BSH Grand Est mai 2024

Synthèse du mois
Sur le bassin Rhin-Meuse, la situation hydrologique générale est sous l’influence d’un contexte météorologique humide prolongé. En effet, ce mois de mai très pluvieux est le huitième mois consécutif affichant un excédent pluviométrique.
Un événement particulièrement intense a même été observé les 16 et 17 mai lorsque de très fortes pluies ont balayé le nord de l’Alsace et de la Lorraine, arrosant particulièrement le nord du département de la Moselle. Sur ce secteur, il est tombé l’équivalent d’un mois de précipitations en seulement deux jours.
Ces trombes d’eau ont fait réagir de nombreux cours d’eau, et ont notamment entrainé une crue d’ampleur exceptionnelle sur le secteur des Nieds.
En conséquence, les débits moyens mensuels de mai sont partout nettement supérieurs à la moyenne interannuelle, avec des hydraulicités qui s’étalent de 1.5 (excédent de 50%), à plus de 5 (excédent > 400%) sur les secteurs les plus arrosés des Nieds et de la Sarre.
Les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N), qui ont également été soutenus par les précipitations répétées, sont quasiment partout supérieurs à la quinquennale humide.
Sur les bassins de la Seine Normandie, la pluviométrie a été supérieure de 90 % par rapport à la normale pour un mois de mai avec un cumul mensuel moyen de 145 mm.
Le cumul des précipitations est compris entre 60 mm au centre de la Marne et 200 mm au sud de la Haute-Marne.
Les hydraulicités sont stables par rapport au mois d’avril avec des valeurs globalement supérieures à 1.2 et supérieures à 2.0 sur l’amont.
En ce qui concerne les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N) en mai, ils sont majoritairement supérieurs au quinquennal humide.
Concernant les eaux souterraines, les niveaux moyens mensuels restent modérément hauts à hauts en moyenne pour ce mois de mai, mais les tendances à la baisse sont majoritaires sur le Grand Est : c’est le cas pour 2/3 des piézomètres.
Cette situation assez homogène se retrouve sur le Centre et l’Ouest de la région, sur les nappes inertielles ou plus réactives.
C’est à l’Est que la situation se maintient plus contrastée, pour la nappe des Grès du Trias Inférieur et la nappe d’Alsace où se concentre la majorité des hausses, mais avec des niveaux moyens mensuels s’échelonnant de bas à très haut, et une situation plus favorable dans la partie Nord.
Pluviométrie


Pour lire le résumé climatique mensuel de Météo-France, téléchargez le document ci dessous.
(Source : Météo-France)
Eaux superficielles
Hydraulicité

Sur le bassin du Rhin, le mois de mai 2024 a été pluvieux. Un gradient pluviométrique croissant du sud au nord est observé. Des cumuls particulièrement conséquents ont été enregistrés à partir du milieu de mois dans le nord de l’Alsace générant des crues d’intensité remarquable.
Les hydraulicités observées sur les bassins du Haut-Rhin, de l’Ill de plaine ainsi qu’en centre Alsace sont stables et soutenues, elles varient de 1,2 (excédent de 20%) à Didenheim sur l’Ill amont à 1,8 (excédent de 80%) à Ostheim sur la Fecht.
Les bassins versants de la Moder et de la Zorn, soumis aux pluies durables et intenses, ont connu des débordements localement importants.
Aux stations de Schweighouse-sur-Moder et Waltenheim-sur-Zorn les hydraulicités varient de 2,5 à 3. Sur ces cours d’eau, des débits maximaux d’une période de retour de 20 ans ont été observés.
Les écoulements sur le Rhin à Lauterbourg sont conformes aux normales pour un mois de mai.
Sur le bassin de la Sarre, des cumuls particulièrement conséquents ont également été enregistrés lors de l’évènement du milieu du mois de mai 2024. Ils ont été à l’origine de crues importantes et localement de débordements. En de nombreuses stations hydrométriques, selon les cours d’eau du bassin de la Sarre, les pics de crue présentent des périodes de retour supérieures à 10 ans jusqu’à très supérieures à 50 ans.
