BSH Grand Est novembre 2022

Synthèse du mois

Durant ce mois de novembre doux, les passages pluvieux répétés ont apporté des cumuls contrastés à l’échelle du bassin Rhin-Meuse. Les précipitations excédentaires de près de 25% sur le secteur du Bas-Rhin ont sensiblement amélioré les écoulements sur le bassin de la Sarre et sur les affluents du Rhin, alors que sur les autres secteurs moins arrosés, la situation hydrologique évolue peu par rapport au mois précédent. La situation la plus défavorable se retrouve sur les bassins de la Meuse et de l’Orne qui affichent encore des débits moyens mensuels de l’ordre de 50% de la normale pour un mois de novembre.

Sur les bassins de la Seine Normandie, la pluviométrie a été globalement proche de la normale pour ce mois de novembre.
Le cumul des précipitations est compris entre 30 mm dans le sud des Ardennes et 100 mm dans le nord de la Haute-Marne.
La situation pour les hydraulicités est stable par rapport au mois précédent et est assez hétérogène avec des valeurs comprises entre 0,8 et 1,2 sur l’amont et entre 0,2 et 0,4 sur l’aval.
En ce qui concerne les débits de base, on observe aussi une hétérogénéité avec des VCN3 supérieurs au médian sur l’amont et inférieurs au médian sur l’aval.

Concernant les eaux souterraines, l’évolution des niveaux moyens des nappes de la région pour le mois de novembre est globalement en hausse par rapport au mois précédent, pour le second mois consécutifs sur les nappes les plus réactives (nappes des calcaires du Jurassique de Lorraine, nappes alluviales, nappe d’Alsace, etc.). La recharge des nappes s’installe donc dans ces nappes réactives, et semble donc démarrer sur les autres. Les valeurs moyennes se rapprochent des normales, sauf sur les nappes inertielles où elles restent inférieures aux valeurs habituellement observées à cette période de l’année.

Pluviométrie

Bilan des précipitations du mois :

Ce mois de novembre est doux, et les précipitations à l’échelle de la région, présentent un faible déficit, d’un peu plus de 5 %. Les passages pluvieux et rarement instables ont été irréguliers sur l’ensemble des départements de la région Grand Est, se concentrant en première partie de mois du 3 au 4, puis du 8 au 9, puis devenant très fréquents le reste du mois. Les cumuls mensuels de précipitations relevés pour les stations du réseau sur la région sont compris entre 30,2 mm à Reims-Prunay (51) et 259,9 mm à Sewen-Lac d’Alfeld-SAPC (68, alt. 620 m.).
A l’échelle des départements, les cumuls mensuels agrégés sont déficitaires de près de 30 % dans les Ardennes à excédentaires de près de 25 % dans le Bas-Rhin (67).

Situation depuis le début de l’année hydrologique (septembre dernier) :
Le cumul de précipitations agrégées sur la région est de 265 mm et présente un excédent d’à peine 15 % sur la période du 1er septembre au 30 novembre.

Précipitations efficaces du mois :

Les précipitations efficaces sont partout positives, comprises entre 25 et 75 mm le plus souvent et dépassant 100 mm sur le massif vosgien.
Situation depuis le début de l’année hydrologique (septembre dernier) :
Les précipitations efficaces sont partout positives, comprises le plus souvent entre 100 et 200 mm, et entre 200 et 300 mm sur la montagne vosgienne, le nord-est du Bas-Rhin et la vallée de la Meuse au sud de Verdun (55).

Humidité des sols superficiels

Situation au 1er décembre :
Les sols se sont très nettement humidifiés au cours du mois. Ils sont saturés sur le massif des Vosges et ils sont souvent très humides en Lorraine, sur le nord du Bas-Rhin, et le sud-est de la Champagne-Ardenne. Malgré cette évolution, l’indice d’humidité des sols reste encore assez bas dans la plaine haut-rhinoise, vers la Woëvre, le sud des Ardennes et l’ouest de la Marne, ou encore la Champagne humide dans l’Aube. Comparé à la normale, cet indice reste déficitaire majoritairement en Champagne-Ardenne, sur l’ouest de la Lorraine et dans le Haut-Rhin.

