BSH Grand Est mars 2024

Synthèse du mois


Sur le bassin Rhin-Meuse, la situation hydrologique est encore sous l’influence d’un contexte météorologique chaud et humide pour la saison. En effet, la douceur a perduré quasiment tout au long de ce dernier mois d’hiver (mars 2024 se place au 3eme rang des mois de mars les plus doux depuis 1947) et de fréquentes précipitations ont balayé tous les secteurs, sous forme de pluies ou de giboulées.
A l’échelle du bassin Rhin-Meuse, ces apports ont contribué à maintenir des débits moyens mensuels conformes aux normales de saison. Dans le détail, un déficit d’écoulement de l’ordre de 20-30% est observé sur les secteurs alimentés directement par les cours d’eau du relief vosgien, moins arrosés (hydraulicité de 0.7 à 0.8), alors qu’un excédent de 30% est observé sur les secteurs de la Moder (67) et de la Meuse ardennaise (hydraulicité de 1.3).
Les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N) de ce mois de mars ont eux aussi bénéficié des apports générés par les fréquentes précipitations et restent ainsi très majoritairement compris entre le médian et la quinquennale humide.
Après cet hiver particulièrement pluvieux, les réservoirs du bassin Rhin-Meuse affichent un taux de remplissage global de 97% qui n’avait plus été atteint depuis le printemps 2018.

Sur les bassins de la Seine Normandie, la pluviométrie a été supérieure de 35 % par rapport à la normale pour un mois de mars avec un cumul mensuel moyen de 90 mm.
Le cumul des précipitations est compris entre 69 mm dans le nord de la Marne et 131 mm au sud de la Haute-Marne.
Les hydraulicités sont légèrement en baisse par rapport au mois de février avec des valeurs majoritairement comprises entre 0.8 et 2.0.
En ce qui concerne les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N) en février, ils sont très majoritairement supérieurs au quinquennal humide.

Concernant les eaux souterraines, la recharge se maintient encore sur certains secteurs en ce mois de mars, mais les baisses sont majoritaires sur le Grand Est : près de la moitié des piézomètres est à la baisse et un tiers affiche encore une hausse. Concernant les périodes de retour, la moyenne des niveaux moyens mensuels reste modérément haute.
Ce sont les nappes les plus inertielles qui présentent encore en ce mois de mars la situation la plus favorable avec des hausses majoritaires, notamment sur la Craie où les niveaux moyens mensuels sont hauts en moyenne.
Les nappes réactives affichent des tendances à la baisse, mais restent à des niveaux autour de la moyenne, voire modérément hauts notamment pour les Calcaires du Jurassique de Lorraine.
A l’Est de la région, la situation est plus contrastée entre la partie Nord et la partie Sud de la nappe des Grès du Trias Inférieur, ou encore sur la nappe d’Alsace : la moitié des points de suivi y est à la baisse mais les niveaux moyens mensuels restent proches des normales de saison en moyenne, s’échelonnant de bas à très hauts.

Pluviométrie

Pour lire le résumé climatique mensuel de Météo-France, téléchargez le document ci dessous.

(Source : Météo-France)

Eaux superficielles

Hydraulicité


Sur le bassin du Rhin, les pluies observées durant le mois de mars 2024 sont conformes aux normales sur les massifs vosgiens et dans le sud du Haut-Rhin.
Les pluies sont plutôt excédentaires ailleurs, notamment dans le nord du Bas-Rhin.
Dans le Haut-Rhin, les hydraulicités sont plutôt en baisse sur les cours d’eau issus des Vosges et stables dans le Sundgau.
A l’échelle du département un déficit de 30% s’observe (hydraulicité moyenne à 0.7).
Cette baisse d’hydraulicité est moins sensible dans le Bas-Rhin et un excédent proche de 30% (hydraulicité de 1.3) est encore observé à Schweighouse-sur-Moder.
Les apports issus des bassins versants du Rhin maintiennent des écoulements légè-rement supérieurs aux normales pour un mois de mars à Lauterbourg (hydraulicité à 1.1).

Sur le bassin de la Sarre, , les hydraulicités sont conformes aux normales pour un mois de mars (hydraulicité moyenne à 1 à l’échelle du bassin).

Sur le bassin de la Meuse, les pluies observées durant le mois de mars 2024 sont légèrement supérieures aux normales sur la partie amont du bassin, et conformes aux normales sur la partie aval.
Les hydraulicités sont proches de la normale sur la Meuse amont, excepté pour la station de Soulosse sous Saint Elophe qui présente un léger déficit de 30% par rapport à la normale. A partir de Stenay jusqu’à la frontière Belge l’hydraulicité des stations est supérieure à la normale avec un excédant allant de 20 à 30%.

Sur le bassin de la Moselle, les pluies observées durant le mois de mars 2024 sont conformes aux normales sur les massifs vosgiens et légèrement supérieures à la normale sur la partie aval du bassin.
L’hydraulicité des stations amont de la Moselle et de la Meurthe présente un léger déficit (d’environ 20%) par rapport à la normale. Pour ce qui est de la partie aval de la confluence Moselle-Meurthe l’hydraulicité des stations est conforme à la normale.

Sur le bassin de la Seine-Normandie, les précipitations de ce mois de mars ont encore été supérieures à la normale. Les hydraulicités sont un peu supérieures à la normale et globalement comprises entre 0.8 et 2.0.
Sur l’amont du territoire, elles sont comprises entre 08. et 1.2 et sur l’aval, elles sont comprises entre 1.2 et 2.0.

Débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs (Q3J-N)


Sur le bassin du Rhin, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs restent majoritairement supérieurs au médian pour les stations haut-rhinoises et encore de l’ordre de la quinquennale humide dans le Bas-Rhin.

Sur le bassin de la Sarre, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs restent élevés et proches de la quinquennale humide sur toutes les stations.

Sur le bassin de la Meuse, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs restent majoritairement supérieurs au médian sur la Meuse amont et de l’ordre de la quinquennale humide pour la Meuse aval.

Sur le bassin de la Moselle, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs restent majoritairement supérieurs au médian sur la Moselle amont et de l’ordre de la quinquennale humide pour la Moselle aval.

Sur le bassin de la Seine-Normandie, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont très majoritairement supérieurs au quinquennal humide pour ce mois de mars.
Seules les stations de Villiers-sur-Suize, Mussey-sur-Marne et Bar-sur-Aube ont un Q3J-N supérieur au médian.

Eaux souterraines

Concernant les nappes des Calcaires du Jurassique, les niveaux moyens mensuels restent en moyenne modérément hauts, descendant au minimum à des niveaux autour des normales et atteignant encore localement un niveau haut voire très haut comme sur les Calcaires Oxfordiens à Brieulles-sur-Bar (08). Notons toutefois la tendance à la baisse pour la majorité des piézomètres de ces nappes réactives .

Pour la nappe plus inertielle des Grès du Trias Inférieur, au nord-ouest du socle vosgien, la situation se maintient autour des normales de saison, avec une tendance à la hausse. Au sud du département des Vosges, en limite du socle vosgien sur le flanc ouest, le niveau moyen mensuel est aussi conforme aux normales de saison mais une baisse est amorcée. En s’éloignant vers l’ouest, le point de suivi de Relanges (88), sur un secteur plus réactif, présente cependant un niveau très bas avec une tendance à la baisse.