Les hydraulicités sont en conséquence remarquablement élevées : les valeurs de débit moyen mensuel de mai sont d’environ 3 fois (à la station de Sarrebourg) à plus de 5 fois (aux stations d’Oermingen et Wittring) plus élevées que les moyennes interannuelles.
Sur le bassin de la Meuse, les pluies observées durant le mois de mai 2024 sont excédentaires par rapport aux normales. Un gradient entre l’amont du bassin de la Meuse (plus arrosé) et l’aval est constaté.
Les hydraulicités observées sont très supérieures aux débits moyens interannuels pour un mois de mai notamment sur l’amont du bassin où l’excédent est supérieur à 100% (hydraulicité de 2), et jusqu’à une hydraulicité de plus de 3.5 à Goncourt. Sur la partie aval, l’excédent est moins important, il est en moyenne de l’ordre de 50% (hydraulicité de 1.5).
Sur le bassin de la Moselle, les pluies observées durant le mois de mai 2024 sont excédentaires par rapport aux normales. Un gradient entre l’amont du bassin de la Moselle (moins arrosé) et l’aval est constaté. Ceci est dû à l’épisode pluvieux exceptionnel de fin mai qui a entrainé des crues importantes sur la partie aval du bassin (notamment sur les Nied).
Sur la partie amont les hydraulicités observées sont supérieures aux débits moyens interannuels pour un mois de mai, avec un excédent moyen d’environ 50% (hydraulicité de 1.5). Pour les affluents, que ce soit le Madon ou la Meurthe leurs hydraulicités présente un excédent de 100% (hydraulicité de 2).
Pour ce qui est de l’aval les excédents sont encore plus importants, notamment pour les cours d’eau ayant reçus d’importantes précipitations, en moyenne sur la partie aval de la Moselle l’excédent est de 100% (hydraulicité de 2), mais localement les hydraulicités sont bien plus fortes sur la Seille (hydraulicité de 4) ou encore sur les Nied.
Sur le bassin de la Seine-Normandie, les précipitations de ce mois de mai ont encore été très supérieures à la normale. Les hydraulicités sont proches de celles du mois précédent et globalement supérieures à 1.2.
Sur l’amont du territoire, elles sont mêmes supérieures à 2.0 (Villiers-sur-Suize, Mussey-sur-Marne, Bar-sur-Aube).
Débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs (Q3J-N)

Sur le bassin du Rhin, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont supérieurs à la quinquennale humide sur l’ensemble des stations du domaine.
Sur le bassin de la Sarre, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont supérieurs à la quinquennale humide sur l’ensemble des stations du domaine.
Sur le bassin de la Meuse, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont majoritairement supérieurs à la quinquennale humide sur l’intégralité du bassin.
Sur le bassin de la Moselle, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont majoritairement supérieurs à la quinquennale humide sur l’intégralité du bassin.
Sur le bassin de la Seine-Normandie, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs pour ce mois de mai sont très majoritairement supérieurs au quinquennal humide.
Pour la station de Méry-sur-Seine, le Q3J-N est supérieur au médian.
Eaux souterraines

Concernant les nappes des Calcaires du Jurassique de Lorraine, les niveaux moyens mensuels restent en moyenne modérément hauts à hauts, et atteignent encore localement un niveau très haut comme sur les Calcaires Oxfordiens à Epiez-sur-Meuse (55) ou les Calcaires du Dogger à Fréville (88). La tendance d’évolution est cependant globalement à la baisse, et seul le point de suivi de Fréville (88) affiche encore une tendance à la hausse.
Pour la nappe plus inertielle des Grès du Trias Inférieur, à l’ouest du socle vosgien, la situation est en moyenne au-dessus des normales de saison, avec une tendance stable ou à la hausse. En limite du socle vosgien sur le flanc ouest, le niveau moyen mensuel est haut (Celles-sur-Plaine (88) ou Plombières-les-Bains (88)). Il est autour de la moyenne au nord à Voyer (57) et il passe à modérément bas plus à l’ouest sur le point de suivi de Gélacourt (54). En s’éloignant vers le sud-ouest, le point de suivi de Relanges (88), sur un secteur plus réactif, présente toujours un niveau bas.
Les niveaux moyens de mai sont plutôt orientés à la hausse par rapport au mois dernier sur la majeure partie du territoire alsacien.
