BSH Grand Est octobre 2024

Synthèse du mois
Sur le bassin Rhin-Meuse, la situation hydrologique générale évolue peu par rapport aux mois précédents. Le contexte météorologique observé durant ce mois d’octobre doux et relativement humide a participé à maintenir les écoulements de tous les cours d’eau à un niveau élevé. Les hydraulicités observées s’étalent de 1 (débits moyens mensuels proches des normales de saison) sur le secteur de la Sarre à plus de 3 (débits moyens mensuels qui représentent plus de 3 fois les valeurs de saison) sur les secteurs de la Chiers et de l’Orne. Les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N) restent également sous l’influence de ce contexte général humide prolongé. Les Q3J-N sont quasiment partout supérieurs au quinquennal humide.
Sur les bassins de la Seine Normandie, la pluviométrie a été légèrement excédentaire pour un mois d’octobre avec un cumul mensuel moyen de 85 mm. Le cumul des précipitations est compris entre 65 mm dans l’Aube et 100 mm à l’ouest de la Marne. Les hydraulicités sont en hausse par rapport à celles du mois de septembre avec des valeurs majoritairement supérieures à 2.0. En ce qui concerne les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N) en octobre, ils sont tous supérieurs au quinquennal humide.
Concernant les eaux souterraines, la période habituelle de recharge démarre dans des conditions très confortables : les niveaux moyens mensuels sont hauts à très hauts en moyenne pour ce mois d’octobre, et les tendances à la hausse sont redevenues largement majoritaires sur le Grand Est (c’est le cas pour plus de 8 piézomètres sur 10). Les niveaux les plus hauts (hauts voire très hauts) représentent 8 points de suivi sur 10, et se retrouvent sur toutes les nappes du Grand Est, surtout sur la nappe de la craie et les nappes des calcaires du Jurassique. C’est sur la nappe des cailloutis du Sundgau, au sud de l’Alsace, que la situation est la moins favorable ainsi que sur quelques points de suivi de la nappe d’Alsace, où la tendance est stable voire à la hausse mais avec des niveaux moyens mensuels un peu en-dessous des normales de saison.
Pluviométrie



Pour lire le résumé climatique mensuel de Météo-France, téléchargez le document ci dessous.
(Source : Météo-France)
Eaux superficielles
Hydraulicité

Sur le bassin du Rhin, les pluies du mois d’octobre 2024 sont plutôt excédentaires dans le Bas-Rhin et conformes aux moyennes annuelles dans le Haut-Rhin. Des réactions hydrologiques ont été constatées lors de la première partie du mois d’octobre sur l’ensemble des bassins versants étudiés. Les hydraulicités sont plutôt hautes sur les bassins versants du Haut-Rhin avec des valeurs comprises entre 1.7 (excédent de 70% sur l’Ill amont à Didenheim) et 2.5 (écoulements plus que deux fois supérieurs à la normale sur la Fecht à Ostheim ou la Lauch à Guebwiller). La situation hydrologique de la plaine d’Alsace jusqu’au nord Alsace est également excédentaire avec des valeurs d’hydraulicités autour de 1.5 (excédents de 50%) sur la plupart des stations y compris pour le Rhin à Lauterbourg.
Sur le bassin de la Sarre, des pluies excédentaires sont également constatées. Les hydraulicités sur les stations sont comprises entre 1 (écoulements proches des normales pour un mois d’octobre à Keskastel sur la Sarre et à Oermingen sur l’Eichel) et 1.3 (excédent de 30% sur la Sarre amont à Sarrebourg et la Sarre à Wittring).
Sur le bassin de la Meuse, les précipitations du mois d’octobre sont proches de la normale. L’intégralité du bassin possède une hydraulicité excédentaire, avec un excédent supérieur à 100% sur toutes les stations (écoulements plus que deux fois supérieurs à la normale).
Sur le bassin de la Moselle, les précipitations du mois d’octobre sont proches de la normale. L’intégralité du bassin possède une hydraulicité excédentaire, l’amont du bassin présente un excédent de 50% et l’aval un excédent de 100% (écoulements plus que deux fois supérieurs à la normale).
Sur le bassin de la Seine-Normandie, les précipitations de ce mois d’octobre ont été légèrement supérieures à la normale. Les hydraulicités sont en hausse par rapport à celles du mois précédent et sont globalement supérieures à 2.0. Sauf aux stations de Villiers-sur-Suize, Frignicourt, Châlons-en-Champagne, Arcis-sur-Aube et Pont-sur-Seine où elles sont supérieures à 1.2.
Débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs (Q3J-N)

Sur le bassin du Rhin, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont élevés et supérieurs à la quinquennale humide sur l’ensemble des stations.
Sur le bassin de la Sarre, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont supérieurs à la médiane sur la plupart des stations en dehors de celle d’Oermingen sur l’Eichel qui propose des débits de base proche des moyennes pour un mois d’octobre.
Sur le bassin de la Meuse, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont exclusivement supérieurs au quinquennal humide.
Sur le bassin de la Moselle, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont exclusivement supérieurs au quinquennal humide.
Sur le bassin de la Seine-Normandie, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs pour ce mois d’octobre sont tous supérieurs au quinquennal humide.
Eaux souterraines

Concernant les nappes des calcaires du Jurassique, l’évolution à la hausse s’est généralisée en ce mois d’octobre, et les niveaux moyens mensuels sont hauts voire très hauts pour la saison.
Pour la nappe plus inertielle des grès du Trias inférieur, la tendance est majoritairement à la hausse, sauf pour Celles-sur-Plaine (88) qui affiche une tendance à la baisse. Les niveaux moyens mensuels sur l’ensemble de la nappe des GTI sont en moyenne proche d’un niveau haut, hors Relanges (88) (niveau bas) qui n’est représentatif que d’une petite nappe.
Pour la nappe alluviale de la plaine d’Alsace, les niveaux moyens d’octobre sont partout en hausse par rapport au mois de septembre en Alsace. Dans le Bas-Rhin, les niveaux sont en hausse de +11 à +15 cm à Griesheim, Weitbruch, Rossfeld et Sessenheim, +18 cm à Reichstett, +24 cm à Lipsheim et Baldenheim, près de +30 cm à Haguenau et Lampertheim, jusqu’à +34 cm à Wissembourg, au nord du Pliocène de Haguenau. Les niveaux se situent partout bien au-dessus des normales saisonnières, à l’exception de Griesheim-près-Molsheim qui reste modérément bas. Le secteur de Weitbruch reste sur des niveaux hauts, tandis que tous les autres sites relevés sont désormais très hauts. Pour les secteurs de Sessenheim, Haguenau, Lampertheim, Reichstett et Baldenheim, octobre 2024 se classe au 1er rang depuis presque 40 ans (2ième rang à Lipsheim). Dans le Haut-Rhin, les niveaux sont en hausse de +16 cm en bordure à Wintzenheim, +21 cm dans l’extrême sud à Hésingue, +23 cm en centre plaine (Hettenschlag), de +25 à +30 cm à Illhaeusern, Holtzwihr, Guémar et Wittenheim, jusqu’à +58 cm à Cernay (Thur). Le long du Rhin à Fessenheim, la hausse est minime (+2 cm), tout comme dans le Sundgau oriental (Habsheim). Les niveaux moyens mensuels s’échelonnent de modérément bas pour Habsheim, autour de la moyenne pour Wintzenheim, à hauts pour Hettenschlag, Fessenheim ou Hésingue, et désormais très hauts pour Holtzwihr, Cernay, Wittenheim, Guémar (oct. 2024 au 2ième rang derrière 2006) et Illhaeusern.
Sur la nappe de la craie, les niveaux moyens mensuels varient de haut à très haut, les très hauts niveaux étant majoritaires. La tendance à la hausse prédomine et concerne 8 points de suivi sur 10.
(Sources : APRONA, Délégation de bassin Rhin-Meuse)
Une liste des piézomètres de la région Grand est disponible en téléchargement ci-dessous. Le tableau contient des liens vers les informations relatives à chaque point de mesure.
Réservoirs



Pour les réservoirs et barrages de la région Grand Est, le niveau de remplissage fin octobre 2024 est de près de 53% pour les retenues destinées à la navigation. En ce qui concerne les retenues destinées à l’alimentation en eau potable, le réservoir de Madine et la retenue de Michelbach affichent un taux de remplissage de l’ordre de 91%. Pour les retenues destinées au soutien de l’étiage, le taux de remplissage reste à un niveau confortable de 99% pour le réservoir de Vieux Pré alors qu’il baisse à près de 38% pour le barrage de Kruth qui se prépare à sa mission d’écrétage de crues. Afin également de répondre à la double mission de soutien des étiages et de lutte contre les crues, les barrages-réservoirs du bassin de la Seine poursuivent leur vidange et affichent un taux de remplissage de 22%, proche de l’objectif de gestion.
Liens utiles…..
Vigicrues :
https://www.vigicrues.gouv.fr/
Le suivi de l’étiage :
http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/etiage-secheresse-r244.html
L’HydroPortail (anc. banque hydro), le portail des données quantitatives sur les cours d’eau :
https://hydro.eaufrance.fr/
Le portail d’accès aux données sur les eaux souterraines :
http://www.ades.eaufrance.fr/
Glossaire
Thème 1. Météorologie :
Évapotranspiration :
Quantité d’eau consommée qui comprend d’une part l’eau transpirée par la plante, d’autre part l’évaporation directe à partir du sol, exprimée en millimètre.
Évapotranspiration Potentielle ETP :
Correspond à la quantité maximale d’eau transpirée par les végétaux et à l’évaporation du sol dans des conditions idéales.
Normale (météorologique) :
Moyenne de variables météorologiques calculées sur une période uniforme relativement longue choisie par consensus et telle qu’une moyenne établie sur toute période plus longue n’ait pas une valeur significativement différente. En météorologie, une période de 30 années a été retenue par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Les périodes de référence furent 1901-1930, 1931-1960, 1951-1980, et actuellement la période est 1971-2000.
Attention, à ne pas confondre avec la moyenne (voir définition dans ce glossaire).
Pluie efficace (ou bilan hydrique potentiel) :
Différence entre les cumuls de précipitations (RR) et l’évapotranspiration potentielle (ETP). Elle peut donc être négative.
RR (Rainfall Runoff) :
Cumul de précipitations, généralement exprimé en millimètre de pluie (mm).
Thème 2. Hydrologie :
Débit :
Volume d’eau écoulé par unité de temps généralement exprimé en mètre cube par seconde (m3/s).
Débit de pointe de crue :
Débit instantané maximum observé.
Débit minimum sur trois jours consécutifs (VCN 3) :
Le VCN 3 (aussi appelé débit de base) correspond au débit moyen minimal calculé sur 3 jours consécutifs sur une période donnée. La date du VCN3 correspond au premier des trois jours considérés.
Débit moyen journalier (QMJ) :
Le débit moyen journalier correspond au volume écoulé sur une journée rapporté à l’unité de temps, et généralement exprimé en m3/s.
Hydraulicité mensuelle :
Rapport du débit moyen du mois considéré à la moyenne historique du mois considéré. Elle permet de positionner un mois par rapport à un mois moyen.
Module mensuel :
Moyenne de l’ensemble des débits moyen mensuels d’un mois considéré, calculé sur l’ensemble de la période d’observation de la station.
Thème 3. Piézométrie :
Aquifère (ou nappe d’eau souterraine) :
Formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l’eau mobilisable, constituée de roches perméables et capables de la restituer naturellement et/ou par exploitation. On distingue deux types d’aquifères :
- Aquifère à nappe libre : l’aquifère reposant sur une couche très peu perméable est surmonté d’une zone non saturée en eau.
- Aquifère captif (ou nappe captive) : dans une nappe captive, l’eau souterraine est confinée entre deux formations très peu perméables. Lorsqu’un forage atteint une nappe captive, l’eau remonte dans le forage.
Niveau piézométrique :
Niveau auquel peut monter l’eau d’une nappe dans un tube (le piézomètre) lorsqu’on réalise un forage. Ce niveau correspond à la pression de la nappe, il est généralement donné en mètres NGF.
Piézomètre :
Tube foré dans le sol atteignant la nappe phréatique et permettant de mesurer son niveau. Certains puits ou forages qui ne sont plus exploités aujourd’hui servent également de piézomètres.
Thème 4. Statistique
Fréquence :
Pourcentage de chance qu’un événement se produise sur une période donnée.
Fréquence quinquennale (respectivement décennale) sèche ou humide :
Valeur-seuil dépassée 20 % (respectivement 10 %) du temps.
Médiane :
Valeur qui divise une séquence ordonnée de données en deux parties strictement égales. En l’absence de valeurs toutes similaires, la moitié des observations sera inférieure et l’autre moitié sera supérieure à la médiane. Elle est aussi appelée normale en hydrologie.
IPS (Indicateur Piézométrique standardisé) :
Il est défini sur une échelle dite « standard », sa valeur numérique varie entre –3 et +3 (sans unité), il facilite le calcul d’un indicateur global à partir d’un indicateur ponctuel, il permet d’avoir une vision homogène de l’état des nappes libres (ou captives) à l’échelle nationale.
Période de retour (ou durée de retour) :
Inverse de la fréquence, généralement exprimée en nombre d’années. Par exemple, pour une fréquence quinquennale (soit 20%, donc 1/5ème), la période de retour est de 5 ans.
COTECO :
Comité Technique de Coordination de l’EPTB Seine Grands Lacs.
EPTB Seine Grands Lacs :
Etablissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs.