BSH Grand Est février 2023

Synthèse du mois

Sur le bassin Rhin-Meuse, ce mois de février doux, ensoleillé et extrêmement sec (le deuxième mois le plus sec depuis 1959) a influencé très nettement la situation hydrologique générale.
Dans ce contexte météorologique défavorable, l’absence d’apport a fortement limité les écoulements dans tous les cours d’eau. Ainsi, les débits moyens mensuels sont partout en nette baisse par rapport à janvier dernier avec des déficits d’écoulement importants qui s’étalent de 50 à 80%.
Les débits minimaux sur trois jours consécutifs (VCN3), eux aussi sous l’influence de la pluviométrie extrêmement faible de ce mois de février, sont partout inférieurs au médian. La situation la plus défavorable se retrouve sur le bassin de la Meuse où les VCN3 relevés en fin de mois sont inférieurs au décennal sec sur une grande partie du bassin.

Sur les bassins de la Seine Normandie, la pluviométrie a été fortement déficitaire pour un mois de février avec un cumul global de 11 mm.
Le cumul des précipitations est compris entre 4 mm au centre de la Marne et 20 mm en Haute-Marne.
Les hydraulicités sont en forte baisse par rapport au mois de janvier avec des valeurs majoritairement comprises entre 0,2 et 0,4.
En ce qui concerne les débits de base, on observe une forte baisse par rapport à janvier avec des VCN3 globalement inférieurs au médian et même inférieurs au décennal sec pour plusieurs stations aval.

Concernant les eaux souterraines, par rapport au mois précédent, l’évolution des niveaux moyens des nappes de la région pour le mois de février est globalement à la hausse pour la nappe de la craie et à la baisse pour les autres (nappes des calcaires du Jurassique de Lorraine, nappes des grès du Trias Inférieur, nappes alluviales, nappe d’Alsace). A noter quelques exceptions, comme à Chamoy (10) et à Reims (51) où la nappe de la craie est plus réactive et une évolution à la baisse est constatée. A contrario, sur la nappe alluviale de la plaine d’Alsace à Habsheim (68), sur la nappe des calcaires du Jurassique de Lorraine à Les Cléry (55), ou sur les grès du Trias Inférieur à Celles-sur-Plaine (88), une hausse est observée.
Avec des précipitations largement déficitaires au mois de février, la recharge des nappes semble ralentie. Les niveaux moyens mensuels sont globalement bas. C’est notamment le cas pour les nappes des calcaires du Jurassique de Lorraine, la nappe de la craie ou la nappe alluviale d’Alsace au sud de Colmar (68). La situation est un peu meilleure globalement sur les grès du Trias Inférieur, et sur la nappe d’Alsace au nord de Colmar où elle atteint un niveau moyen mensuel modérément bas.

Pluviométrie

Suite à l’évolution des documents produits par Météo France, la partie météorologique du BSH a été modifiée.

(Source : Météo-France)

Eaux superficielles

Hydraulicité


Sur le bassin du Rhin, les débits moyens mensuels observés durant le mois de février 2023 sont en nette baisse par rapport au mois de janvier.
Cette baisse s’explique par une très faible pluviométrie en février. En comparaison aux moyennes de février 2022 on constate que les débits de février 2023 sont en moyenne deux fois moins important qu’il y a un an !
Les hydraulicités sur l’Ill amont ainsi que sur les affluents vosgiens de l’Ill (Doller, Thur, Giessen etc..) sont comprises entre 0.3 et 0.4 (déficit de 70% à 60% par rapport aux moyennes interannuelles).
Les hydraulicités du Rhin et les affluents du Rhin (Zorn, Moder) sont de 0.6 (déficit de 40% par rapport aux moyennes interannuelles).

Sur le bassin de la Sarre, les hydraulicités des cours d’eau étudiés sont également en nette baisse. A l’échelle du bassin un déficit de 70% par rapport aux moyennes interannuelles est observé.

Sur le bassin de la Meuse, l’hydraulicité des cours d’eau est en baisse par rapport au mois dernier. Ceci est dû à l’absence de précipitation pour le mois de février, la bassin de la Meuse présente un déficit global de plus de 60% qui s’accentue même jusqu’à 80% sur l’amont du bassin aux stations de Soulosse et Goncourt.

Sur le bassin de la Moselle, les débits moyens mensuels observés durant le mois de février 2023 présentent un déficit généralisé d’au moins 60% sur l’intégralité du bassin, l’amont du bassin de la Meurthe présente une situation légèrement plus favorable avec un déficit de 50%

Sur les bassins de la Seine Normandie, les précipitations ont été quasiment absentes au cours de ce mois de février.
Les hydraulicités sont en forte baisse par rapport au mois précédent avec des valeurs qui sont globalement comprises entre 0.2 et 0.4.
La situation est un peu différente pour trois stations du territoire, avec des hydraulicités comprises entre 0.4 et 0.8 à Soudron et à Saint-Saturnin et inférieures à 0.2 à Verrières.

Débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs (VNC3)


Sur le bassin du Rhin, le débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs est sur la plupart des stations inférieur au médian.
La station de Didenheim sur l’Ill amont et celle de Lauterbourg sur le Rhin proposent des périodes de retour supérieures à 5 ans sec alors que l’Ill de plaine à Kogenheim approche d’une période de retour 10 ans sec.

Sur le bassin de la Sarre, le débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs est également inférieur au médian sur la plupart des stations.
La station de Wittring à l’aval de la Sarre affiche une période de retour de 5 ans sec.

Sur le bassin de la Meuse, les VCN3 sont en forte baisse par rapport au mois précédent et sont très faibles pour un mois de février (inférieur au décennal sec sur quasiment l’intégralité du bassin).
La situation est quelque peu contrastée avec des VCN3 sur la Meuse aval qui sont supérieurs au décennal mais reste bien en dessous du VCN3 médian.

Sur le bassin de la Moselle, la situation est plus favorable (excepté pour le bassin de la Seille), pour le reste du bassin les VNC3 sont inférieurs au médian voire proche du médian pour la Moselle amont.

Sur les bassins de la Seine Normandie, les VCN3 sont en forte baisse par rapport au mois précédent et sont très faibles pour un mois de février.
Les débits de base des stations amont sont majoritairement inférieurs au médian et sont observés en fin de période.
Sur l’aval du territoire, la situation est encore plus dégradée avec des VCN3 inférieurs au décennal sec (Vitry-en-Perthois, Montmirail, Verrières, Chevrières, Givry).

Eaux souterraines

Avec un cumul mensuel de précipitations agrégées sur Grand Est déficitaire de plus de 80% par rapport à la normale, la pluviométrie défavorable du mois de février a freiné la recharge des nappes des calcaires du Jurassique de Lorraine. Seule la nappe des calcaires du Jurassique de Lorraine à Les Cléry (55) est globalement à la hausse par rapport au mois précédent, mais pour atteindre un niveau moyen mensuel modérément bas, alors qu’elle était à un niveau autour de la moyenne en janvier. Les calcaires de l’Oxfordien des Côtes de Meuse Nord à Brieulles-sur-Bar (08) affiche une stabilité mais sont à un niveau très bas. Les autres nappes subissent des baisses et perdent de 1 à 4 points de niveau pour être au mieux à un niveau modérément bas par rapport à la normale. Ainsi, les calcaires du Tithonien à Nubécourt (55) et les calcaires du Dogger de Bassigny à Fréville (88) sont à des niveaux très bas pour cette période de l’année, alors qu’ils étaient respectivement à des niveaux autour de la moyenne et modérément hauts en janvier. Les Grès du Trias Inférieur sont tous à des niveaux bas à très bas pour cette période de l’année : par rapport au mois de janvier, l’évolution des niveaux est stable ou à la baisse, sauf à Celles-sur-Plaine (88) où c’est à la hausse.

L’évolution des niveaux moyens de février est contrastée par rapport à ceux du mois dernier selon les secteurs en Alsace.
Dans le Bas-Rhin, les niveaux sont globalement en baisse, légèrement au nord, (-5 cm à Wissembourg ou Sessenheim), -13 cm à Haguenau et au nord de Strasbourg, -17 cm à Lipsheim et plus au sud à Rossfeld. Ils sont stables en zones de bordures, à Lampertheim, voire en légère hausse de +7 cm à Griesheim, ainsi qu’à Weitbruch. Par rapport aux normales de saison, les niveaux se situent encore autour de la moyenne à Haguenau et sur le secteur au nord de Strasbourg, mais aussi à Baldenheim (Grand Ried). Ailleurs, ils sont modérément bas (Wissembourg, Lipsheim, Rossfeld, …) et toujours très bas à Griesheim.
Dans le Haut-Rhin, la baisse est présente du nord de Colmar (autour de -20 cm à Holtzwihr ou Guémar) jusqu’en centre plaine à Hettenschlag (-8 cm) et le long du Rhin à Fessenheim (-4 cm). Sur le secteur sud du département, les niveaux sont en hausse de +29 cm à Cernay (Thur), +22 cm à Habsheim (Sundgau oriental) et +10 cm au nord de Mulhouse (Wittenheim). Les périodes de retour sont encore localement autour de la moyenne à Fessenheim et dans l’extrême sud à Hésingue, mais ailleurs, les niveaux varient dans l’ensemble de modérément bas (Wintzenheim, Hettenschlag) à bas (Holtzwihr, Cernay). Seul le secteur du Sundgau oriental (Habsheim) reste encore très bas.

Sur la nappe de la craie, les niveaux moyens mensuels sont globalement à la hausse en février. Mais ils sont globalement bas pour cette période de l’année. Excepté à Saint-Hilaire-sous-Romilly (10) où le niveau se situe autour de la moyenne. Par ailleurs, c’est sur les zones à plus forte inertie que les niveaux ont tendance à remonter mais le niveau moyen mensuel se situe modérément bas (La Saulsotte (10) ou Orvilliers-Saint-Julien (10)) et jusqu’à très bas (comme à Sémides (08) ou Hannogne-Saint-Rémy (08)). A Chamoy (10) et à Reims (51) où la nappe est plus réactive, l’évolution est à la baisse. Le niveau moyen mensuel se situe encore autour de la normale à Chamoy mais il est bas pour Reims.


Une liste des piézomètres de la région Grand est disponible en téléchargement ci-dessous. Le tableau contient des liens vers les informations relatives à chaque point de mesure.

Réservoirs


Pour les réservoirs et barrages de la région Grand Est, le niveau de remplissage fin février 2023 est de l’ordre de 60% pour les retenues destinées à la navigation. En ce qui concerne les retenues destinées à l’alimentation en eau potable, le réservoir de Madine et la retenue de Michelbach affichent un taux de remplissage de près de 92%. Pour les retenues destinées au soutien de l’étiage, le taux de remplissage est de plus de 90% pour le réservoir de Vieux Pré et de plus de 75% pour le barrage de Kruth. Les barrages-réservoirs du bassin de la Seine affichent un taux de remplissage de 59%, légèrement inférieur à l’objectif de gestion.
A noter que la retenue de Bouzey est en cours de vidange totale pour permettre la réalisation de travaux.

Liens utiles…..

Vigicrues :
https://www.vigicrues.gouv.fr/

Le suivi de l’étiage :
http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/etiage-secheresse-r244.html

La banque hydro :
https://hydro.eaufrance.fr/

Le portail d’accès aux données sur les eaux souterraines :
http://www.ades.eaufrance.fr/

Glossaire

Thème 1. Météorologie :

Évapotranspiration  :
Quantité d’eau consommée qui comprend d’une part l’eau transpirée par la plante, d’autre part l’évaporation directe à partir du sol, exprimée en millimètre.

Évapotranspiration Potentielle ETP :
Correspond à la quantité maximale d’eau transpirée par les végétaux et à l’évaporation du sol dans des conditions idéales.

Normale (météorologique) :
Moyenne de variables météorologiques calculées sur une période uniforme relativement longue choisie par consensus et telle qu’une moyenne établie sur toute période plus longue n’ait pas une valeur significativement différente. En météorologie, une période de 30 années a été retenue par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Les périodes de référence furent 1901-1930, 1931-1960, 1951-1980, et actuellement la période est 1971-2000.
Attention, à ne pas confondre avec la moyenne (voir définition dans ce glossaire).

Pluie efficace (ou bilan hydrique potentiel) :
Différence entre les cumuls de précipitations (RR) et l’évapotranspiration potentielle (ETP). Elle peut donc être négative.

RR (Rainfall Runoff) :
Cumul de précipitations, généralement exprimé en millimètre de pluie (mm).

Thème 2. Hydrologie :

Débit  :
Volume d’eau écoulé par unité de temps généralement exprimé en mètre cube par seconde (m3/s).

Débit de pointe de crue  :
Débit instantané maximum observé.

Débit minimum sur trois jours consécutifs (VCN 3) :
Le VCN 3 (aussi appelé débit de base) correspond au débit moyen minimal calculé sur 3 jours consécutifs sur une période donnée. La date du VCN3 correspond au premier des trois jours considérés.

Débit moyen journalier (QMJ) :
Le débit moyen journalier correspond au volume écoulé sur une journée rapporté à l’unité de temps, et généralement exprimé en m3/s.

Hydraulicité mensuelle  :
Rapport du débit moyen du mois considéré à la moyenne historique du mois considéré. Elle permet de positionner un mois par rapport à un mois moyen.

Module mensuel  :
Moyenne de l’ensemble des débits moyen mensuels d’un mois considéré, calculé sur l’ensemble de la période d’observation de la station.

Thème 3. Piézométrie :

Aquifère (ou nappe d’eau souterraine) :
Formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l’eau mobilisable, constituée de roches perméables et capables de la restituer naturellement et/ou par exploitation. On distingue deux types d’aquifères :
- Aquifère à nappe libre : l’aquifère reposant sur une couche très peu perméable est surmonté d’une zone non saturée en eau.
- Aquifère captif (ou nappe captive) : dans une nappe captive, l’eau souterraine est confinée entre deux formations très peu perméables. Lorsqu’un forage atteint une nappe captive, l’eau remonte dans le forage.

Niveau piézométrique  :
Niveau auquel peut monter l’eau d’une nappe dans un tube (le piézomètre) lorsqu’on réalise un forage. Ce niveau correspond à la pression de la nappe, il est généralement donné en mètres NGF.

Piézomètre  :
Tube foré dans le sol atteignant la nappe phréatique et permettant de mesurer son niveau. Certains puits ou forages qui ne sont plus exploités aujourd’hui servent également de piézomètres.

Thème 4. Statistique

Fréquence  :
Pourcentage de chance qu’un événement se produise sur une période donnée.

Fréquence quinquennale (respectivement décennale) sèche ou humide :
Valeur-seuil dépassée 20 % (respectivement 10 %) du temps.

Médiane  :
Valeur qui divise une séquence ordonnée de données en deux parties strictement égales. En l’absence de valeurs toutes similaires, la moitié des observations sera inférieure et l’autre moitié sera supérieure à la médiane. Elle est aussi appelée normale en hydrologie.

IPS (Indicateur Piézométrique standardisé) :
Il est défini sur une échelle dite « standard », sa valeur numérique varie entre –3 et +3 (sans unité), il facilite le calcul d’un indicateur global à partir d’un indicateur ponctuel, il permet d’avoir une vision homogène de l’état des nappes libres (ou captives) à l’échelle nationale.

Période de retour (ou durée de retour) :
Inverse de la fréquence, généralement exprimée en nombre d’années. Par exemple, pour une fréquence quinquennale (soit 20%, donc 1/5ème), la période de retour est de 5 ans.

COTECO  :
Comité Technique de Coordination de l’EPTB Seine Grands Lacs.

EPTB Seine Grands Lacs  :
Etablissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs.

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