Dans le Bas-Rhin, les niveaux sont en hausse presque partout, de +4 cm à Griesheim en bordure, entre +11 et +18 cm au nord (Sessenheim, Haguenau, Weitbruch) et au sud à Rossfeld, +23 cm à Lipsheim, jusqu’à +32 cm à Reichstett et +57 cm à Lampertheim. La limite nord du département a été moins arrosé et reste en légère baisse, avec -4 cm pour Wissembourg ou Lauterbourg. Concernant les périodes de retour, elles restent très élevées pour la saison, avec des niveaux modérément hauts pour Weitbruch, hauts pour Rossfeld ou Baldenheim, et très hauts sur les autres secteurs. Malgré ces hausses, le secteur de Griesheim-près-Molsheim reste bas et donc inférieur aux normales saisonnières.
Dans le Haut-Rhin, l’évolution des niveaux est plus variée, en baisse pour les secteurs de la Thur (-50 cm à Cernay) et du Sundgau oriental (-13 cm à Habsheim), stable en centre plaine (Hettenschlag), dans l’extrême sud (Hésingue), ainsi qu’au nord à Guémar, et en hausse ailleurs, de +6 cm à Holtzwihr, +10 cm à Illhaeusern, +12 cm à Wintzenheim et +19 cm à Fessenheim. Les périodes de retour sont assez proches de celles observées en avril, avec des niveaux désormais hauts à Guémar et Illhaeusern, toujours modérément hauts pour Holtzwihr, Hettenschlag, Cernay ou Hésingue, et à hauteur de la normale le long du Rhin à Fessenheim. Ils restent encore modérément bas en zones de bordures (Sundgau oriental et cône de la Fecht).
Sur les nappes de la craie, au comportement inertiel, la situation reste favorable pour ce mois de mai en terme de période de retour : les niveaux moyens mensuels s’échelonnent de modérément haut à haut avec encore un niveau très haut à Linthelles (51). Mais la tendance à la baisse se généralise sur les points de suivi.
Pour les zones les plus inertielles, les piézomètres sont plutôt à la baisse, quelques points de suivi restent stables. Ils affichent encore des niveaux modérément hauts à hauts en moyenne, voire très hauts (Linthelles (51)). Pour les zones les plus réactives, les piézomètres atteignent encore des niveaux modéréments hauts à hauts mais tous les points de suivi sont à la baisse.
Une liste des piézomètres de la région Grand est disponible en téléchargement ci-dessous. Le tableau contient des liens vers les informations relatives à chaque point de mesure.
Réservoirs



Pour les réservoirs et barrages de la région Grand Est, le niveau de remplissage fin mai 2024 est de près de 83% pour les retenues destinées à la navigation. En ce qui concerne les retenues destinées à l’alimentation en eau potable, le réservoir de Madine et la retenue de Michelbach affichent un taux de remplissage stable de l’ordre de 99%. Pour les retenues destinées au soutien de l’étiage, le taux de remplissage est de 100% pour les réservoirs de Vieux Pré et le barrage de Kruth. Les barrages-réservoirs du bassin de la Seine affichent un taux de remplissage de 93%, conforme à l’objectif de gestion.
La retenue de Bouzey poursuit son remplissage progressif, alimenté uniquement par les ressources naturelles (sources, ruisseaux et écoulements d’eau pluviale).
Liens utiles…..
Vigicrues :
https://www.vigicrues.gouv.fr/
Le suivi de l’étiage :
http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/etiage-secheresse-r244.html
L’HydroPortail (anc. banque hydro), le portail des données quantitatives sur les cours d’eau :
https://hydro.eaufrance.fr/
Le portail d’accès aux données sur les eaux souterraines :
http://www.ades.eaufrance.fr/
Glossaire
BSH :
Bulletin publié par la DREAL Grand Est qui présente mensuellement l’évolution de la ressource en eau.
Thème 1. Météorologie :
Évapotranspiration :
Quantité d’eau consommée qui comprend d’une part l’eau transpirée par la plante, d’autre part l’évaporation directe à partir du sol, exprimée en millimètre.
Évapotranspiration Potentielle ETP :
Correspond à la quantité maximale d’eau transpirée par les végétaux et à l’évaporation du sol dans des conditions idéales.
Normale (météorologique) :
Moyenne de variables météorologiques calculées sur une période uniforme relativement longue choisie par consensus et telle qu’une moyenne établie sur toute période plus longue n’ait pas une valeur significativement différente. En météorologie, une période de 30 années a été retenue par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Les périodes de référence furent 1901-1930, 1931-1960, 1951-1980, 1971-2000 , 1981-2010 et actuellement la période est 1991-2020.
Attention, à ne pas confondre avec la moyenne (voir définition dans ce glossaire).
Pluie efficace (ou bilan hydrique potentiel) :
Différence entre les cumuls de précipitations (RR) et l’évapotranspiration potentielle (ETP). Elle peut donc être négative.
RR (Rainfall Runoff) :
Cumul de précipitations, généralement exprimé en millimètre de pluie (mm).
Thème 2. Hydrologie :
Débit :
Volume d’eau écoulé par unité de temps généralement exprimé en mètre cube par seconde (m3/s).
Débit de pointe de crue :
Débit instantané maximum observé.
Débit minimum sur trois jours consécutifs (Q3J-N) :
Le Q3J-N (anciennement appelé VCN3 et aussi appelé débit de base) correspond au débit moyen minimal calculé sur 3 jours consécutifs sur une période donnée. La date du Q3J-N correspond au premier des trois jours considérés.
Débit moyen journalier (QMJ) :
Le débit moyen journalier correspond au volume écoulé sur une journée rapporté à l’unité de temps, et généralement exprimé en m3/s.
Hydraulicité mensuelle :
Rapport du débit moyen du mois considéré à la moyenne historique du mois considéré. Elle permet de positionner un mois par rapport à un mois moyen.
Module mensuel :
Moyenne de l’ensemble des débits moyen mensuels d’un mois considéré, calculé sur l’ensemble de la période d’observation de la station.
Thème 3. Piézométrie :
Aquifère (ou nappe d’eau souterraine) :
Formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l’eau mobilisable, constituée de roches perméables et capables de la restituer naturellement et/ou par exploitation. On distingue deux types d’aquifères :
- Aquifère à nappe libre : l’aquifère reposant sur une couche très peu perméable est surmonté d’une zone non saturée en eau.
- Aquifère captif (ou nappe captive) : dans une nappe captive, l’eau souterraine est confinée entre deux formations très peu perméables. Lorsqu’un forage atteint une nappe captive, l’eau remonte dans le forage.
Niveau piézométrique :
Niveau auquel peut monter l’eau d’une nappe dans un tube (le piézomètre) lorsqu’on réalise un forage. Ce niveau correspond à la pression de la nappe, il est généralement donné en mètres NGF.
Piézomètre :
Tube foré dans le sol atteignant la nappe phréatique et permettant de mesurer son niveau. Certains puits ou forages qui ne sont plus exploités aujourd’hui servent également de piézomètres.
Thème 4. Statistique
Fréquence :
Pourcentage de chance qu’un événement se produise sur une période donnée.
Fréquence quinquennale (respectivement décennale) sèche ou humide :
Valeur-seuil dépassée 20 % (respectivement 10 %) du temps.
Médiane :
Valeur qui divise une séquence ordonnée de données en deux parties strictement égales. En l’absence de valeurs toutes similaires, la moitié des observations sera inférieure et l’autre moitié sera supérieure à la médiane. Elle est aussi appelée normale en hydrologie.
IPS (Indicateur Piézométrique standardisé) :
Il est défini sur une échelle dite « standard », sa valeur numérique varie entre –3 et +3 (sans unité), il facilite le calcul d’un indicateur global à partir d’un indicateur ponctuel, il permet d’avoir une vision homogène de l’état des nappes libres (ou captives) à l’échelle nationale.
Période de retour (ou durée de retour) :
Inverse de la fréquence, généralement exprimée en nombre d’années. Par exemple, pour une fréquence quinquennale (soit 20%, donc 1/5ème), la période de retour est de 5 ans.
Thème 5. Divers :
COTECO :
Comité Technique de Coordination de l’EPTB Seine Grands Lacs.
EPTB Seine Grands Lacs :
Etablissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs.