Des cours d’eau impactés par les pollutions diffuses d’origines multiples et une morphologie dégradée

La région est particulièrement concernée par des pollutions liées à la présence de micro-polluants d’origine chimique ou métallique générés par l’activité agricole (grandes cultures, viticulture) et industrielle. L’agriculture régionale, très performante pour les productions végétales, est aussi fortement dépendante des apports de fertilisants azotés, les sols sur craie étant naturellement pauvres en minéraux.

Si les teneurs en pesticides ne sont que ponctuellement à l’origine d’un déclassement de l’état chimique des cours d’eau en 2012, en revanche des résidus de produits phytosanitaires sont observés sur les stations suivies, avec parfois plus de 40 molécules identifiées par station. Il s’agit principalement d’herbicides, famille de pesticides la plus utilisée et donc la plus recherchée. Le nombre de molécules de fongicides retrouvées dans les cours d’eau tend par ailleurs à augmenter. L’atrazine désethyl (produit de dégradation de l’atrazine) reste la molécule la plus quantifiée malgré l’interdiction de l’utilisation de l’atrazine depuis 2003 (rémanence longue des molécules dans le sol, se retrouvant dans les cours d’eau par le jeu des interrelations entre les eaux souterraines et les eaux superficielles).

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Nombre de molécules de pesticides quantifiées par station en 2013 (Source DREAL, janvier 2016)

La pollution d’origine industrielle et urbaine génère des teneurs élevées en HAP (Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques, composés générés par la combustion de matières organiques à haute température). Ils se retrouvent dans les cours d’eau par le biais de l’assainissement des eaux usées, le lessivage des chaussées par les eaux pluviales. Ces composés sont responsables de la non atteinte du bon état chimique pour plus de la moitié des cours d’eau (55%). Si on exclut les HAP, 4 % des masses d’eau de la région sont considérées en mauvais état chimique (état des lieux 2013)

L’assainissement est une problématique encore relativement importante en région, malgré les travaux menés ces dernières années sur les plus grosses installations, avec un parc de petites stations très important, parfois vétustes, une gestion des temps de pluie souvent inadaptée (apports d’eaux claires parasites, insuffisance des installations de dépollution …), des capacités insuffisantes des stations urbaines pour absorber les effluents temporaires en période de vendanges 1. Ces pollutions touchent plus particulièrement les petits cours d’eau (tête de bassin ou petits affluents), du fait de leurs faibles capacités de dilution. Elles pourraient encore se trouver renforcées par les effets du changement climatique conduisant à des étiages plus sévères et plus longs (concentration des polluants, hausse de température, développement de bactéries).

Les grands cours d’eau régionaux ont connu des altérations physiques importantes découlant d’anciens travaux (chenalisation, rectification, endiguement …) pour la régulation des crues, le trafic fluvial, les barrages des grands lacs sur la Seine, l’Aube, la Marne ayant en outre modifié leur régime hydraulique naturel. Sur de plus petits cours d’eau, les altérations morphologiques sont liées principalement à la présence de nombreux ouvrages hydrauliques, souvent sans usages aujourd’hui, et localement à l’amont au piétinement du bétail très impactant du fait de la petite taille de ce réseau de tête de bassin (voir chapitre Milieux naturels et biodiversité). Au-delà de l’hydromorphologie, l’entretien des cours d’eau et de leurs berges (lutte contre l’érosion, maintien des ripisylves …) est aussi nécessaire pour le maintien ou la reconquête de la qualité des eaux (voir Chapitre Milieux naturels et biodiversité).

Notes et références

1PAOT Marne et PTAP Seine amont

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