BSH Grand Est mars 2022
Synthèse du mois
Sur le bassin Rhin-Meuse, le déficit pluviométrique important (de l’ordre de 60 à 70%) observé durant ce mois de mars influence fortement la situation hydrologique générale. Les débits moyens mensuels sont partout inférieurs, voire même très inférieurs aux normales de saison. La situation la plus défavorable se retrouve sur le secteur de la Meuse amont où le rapport d’hydraulicité est inférieur à 0.2.
Sur les bassins de la Seine Normandie, la pluviométrie a encore été inférieure à la normale pour ce mois de mars avec un déficit global de l’ordre 64 % et à pour conséquence de dégrader la situation hydrologique.
Le cumul des précipitations est compris entre 14 mm au nord des Ardennes et 46 mm au centre de l’Aube. Les hydraulicités sont en baisse sur une grande partie du territoire par rapport au mois précédent et sont partout inférieures à la normale.
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Les niveaux moyens des nappes de la région présentent une tendance à la baisse en mars par rapport au mois de février. Globalement, les niveaux des nappes ont en moyennes deux à trois mois d’avance par rapport à l’évolution normale de la décharge des nappes observée habituellement, sauf sur la nappe de la craie où les niveaux sont autour des normales d’un mois de mars.
Pluviométrie
Pour le 8e mois consécutif, la pluviométrie de mars 2022 agrégée sur le Grand Est est inférieure à la normale 1981-2010, accusant un déficit supérieur à 60 % ce mois-ci. Elle s’élève à 25 mm seulement et se positionne au 8e rang des mois de mars les plus secs depuis 1959, le record ayant été battu en mars 1993 (11 mm).
A l’échelle départementale, la pluviométrie de mars 2022 affiche un déficit de 50 % par rapport à la normale dans l’Aube et de plus de 70 % en Meuse, dans les Ardennes et le Bas-Rhin.
Les cumuls de précipitations relevés par les stations du réseau entre le 1er et le 31 mars 2022 s’échelonnent de 8 mm à Ommeray (57) à 49 mm à Gérardmer (88 – alt. 675 mètres).
Les cumuls journaliers les plus élevés atteignent :
• 31.3 mm à Bâle-Mulhouse (68) le 31
• 24.0 mm à Mesnil-Saint-Père (10) le 30
• 23.3 mm à Gérardmer (88 – alt. 675 mètres) le 31
• 20.6 mm à Bouy-sur-Orvin (10) le 30
• 19.5 mm à Mirecourt (88) le 30
Depuis le début de l’année hydrologique 2021/2022 (le 1er septembre 2021), le cumul des précipitations agrégées sur le Grand Est (399 mm) se situe environ 30 % en dessous de la normale et se place en 9e position des valeurs les plus basses depuis 1959, sur la même période.
L’année dernière sur la même période (de septembre 2020 à mars 2021), la pluviométrie moyenne s’élevait à 566 mm, valeur conforme à la moyenne de référence 1981-2010.
I. PLUVIOMÉTRIE
– CHAMPAGNE-ARDENNE
Le cumul des précipitations agrégées en Champagne-Ardenne pour le mois de mars 2022 (25 mm), représente 36 % de la normale. À l’échelle du département, la pluviométrie mensuelle affiche un déficit de l’ordre de 73 % dans les Ardennes, de 50 % dans l’Aube, de 60 % en Marne et de 68 % en Haute-Marne. Ce manque de précipitations classe le mois de mars 2022 au 6° rang des mois les plus secs depuis 1959 dans les Ardennes et au 9° rang pour les autres départements.
Les cumuls mensuels relevés par les stations du réseau sont compris :
• entre 14 mm et 34 mm dans les Ardennes
• entre 22 mm et 46 mm dans l’Aube
• entre 18 mm et 31 mm en Marne
• entre 18 mm et 33 mm en Haute-Marne.
– LORRAINE
Le cumul des précipitations agrégées en Lorraine pour le mois de mars 2022 (26 mm) correspond à 32 % de la normale soit le 9ᵉ mois de mars le plus sec depuis 1959. L’ensemble des départements lorrains enregistrent un déficit marqué de précipitations qui s’élèvent à 62 % en Meurthe-et-Moselle, à 72 % en Meuse, à 68 % en Moselle et à 69 % dans les Vosges correspondant pour ce dernier au 6ᵉ mois de mars le plus sec depuis 1959.
Les cumuls mensuels relevés par les stations du réseau sont compris :
• entre 17 mm et 35 mm en Meurthe-et-Moselle
• entre 12 mm et 34 mm en Meuse
• entre 8 mm et 33 mm en Moselle
• entre 16 mm et 49 mm dans les Vosges.
– ALSACE
Le cumul des précipitations agrégées en Alsace pour le mois de mars 2022 (19 mm) enregistre 28 % de la valeur statistique 1981-2010. À l’échelle du département, les précipitations observées sont en déficit de 74 % dans le Bas-Rhin soit le 6ᵉ rang des mois de mars les plus secs depuis 1959 et de 69 % dans le Haut-Rhin (8ᵉ rang depuis 1959).
Les cumuls mensuels relevés par les stations du réseau sont compris :
• entre 9 mm et 34 mm dans le Bas-Rhin
• entre 9 mm et 47 mm dans le Haut-Rhin.
II. HUMIDITÉ DANS LE SOL AU 01/04/2022
La situation au 1er avril 2022 par rapport au 1er mars 2022 montre une évolution à la baisse de l’écart pondéré à la moyenne quotidienne de référence 1981-2010 de l’indice d’humidité des sols, liée au manque de précipitations en mars. Cependant, cette baisse a été limitée par les précipitations des derniers jours de mars.
(Source : Météo-France)
Eaux superficielles
Sur le bassin du Rhin, les précipitations observées durant le mois de mars sont à nouveau fortement déficitaires (environ 70% de déficit en moyenne). En conséquence, les hydraulicités sont en nette baisse sur toutes les stations par rapport au mois de février. Les hydraulicités sur l’Ill amont ainsi que sur les principaux affluents de l’Ill sont très faibles (0.3 en moyenne). Des débits moyens aussi bas n’ont plus été observés pour un mois de mars depuis 10 ans. La Bruche ainsi que les affluents du Rhin (Zorn/Moder) proposent des hydraulicités moyennes de 0.5.
Le débit moyen de mars 2022 sur le Rhin à Lauterbourg est très faible et n’a jamais été observé depuis 25 ans d’exploitation de la station.
Sur le bassin de la Sarre, les précipitations sont également fortement déficitaires. Les hydraulicités des cours d’eau étudiées sont faibles et des débits moyens aussi bas n’ont plus été observés pour un mois de mars depuis 10 ans. A l’échelle du bassin, un déficit compris entre 60% et 70% est observé.
Sur le bassin de la Meuse, les précipitations sont déficitaires sur l’intégralité du bassin, avec un déficit important sur l’aval du bassin.
L’hydraulicité est en baisse sur tout le bassin, avec un gradient sur le rapport à la normal de l’amont vers l’aval. L’amont du bassin a une hydraulicité très faible (inférieure à 0.2), tandis qu’à l’aval la situation est plus favorable avec une l’hydraulicité qui se situe entre 0.4 et 0.8.
Sur le bassin de la Moselle, les précipitations du mois de mars sont encore très inférieures à la normale.
Les débits moyens sur le bassin de la Moselle sont assez faibles et en baisse par rapport au mois précédent, la situation est plus favorable sur les têtes de bassin des Vosges où l’hydraulicité est comprise entre 0.4 et 0.8. Cependant la situation est plus défavorable sur les parties médiane et aval avec une hydraulicité plus faible.
Sur les bassins de la Seine Normandie, les précipitations du mois de mars sont encore très inférieures à la normale.
Les hydraulicités sont en baisse sur une grande partie du territoire par rapport au mois de février avec des valeurs qui sont très majoritairement comprises entre 0.2 et 0.8.
Seule la station de Soudron a encore une hydraulicité comprise entre 0.8 et 1.2.
Eaux souterraines
Les niveaux moyens des nappes de la région présentent une tendance à la baisse en mars par rapport au mois de février. En effet, le mois de mars a connu un déficit de précipitations très important. Ainsi les niveaux moyens pour le mois de février sont globalement inférieurs à très inférieurs aux normales. Globalement, les niveaux ont en moyennes deux à trois mois d’avance par rapport à l’évolution normale de la décharge des nappes observée habituellement.
Les niveaux moyens de mars sont en baisse par rapport au mois dernier sur presque toute l’Alsace.
Dans le Bas-Rhin, les niveaux restent stables par rapport au mois de février sur les secteurs de Weitbruch et Griesheim-près-Molsheim, mais sont en baisse sur tout le reste du département, de -6 cm à Baldenheim, -8 cm à Rossfeld et Reichstett, jusqu’à -14 cm à Wissembourg, Haguenau et Lampertheim. La situation mensuelle par rapport aux normales saisonnières se dégrade, avec des niveaux qui varient désormais entre bas (Griesheim, Lipsheim, Rossfeld), modérément bas (Wissembourg, Weitbruch, Reichstett) et autour de la moyenne (Sessenheim, Haguenau, Lampertheim).
Dans le Haut-Rhin, les niveaux sont aussi majoritairement en baisse, de -2 cm le long du Rhin (Fessenheim), -8 cm en centre plaine et dans l’extrême sud, autour de -10 cm au nord du département et dans le Sundgau oriental et jusqu’à -20 cm à Wintzenheim (Fecht). Comme au mois dernier, seul le secteur de la Thur est en légère hausse (+10 cm à Cernay). Les niveaux se situent partout en dessous des normales, presque encore à hauteur de celles-ci à Fessenheim, mais variant ailleurs entre des niveaux modérément bas (Wintzenheim, Hettenschlag, Habsheim, Hésingue) et bas (Holtzwihr, Cernay, Illhaeusern).
Sur la nappe de la craie, on observe globalement un début de décharge de la nappe, avec des niveaux qui restent globalement proches des normales.
Une liste des piézomètres de la région Grand est disponible en téléchargement ci-dessous. Le tableau contient des liens vers les informations relatives à chaque point de mesure.
Réservoirs
Pour les réservoirs et barrages de la région Grand Est, la situation évolue peu par rapport au mois précédent. Le niveau de remplissage global observé fin mars est de l’ordre de 73% pour les retenues destinées à la navigation. Pour les retenues destinées à l’alimentation en eau potable, le réservoir de Madine et et la retenue de Michelbach affichent un taux de remplissage de près de 99%. Pour les retenues destinées au soutien de l’étiage, le taux de remplissage est de l’ordre de 92% pour le réservoir de Vieux Pré et de près de 16% pour le barrage de Kruth. Les barrages-réservoirs du bassin de la Seine poursuivent leur recharge et affichent un taux de remplissage de 80%.
Liens utiles…..
Vigicrues :
https://www.vigicrues.gouv.fr/
Le suivi de l’étiage :
http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/etiage-secheresse-r244.html
La banque hydro :
http://hydro.eaufrance.fr/
Le portail d’accès aux données sur les eaux souterraines :
http://www.ades.eaufrance.fr/
Glossaire
Thème 1. Météorologie :
Évapotranspiration :
Quantité d’eau consommée qui comprend d’une part l’eau transpirée par la plante, d’autre part l’évaporation directe à partir du sol, exprimée en millimètre.
Évapotranspiration Potentielle ETP :
Correspond à la quantité maximale d’eau transpirée par les végétaux et à l’évaporation du sol dans des conditions idéales.
