BSH Grand Est juin 2024

 

Synthèse du mois


Sur le bassin Rhin-Meuse, la situation hydrologique générale est représentative d’un contexte météorologique perturbé qui s’éternise. En effet, ce mois de juin a été peu ensoleillé, les températures ont été plutôt fraiches durant les trois premières semaines et l’excédent pluviométrique à l’échelle de la région Grand Est a été à nouveau relativement élevé (+33%).
Les derniers jours de juin ont même été particulièrement humides avec le passage d’orages supercellulaires qui ont balayé tout le bassin Rhin-Meuse du sud au nord. Ces pluies diluviennes, d’une rare intensité, ont apporté localement l’équivalent de deux mois de pluie en seulement quelques heures.
En conséquence, les débits moyens mensuels de juin sont globalement partout supérieurs à la moyenne interannuelle. L’hydraulicité la plus élevée se retrouve sur les secteurs les plus arrosés de la Meuse amont et de la Chiers amont, avec des écoulements moyens mensuels qui représentent le double des normales pour un mois de juin.
Les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N), favorisés par le contexte humide observé depuis plusieurs mois et soutenus par les apports répétés sont encore très majoritairement supérieurs à la quinquennale humide.


Sur les bassins de la Seine Normandie, la pluviométrie a été supérieure de 30 % par rapport à la normale pour un mois de juin avec un cumul mensuel moyen de 90 mm. Le cumul des précipitations est compris entre 45 mm au nord de la Marne et 150 mm en Haute-Marne.
Les hydraulicités sont stables par rapport au mois de mai avec des valeurs globalement supérieures à 1.2 et mêmes supérieures à 2.0 sur l’amont.
En ce qui concerne les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N) en juin, ils sont très majoritairement supérieurs au quinquennal humide.

Concernant les eaux souterraines, les niveaux moyens mensuels restent modérément hauts à hauts en moyenne pour ce mois de juin, mais les tendances à la baisse sont largement majoritaires sur le Grand Est : c’est le cas pour 3/4 des piézomètres.
Cette situation assez homogène se retrouve sur le Centre et l’Ouest de la région, sur les nappes inertielles ou plus réactives.
C’est à l’Est que la situation se maintient plus contrastée, pour la nappe des Grès du Trias Inférieur et la nappe d’Alsace. La grande majorité des hausses se concentre sur ces deux nappes, et surtout sur le département du Haut-Rhin. Concernant les niveaux moyens mensuels, il s’échelonnent de très bas à très haut sur cette zone Est, la partie au nord de cette zone étant plus favorisée .

Pluviométrie

Pour lire le résumé climatique mensuel de Météo-France, téléchargez le document ci dessous.

(Source : Météo-France)

Eaux superficielles

Hydraulicité


Sur le bassin du Rhin, les pluies du mois de juin 2024 sont conformes aux moyennes interannuelles.
Les hydraulicités observées sur les cours d’eau de référence sont encore supérieures aux moyennes interannuelles bénéficiant des écoulements soutenus de mi et fin mai.
Sur les bassins-versants du Haut-Rhin, une hydraulicité moyenne de 1.1 est constatée (excédent de 10%) en dehors de la Fecht à Ostheim qui accuse un excédent de 50%.
Dans le Bas-Rhin, les hydraulicités observées sur les bassins-versants de l’Ill de plaine et du Rhin à Lauterbourg sont plus conséquentes avec une valeur moyenne de 1.6 (excédent de 60%).

Sur le bassin de la Sarre, les hydraulicités sur les stations de références restent importantes (moyenne de 1.7, excédent de 70%). La Sarre et ses affluents bénéficient encore des écoulements importants du mois de mai dernier.

Sur le bassin de la Meuse, les pluies observées durant le mois de juin 2024 sont excédentaires par rapport aux normales, un gradient entre l’amont du bassin de la Meuse (plus arrosé) et l’aval est constaté.
Les hydraulicités observées sont très supérieures aux débits moyens interannuels pour un mois de juin notamment sur l’amont du bassin où l’excédent est supérieur à 100% (hydraulicité de 2). Sur la partie aval, l’excédent est moins important, il est en moyenne de l’ordre de 50% (hydraulicité de 1.5).

Sur le bassin de la Moselle, les pluies observées durant le mois de juin 2024 sont proches de la normale voire sont excédentaires sur la partie amont du bassin de la Moselle.
Sur l’intégralité du bassin (Moselle et affluents) les hydraulicités observées sont supérieures aux débits moyens interannuels pour un mois de juin, avec un excédent moyen d’environ 50% (hydraulicité de 1.5).

Sur le bassin de la Seine-Normandie, les précipitations de ce mois de juin ont encore été très supérieures à la normale. Les hydraulicités sont proches de celles du mois précédent et globalement supérieures à 1.2.
Sur l’amont du territoire, elles sont mêmes supérieures à 2.0 (Villiers-sur-Suize, Mussey-sur-Marne, Bar-sur-Aube et Bar-sur-Seine).

Débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs (Q3J-N)


Sur le bassin du Rhin, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont supérieurs à la médiane ou à la quinquennale humide selon les stations.

Sur le bassin de la Sarre, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont supérieurs à la médiane ou à la quinquennale humide selon les stations.

Sur le bassin de la Meuse, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont majoritairement supérieurs à la quinquennale humide sur l’intégralité du bassin.

Sur le bassin de la Moselle, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont majoritairement supérieurs à la quinquennale humide sur l’intégralité du bassin.

Sur le bassin de la Seine-Normandie, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs pour ce mois de juin sont très majoritairement supérieurs au quinquennal humide.
Pour la station de Méry-sur-Seine, le Q3J-N est supérieur au médian.

Eaux souterraines


Concernant les nappes des Calcaires du Jurassique de Lorraine, les niveaux moyens mensuels restent en moyenne modérément hauts à hauts, et atteignent encore localement un niveau très haut comme sur les Calcaires du Dogger à Fréville (88). La tendance d’évolution est cependant globalement à la baisse, et seul le point de suivi de Nubécourt (55) affiche une tendance à la hausse.

Pour la nappe plus inertielle des Grès du Trias Inférieur, on distingue la zone au nord-ouest du socle vosgien, où la situation est en moyenne au-dessus des normales de saison, avec une tendance à la hausse, et la zone au sud du département des Vosges où la tendance est à la baisse et où le niveau moyen mensuel est très variable (niveau haut à Plombières-les-Bains (88), mais niveau très bas sur le secteur plus réactif du point de suivi de Relanges (88)).

L’évolution des niveaux moyens de juin par rapport à ceux de mai est variable selon les secteurs de nappe en Alsace.
Dans le Bas-Rhin, les niveaux sont en baisse sur le secteur nord de la nappe rhénane et du Pliocène de Haguenau (-12 cm en moyenne pour Sessenheim, Wissembourg et Haguenau), -7 cm au sud de Strasbourg (Lipsheim), ils sont en hausse en zones de bordure (+7 cm à Griesheim, +53 cm à Lampertheim), ainsi qu’à Weitbruch (+21 cm) et plus au sud à Baldenheim (+13 cm), et stables sur Reichstett ou Rossfeld. Concernant les périodes de retour, elles restent très élevées pour un mois de juin sur quasiment tout le département, avec des niveaux hauts à Weitbruch et très hauts partout ailleurs, sauf sur le secteur de Griesheim, qui reste modérément bas.
Dans le Haut-Rhin, l’évolution des niveaux est également variable, en hausse de +23 cm en zone de bordure à Wintzenheim, +20 cm le long du Rhin à Fessenheim et +17 cm en centre plaine (Hettenschlag). Ils sont plutôt en baisse dans le Sundgau oriental (-17 cm à Habsheim), le secteur de la Thur (-42 cm à Cernay) et -7 cm au nord à Guémar. Ailleurs, à Holtzwihr, Illhaeusern ou dans l’extrême sud à Hésingue, les niveaux sont stables. Les périodes de retour sont plus étagées que dans le Bas-Rhin, allant de modérément bas à Habsheim, à modérément hauts pour Hettenschlag ou Cernay, jusqu’à hauts pour Holtzwihr, Fessenheim et Wittenheim, voire très hauts au nord à Guémar et Illhaeusern.

Sur les nappes de la craie, au comportement inertiel, la situation reste favorable pour ce mois de juin en terme de période de retour : les niveaux moyens mensuels s’échelonnent de modérément haut à haut avec encore un niveau très haut à Linthelles (51). Mais la tendance à la baisse s’est généralisée sur les points de suivi.
Pour les zones les plus inertielles, les points de suivi affichent encore des niveaux hauts en moyenne. Pour les zones les plus réactives, ils sont modérément hauts en moyenne.

Une liste des piézomètres de la région Grand est disponible en téléchargement ci-dessous. Le tableau contient des liens vers les informations relatives à chaque point de mesure.

Réservoirs


Pour les réservoirs et barrages de la région Grand Est, le niveau de remplissage fin juin 2024 est de 81% pour les retenues destinées à la navigation. En ce qui concerne les retenues destinées à l’alimentation en eau potable, le réservoir de Madine et la retenue de Michelbach affichent un taux de remplissage de l’ordre de 98%. Pour les retenues destinées au soutien de l’étiage, le taux de remplissage est de 100% pour les réservoirs de Vieux Pré et le barrage de Kruth. Les barrages-réservoirs du bassin de la Seine affichent un taux de remplissage de 94%, conforme à l’objectif de gestion.

Liens utiles…..

Vigicrues :
https://www.vigicrues.gouv.fr/

Le suivi de l’étiage :
http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/etiage-secheresse-r244.html

L’HydroPortail (anc. banque hydro), le portail des données quantitatives sur les cours d’eau :
https://hydro.eaufrance.fr/

Le portail d’accès aux données sur les eaux souterraines :
http://www.ades.eaufrance.fr/

Glossaire

BSH  :
Bulletin publié par la DREAL Grand Est qui présente mensuellement l’évolution de la ressource en eau.
Thème 1. Météorologie :

Évapotranspiration  :
Quantité d’eau consommée qui comprend d’une part l’eau transpirée par la plante, d’autre part l’évaporation directe à partir du sol, exprimée en millimètre.

Évapotranspiration Potentielle ETP :
Correspond à la quantité maximale d’eau transpirée par les végétaux et à l’évaporation du sol dans des conditions idéales.

Normale (météorologique) :
Moyenne de variables météorologiques calculées sur une période uniforme relativement longue choisie par consensus et telle qu’une moyenne établie sur toute période plus longue n’ait pas une valeur significativement différente. En météorologie, une période de 30 années a été retenue par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Les périodes de référence furent 1901-1930, 1931-1960, 1951-1980, 1971-2000 , 1981-2010 et actuellement la période est 1991-2020.
Attention, à ne pas confondre avec la moyenne (voir définition dans ce glossaire).

Pluie efficace (ou bilan hydrique potentiel) :
Différence entre les cumuls de précipitations (RR) et l’évapotranspiration potentielle (ETP). Elle peut donc être négative.

RR (Rainfall Runoff) :
Cumul de précipitations, généralement exprimé en millimètre de pluie (mm).

Thème 2. Hydrologie :

Débit  :
Volume d’eau écoulé par unité de temps généralement exprimé en mètre cube par seconde (m3/s).

Débit de pointe de crue  :
Débit instantané maximum observé.

Débit minimum sur trois jours consécutifs (Q3J-N) :
Le Q3J-N (anciennement appelé VCN3 et aussi appelé débit de base) correspond au débit moyen minimal calculé sur 3 jours consécutifs sur une période donnée. La date du Q3J-N correspond au premier des trois jours considérés.
Débit moyen journalier (QMJ) :
Le débit moyen journalier correspond au volume écoulé sur une journée rapporté à l’unité de temps, et généralement exprimé en m3/s.

Hydraulicité mensuelle  :
Rapport du débit moyen du mois considéré à la moyenne historique du mois considéré. Elle permet de positionner un mois par rapport à un mois moyen.

Module mensuel  :
Moyenne de l’ensemble des débits moyen mensuels d’un mois considéré, calculé sur l’ensemble de la période d’observation de la station.

Thème 3. Piézométrie :

Aquifère (ou nappe d’eau souterraine) :
Formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l’eau mobilisable, constituée de roches perméables et capables de la restituer naturellement et/ou par exploitation. On distingue deux types d’aquifères :
- Aquifère à nappe libre : l’aquifère reposant sur une couche très peu perméable est surmonté d’une zone non saturée en eau.
- Aquifère captif (ou nappe captive) : dans une nappe captive, l’eau souterraine est confinée entre deux formations très peu perméables. Lorsqu’un forage atteint une nappe captive, l’eau remonte dans le forage.

Niveau piézométrique  :
Niveau auquel peut monter l’eau d’une nappe dans un tube (le piézomètre) lorsqu’on réalise un forage. Ce niveau correspond à la pression de la nappe, il est généralement donné en mètres NGF.

Piézomètre  :
Tube foré dans le sol atteignant la nappe phréatique et permettant de mesurer son niveau. Certains puits ou forages qui ne sont plus exploités aujourd’hui servent également de piézomètres.

Thème 4. Statistique

Fréquence  :
Pourcentage de chance qu’un événement se produise sur une période donnée.

Fréquence quinquennale (respectivement décennale) sèche ou humide :
Valeur-seuil dépassée 20 % (respectivement 10 %) du temps.

Médiane  :
Valeur qui divise une séquence ordonnée de données en deux parties strictement égales. En l’absence de valeurs toutes similaires, la moitié des observations sera inférieure et l’autre moitié sera supérieure à la médiane. Elle est aussi appelée normale en hydrologie.

IPS (Indicateur Piézométrique standardisé) :
Il est défini sur une échelle dite « standard », sa valeur numérique varie entre –3 et +3 (sans unité), il facilite le calcul d’un indicateur global à partir d’un indicateur ponctuel, il permet d’avoir une vision homogène de l’état des nappes libres (ou captives) à l’échelle nationale.

Période de retour (ou durée de retour) :
Inverse de la fréquence, généralement exprimée en nombre d’années. Par exemple, pour une fréquence quinquennale (soit 20%, donc 1/5ème), la période de retour est de 5 ans.

Thème 5. Divers :

COTECO  :
Comité Technique de Coordination de l’EPTB Seine Grands Lacs.

EPTB Seine Grands Lacs  :
Etablissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs.

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