BSH Grand Est juin 2023

Synthèse du mois


Sur le bassin Rhin-Meuse, la situation hydrologique générale de juin est très influencée par le contexte météorologique estival observé durant ce mois très ensoleillé et qui est aussi le 2eme mois de juin le plus chaud derrière 2003.
Les précipitations, issues essentiellement des orages qui ont balayé la région du 18 au 22 juin ont été nettement déficitaires à l’échelle du bassin Rhin-Meuse, mais aussi très inégalement réparties avec notamment un déficit pluviométrique très marqué sur la Moselle (-75%) et sur le Bas-Rhin (-70%).
En conséquence, les hydraulicités qui sont en baisse par rapport au mois de mai s’étalent de seulement 0.2 (déficit d’écoulement de 80%) sur les secteurs du Giessen et de la Meuse amont, à plus de 0.5 (déficit d’écoulement inférieur à 50%) sur le secteur de la Meuse ardennaise, plus arrosé par les orages.
Les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N) sont eux aussi représentatifs du manque global de précipitations. Ils sont quasiment partout inférieurs, voire même très inférieurs aux normales de saison, notamment sur le secteur du Giessen à Selestat où le Q3J-N affiche une période de retour de l’ordre de 20 ans sec.

Sur les bassins de la Seine Normandie, la pluviométrie a été déficitaire par rapport à la normale pour un mois de juin avec un déficit de 35 % (cumul global de 45 mm). Le cumul des précipitations est compris entre 30 mm au sud de la Haute-Marne et 120 mm à l’est de l’Aube.
Les hydraulicités sont proches de celles du mois de mai avec des valeurs très majoritairement comprises entre 0.4 et 0.8.
En ce qui concerne les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N), ils sont majoritairement inférieurs au médian pour ce mois de juin.

Concernant les eaux souterraines, la baisse des niveaux moyens des nappes de la région Grand Est se généralise ce mois de juin, déficitaire en précipitations excepté pour les départements de l’Aube et de la Marne.
Les niveaux moyens mensuels restent globalement inférieurs aux valeurs habituellement observées pour un mois de juin et sont plutôt modérément bas.
Les Calcaires du Jurassique affichent encore des niveaux modérément bas, voire autour de la moyenne mais les Grès du Trias Inférieur et la nappe d’Alsace présentent des niveaux bas, voire très bas localement.
Les pluies qui ont surtout arrosé les départements de la Marne et de l’Aube n’ont pas atténué la tendance et la décharge s’installe sur la nappe de la Craie qui présente des niveaux moyens mensuels modérément bas à bas, pouvant être localement très bas.

Pluviométrie

Pour lire le résumé climatique mensuel de Météo-France, téléchargez le document ci-dessous.

(Source : Météo-France)

Eaux superficielles

Hydraulicité


Sur le bassin du Rhin, les débits moyens mensuels observés durant le mois de Juin 2023 sont en baisse sur tous les bassins. Les valeurs d’hydraulicités sont très basses et les débits moyens mensuels atteignent par endroit des valeurs équivalentes à celles observées en Juin 1976 (année de référence pour les basses eaux).
Les précipitations observées durant le mois de Juin sont particulièrement déficitaires dans le Bas-Rhin (-70% par rapport aux moyennes interannuelles) et déficitaires d’environ 30% dans le Haut-Rhin.
L’hydraulicité moyenne des cours d’eau du Haut-Rhin est de 0.4 (déficit de 60%) ce qui équivaut à la situation observée en Juin 2022.
Les hydraulicités dans le Bas-Rhin sont très déficitaires sur le Giessen à Sélestat ainsi que sur la Bruche à Holtzheim (hydraulicité inférieure à 0.2 sur le Giessen et proche de 0.3 sur la Bruche).
La Zorn, la Moder ou l’Ill de plaine à Kogenheim proposent des écoulements déficitaires de 50% (hydraulicité moyenne de 0.5). Dans le Bas-Rhin, les débits moyens du mois de Juin 2023 sont 20% plus bas que ceux observés en Juin 2022.
Le Rhin à Lauterbourg propose le débit moyen le plus faible jamais observé en Juin depuis l’origine de mesures sur cette station (1994).

Sur le bassin de la Sarre, les précipitations observées durant le mois de Juin ont été très déficitaires (sup à 70% de déficit). Les hydraulicités des cours d’eau étudiés poursuivent leur baisse et une hydraulicité moyenne de 0.5 (déficit de 50%) est maintenant observée. Les débits moyens du mois de Juin 2023 sont 20% plus bas que ceux observés en Juin 2022.

Sur le bassin de la Meuse, la situation est contrastée entre l’amont et l’aval du bassin, l’aval ayant pu bénéficier des orages notamment dans les Ardennes. A l’amont un déficit supérieur à 80% est observé à la station de Goncourt, les débits sont inférieurs à ceux observés en juin 2022. En ce qui concerne les parties médiane et aval du bassin, la situation est plus favorable avec un déficit global d’environ 50% sur toutes les stations.

Sur le bassin de la Moselle, les précipitations sont déficitaires (entre 50 et 60%) ce qui entraine une baisse généralisée des débits moyens mensuels sur l’intégralité du bassin. De l’amont à Rupt sur Moselle, à l’aval à Uckange, le déficit observé sur l’intégralité du bassin est d’environ 70% à 75%. La situation est comparable à celle de juin 2022 où les mêmes déficits étaient globalement observés. Seul le bassin du Madon présente une situation plus favorable avec un déficit observé de 50%.

Sur les bassins de la Seine Normandie, les précipitations de ce mois de juin ont encore été déficitaires.
Les hydraulicités sont en baisse par rapport au mois précédent avec des valeurs qui sont très majoritairement comprises entre 0.4 et 0.8.La situation est peu plus dégradée pour deux stations, à Verrières, avec une valeur de 0.37 et à Villiers-sur-Suize avec une hydraulicité de 0.12.

Débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs (Q3J-N)


Sur le bassin du Rhin, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs (Q3J-N) sont inférieurs aux valeurs médianes dans le Haut-Rhin (période de retour moyenne comprise entre 5 et 10 ans sec) et nettement inférieurs aux valeurs médianes sur les stations du Bas-Rhin (10 ans sec sur la plupart des stations et jusqu’à 20 ans sec pour un mois de Juin sur le Giessen à Sélestat).

Sur le bassin de la Sarre, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont majoritairement inférieurs au médian, notamment vers l’aval du bassin. Des périodes de retour supérieures à 5ans sec sont observées à Keskastel, Wittring et Oermingen sur l’Eichel.

Sur le bassin de la Meuse, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont inférieurs à la valeur du décennal sec sur la partie amont du bassin. Le QJ3-N sur les parties médiane et aval du bassin est inférieur aux valeurs médianes (période de retour d’environ 5ans sec sur l’intégralité des stations).

Sur le bassin de la Moselle, le peu de précipitations se fait ressentir sur les QJ3-N des cours d’eau qui sont inférieurs au decennal sec de l’amont jusqu’à Uckange.
Les seules stations n’ayant pas encore franchi le seuil de la période de retour de 10 ans sec, s’en approchent fortement.

Sur les bassins de la Seine Normandie, les débit moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont majoritairement inférieurs au médian pour ce mois de juin.
Pour les stations de Bar-sur-Seine, Méry-sur-Seine, Vitry-en-Perthois et Frignicourt, les débits de base sont moins dégradés et supérieurs au médian. Cependant, les stations de Montmirail et Villiers-sur-Suize ont un Q3J-N inférieur au décennal sec.

Eaux souterraines

Le cumul de précipitations au mois de juin agrégées sur Grand Est est globalement déficitaire mais la pluviométrie est très contrastée spatialement. Les départements de la Marne et de l’Aube, à la faveur des orages, sont largement arrosés mais les autres départements présentent un déficit marqué, surtout la partie centrale de la région et le Bas-Rhin. Aussi, la décharge des nappes des Calcaires du Jurassique de Lorraine se poursuit. Le niveau moyen mensuel est plutôt modérément bas, mais il se maintient toutefois encore autour de la moyenne pour les Calcaires du Dogger des Côtes de Moselle Nord (Villers-en-Haye (54) ou Vernéville (57)). Pour la nappe des Grès du Trias Inférieur, les piézomètres sont aussi globalement à la baisse et atteignent des niveaux inférieurs aux valeurs habituellement observées pour un mois de juin, pouvant être même localement très bas (Gélacourt (54), Relanges (88) ou Voyer (57)).

Sur l’ensemble du territoire alsacien, les niveaux moyens de juin sont en nette baisse par rapport au mois de mai, à l’exception d’une partie du Sundgau oriental.
Dans le Bas-Rhin, la baisse est généralisée, entre -20 et -30 cm sur la plupart des secteurs, localement autour de -40 cm sur Haguenau ou Wissembourg, et seulement -10 cm à Weitbruch. En ce qui concerne les normales de saison, les niveaux sont désormais partout inférieurs à celles-ci, encore presque à hauteur à Sessenheim ou Haguenau, modérément bas au nord de Strasbourg ou à Wissembourg, toujours bas à Weitbruch et très bas à Griesheim, Lipsheim et Rossfeld.
Dans le Haut-Rhin, la baisse est également conséquente, de -20 cm en bordure à Wintzenheim (Fecht) et en centre plaine, -30 cm au nord à Holtzwihr ou Illhaeusern, jusqu’à -45 cm à Guémar ou à Cernay (Thur). La baisse est plus modérée le long du Rhin (-4 cm à Fessenheim), tandis qu’au niveau du Sundgau oriental (+3 cm à Habsheim), bien que le niveau soit en baisse depuis le 06 juin, la moyenne mensuelle par rapport à mai est en légère hausse. Les périodes de retour sont en dessous des normales sur tout le département, variant entre des niveaux modérément bas (Fessenheim, Cernay), bas (Hettenschlag, Guémar) et très bas (Holtzwihr, Habsheim, Wintzenheim, Illhaeusern).

Sur la nappe de la craie, la décharge s’installe, avec des niveaux moyens mensuels majoritairement sous les normales. Malgré les précipitations orageuses, les zones les plus réactives sont à la baisse : les niveaux y sont globalement un peu en dessous des normales de saison, et s’échelonnent de bas (Saint-Etienne-sur-Suippe(51)) à modérément haut encore sur l’ouvrage de Reims (51).
Mais les baisses concernent aussi les nappes plus inertielles qui présentent en juin un niveau modérément bas à bas. Deux ouvrages restent cependant à la hausse, Hannogne-Saint-Rémy (08) et Sompuis (51) avec des niveaux respectivement bas et modérément bas. Notons aussi que deux ouvrages sont à la baisse avec des niveaux déjà très bas (Val-des-Marais (51) et Songy (51)).


Une liste des piézomètres de la région Grand est disponible en téléchargement ci-dessous. Le tableau contient des liens vers les informations relatives à chaque point de mesure.

Réservoirs


Pour les réservoirs et barrages de la région Grand Est, le niveau de remplissage fin juin 2023 est de près de 52% pour les retenues destinées à la navigation. En ce qui concerne les retenues destinées à l’alimentation en eau potable, le réservoir de Madine et la retenue de Michelbach affichent un taux de remplissage de plus de 92%. Pour les retenues destinées au soutien de l’étiage, le taux de remplissage est de près de 96% pour le réservoir de Vieux Pré et de 67% pour le barrage de Kruth. Les barrages-réservoirs du bassin de la Seine affichent un taux de remplissage de 91%, conforme à l’objectif de gestion.
A noter que la retenue de Bouzey est en cours de vidange totale pour permettre la réalisation de travaux.

Liens utiles…..

Vigicrues :
https://www.vigicrues.gouv.fr/

Le suivi de l’étiage :
http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/etiage-secheresse-r244.html

L’HydroPortail (anc. banque hydro), le portail des données quantitatives sur les cours d’eau :
https://hydro.eaufrance.fr/

Le portail d’accès aux données sur les eaux souterraines :
http://www.ades.eaufrance.fr/

Glossaire

BSH  :
Bulletin publié par la DREAL Grand Est qui présente mensuellement l’évolution de la ressource en eau.
Thème 1. Météorologie :

Évapotranspiration  :
Quantité d’eau consommée qui comprend d’une part l’eau transpirée par la plante, d’autre part l’évaporation directe à partir du sol, exprimée en millimètre.

Évapotranspiration Potentielle ETP :
Correspond à la quantité maximale d’eau transpirée par les végétaux et à l’évaporation du sol dans des conditions idéales.

Normale (météorologique) :
Moyenne de variables météorologiques calculées sur une période uniforme relativement longue choisie par consensus et telle qu’une moyenne établie sur toute période plus longue n’ait pas une valeur significativement différente. En météorologie, une période de 30 années a été retenue par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Les périodes de référence furent 1901-1930, 1931-1960, 1951-1980, et actuellement la période est 1971-2000.
Attention, à ne pas confondre avec la moyenne (voir définition dans ce glossaire).

Pluie efficace (ou bilan hydrique potentiel) :
Différence entre les cumuls de précipitations (RR) et l’évapotranspiration potentielle (ETP). Elle peut donc être négative.

RR (Rainfall Runoff) :
Cumul de précipitations, généralement exprimé en millimètre de pluie (mm).

Thème 2. Hydrologie :

Débit  :
Volume d’eau écoulé par unité de temps généralement exprimé en mètre cube par seconde (m3/s).

Débit de pointe de crue  :
Débit instantané maximum observé.

Débit minimum sur trois jours consécutifs (VCN 3) :
Le VCN 3 (aussi appelé débit de base) correspond au débit moyen minimal calculé sur 3 jours consécutifs sur une période donnée. La date du VCN3 correspond au premier des trois jours considérés.

Débit moyen journalier (QMJ) :
Le débit moyen journalier correspond au volume écoulé sur une journée rapporté à l’unité de temps, et généralement exprimé en m3/s.

Hydraulicité mensuelle  :
Rapport du débit moyen du mois considéré à la moyenne historique du mois considéré. Elle permet de positionner un mois par rapport à un mois moyen.

Module mensuel  :
Moyenne de l’ensemble des débits moyen mensuels d’un mois considéré, calculé sur l’ensemble de la période d’observation de la station.

Thème 3. Piézométrie :

Aquifère (ou nappe d’eau souterraine) :
Formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l’eau mobilisable, constituée de roches perméables et capables de la restituer naturellement et/ou par exploitation. On distingue deux types d’aquifères :
- Aquifère à nappe libre : l’aquifère reposant sur une couche très peu perméable est surmonté d’une zone non saturée en eau.
- Aquifère captif (ou nappe captive) : dans une nappe captive, l’eau souterraine est confinée entre deux formations très peu perméables. Lorsqu’un forage atteint une nappe captive, l’eau remonte dans le forage.

Niveau piézométrique  :
Niveau auquel peut monter l’eau d’une nappe dans un tube (le piézomètre) lorsqu’on réalise un forage. Ce niveau correspond à la pression de la nappe, il est généralement donné en mètres NGF.

Piézomètre  :
Tube foré dans le sol atteignant la nappe phréatique et permettant de mesurer son niveau. Certains puits ou forages qui ne sont plus exploités aujourd’hui servent également de piézomètres.

Thème 4. Statistique

Fréquence  :
Pourcentage de chance qu’un événement se produise sur une période donnée.

Fréquence quinquennale (respectivement décennale) sèche ou humide :
Valeur-seuil dépassée 20 % (respectivement 10 %) du temps.

Médiane  :
Valeur qui divise une séquence ordonnée de données en deux parties strictement égales. En l’absence de valeurs toutes similaires, la moitié des observations sera inférieure et l’autre moitié sera supérieure à la médiane. Elle est aussi appelée normale en hydrologie.

IPS (Indicateur Piézométrique standardisé) :
Il est défini sur une échelle dite « standard », sa valeur numérique varie entre –3 et +3 (sans unité), il facilite le calcul d’un indicateur global à partir d’un indicateur ponctuel, il permet d’avoir une vision homogène de l’état des nappes libres (ou captives) à l’échelle nationale.

Période de retour (ou durée de retour) :
Inverse de la fréquence, généralement exprimée en nombre d’années. Par exemple, pour une fréquence quinquennale (soit 20%, donc 1/5ème), la période de retour est de 5 ans.

Thème 5. Divers :

COTECO  :
Comité Technique de Coordination de l’EPTB Seine Grands Lacs.

EPTB Seine Grands Lacs  :
Etablissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs.

Partager la page

S'abonner