Normale (météorologique) :
Moyenne de variables météorologiques calculées sur une période uniforme relativement longue choisie par consensus et telle qu’une moyenne établie sur toute période plus longue n’ait pas une valeur significativement différente. En météorologie, une période de 30 années a été retenue par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Les périodes de référence furent 1901-1930, 1931-1960, 1951-1980, et actuellement la période est 1971-2000.
Attention, à ne pas confondre avec la moyenne (voir définition dans ce glossaire).
Pluie efficace (ou bilan hydrique potentiel) :
Différence entre les cumuls de précipitations (RR) et l’évapotranspiration potentielle (ETP). Elle peut donc être négative.
RR (Rainfall Runoff) :
Cumul de précipitations, généralement exprimé en millimètre de pluie (mm).
Thème 2. Hydrologie :
Débit :
Volume d’eau écoulé par unité de temps généralement exprimé en mètre cube par seconde (m3/s).
Débit de pointe de crue :
Débit instantané maximum observé.
Débit de base (VCN 3) :
Le VCN 3 correspond au débit moyen minimal calculé sur 3 jours consécutifs sur une période donnée. La date du VCN3 correspond au premier des trois jours considérés.
Débit moyen journalier (QMJ) :
Le débit moyen journalier correspond au volume écoulé sur une journée rapporté à l’unité de temps, et généralement exprimé en m3/s.
Hydraulicité mensuelle :
Rapport du débit moyen du mois considéré à la moyenne historique du mois considéré. Elle permet de positionner un mois par rapport à un mois moyen.
Module mensuel :
Moyenne de l’ensemble des débits moyen mensuels d’un mois considéré, calculé sur l’ensemble de la période d’observation de la station.
Thème 3. Piézométrie :
Aquifère (ou nappe d’eau souterraine) :
Formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l’eau mobilisable, constituée de roches perméables et capables de la restituer naturellement et/ou par exploitation. On distingue deux types d’aquifères :
- Aquifère à nappe libre : l’aquifère reposant sur une couche très peu perméable est surmonté d’une zone non saturée en eau.
- Aquifère captif (ou nappe captive) : dans une nappe captive, l’eau souterraine est confinée entre deux formations très peu perméables. Lorsqu’un forage atteint une nappe captive, l’eau remonte dans le forage.
Niveau piézométrique :
Niveau auquel peut monter l’eau d’une nappe dans un tube (le piézomètre) lorsqu’on réalise un forage. Ce niveau correspond à la pression de la nappe, il est généralement donné en mètres NGF.
Piézomètre :
Tube foré dans le sol atteignant la nappe phréatique et permettant de mesurer son niveau. Certains puits ou forages qui ne sont plus exploités aujourd’hui servent également de piézomètres.
Thème 4. Statistique
Fréquence :
Pourcentage de chance qu’un événement se produise sur une période donnée.
Fréquence quinquennale (respectivement décennale) sèche ou humide :
Valeur-seuil dépassée 20 % (respectivement 10 %) du temps.
Médiane :
Valeur qui divise une séquence ordonnée de données en deux parties strictement égales. En l’absence de valeurs toutes similaires, la moitié des observations sera inférieure et l’autre moitié sera supérieure à la médiane. Elle est aussi appelée normale en hydrologie.
IPS (Indicateur Piézométrique standardisé) :
Il est défini sur une échelle dite « standard », sa valeur numérique varie entre –3 et +3 (sans unité), il facilite le calcul d’un indicateur global à partir d’un indicateur ponctuel, il permet d’avoir une vision homogène de l’état des nappes libres (ou captives) à l’échelle nationale.
Période de retour (ou durée de retour) :
Inverse de la fréquence, généralement exprimée en nombre d’années. Par exemple, pour une fréquence quinquennale (soit 20%, donc 1/5ème), la période de retour est de 5 ans.
COTECO :
Comité Technique de Coordination de l’EPTB Seine Grands Lacs.
EPTB Seine Grands Lacs :
Etablissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs.