BSH Grand Est mai 2025
Synthèse du mois
Sur le bassin Rhin-Meuse, la situation hydrologique générale est maintenant fortement impactée par le déficit pluviométrique cumulé depuis plusieurs mois. A l’échelle de la région, ce mois de mai se positionne d’ailleurs au 8ème rang des mois de mai les plus secs depuis 1959.
En conséquence du manque d’apport, l’hydraulicité reste inférieure aux valeurs de saison sur tous les secteurs. La situation la plus défavorable se retrouve sur les bassins de la Meuse amont et de la Moselle amont qui affichent en mai une hydraulicité très faible de 0.16 (soit un déficit de 84%). Les écoulements moyens mensuels sont aussi très faibles sur les bassins du Giessen, de la Fecht et de la Lauch avec une hydraulicité de seulement 0.20 (soit un déficit de 80%).
Dans ces conditions défavorables, les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N) de ce mois de mai restent inférieurs au débit médian sur quasiment tous les secteurs. La situation est particulièrement remarquable sur les bassins les plus réactifs alimentés par le relief vosgien avec des débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N) inférieurs au décennal sec. Pour la station de Rupt sur Moselle, le Q3J-N de ce mois de mai est même inférieur à un débit de période de retour 40 ans sec.
Sur les bassins de la Seine Normandie, la pluviométrie a été très déficitaire pour un mois de mai avec un cumul mensuel moyen de 40 mm.
Le cumul des précipitations est compris entre 10 mm au sud de la Marne et 60 mm au sud de la Haute-Marne.
Les hydraulicités sont en baisse par rapport à celles du mois d’avril. Les valeurs sont majoritairement comprises entre 0.2 et 0.4.
En ce qui concerne les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N) en mai, ils sont très majoritairement inférieurs au médian.
Concernant les eaux souterraines, la pluviométrie déficitaire depuis le mois de février sur le Grand Est impacte largement les nappes.
Les niveaux moyens mensuels sont en moyenne modérément bas, et les tendances à la baisse sont quasiment généralisées.
Seuls la nappe des Cailloutis du Sundgau et un secteur de la nappe d’Alsace présentent encore des tendances à la hausse.
Les niveaux moyens mensuels sont, en moyenne, bas sur la nappe des Calcaires du Jurassique, mais encore proche des normales de saison sur la nappe d’Alsace et le Sundgau.
Les niveaux bas ou très bas concernent 33% des points de suivi sur le Grand Est en ce mois de mai.
Pluviométrie



Pour lire le résumé climatique mensuel de Météo-France, téléchargez le document ci dessous.
Eaux superficielles
Hydraulicité

Sur le bassin du Rhin, les pluies du mois de mai 2025 sont à nouveau déficitaires, cette situation de déficit pluviométrique s’observe depuis le mois de mars.
Les débits moyens de mai 2025 sont par conséquent inférieurs aux moyennes mensuelles interannuelles sur l’ensemble des bassins étudiés.
Les hydraulicités sont particulièrement faibles sur les cours d’eau issus du massif vosgiens Haut-Rhinois et du centre Alsace avec des hydraulicités de 0.3 (déficit de 70%) sur l’Ill amont, la Thur et la Doller, elles atteignent 0.2 (déficit de 80%) sur le Giessen, la Fecht ou la Lauch.
Les hydraulicités des affluents du Rhin (Ill, Bruche, Moder, Zorn) et du Rhin à Lauterbourg sont légèrement plus importantes et comprises entre 0.4 (déficit de 60% à Holtzheim sur la Bruche) et 0.6 (déficit de 40% à Schweighouse/Moder ou à Lauterbourg).
Sur le bassin de la Sarre, les hydraulicités observées en mai 2025 sont également inférieures aux moyennes mensuelles interannuelles. Comme en mars et en avril, une hydraulicité moyenne de 0.5 (déficit de 50%) s’observe à l’échelle du bassin.
Sur le bassin de la Meuse, les pluies du mois de mai 2025 sont à nouveau déficitaires, les débits moyens de mai 2025 sont par conséquent inférieurs aux moyennes mensuelles interannuelles, voire très inférieurs sur l’amont du bassin.
A Goncourt, l’hydraulicité est de 0.16, ce qui traduit un déficit de 84% par rapport à la normale d’un mois de mai et en fait le 5eme mois de mai le plus sec depuis les années 1970. La situation s’améliore quelque peu vers l’aval, avec des hydraulicités de 0.3 pour Soulosse et Saint-Mihiel (déficit de 70%).
Une hydraulicité de 0.5 est observé en moyenne sur l’aval du bassin ce qui caractérise un déficit de 50% par rapport à la normale.
Sur le bassin de la Moselle, les pluies du mois de mai 2025 sont à nouveau déficitaires, notamment sur le massif des Vosges. L’hydraulicité à Rupt sur Moselle est de 0.16 soit un déficit de 84%, en comparaison avec les autres mois de mai celui de 2025 est le 2eme plus sec depuis les années 1970.
L’hydraulicité du bassin de la Meurthe, de l’Orne et de la Moselle aval est légèrement plus forte et autour de 0.3 sur ces bassins. Seul le bassin du Madon présente une hydraulicité légèrement plus favorable de 0.5, ce qui représente un déficit de 50%.
Sur le bassin de la Seine-Normandie, les précipitations de ce mois de mai sont encore très déficitaires.
Les hydraulicités sont en baisse par rapport à celles du mois précédent et sont majoritairement comprises entre 0.2 et 0.4. Les valeurs les plus basses, inférieure à 0.2, sont observées à Chevrières et Villiers-sur-Suize.
Les hydraulicités les plus élevées, entre 0.4 et 0.8 sont observées aux stations de Bar-sur-Seine, Méry-sur-Seine, Frigincourt, Soudron et de Saint-Saturnin.
Débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs (Q3J-N)

Sur le bassin du Rhin, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont nettement inférieurs aux débits médians.
Les stations de Guebwiller sur la Lauch ou d’Ostheim sur la Fecht présentent des débits de base de période de retour 20 ans sec pour un mois de mai sur 3 jours consécutifs.
Sur le bassin de la Sarre, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont proches, voire inférieurs aux débits médians.
Sur le bassin de la Meuse, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont homogènes sur l’intégralité du bassin et inférieurs aux débits médians.
Sur le bassin de la Moselle, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont inférieurs au décennal sec sur l’amont du bassin pour Rupt-sur-Moselle et Saint-Dié.
Pour la station de Rupt-sur-Moselle, le Q3J-N est même inférieur à un débit de période de retour 40 ans sec pour un mois de mai sur 3 jours consécutifs.
La situation est plus favorable sur le bassin du Madon à Mirecourt avec un Q3J-N proche de la médiane. Pour le reste du bassin les débits sont inférieurs aux débits médians.
Sur le bassin de la Seine-Normandie, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs pour ce mois de mai sont proches de ceux du mois précédent et sont majoritairement inférieurs au médian.
Ils sont encore proches de la médiane à Bar-sur-Seine et à Frignicourt mais inférieurs à la décennale sèche à Chevières.
Eaux souterraines

La nappe des Grès du Trias inférieur affiche également une évolution à la baisse sur tous les points de suivi. Les niveaux moyens mensuels y sont, en moyenne, entre un niveau modérément bas et les normales de saison : ils s’échelonnent de bas (comme à Plombière-les-Bains (88)) à modérément haut, les niveaux modérément bas étant majoritaires (comme à Gélacourt (54) ou à Voyer (57)).
Les niveaux moyens de mai sont encore en baisse par rapport à ceux du mois dernier en Alsace.
Dans le Bas-Rhin, les niveaux baissent partout, de -6 cm à Rossfeld et Baldenheim, -8 cm à Weitbruch et Griesheim, autour de -12 cm autour de Strasbourg, -17 cm plus au nord le long du Rhin à Sessenheim et sur le secteur de Haguenau, jusqu’à -26 cm en bordure à Lampertheim et -29 cm à Wissembourg. Concernant l’évolution des niveaux moyens mensuels, ils sont stables ou baissent d’une classe, avec des niveaux modérément bas à Rossfeld, Lipsheim ou Wissembourg, autour de la moyenne pour Sessenheim, Haguenau, Reichstett et Griesheim, modérément hauts à Lampertheim ou Baldenheim et toujours hauts à Weitbruch.
Dans le Haut-Rhin, les niveaux sont en baisse presque partout, autour de -8 cm en centre plaine, au nord à Illhaeusern ou Holtzwihr et dans l’extrême sud à Hésingue, -11 cm en bordure à Wintzenheim, -19 cm à Guémar, -30 cm plus au sud à Wittenheim et Habsheim, jusqu’à -58 cm à Cernay (Thur). Un seul secteur est encore en hausse de +15 cm le long du Rhin à Fessenheim. Les niveaux moyens mensuels varient de modérément bas à Holtzwihr, Illhaeusern et Guémar, autour de la moyenne à Cernay, Wittenheim, Hésingue ou Fessenheim, jusqu’à modérément hauts comme le mois dernier, pour Wintzenheim et Hettenschlag.
Sur la nappe de la craie, le déficit de précipitations impacte de plus en plus sévèrement tous les secteurs, avec des niveaux moyens mensuels très bas observés sur les secteurs les plus réactifs (comme à Reims (51) ou Saint-Hilaire-sous-Romilly (10). Tous les points de suivi affichent une tendance à la baisse.
Les niveaux moyens mensuels y sont, en moyenne, modérément bas. La situation reste cependant très contrastée. A côté de niveaux très bas, quelques points de suivi affichent encore un niveau modérément haut sur les secteurs les plus inertiels (comme à Vailly (10) ou à Linthelles (51)).
(Sources : APRONA, DREAL Délégation de bassin Rhin-Meuse)
Une liste des piézomètres de la région Grand est disponible en téléchargement ci-dessous. Le tableau contient des liens vers les informations relatives à chaque point de mesure.
Réservoirs



Pour les réservoirs et barrages de la région Grand Est, le niveau de remplissage fin mai 2025 est de près de 67% pour les retenues destinées à la navigation. En ce qui concerne les retenues destinées à l’alimentation en eau potable, le réservoir de Madine et la retenue de Michelbach affichent un taux de remplissage de 95%.
Pour les retenues destinées au soutien de l’étiage, le taux de remplissage du réservoir de Vieux Pré reste à un niveau confortable avec plus de 98% alors qu’il s’élève à plus de 73% pour le barrage de Kruth.
La recharge des barrages-réservoirs du bassin de la Seine est freinée par le déficit pluviométrique cumulé depuis plusieurs mois. Leur taux de remplissage reste stable par rapport au mois précédent avec 87%, ce qui est inférieur à l’objectif de gestion pour une fin mai.
Liens utiles…..
Vigicrues :
https://www.vigicrues.gouv.fr/
Le suivi de l’étiage :
http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/etiage-secheresse-r244.html
L’HydroPortail (anc. banque hydro), le portail des données quantitatives sur les cours d’eau :
https://hydro.eaufrance.fr/
Le portail d’accès aux données sur les eaux souterraines :
http://www.ades.eaufrance.fr/
Glossaire
BSH :
Bulletin publié par la DREAL Grand Est qui présente mensuellement l’évolution de la ressource en eau.
Thème 1. Météorologie :
Évapotranspiration :
Quantité d’eau consommée qui comprend d’une part l’eau transpirée par la plante, d’autre part l’évaporation directe à partir du sol, exprimée en millimètre.
Évapotranspiration Potentielle ETP :
Correspond à la quantité maximale d’eau transpirée par les végétaux et à l’évaporation du sol dans des conditions idéales.
Normale (météorologique) :
Moyenne de variables météorologiques calculées sur une période uniforme relativement longue choisie par consensus et telle qu’une moyenne établie sur toute période plus longue n’ait pas une valeur significativement différente. En météorologie, une période de 30 années a été retenue par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Les périodes de référence furent 1901-1930, 1931-1960, 1951-1980, 1971-2000 , 1981-2010 et actuellement la période est 1991-2020.
Attention, à ne pas confondre avec la moyenne (voir définition dans ce glossaire).
Pluie efficace (ou bilan hydrique potentiel) :
Différence entre les cumuls de précipitations (RR) et l’évapotranspiration potentielle (ETP). Elle peut donc être négative.
RR (Rainfall Runoff) :
Cumul de précipitations, généralement exprimé en millimètre de pluie (mm).
Thème 2. Hydrologie :
Débit :
Volume d’eau écoulé par unité de temps généralement exprimé en mètre cube par seconde (m3/s).
Débit de pointe de crue :
Débit instantané maximum observé.
Débit minimum sur trois jours consécutifs (Q3J-N) :
Le Q3J-N (anciennement appelé VCN3 et aussi appelé débit de base) correspond au débit moyen minimal calculé sur 3 jours consécutifs sur une période donnée. La date du Q3J-N correspond au premier des trois jours considérés.
Débit moyen journalier (QMJ) :
Le débit moyen journalier correspond au volume écoulé sur une journée rapporté à l’unité de temps, et généralement exprimé en m3/s.
Hydraulicité mensuelle :
Rapport du débit moyen du mois considéré à la moyenne historique du mois considéré. Elle permet de positionner un mois par rapport à un mois moyen.
Module mensuel :
Moyenne de l’ensemble des débits moyen mensuels d’un mois considéré, calculé sur l’ensemble de la période d’observation de la station.
Thème 3. Piézométrie :
Aquifère (ou nappe d’eau souterraine) :
Formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l’eau mobilisable, constituée de roches perméables et capables de la restituer naturellement et/ou par exploitation. On distingue deux types d’aquifères :
- Aquifère à nappe libre : l’aquifère reposant sur une couche très peu perméable est surmonté d’une zone non saturée en eau.
- Aquifère captif (ou nappe captive) : dans une nappe captive, l’eau souterraine est confinée entre deux formations très peu perméables. Lorsqu’un forage atteint une nappe captive, l’eau remonte dans le forage.
Niveau piézométrique :
Niveau auquel peut monter l’eau d’une nappe dans un tube (le piézomètre) lorsqu’on réalise un forage. Ce niveau correspond à la pression de la nappe, il est généralement donné en mètres NGF.
Piézomètre :
Tube foré dans le sol atteignant la nappe phréatique et permettant de mesurer son niveau. Certains puits ou forages qui ne sont plus exploités aujourd’hui servent également de piézomètres.
Thème 4. Statistique
Fréquence :
Pourcentage de chance qu’un événement se produise sur une période donnée.
Fréquence quinquennale (respectivement décennale) sèche ou humide :
Valeur-seuil dépassée 20 % (respectivement 10 %) du temps.
Médiane :
Valeur qui divise une séquence ordonnée de données en deux parties strictement égales. En l’absence de valeurs toutes similaires, la moitié des observations sera inférieure et l’autre moitié sera supérieure à la médiane. Elle est aussi appelée normale en hydrologie.
IPS (Indicateur Piézométrique standardisé) :
Il est défini sur une échelle dite « standard », sa valeur numérique varie entre –3 et +3 (sans unité), il facilite le calcul d’un indicateur global à partir d’un indicateur ponctuel, il permet d’avoir une vision homogène de l’état des nappes libres (ou captives) à l’échelle nationale.
Période de retour (ou durée de retour) :
Inverse de la fréquence, généralement exprimée en nombre d’années. Par exemple, pour une fréquence quinquennale (soit 20%, donc 1/5ème), la période de retour est de 5 ans.
Thème 5. Divers :
COTECO :
Comité Technique de Coordination de l’EPTB Seine Grands Lacs.
EPTB Seine Grands Lacs :
Etablissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs.