moyennes restent encore globalement en dessous des valeurs normalement observées à cette période de l’année.

Les niveaux moyens de décembre sont en hausse par rapport à ceux du mois de novembre sur la majeure partie de l’Alsace, ou en très légère baisse sur de rares secteurs du Haut-Rhin.
Dans le Bas-Rhin, la hausse est encore généralisée, de +29 cm à Wissembourg et +20 cm à Sessenheim au nord, +13 cm à Haguenau et +11 cm en bordure à Griesheim, autour de +8 cm à Weitbruch et au nord de Strasbourg, +4 cm seulement à Lipsheim et stables à Rossfeld. Les niveaux restent comparables à ceux du mois précédent, toujours très bas à Griesheim et bas à Weitbruch, et globalement modérément hauts sur le reste du département.
Dans le Haut-Rhin, une tendance à la hausse domine encore, mais avec de faibles variations ; de +14 cm à Cernay (Thur), +8 cm au nord à Guémar et + 6 cm au sud à Hésingue. Ailleurs, les niveaux sont quasiment stables par rapport au mois dernier (+2 cm en centre plaine à Hettenschlag), ou en légère baisse, -3 cm à Wintzenheim (Fecht), -4 cm à Fessenheim (Rhin) et -6 cm à Habsheim (Sundgau oriental). Les périodes de retour restent conformes à celles du mois dernier, variant entre des niveaux proches de la moyenne à Guémar et Wittenheim, modérément bas à Holtzwihr, Hettenschlag, Wintzenheim ou Illhaeusern, jusqu’à des niveaux toujours bas à Cernay et très bas à Habsheim.

Concernant la nappe de la craie, on note des tendances à la hausse sur environ 2/3 des ouvrages pour le mois de décembre par rapport à novembre, sur des nappes réactives mais aussi sur des nappes à plus forte inertie. Les niveaux moyens y restent encore modérément bas ou bas, et même très bas comme à Val-des-Marais (51). Cependant, des baisses sur quelques nappes inertielles sont encore à noter comme à Hannogne-Saint-Rémy (08), à La Saulsotte (10) ou à Vailly (10), et des niveaux moyens encore bas voire très bas persistent comme à Hannogne-Saint-Rémy (08) ou Sémide (08).


Une liste des piézomètres de la région Grand est disponible en téléchargement ci-dessous. Le tableau contient des liens vers les informations relatives à chaque point de mesure.

Réservoirs


Pour les réservoirs et barrages de la région Grand Est, le niveau de remplissage fin décembre est de l’ordre de 40% pour les retenues destinées à la navigation. En ce qui concerne les retenues destinées à l’alimentation en eau potable, le réservoir de Madine et la retenue de Michelbach affichent un taux de remplissage de près de 85%. Pour les retenues destinées au soutien de l’étiage, le taux de remplissage est de plus de 80% pour le réservoir de Vieux Pré et de près de 18% pour le barrage de Kruth. Les barrages-réservoirs du bassin de la Seine affichent un taux de remplissage de 29%, proche de l’objectif de gestion.
A noter que la retenue de Bouzey est vide, pour travaux jusque fin 2023.

Liens utiles…..

Vigicrues :
https://www.vigicrues.gouv.fr/

Le suivi de l’étiage :
http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/etiage-secheresse-r244.html

La banque hydro :
https://hydro.eaufrance.fr/

Le portail d’accès aux données sur les eaux souterraines :
http://www.ades.eaufrance.fr/

Glossaire

Thème 1. Météorologie :

Évapotranspiration  :
Quantité d’eau consommée qui comprend d’une part l’eau transpirée par la plante, d’autre part l’évaporation directe à partir du sol, exprimée en millimètre.

Évapotranspiration Potentielle ETP :
Correspond à la quantité maximale d’eau transpirée par les végétaux et à l’évaporation du sol dans des conditions idéales.

Normale (météorologique) :
Moyenne de variables météorologiques calculées sur une période uniforme relativement longue choisie par consensus et telle qu’une moyenne établie sur toute période plus longue n’ait pas une valeur significativement différente. En météorologie, une période de 30 années a été retenue par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Les périodes de référence furent 1901-1930, 1931-1960, 1951-1980, et actuellement la période est 1971-2000.
Attention, à ne pas confondre avec la moyenne (voir définition dans ce glossaire).

Pluie efficace (ou bilan hydrique potentiel) :
Différence entre les cumuls de précipitations (RR) et l’évapotranspiration potentielle (ETP). Elle peut donc être négative.

RR (Rainfall Runoff) :
Cumul de précipitations, généralement exprimé en millimètre de pluie (mm).

Thème 2. Hydrologie :

Débit  :
Volume d’eau écoulé par unité de temps généralement exprimé en mètre cube par seconde (m3/s).

Débit de pointe de crue  :
Débit instantané maximum observé.

Débit minimum sur trois jours consécutifs (VCN 3) :
Le VCN 3 (aussi appelé débit de base) correspond au débit moyen minimal calculé sur 3 jours consécutifs sur une période donnée. La date du VCN3 correspond au premier des trois jours considérés.

Débit moyen journalier (QMJ) :
Le débit moyen journalier correspond au volume écoulé sur une journée rapporté à l’unité de temps, et généralement exprimé en m3/s.

Hydraulicité mensuelle  :
Rapport du débit moyen du mois considéré à la moyenne historique du mois considéré. Elle permet de positionner un mois par rapport à un mois moyen.

Module mensuel  :
Moyenne de l’ensemble des débits moyen mensuels d’un mois considéré, calculé sur l’ensemble de la période d’observation de la station.

Thème 3. Piézométrie :

Aquifère (ou nappe d’eau souterraine) :
Formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l’eau mobilisable, constituée de roches perméables et capables de la restituer naturellement et/ou par exploitation. On distingue deux types d’aquifères :
- Aquifère à nappe libre : l’aquifère reposant sur une couche très peu perméable est surmonté d’une zone non saturée en eau.
- Aquifère captif (ou nappe captive) : dans une nappe captive, l’eau souterraine est confinée entre deux formations très peu perméables. Lorsqu’un forage atteint une nappe captive, l’eau remonte dans le forage.

Niveau piézométrique  :
Niveau auquel peut monter l’eau d’une nappe dans un tube (le piézomètre) lorsqu’on réalise un forage. Ce niveau correspond à la pression de la nappe, il est généralement donné en mètres NGF.

Piézomètre  :
Tube foré dans le sol atteignant la nappe phréatique et permettant de mesurer son niveau. Certains puits ou forages qui ne sont plus exploités aujourd’hui servent également de piézomètres.

Thème 4. Statistique

Fréquence  :
Pourcentage de chance qu’un événement se produise sur une période donnée.

Fréquence quinquennale (respectivement décennale) sèche ou humide :
Valeur-seuil dépassée 20 % (respectivement 10 %) du temps.

Médiane  :
Valeur qui divise une séquence ordonnée de données en deux parties strictement égales. En l’absence de valeurs toutes similaires, la moitié des observations sera inférieure et l’autre moitié sera supérieure à la médiane. Elle est aussi appelée normale en hydrologie.

IPS (Indicateur Piézométrique standardisé) :
Il est défini sur une échelle dite « standard », sa valeur numérique varie entre –3 et +3 (sans unité), il facilite le calcul d’un indicateur global à partir d’un indicateur ponctuel, il permet d’avoir une vision homogène de l’état des nappes libres (ou captives) à l’échelle nationale.

Période de retour (ou durée de retour) :
Inverse de la fréquence, généralement exprimée en nombre d’années. Par exemple, pour une fréquence quinquennale (soit 20%, donc 1/5ème), la période de retour est de 5 ans.

COTECO  :
Comité Technique de Coordination de l’EPTB Seine Grands Lacs.

EPTB Seine Grands Lacs  :
Etablissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs.

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