BSH Grand Est juin 2022

Synthèse du mois


Dans le bassin Rhin-Meuse, bien que les cumuls de précipitations de ce mois de juin affichent un excédent, notamment sur les départements du Bas Rhin, de la Meuse et des Vosges, leur effet est limité sur les écoulements dans les cours d’eau et la situation hydrologique générale continue à se dégrader.
Les débits moyens mensuels de juin représentent moins de 40% des normales de saison sur tout le bassin de la Moselle et sur une grande partie des bassins de la Meuse et du Rhin.
Les débits minimaux sur trois jours consécutifs (VCN3), eux aussi représentatifs d’un état d’étiage avancé, sont maintenant inférieurs au décennal sec sur toute la Meurthe, sur la Moselle jusqu’à Custines, et sur la quasi totalité des cours d’eau du haut-Rhin.


Sur les bassins de la Seine Normandie, la pluviométrie a été supérieure à la normale pour ce mois de juin avec un cumul moyen de 110 mm, ce qui représente un excédent global de l’ordre 70 %.
Le cumul des précipitations est compris entre 62 mm au nord de la Haute-Marne et 186 mm à l’ouest de Aube.
L’incidence est positive sur les hydraulicités qui sont globalement en hausse par rapport au mois précédent et sont majoritairement comprises entre 0.4 et 0.8.
Par contre, les débits de base sont très majoritairement inférieurs au médian.

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L’évolution des niveaux moyens des nappes de la région pour le mois de juin est très majoritairement à la baisse, la décharge des nappes se poursuivant. Bien que la fin du mois de juin ait été très pluvieuse, cela impacte peu les niveaux moyens mensuels qui restent inférieurs aux valeurs habituellement observées pour un mois de juin, variant globalement de modérément bas à bas, avec des valeurs mêmes très basses localement.

Pluviométrie


La pluviométrie agrégée de juin 2022 sur le Grand Est (95 mm) affiche un excédent de 40 % par rapport à la normale 1991-2020. Ces cumuls sont comparables à ceux de 2021 où nous enregistrions 100 mm. Plus précisément, l’Alsace est conforme aux valeurs sur Grand Est avec 100 mm pour un excédent de 35 % tandis que Champagne-Ardenne enregistre l’excédent le plus important avec +70 % pour 110 mm. Enfin, la Lorraine enregistre des valeurs plus conformes à la normale avec 80 mm pour un excédent de 10 %.
Après l’épisode de fortes chaleurs, plusieurs perturbations instables et orageuses ont traversé la région avec des cumuls de précipitations en 24 heures qui dépassent localement 45 mm. Nous relevons ainsi :
• 73.1 mm à Metz-Robert (57), le 23
• 58.7 mm à Haguenau (67), le 24
• 56.4 mm à Sommesous (51), le 19
• 56.4 mm à Turquestein-Blancrupt (57), le 26
• 48.4 mm à Orbey-Lac Blanc (68 – Alt. 1080 mètres), le 26
• 47.8 mm à Haguenau (67), le 26
• 47.1 mm à Trois-Epis (68 – Alt. 656 mètres), le 26.
Depuis le 1er septembre 2021, date de début de l’année hydrologique 2021/2022, le cumul des précipitations agrégées sur le Grand Est atteint 586 mm. Il se situe près de 20 % en dessous de la normale 1991-2020 et il se classe en 10e position des valeurs les plus basses depuis 1959, sur la même période. L’année dernière sur la même période (de septembre 2020 à mai 2021), la pluviométrie moyenne s’élevait à 807 mm, valeur conforme à la moyenne de référence 1991-2020.

I. PLUVIOMÉTRIE
– CHAMPAGNE-ARDENNE
Le cumul des précipitations agrégées en Champagne-Ardenne pour le mois de juin 2022 (110 mm), représente un excédent de 70 % par rapport à la normale. À l’échelle du département, la pluviométrie mensuelle affiche un excédent de l’ordre de 30 à 40 % en Haute-Marne et dans les Ardennes, alors que les précipitations sont deux fois supérieures à la normale dans l’Aube (+120 %) et dans la Marne (+95 %).
Les cumuls mensuels relevés par les stations du réseau sont compris :
• entre 77 mm et 143 mm dans les Ardennes
• entre 71 mm et 186 mm dans l’Aube
• entre 79 mm et 165 mm en Marne
• entre 62 mm et 137 mm en Haute-Marne.
– LORRAINE
Le cumul des précipitations agrégées en Lorraine pour le mois de juin 2022 (77 mm) est en excédent de 10 %. La Meuse et les Vosges enregistrent un excédent de 20 à 25 % tandis qu’en Moselle et en Meurthe-et-Moselle, les cumuls mesurés sont conformes aux normales.
Les cumuls mensuels relevés par les stations du réseau sont compris :
• entre 47 mm et 89 mm en Meurthe-et-Moselle
• entre 54 mm et 129 mm en Meuse
• entre 35 mm et 132 mm en Moselle
• entre 59 mm et 135 mm dans les Vosges.
– ALSACE
Le cumul des précipitations agrégées en Alsace pour le mois de juin 2022 (101 mm) enregistre un excédent de 35 % de la valeur statistique 1991-2020. À l’échelle du département, les précipitations observées sont plus marquées dans le Bas-Rhin (+50%) que dans le Haut-Rhin (+10%).
Les cumuls mensuels relevés par les stations du réseau sont compris :
• entre 64 mm et 183 mm dans le Bas-Rhin
• entre 69 mm et 169 mm dans le Haut-Rhin.

II. HUMIDITÉ DANS LE SOL AU 01/05/2022
La situation au 1er juillet 2022 par rapport au 1er juin 2022 montre des conditions stables sur le plateau lorrain, une nette amélioration des conditions sur le sud de la Champagne et le nord de la plaine rhénane et une légère amélioration sur les autres régions.

(Source : Météo-France)

Eaux superficielles


Sur le bassin du Rhin, on observe que les débits moyens mensuels observés durant le mois de juin 2022 poursuivent leur baisse par rapport au mois de mai déjà nettement déficitaire.
Les quelques passages orageux de début et de fin de mois n’ont finalement pas permis de rétablir des écoulements conformes aux moyennes interannuelles.
Les hydraulicités du mois de juin 2022 sont particulièrement faibles dans les cours d’eau du Haut-Rhin. Une valeur moyenne de 0.3 (déficit de 70%) se dégage.
Les hydraulicités observées sur les cours d’eau du Bas-Rhin et sur le Rhin sont comprises entre 0.5 (Bruche à Holtzheim, Ill à Kogenheim) et 0.6 (Rhin à Lauterbourg, Moder à Schweighouse).
Le Giessen à Sélestat est une fois de plus le cours d’eau le plus critique (hydraulicité inférieure à 0.2).

Sur le bassin de la Sarre, les hydraulicités des cours d’eau étudiés sont inférieures aux normales pour un mois de juin.
A l’échelle du bassin, les débits moyens mensuels sont globalement inférieurs de 50% à la moyenne interannuelle.

Sur le bassin de la Meuse, des précipitations orageuses se sont produites, de ce fait les cumuls observés sont supérieurs à la normale sur l’intégralité du bassin.
Concernant l’hydraulicité, ces pluies ont permis un maintient des débits, cependant l’amont du bassin a une hydraulicité comprise entre 0.2 et 0.4. Pour l’aval la situation est un peu plus favorable et le déficit est de 20 à 40% comparativement à la moyenne interannuelle des débits moyens mensuels du mois de juin.

Sur le bassin de la Moselle, les précipitations sont proches de la normale ou très légèrement déficitaires. Cependant l’hydraulicité du bassin reste basse, et est inférieure à la moyenne interannuelle des débits moyens mensuels du mois de juin, sur l’intégralité du bassin le déficit est de plus de 60%.

Sur les bassins de la Seine Normandie, les précipitations plus importantes observées au cours de ce mois de juin ont permis une légère amélioration de la situation.
Les hydraulicités sont en hausse par rapport au mois de mai et sont majoritairement comprises entre 0.4 et 0.8. Cependant, elles sont encore comprises entre 0.2 et 0.4 pour les stations suivantes : Bar-sur-Seine, Frignicourt, Montmirail et Verrières.

Sur le bassin du Rhin, le débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs est systématiquement inférieur aux normales pour un mois de juin.
Les stations particulièrement impactées sont celles de Didenheim sur l’Ill amont, Willer sur Thur, Guebwiller sur la Lauch, Ostheim sur la Fecht et Sélestat sur le Giessen.

Sur le bassin de la Sarre, le débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs est proche des moyennes interannuelles sur la partie amont et inférieur aux moyennes sur l’Eichel et la Sarre aval.

Sur le bassin de la Meuse, les précipitations orageuses observées sur le bassin n’ont plus d’impacts sur les cours d’eau, le VCN3 de Goncourt est inférieur au décennal, la situation sur le reste du bassin est plus favorable avec des VCN3 inférieurs au médian.

Sur le bassin de la Moselle, le peu de précipitations se fait ressentir sur le VCN3 des cours d’eau qui sont inférieurs au décennal sec, de l’amont jusqu’à Custines (après la confluence avec la Meurthe).
Pour ce qui est de la Moselle aval et les affluents, les VCN3 sont inférieurs au médian.

Sur les bassins de la Seine Normandie, les précipitations observées au cours du mois de juin ont peu d’incidence sur le débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs des cours d’eau.
Les VCN3 sont très majoritairement inférieurs au médian. Cependant, pour quelques stations, la situation est moins défavorable. Ainsi, les VCN3 sont proches du médian à Arcis-sur-Aube, Méry-sur-Seine, Givry et même supérieur au médian à Villiers-sur-Suize.

Eaux souterraines


L’évolution des niveaux moyens des nappes de la région pour le mois de juin est très majoritairement à la baisse, la décharge des nappes se poursuivant. Bien que la fin du mois de juin ait été très pluvieuse, cela impacte peu les niveaux moyens mensuels qui restent inférieurs aux valeurs habituellement observées pour un mois de juin, variant globalement de modérément bas à bas, avec des valeurs mêmes très basses localement.

Les niveaux moyens de juin sont presque partout en baisse par rapport au mois de juin en Alsace.
Dans le Bas-Rhin, la baisse est généralisée, de -6 à -10 cm pour Lampertheim, Reichstett ou Rossfeld, de -15 à -25 cm pour Lipsheim, Griesheim ou Sessenheim et jusqu’à -34 cm à Wissembourg. Les niveaux sont désormais partout inférieurs aux normales saisonnières, variant entre modérément bas et bas sur une large moitié nord et même très bas en zone de bordure (Griesheim), à Lipsheim et plus au sud à Rossfeld.
Dans le Haut-Rhin, la quasi-totalité des niveaux du département sont en baisse par rapport au mois dernier, à l’exception du secteur le long du Rhin à Fessenheim (+15 cm). +Ils ont ainsi baissé de -10 cm à Hésingue, de -20 à -25 cm à Wintzenheim, Habsheim ou Hettenschlag, jusqu’à -30 cm à Wittenheim et -37 cm à Cernay. Par rapport aux normales de saison, les niveaux sont là aussi modérément bas ou bas sur la plupart des secteurs et atteignent des niveaux très bas à Holtzwihr et Wintzenheim.

Concernant la nappe de la craie, la décharge de la nappe se poursuit, avec des niveaux moyens sur le mois de juin qui restent majoritairement sous les normales, avec des valeurs variant globalement de modérément bas à bas, voire très basses sur l’ouvrage de Songy.


Une liste des piézomètres de la région Grand est disponible en téléchargement ci-dessous. Le tableau contient des liens vers les informations relatives à chaque point de mesure.

Réservoirs


Pour les réservoirs et barrages de la région Grand Est, le niveau de remplissage fin juin est de l’ordre de 56% pour les retenues destinées à la navigation. En ce qui concerne les retenues destinées à l’alimentation en eau potable, le réservoir de Madine et la retenue de Michelbach affichent un taux de remplissage de l’ordre de 90%. Pour les retenues destinées au soutien de l’étiage, le taux de remplissage est proche de 100% pour le réservoir de Vieux Pré et de près de 30% pour le barrage de Kruth. Les barrages-réservoirs du bassin de la Seine affichent un taux de remplissage de 87%, proche de l’objectif de gestion.

Liens utiles…..


Vigicrues :
https://www.vigicrues.gouv.fr/

Le suivi de l’étiage :
http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/etiage-secheresse-r244.html

La banque hydro :
http://hydro.eaufrance.fr/

Le portail d’accès aux données sur les eaux souterraines :
http://www.ades.eaufrance.fr/

Glossaire

Thème 1. Météorologie :

Évapotranspiration :
Quantité d’eau consommée qui comprend d’une part l’eau transpirée par la plante, d’autre part l’évaporation directe à partir du sol, exprimée en millimètre.

Évapotranspiration Potentielle ETP :
Correspond à la quantité maximale d’eau transpirée par les végétaux et à l’évaporation du sol dans des conditions idéales.

Normale (météorologique) :
Moyenne de variables météorologiques calculées sur une période uniforme relativement longue choisie par consensus et telle qu’une moyenne établie sur toute période plus longue n’ait pas une valeur significativement différente. En météorologie, une période de 30 années a été retenue par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Les périodes de référence furent 1901-1930, 1931-1960, 1951-1980, et actuellement la période est 1971-2000.
Attention, à ne pas confondre avec la moyenne (voir définition dans ce glossaire).

Pluie efficace (ou bilan hydrique potentiel) :
Différence entre les cumuls de précipitations (RR) et l’évapotranspiration potentielle (ETP). Elle peut donc être négative.

RR (Rainfall Runoff) :
Cumul de précipitations, généralement exprimé en millimètre de pluie (mm).

Thème 2. Hydrologie :

Débit  :
Volume d’eau écoulé par unité de temps généralement exprimé en mètre cube par seconde (m3/s).

Débit de pointe de crue :
Débit instantané maximum observé.

Débit de base (VCN 3) :
Le VCN 3 correspond au débit moyen minimal calculé sur 3 jours consécutifs sur une période donnée. La date du VCN3 correspond au premier des trois jours considérés.

Débit moyen journalier (QMJ) :
Le débit moyen journalier correspond au volume écoulé sur une journée rapporté à l’unité de temps, et généralement exprimé en m3/s.

Hydraulicité mensuelle :
Rapport du débit moyen du mois considéré à la moyenne historique du mois considéré. Elle permet de positionner un mois par rapport à un mois moyen.

Module mensuel :
Moyenne de l’ensemble des débits moyen mensuels d’un mois considéré, calculé sur l’ensemble de la période d’observation de la station.

Thème 3. Piézométrie :

Aquifère (ou nappe d’eau souterraine) :
Formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l’eau mobilisable, constituée de roches perméables et capables de la restituer naturellement et/ou par exploitation. On distingue deux types d’aquifères :
- Aquifère à nappe libre : l’aquifère reposant sur une couche très peu perméable est surmonté d’une zone non saturée en eau.
- Aquifère captif (ou nappe captive) : dans une nappe captive, l’eau souterraine est confinée entre deux formations très peu perméables. Lorsqu’un forage atteint une nappe captive, l’eau remonte dans le forage.

Niveau piézométrique :
Niveau auquel peut monter l’eau d’une nappe dans un tube (le piézomètre) lorsqu’on réalise un forage. Ce niveau correspond à la pression de la nappe, il est généralement donné en mètres NGF.

Piézomètre :
Tube foré dans le sol atteignant la nappe phréatique et permettant de mesurer son niveau. Certains puits ou forages qui ne sont plus exploités aujourd’hui servent également de piézomètres.

Thème 4. Statistique

Fréquence :
Pourcentage de chance qu’un événement se produise sur une période donnée.

Fréquence quinquennale (respectivement décennale) sèche ou humide :
Valeur-seuil dépassée 20 % (respectivement 10 %) du temps.

Médiane :
Valeur qui divise une séquence ordonnée de données en deux parties strictement égales. En l’absence de valeurs toutes similaires, la moitié des observations sera inférieure et l’autre moitié sera supérieure à la médiane. Elle est aussi appelée normale en hydrologie.

IPS (Indicateur Piézométrique standardisé) :
Il est défini sur une échelle dite « standard », sa valeur numérique varie entre –3 et +3 (sans unité), il facilite le calcul d’un indicateur global à partir d’un indicateur ponctuel, il permet d’avoir une vision homogène de l’état des nappes libres (ou captives) à l’échelle nationale.

Période de retour (ou durée de retour) :
Inverse de la fréquence, généralement exprimée en nombre d’années. Par exemple, pour une fréquence quinquennale (soit 20%, donc 1/5ème), la période de retour est de 5 ans.

COTECO :
Comité Technique de Coordination de l’EPTB Seine Grands Lacs.

EPTB Seine Grands Lacs :
Etablissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs.

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