Eaux superficielles

Hydraulicité

Sur le bassin du Rhin, les débits moyens mensuels observés durant le mois de Novembre 2022 poursuivent la tendance à la hausse entamée en Septembre. Le cumul pluviométrique est conforme aux normales dans le Haut-Rhin et légèrement excédentaire dans le Bas-Rhin.
Les hydraulicités sont proches des débits moyens interannuels sur la grande majorité des stations. L’Ill amont, le Giessen et la Fecht sont encore légèrement déficitaires (-20 à -30%).

Sur le bassin de la Sarre, les hydraulicités des cours d’eau étudiés poursuivent également leur hausse par rapport au mois Septembre.
En effet, avec des précipitations excédentaires (+20%) durant le mois de Novembre 2022, l’hydraulicité moyenne à l’échelle du bassin est conforme aux normales.

Sur le bassin de la Meuse, les débits moyens mensuels observés durant le mois de novembre 2022 restent déficitaire sur l’ensemble du bassin, cela est dû aux faibles précipitations enregistrées sur le bassin.
L’hydraulicité du bassin présente un déficit homogène d’environ 50% de l’amont du bassin à Goncourt jusqu’à l’aval à Chooz, les affluents se trouvent dans la même situation.

Sur le bassin de la Moselle, la situation est un peu plus contrastée. La Moselle amont (jusqu’à la confluence avec la Meurthe) à une hydraulicité comparable à la moyenne des mois de novembre. La Meurthe et la Moselle aval présentent en revanche un déficit généralisé sur l’ensemble du bassin d’environ 25%. L’Orne est le cours d’eau ayant le déficit le plus marqué d’environ 50% alors que la Seille à une hydraulicité proche de la moyenne d’un mois de novembre.

Sur les bassins de la Seine Normandie, les précipitations sont proches de la normale au cours de ce mois de novembre.
La situation reste proche de celle observée au cours du mois d’octobre avec des hydraulicités qui sont majoritairement comprises entre 0.4 et 0.8.
Mais la situation n’est pas homogène sur le territoire. En effet sur l’amont, les hydraulicités sont comprises entre 0,8 et 1,2 (Mussey-sur-Marne, Bar-sur-Aube), alors que sur l’aval, elles sont comprises entre 0,2 et 0,4 (Verrières, Givry, Saint-Saturnin et Montmirail).

Débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs (VNC3)

Sur le bassin du Rhin, le débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs s’améliore par rapport aux mois précédent. Les valeurs sur la plupart des stations s’orientent autour des normales, ou restent légèrement inférieures au médian.

Sur le bassin de la Sarre, le débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs est proche des moyennes interannuelles sur l’ensemble du bassin.

Sur le bassin de la Meuse, le débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs est semblable au mois dernier, la situation est homogène sur l’ensemble du bassin et les débits sont inférieurs aux débits médians pour toutes les stations.

Sur le bassin de la Moselle, le débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs est en amélioration par rapport au mois dernier, il est supérieur au débit médian sur la Moselle amont (Rupt sur Moselle et Tonnoy), alors que pour le reste du bassin tous les débits restent proches des débits médians.

Sur les bassins de la Seine Normandie, les VCN3 sont stables par rapport au mois d’octobre et en moyenne proches du médian. Cependant, la situation est assez hétérogène sur le territoire. Les débits de base des stations amont sont majoritairement supérieurs à la médiane, et au contraire, sur l’aval du territoire, la situation est plus dégradée avec des VCN3 inférieurs au médian.

Eaux souterraines

L’évolution des niveaux moyens des nappes des calcaires du Jurassique de Lorraine pour le mois de novembre est globalement en hausse par rapport au mois précédent, pour le deuxième mois consécutif. La recharge des nappes semblent donc être installée sur ces nappes calcaires. Les valeurs moyennes se rapprochent des valeurs normalement observées à cette période de l’année.

Les niveaux moyens de novembre sont majoritairement en hausse par rapport à ceux du mois d’octobre en Alsace, à l’exception de quelques secteurs de la moitié sud du Haut-Rhin.
Dans le Bas-Rhin, la hausse est généralisée, de +5 cm en bordure à Griesheim et Lampertheim, autour de +20 cm au nord (Sessenheim et Wissembourg) et à Weitbruch, de +10 à +13 cm en bordure à Griesheim ou Lampertheim, ainsi qu’au sud à Rossfeld, +20 cm à Reichstett ou Sessenheim, jusqu’à + 27 cm à Haguenau ou Wissembourg et +33 cm à Lipsheim. Les niveaux restent toujours très bas à Griesheim et bas à Weitbruch, mais sont en grande partie modérément hauts sur le reste du département.
Dans le Haut-Rhin, la moitié nord reste en hausse, de +12 cm au nord à Holtzwihr et Guémar, +17 cm en centre plaine, jusqu’à +24 cm en bordure à Wintzenheim. Quelques secteurs de la moitié sud sont encore en légère baisse, -3 cm à Cernay (Thur), -7 cm à Habsheim (Sundgau oriental) et -9 cm à Fessenheim (Rhin). Les niveaux se rapprochent des normales saisonnières mais restent inférieurs à celles-ci, assez proches de la moyenne à Illhauesern, Fessenheim et Wittenheim, modérément bas à Holtzwihr et Hettenschlag, toujours bas à Wintzenheim et Cernay, voire même très bas à Habsheim dans sur le Sundgau oriental.

Concernant la nappe de la craie, on note des tendances à la hausse sur certains ouvrages pour le mois de novembre, signe probable d’un début de recharge sur ces secteurs. Cependant, les niveaux moyens restent majoritairement sous les normales, avec des valeurs variant globalement de modérément bas à bas, voire très basses à Hallignicourt (52), Bussy-le-Château (51) et Saint-Etienne-sur-Suippe (51).


Une liste des piézomètres de la région Grand est disponible en téléchargement ci-dessous. Le tableau contient des liens vers les informations relatives à chaque point de mesure.

Réservoirs

Pour les réservoirs et barrages de la région Grand Est, le niveau de remplissage fin novembre est de l’ordre de 29% pour les retenues destinées à la navigation. En ce qui concerne les retenues destinées à l’alimentation en eau potable, le réservoir de Madine et la retenue de Michelbach affichent un taux de remplissage de l’ordre de 80%. Pour les retenues destinées au soutien de l’étiage, le taux de remplissage est de plus de 77% pour le réservoir de Vieux Pré et de près de 5% pour le barrage de Kruth. Les barrages-réservoirs du bassin de la Seine affichent un taux de remplissage de 18%, conforme à l’objectif de gestion.

A noter que la retenue de Bouzey est en cours de vidange totale pour permettre la réalisation de travaux.

Liens utiles…..

Vigicrues :
https://www.vigicrues.gouv.fr/

Le suivi de l’étiage :
http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/etiage-secheresse-r244.html

La banque hydro :
https://hydro.eaufrance.fr/

Le portail d’accès aux données sur les eaux souterraines :
http://www.ades.eaufrance.fr/

Glossaire

Thème 1. Météorologie :

Évapotranspiration  :
Quantité d’eau consommée qui comprend d’une part l’eau transpirée par la plante, d’autre part l’évaporation directe à partir du sol, exprimée en millimètre.

Évapotranspiration Potentielle ETP :
Correspond à la quantité maximale d’eau transpirée par les végétaux et à l’évaporation du sol dans des conditions idéales.

Normale (météorologique) :
Moyenne de variables météorologiques calculées sur une période uniforme relativement longue choisie par consensus et telle qu’une moyenne établie sur toute période plus longue n’ait pas une valeur significativement différente. En météorologie, une période de 30 années a été retenue par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Les périodes de référence furent 1901-1930, 1931-1960, 1951-1980, et actuellement la période est 1971-2000.
Attention, à ne pas confondre avec la moyenne (voir définition dans ce glossaire).

Pluie efficace (ou bilan hydrique potentiel) :
Différence entre les cumuls de précipitations (RR) et l’évapotranspiration potentielle (ETP). Elle peut donc être négative.

RR (Rainfall Runoff) :
Cumul de précipitations, généralement exprimé en millimètre de pluie (mm).

Thème 2. Hydrologie :

Débit  :
Volume d’eau écoulé par unité de temps généralement exprimé en mètre cube par seconde (m3/s).

Débit de pointe de crue  :
Débit instantané maximum observé.

Débit minimum sur trois jours consécutifs (VCN 3) :
Le VCN 3 (aussi appelé débit de base) correspond au débit moyen minimal calculé sur 3 jours consécutifs sur une période donnée. La date du VCN3 correspond au premier des trois jours considérés.

Débit moyen journalier (QMJ) :
Le débit moyen journalier correspond au volume écoulé sur une journée rapporté à l’unité de temps, et généralement exprimé en m3/s.

Hydraulicité mensuelle  :
Rapport du débit moyen du mois considéré à la moyenne historique du mois considéré. Elle permet de positionner un mois par rapport à un mois moyen.

Module mensuel  :
Moyenne de l’ensemble des débits moyen mensuels d’un mois considéré, calculé sur l’ensemble de la période d’observation de la station.

Thème 3. Piézométrie :

Aquifère (ou nappe d’eau souterraine) :
Formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l’eau mobilisable, constituée de roches perméables et capables de la restituer naturellement et/ou par exploitation. On distingue deux types d’aquifères :
- Aquifère à nappe libre : l’aquifère reposant sur une couche très peu perméable est surmonté d’une zone non saturée en eau.
- Aquifère captif (ou nappe captive) : dans une nappe captive, l’eau souterraine est confinée entre deux formations très peu perméables. Lorsqu’un forage atteint une nappe captive, l’eau remonte dans le forage.

Niveau piézométrique  :
Niveau auquel peut monter l’eau d’une nappe dans un tube (le piézomètre) lorsqu’on réalise un forage. Ce niveau correspond à la pression de la nappe, il est généralement donné en mètres NGF.

Piézomètre  :
Tube foré dans le sol atteignant la nappe phréatique et permettant de mesurer son niveau. Certains puits ou forages qui ne sont plus exploités aujourd’hui servent également de piézomètres.

Thème 4. Statistique

Fréquence  :
Pourcentage de chance qu’un événement se produise sur une période donnée.

Fréquence quinquennale (respectivement décennale) sèche ou humide :
Valeur-seuil dépassée 20 % (respectivement 10 %) du temps.

Médiane  :
Valeur qui divise une séquence ordonnée de données en deux parties strictement égales. En l’absence de valeurs toutes similaires, la moitié des observations sera inférieure et l’autre moitié sera supérieure à la médiane. Elle est aussi appelée normale en hydrologie.

IPS (Indicateur Piézométrique standardisé) :
Il est défini sur une échelle dite « standard », sa valeur numérique varie entre –3 et +3 (sans unité), il facilite le calcul d’un indicateur global à partir d’un indicateur ponctuel, il permet d’avoir une vision homogène de l’état des nappes libres (ou captives) à l’échelle nationale.

Période de retour (ou durée de retour) :
Inverse de la fréquence, généralement exprimée en nombre d’années. Par exemple, pour une fréquence quinquennale (soit 20%, donc 1/5ème), la période de retour est de 5 ans.

COTECO  :
Comité Technique de Coordination de l’EPTB Seine Grands Lacs.

EPTB Seine Grands Lacs  :
Etablissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs.

Partager la page

S'abonner