L’évolution des niveaux moyens de mars, par rapport à celle de février, est très variée selon les secteurs en Alsace.
Dans le Bas-Rhin, les niveaux sont en baisse dans les secteurs les plus au nord, autour de -5 cm pour Wissembourg, Haguenau ou Sessenheim, mais également dans la partie sud, avec -7 cm à Rossfeld et -8 cm à Baldenheim. Ailleurs, les niveaux sont en hausse, surtout en zones de bordure à Lampertheim (+34 cm), à Weitbruch (+21 cm) ou à Griesheim (+8 cm), et plutôt stables au sud de Strasbourg (Lipsheim). En termes de périodes de retour, elles restent proches de celles du mois de février, avec toujours des niveaux hauts à très hauts au nord (Wissembourg, Haguenau, Sessenheim), ainsi qu’à Reichstett. Les autres secteurs sont soit modérément hauts (Lampertheim, Lipsheim, Baldenheim), soit autour de la moyenne (Weitbruch, Rossfeld). En revanche, ils restent encore bas à Griesheim.
Dans le Haut-Rhin, les niveaux sont en hausse en bordure à Wintzenheim (+20 cm) et dans le Sundgau oriental (+45 cm à Habsheim). Mais la tendance générale est plutôt à la baisse, de -6 à -12 cm au nord à Holtzwihr ou Guémar, -5 cm en centre plaine (Hettenschlag), jusqu’à -15 cm dans l’extrême sud à Hésingue et le long du Rhin à Fessenheim. Les périodes de retour sont quasiment les mêmes qu’en février, restant comprises entre des niveaux hauts (Fessenheim, Hésingue, Wittenheim), modérément hauts (Guémar, Hettenschlag, Cernay), autour de la moyenne (Holtzwihr, Illhaeusern) et modérément bas (Sundgau oriental et cône de la Fecht).

Sur les nappes de la craie, au comportement inertiel, la situation reste favorable pour ce mois de mars : au nord comme au sud, les tendances sont majoritairement à la hausse. Les niveaux moyens mensuels sont hauts en moyenne.
Pour les zones les plus inertielles, les piézomètres sont en hausse et atteignent encore des niveaux hauts à très hauts. Pour les zones les plus réactives, les piézomètres affichent aussi des niveaux hauts et très hauts et sont majoritairement à la hausse mais une tendance à la baisse est relevée à Bussy-le-Château (51) et Vanault-le-Châtel (51) entre la Craie de Champagne nord et de Champagne centre.

Une liste des piézomètres de la région Grand est disponible en téléchargement ci-dessous. Le tableau contient des liens vers les informations relatives à chaque point de mesure.

Réservoirs


Pour les réservoirs et barrages de la région Grand Est, le niveau de remplissage fin mars 2024 est de près de 86% pour les retenues destinées à la navigation. En ce qui concerne les retenues destinées à l’alimentation en eau potable, le réservoir de Madine et la retenue de Michelbach affichent un taux de remplissage de plus de 99%. Pour les retenues destinées au soutien de l’étiage, le taux de remplissage est de 100% pour le réservoir de Vieux Pré et de près de 99% pour le barrage de Kruth. Les barrages-réservoirs du bassin de la Seine affichent un taux de remplissage de 82%, conforme à l’objectif de gestion.
La retenue de Bouzey poursuit son remplissage progressif, alimenté uniquement par les ressources naturelles (sources, ruisseaux et écoulements d’eau pluviale).

Liens utiles…..

Vigicrues :
https://www.vigicrues.gouv.fr/

Le suivi de l’étiage :
http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/etiage-secheresse-r244.html

L’HydroPortail (anc. banque hydro), le portail des données quantitatives sur les cours d’eau :
https://hydro.eaufrance.fr/

Le portail d’accès aux données sur les eaux souterraines :
http://www.ades.eaufrance.fr/

Glossaire

BSH  :
Bulletin publié par la DREAL Grand Est qui présente mensuellement l’évolution de la ressource en eau.
Thème 1. Météorologie :

Évapotranspiration  :
Quantité d’eau consommée qui comprend d’une part l’eau transpirée par la plante, d’autre part l’évaporation directe à partir du sol, exprimée en millimètre.

Évapotranspiration Potentielle ETP :
Correspond à la quantité maximale d’eau transpirée par les végétaux et à l’évaporation du sol dans des conditions idéales.

Normale (météorologique) :
Moyenne de variables météorologiques calculées sur une période uniforme relativement longue choisie par consensus et telle qu’une moyenne établie sur toute période plus longue n’ait pas une valeur significativement différente. En météorologie, une période de 30 années a été retenue par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Les périodes de référence furent 1901-1930, 1931-1960, 1951-1980, 1971-2000 , 1981-2010 et actuellement la période est 1991-2020.
Attention, à ne pas confondre avec la moyenne (voir définition dans ce glossaire).

Pluie efficace (ou bilan hydrique potentiel) :
Différence entre les cumuls de précipitations (RR) et l’évapotranspiration potentielle (ETP). Elle peut donc être négative.

RR (Rainfall Runoff) :
Cumul de précipitations, généralement exprimé en millimètre de pluie (mm).

Thème 2. Hydrologie :

Débit  :
Volume d’eau écoulé par unité de temps généralement exprimé en mètre cube par seconde (m3/s).

Débit de pointe de crue  :
Débit instantané maximum observé.

Débit minimum sur trois jours consécutifs (Q3J-N) :
Le Q3J-N (anciennement appelé VCN3 et aussi appelé débit de base) correspond au débit moyen minimal calculé sur 3 jours consécutifs sur une période donnée. La date du Q3J-N correspond au premier des trois jours considérés.
Débit moyen journalier (QMJ) :
Le débit moyen journalier correspond au volume écoulé sur une journée rapporté à l’unité de temps, et généralement exprimé en m3/s.

Hydraulicité mensuelle  :
Rapport du débit moyen du mois considéré à la moyenne historique du mois considéré. Elle permet de positionner un mois par rapport à un mois moyen.

Module mensuel  :
Moyenne de l’ensemble des débits moyen mensuels d’un mois considéré, calculé sur l’ensemble de la période d’observation de la station.

Thème 3. Piézométrie :

Aquifère (ou nappe d’eau souterraine) :
Formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l’eau mobilisable, constituée de roches perméables et capables de la restituer naturellement et/ou par exploitation. On distingue deux types d’aquifères :
- Aquifère à nappe libre : l’aquifère reposant sur une couche très peu perméable est surmonté d’une zone non saturée en eau.
- Aquifère captif (ou nappe captive) : dans une nappe captive, l’eau souterraine est confinée entre deux formations très peu perméables. Lorsqu’un forage atteint une nappe captive, l’eau remonte dans le forage.

Niveau piézométrique  :
Niveau auquel peut monter l’eau d’une nappe dans un tube (le piézomètre) lorsqu’on réalise un forage. Ce niveau correspond à la pression de la nappe, il est généralement donné en mètres NGF.

Piézomètre  :
Tube foré dans le sol atteignant la nappe phréatique et permettant de mesurer son niveau. Certains puits ou forages qui ne sont plus exploités aujourd’hui servent également de piézomètres.

Thème 4. Statistique

Fréquence  :
Pourcentage de chance qu’un événement se produise sur une période donnée.

Fréquence quinquennale (respectivement décennale) sèche ou humide :
Valeur-seuil dépassée 20 % (respectivement 10 %) du temps.

Médiane  :
Valeur qui divise une séquence ordonnée de données en deux parties strictement égales. En l’absence de valeurs toutes similaires, la moitié des observations sera inférieure et l’autre moitié sera supérieure à la médiane. Elle est aussi appelée normale en hydrologie.

IPS (Indicateur Piézométrique standardisé) :
Il est défini sur une échelle dite « standard », sa valeur numérique varie entre –3 et +3 (sans unité), il facilite le calcul d’un indicateur global à partir d’un indicateur ponctuel, il permet d’avoir une vision homogène de l’état des nappes libres (ou captives) à l’échelle nationale.

Période de retour (ou durée de retour) :
Inverse de la fréquence, généralement exprimée en nombre d’années. Par exemple, pour une fréquence quinquennale (soit 20%, donc 1/5ème), la période de retour est de 5 ans.

Thème 5. Divers :

COTECO  :
Comité Technique de Coordination de l’EPTB Seine Grands Lacs.

EPTB Seine Grands Lacs  :
Etablissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs.

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