BSH Grand Est octobre 2023

Synthèse du mois


Sur le bassin Rhin-Meuse, les conditions automnales observées à partir de la seconde quinzaine d’octobre ont sensiblement amélioré la situation hydrologique générale. Les perturbations pluvieuses qui se sont succédées à un rythme rapide ont généré des apports dont ont bénéficié tous les cours d’eau.
Cependant, en dépit de ce contexte météorologique très humide, le déficit général d’écoulement qui s’était installé en septembre ne s’est pas encore résorbé. Ainsi, les débits moyens mensuels d’octobre sont encore très majoritairement nettement inférieurs aux normales de saison.
Les hydraulicités les plus faibles se retrouvent sur les cours d’eau du Haut-Rhin (déficit supérieur à 50%) et sur le Giessen (déficit supérieur à 80%). A l’inverse, la situation la plus favorable se retrouve sur les secteurs les plus arrosés de la Chiers, de la Meuse aval et de l’Orne.
Les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N) qui ont logiquement été observés durant la première moitié du mois, avant que les perturbations pluvieuses ne fassent réagir les cours d’eau sont eux aussi représentatifs des conditions météorologiques particulières du mois de septembre, chaud et sec.
Les Q3J-N sont quasiment partout inférieurs, voire même très inférieurs au médian, avec des périodes de retour qui s’élèvent jusqu’à 10 ans sec.


Sur les bassins de la Seine Normandie, la pluviométrie a été excédentaire par rapport à la normale pour un mois d’octobre avec un excédent moyen de 55 %.
Le cumul des précipitations est compris entre 90 mm à l’ouest de l’Aube et 189 mm au sud de la Haute-Marne.
Les hydraulicités sont stables par rapport à celles du mois de septembre avec des valeurs globalement comprises entre 0.4 et 0.8.
En ce qui concerne les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N) en octobre, ils sont globalement inférieurs au médian.

Concernant les eaux souterraines, avec une pluviométrie excédentaire pour ce mois d’octobre sur le Grand Est, dont l’essentiel est apporté en seconde quinzaine, la situation ne se dégrade pas : la moitié des points de suivi est à la hausse ou stable contre 1/6 au mois de septembre. Concernant les périodes de retour, les niveaux moyens mensuels se situent en moyenne juste en-dessous des normales de saison.
Les Calcaires du Jurassique de Lorraine présentent des niveaux à la hausse pour un tiers des piézomètres et se situent globalement autour des normales de saison.
Pour les nappes de la Craie, la majorité des piézomètres suivis affiche une baisse et les niveaux moyens mensuels sont modérément bas en moyenne.
A l’Est de la région, les Grès du Trias Inférieur présentent une situation stable par rapport au mois précédent mais avec des niveaux variant de modérément bas à très bas.
Des niveaux très bas sont aussi atteints sur la nappe d’Alsace qui présente une situation contrastée : les baisses perdurent au nord et au sud de l’Alsace, alors que le secteur central affiche des hausses, les niveaux s’échelonnant entre les normales de saison et un niveau très bas.

Pluviométrie

Pour lire le résumé climatique mensuel de Météo-France, téléchargez le document ci dessous.

(Source : Météo-France)

Eaux superficielles

Hydraulicité


Sur le bassin du Rhin, les précipitations apparues à partir du milieu de mois ont permis de redynamiser les débits de nos cours d’eau sans toutefois permettre d’atteindre les valeurs moyennes interannuelles pour un mois d’Octobre.
Dans le Haut-Rhin, un peu moins arrosé que le Bas-Rhin, les hydraulicités sont encore faibles et des déficits supérieurs à 50% sont observés sur toutes les stations de référence en dehors de Reiningue sur la Doller.
Dans le Bas-Rhin, on observe encore des écoulements très faibles (hydraulicité inférieure à 0.2) sur le Giessen à Sélestat. Les autres cours d’eau bas-rhinois retrouvent des hydraulicités comprises entre 0.6 sur la Bruche à Holtzheim et 0.8 sur la Moder à Schweighouse.
Le Rhin à Lauterbourg propose un débit moyen mensuel de 680m3/s (déficit de 25%).

Sur le bassin de la Sarre, les précipitations observées durant la seconde partie du mois d’Octobre ont permis de réalimenter les cours d’eau étudiés.
Les hydraulicités observées sont en légère hausse par rapport au mois précédent (déficit de 30%) à l’échelle du bassin de la Sarre et affluents.

Sur le bassin de la Meuse, les précipitations excédentaires de la seconde partie du mois d’Octobre ont permis de réalimenter les cours d’eau. Le bassin de la Chiers et la Meuse aval présentent une hydraulicité proche ou supérieure à la normale.
Pour la partie amont et médiane du bassin, la situation s’améliore mais l’hydraulicité reste quelque peu déficitaire (déficit d’environ 30% à l’amont et 50% sur la partie médiane qui n’a pas encore pu profiter de l’eau en provenance de l’amont)

Sur le bassin de la Moselle, les précipitations observées là encore ont permis d’améliorer l’hydraulicité de l’ensemble des cours d’eau du bassin.
Dans sa globalité pour le bassin de la Moselle, la situation s’est améliorée par rapport au mois dernier, cependant un déficit est encore présent pour le bassin (entre 40 et 50%). Seul l’Orne présente une situation beaucoup plus favorable, avec une hydraulicité supérieure à la normale.

Sur le bassin de la Seine-Normandie, les précipitations de ce mois d’octobre ont été excédentaires mais ont eu peu d’impact sur les débits des cours d’eau.
Les hydraulicités sont assez stables par rapport au mois précédent et des valeurs qui sont très majoritairement comprises entre 0.4 et 0.8.

Débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs (Q3J-N)


Sur le bassin du Rhin, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont observés en première moitié de mois (certaines stations offrant même les valeurs les plus basses enregistrées depuis le début de l’année civile).
Par conséquent, plusieurs stations affichent des périodes de retour supérieures à 10ans sec (Guebwiller sur la Lauch, Sélestat sur le Giessen ou Schweighouse sur Moder).

Sur le bassin de la Sarre, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont observés en première moitié de mois (certaines stations offrant même les valeurs les plus basses enregistrées depuis le début de l’année civile).
Les périodes de retour sont comprises entre 5ans sec sur l’Eichel et plus de 10ans sec sur la Sarre à Keskastel.

Sur le bassin de la Meuse, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont observés durant la première quinzaine du mois, dans la globalité les Q3J-N sont inférieurs à la médiane.
Seul le bassin du Vair présente une situation plus défavorable, avec une période de retour inférieure à la décennale pour Soulosse sous Saint Elophe.

Sur le bassin de la Moselle, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont observés durant la première quinzaine du mois.
Les Q3J-N de la Meurthe et de la Moselle ont une période de retour supérieure à 10 ans sec, le Madon et la Seille affichent une période de retour comprise entre 5 et 10 ans sec. Seul l’Orne affiche des Q3J-N proches du médian.

Sur le bassin de la Seine-Normandie, les débit moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont majoritairement inférieurs au médian pour ce mois d’octobre et sont observés en début de période.
Mais la situation est hétérogène. En effet, les Q3J-N sont inférieurs au décennal sec à Villers-sur-Suize et à Montmirail. Et il sont supérieurs au médian à Frignicourt et à Arcis-sur-Aube.

Eaux souterraines

Concernant les nappes des Calcaires du Jurassique de Lorraine, plus d’un tiers des piézomètres suivis amorcent une hausse, et près de la moitié est soit à la hausse soit stable. Le niveau moyen mensuel se situe globalement autour de la moyenne et s’échelonne de modérément haut pour les Calcaires de l’Oxfordien des Côtes de Meuse Sud (Epiez-sur-Meuse (55)) ou les Calcaires du Dogger de Bassigny (Fréville (88)), à modérément bas pour les Calcaires du Dogger des Côtes de Moselle Nord (Villers-en-Haye (54)) ou les Calcaires du Tithonien (Nubécourt (55)).

Pour la nappe des Grès du Trias Inférieur, les piézomètres sont globalement stables et la situation reste hétérogène en terme de période de retour : en limite du massif des Vosges, sur le flanc Ouest, le niveau est modérément bas dans la partie sud et en remontant jusqu’à Celles-sur-Plaine (88), mais atteint un niveau très bas au nord (Voyer (57)) ; en s’éloignant du massif vers l’Ouest, les niveaux sont bas au sud (Relanges (88)) et très bas au nord (Gélacourt (54)).

L’évolution des niveaux moyens d’octobre par rapport à ceux du mois de septembre est variable selon les secteurs de la nappe en Alsace :
Dans le Bas-Rhin, les niveaux sont en baisse sur toute la moitié nord, de -4 cm à Lampertheim, -6 cm à Sessenheim, jusqu’à -10 cm pour la nappe du Pliocène à Wissembourg. Sur la moitié sud du département, les niveaux sont en hausse par rapport au mois dernier, entre +6 cm (Rossfeld) et +9 cm (Baldenheim). En termes de périodes de retour, les niveaux sont comparables à ceux du mois dernier, encore proches des normales à Sessenheim, Reichstett ou Baldenheim, modérément bas à Haguenau et Lampertheim, bas à Weitbruch, Lipsheim ou Rossfeld, et toujours très bas en bordure à Griesheim.
Dans le Haut-Rhin, la partie nord du département reste en hausse, autour de +10 cm (Holtzwihr, Guémar et Illhaeusern), jusqu’à +16 cm en centre plaine (Hettenschlag), sauf pour le secteur de bordure à Wintzenheim (-12 cm). La moitié sud du département est également en baisse, autour de -10 cm dans l’extrême sud et le Sundgau oriental, -15 cm le long du Rhin à Fessenheim et -28 cm à Cernay. Les périodes de retour sont très proches de celles du mois dernier et restent partout en dessous des normales saisonnières, mais encore proches de celles-ci à Guémar ou Fessenheim, et toujours modérément bas à Illhaeusern, Wittenheim, ou Hésingue, bas à Hettenschlag, Holtzwihr, ou Cernay et très bas à Habsheim et Wintzenheim.

Sur les nappes de la craie, la situation est stable par rapport au mois de septembre sur la Craie de Champagne nord, sud et centre, mais s’est très légèrement dégradée sur la Craie du Senonais et Pays d’Othe.
Globalement, la majorité des piézomètres suivis sont toujours à la baisse. Les niveaux moyens mensuels sont, en moyenne, modérément bas.
Pour les zones les plus réactives, les niveaux sont en moyenne juste en-dessous des normales de saison, et s’échelonnent de modérément bas (Saint-Etienne-sur-Suippe (51), Vanault-le-Châtel (51) ou Saint-Hilaire-sous-Romilly (10)) à modérément haut (Chamoy (10) ou Villeloup (10)).
Pour les nappes les plus inertielles, les niveaux sont majoritairement, et au mieux, modérément bas. Notons un niveau encore bas à Sémide (08). Les piézomètres de Songy (51) et Val-des-Marais (51) affichent aussi un niveau bas.


Une liste des piézomètres de la région Grand est disponible en téléchargement ci-dessous. Le tableau contient des liens vers les informations relatives à chaque point de mesure.

Réservoirs


Pour les réservoirs et barrages de la région Grand Est, le niveau de remplissage fin octobre 2023 est de 32% pour les retenues destinées à la navigation. En ce qui concerne les retenues destinées à l’alimentation en eau potable, le réservoir de Madine et la retenue de Michelbach affichent un taux de remplissage stable par rapport au mois dernier avec plus de 85%. Pour les retenues destinées au soutien de l’étiage, le taux de remplissage est de plus de 76% pour le réservoir de Vieux Pré et de 16.2% pour le barrage de Kruth. Les barrages-réservoirs du bassin de la Seine affichent un taux de remplissage de 20%, proche de l’objectif de gestion.
La retenue de Bouzey poursuit son remplissage progressif, alimenté uniquement par les ressources naturelles (sources, ruisseaux et écoulements d’eau pluviale).

Liens utiles…..

Vigicrues :
https://www.vigicrues.gouv.fr/

Le suivi de l’étiage :
http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/etiage-secheresse-r244.html

L’HydroPortail (anc. banque hydro), le portail des données quantitatives sur les cours d’eau :
https://hydro.eaufrance.fr/

Le portail d’accès aux données sur les eaux souterraines :
http://www.ades.eaufrance.fr/

Glossaire

BSH  :
Bulletin publié par la DREAL Grand Est qui présente mensuellement l’évolution de la ressource en eau.
Thème 1. Météorologie :

Évapotranspiration  :
Quantité d’eau consommée qui comprend d’une part l’eau transpirée par la plante, d’autre part l’évaporation directe à partir du sol, exprimée en millimètre.

Évapotranspiration Potentielle ETP :
Correspond à la quantité maximale d’eau transpirée par les végétaux et à l’évaporation du sol dans des conditions idéales.

Normale (météorologique) :
Moyenne de variables météorologiques calculées sur une période uniforme relativement longue choisie par consensus et telle qu’une moyenne établie sur toute période plus longue n’ait pas une valeur significativement différente. En météorologie, une période de 30 années a été retenue par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Les périodes de référence furent 1901-1930, 1931-1960, 1951-1980, 1971-2000 , 1981-2010 et actuellement la période est 1991-2020.
Attention, à ne pas confondre avec la moyenne (voir définition dans ce glossaire).

Pluie efficace (ou bilan hydrique potentiel) :
Différence entre les cumuls de précipitations (RR) et l’évapotranspiration potentielle (ETP). Elle peut donc être négative.

RR (Rainfall Runoff) :
Cumul de précipitations, généralement exprimé en millimètre de pluie (mm).

Thème 2. Hydrologie :

Débit  :
Volume d’eau écoulé par unité de temps généralement exprimé en mètre cube par seconde (m3/s).

Débit de pointe de crue  :
Débit instantané maximum observé.

Débit minimum sur trois jours consécutifs (Q3J-N) :
Le Q3J-N (anciennement appelé VCN3 et aussi appelé débit de base) correspond au débit moyen minimal calculé sur 3 jours consécutifs sur une période donnée. La date du Q3J-N correspond au premier des trois jours considérés.
Débit moyen journalier (QMJ) :
Le débit moyen journalier correspond au volume écoulé sur une journée rapporté à l’unité de temps, et généralement exprimé en m3/s.

Hydraulicité mensuelle  :
Rapport du débit moyen du mois considéré à la moyenne historique du mois considéré. Elle permet de positionner un mois par rapport à un mois moyen.

Module mensuel  :
Moyenne de l’ensemble des débits moyen mensuels d’un mois considéré, calculé sur l’ensemble de la période d’observation de la station.

Thème 3. Piézométrie :

Aquifère (ou nappe d’eau souterraine) :
Formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l’eau mobilisable, constituée de roches perméables et capables de la restituer naturellement et/ou par exploitation. On distingue deux types d’aquifères :
- Aquifère à nappe libre : l’aquifère reposant sur une couche très peu perméable est surmonté d’une zone non saturée en eau.
- Aquifère captif (ou nappe captive) : dans une nappe captive, l’eau souterraine est confinée entre deux formations très peu perméables. Lorsqu’un forage atteint une nappe captive, l’eau remonte dans le forage.

Niveau piézométrique  :
Niveau auquel peut monter l’eau d’une nappe dans un tube (le piézomètre) lorsqu’on réalise un forage. Ce niveau correspond à la pression de la nappe, il est généralement donné en mètres NGF.

Piézomètre  :
Tube foré dans le sol atteignant la nappe phréatique et permettant de mesurer son niveau. Certains puits ou forages qui ne sont plus exploités aujourd’hui servent également de piézomètres.

Thème 4. Statistique

Fréquence  :
Pourcentage de chance qu’un événement se produise sur une période donnée.

Fréquence quinquennale (respectivement décennale) sèche ou humide :
Valeur-seuil dépassée 20 % (respectivement 10 %) du temps.

Médiane  :
Valeur qui divise une séquence ordonnée de données en deux parties strictement égales. En l’absence de valeurs toutes similaires, la moitié des observations sera inférieure et l’autre moitié sera supérieure à la médiane. Elle est aussi appelée normale en hydrologie.

IPS (Indicateur Piézométrique standardisé) :
Il est défini sur une échelle dite « standard », sa valeur numérique varie entre –3 et +3 (sans unité), il facilite le calcul d’un indicateur global à partir d’un indicateur ponctuel, il permet d’avoir une vision homogène de l’état des nappes libres (ou captives) à l’échelle nationale.

Période de retour (ou durée de retour) :
Inverse de la fréquence, généralement exprimée en nombre d’années. Par exemple, pour une fréquence quinquennale (soit 20%, donc 1/5ème), la période de retour est de 5 ans.

Thème 5. Divers :

COTECO  :
Comité Technique de Coordination de l’EPTB Seine Grands Lacs.

EPTB Seine Grands Lacs  :
Etablissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs.

Partager la page

S'abonner