Bassin houiller / Remontée de nappe

Le bassin houiller lorrain, autrefois connu pour son activité industrielle tournée vers le charbon, a également la particularité d’être situé à l’aplomb d’une importante masse d’eau souterraine, à savoir celle des grès du Trias inférieur (GTI) aussi appelée nappe des grès vosgiens.

Suite à une diminution des prélèvements d’eau observable depuis les années 1990, accentuée par l’arrêt des dernières exhaures minières en 2006 et la désindustrialisation de ce territoire orienté vers des activités plus économes en eau, un phénomène de remontée de nappe y est en cours.

L’action de l’État vise donc depuis plusieurs années à actualiser les prévisions faites lors de l’arrêt de l’activité minière (2004). Les résultats sont communiqués via un Comité de Suivi de la Remontée de la Nappe (CSRN), de même que la stratégie retenue notamment en vue de la protection des zones bâties et de la gestion de l’urbanisme. S’agissant d’un phénomène lent, prévu de s’étaler sur plusieurs décennies de manière hétérogène selon les secteurs, il nécessite une approche itérative. Les rubriques ci-dessous donnent accès aux informations liées à ce sujet.

Remontée de la nappe des GTI

La nappe des grès du Trias inférieur (GTI), également appelée nappe des grès vosgiens, constitue une importante réserve d’eau souterraine, de plus de 180 milliards de mètres cubes, qui s’étend sous une grande partie de la région Grand Est, mais aussi sous une partie du Luxembourg et de l’Allemagne.

Au droit du bassin houiller lorrain (secteur de Merten, Creutzwald, Longeville-lès-Saint-Avold, Freyming-Merlebach et Forbach), cette nappe est très majoritairement dépourvue de couverture (on dit qu’elle est « libre »). Globalement, la profondeur à laquelle se trouve cette nappe d’eau souterraine :

  • fluctue naturellement selon les saisons et/ou la succession d’années sèches et/ou humides ;
  • varie selon l’intensité et la distance des prélèvements d’eau liés aux activités humaines : cela a été le cas dans le passé, notamment du temps de l’exploitation minière par le pompage des eaux d’exhaures, et l’est encore de nos jours pour d’autres activités ;
  • peut se trouver dépendante des caractéristiques du réseau hydrographique local (cours d’eau drainant ou non) : le niveau de la nappe est susceptible de se trouver piégé (captif) sous une couverture sédimentaire imperméable au-dessus de laquelle s’écoule le cours d’eau.

Dans le secteur du bassin houiller lorrain, une diminution de la consommation en eau potable et industrielle est observable depuis les années 1990 du fait des évolutions techniques, socio-économiques et des politiques publiques de protection de la ressource naturelle, et bien entendu la fin programmée de l’activité minière qui était associée à l’exploitation du charbon. Les dernières exhaures minières ont été arrêtées en 2006 et les besoins en eau, liés aux activités socio-économiques, ont diminué depuis.

En conséquence, la nappe des GTI étant moins sollicitée, elle remonte et il en sera ainsi jusqu’à l’atteinte d’un nouvel état d’équilibre. Il convient de noter que ce phénomène ne s’opère pas de la même manière partout pour plusieurs raisons :

  • des « failles géologiques », parfois très peu perméables et qui se sont formées naturellement il y a plusieurs millions d’années, compartimentent en quelque sorte la nappe d’eau souterraine.
  • l’intensité des prélèvements d’eau a été différente dans chacun de ces compartiments.

L’état d’avancement du processus de remontée de nappe est donc différent selon les secteurs. Certains d’entre eux sont déjà en situation de nappe peu profonde, sans que cela n’ait révélé de problème dans des zones bâties (exemple : Secteur de Merten).
Ailleurs, les conséquences d’une nappe d’eau souterraine plus proche de la surface que par le passé récent (moins d’un siècle) peuvent mettre des années à se manifester en fond de vallée ou en basse plaine. L’anthropisation des milieux (berges aménagées, cours d’eau bétonnés, anciennes zones marécageuses urbanisées, terrains affaissés par l’exploitation minière) a pu accentuer la sensibilité du territoire.

Or, si la reconstitution de la nappe d’eau souterraine peut être perçue positivement dans un contexte de réchauffement climatique, d’économie de la ressource en eau ou de préservation des écosystèmes (restauration d’anciennes zones marécageuses disparues, apparition de nouvelles zones humides, amélioration des débits d’étiage des cours d’eau), il peut également poser des problèmes de salubrité publique et être générateur de dégâts sur les biens et les infrastructures sur des périodes relativement longues.

Il reste donc important de prendre ce phénomène en compte dans l’aménagement du territoire et d’approfondir les études engagées. C’est dans cet objectif que des études hydrogéologiques et des modélisations spécifiques sont menées afin de cartographier la profondeur de la nappe des GTI selon divers scénarios actualisés pas à pas.

Comite de Suivi de la Remontée de la Nappe (CSRN)

Le CSRN est une instance réunissant un grand nombre d’acteurs, à savoir des parlementaires (députés, sénateurs), des collectivités (maires, présidents de communauté de communes, présidents du conseil régional et de département), des administrations (Sous-préfecture, DREAL, DDT, AERM, ARS), le ministère du Land de Sarre, des opérateurs de l’État français (GEODERIS, DPSM du BRGM) et des associations. Il a été installé en 2017 pour traiter de ce sujet qui fait également partie de celui plus global de l’après-mine.
Selon les éléments disponibles, il vise à diffuser une fois par an des informations sur l’état des connaissances, les travaux et études en cours, concernant la compréhension du phénomène, les solutions de traitement possibles en vue de la préservation des enjeux de territoire et les éléments de doctrine en matière d’urbanisme.

Les présentations et comptes rendus des réunions sont accessibles par les liens ci-après :

Comite technique opérationnel (CTO)

En 2021, le préfet a décidé d’installer un Comité Technique Opérationnel (CTO) composé d’une vingtaine de participants, regroupant des élus, des représentants des services de l’État et de ses opérateurs. De taille plus restreinte, il a vocation à permettre un travail de fond en abordant des questions particulières en lien avec le sujet de la remontée de la nappe. C’est ainsi par exemple, que se sont posées des questions sur la gestion des réseaux enfouis, les perspectives de valorisation de l’eau qui sera pompée dans la nappe des GTI en vue de la préservation des zones bâties existantes.

Informations relatives à la situation de la nappe des GTi

La nappe des GTI ne se trouve pas partout à la même profondeur pour les principales raisons exposées précédemment. Certains secteurs sont en situation de nappe très peu profonde, sans évolution significative attendue dans les années à venir. Ailleurs, la nappe est en phase de remontée observable à des vitesses variables (de quelques centimètres à plusieurs mètres par an).

Afin de situer le niveau de la nappe d’eau souterraine, on recourt à des ouvrages de suivi appelés piézomètres. La piézométrie est la mesure de profondeur de la surface de la nappe d’eau souterraine. Elle est exprimée soit par rapport au sol en mètres, soit par rapport à l’altitude zéro du niveau de la mer en mètres NGF (Nivellement Général Français).

Les documents suivants visent à informer les communes et collectivités du bassin houiller lorrain de la situation de la nappe des GTI par l’indication des valeurs relevées sur des points représentatifs. Compte-tenu de la distance à laquelle se trouve la nappe et des vitesses de remontées observées une mise à jour annuelle des données est actuellement ciblée. Celles-ci portent pour l’instant sur l’année N-1.
Nota : Le nombre de points de mesures est prévu d’augmenter au fur et à mesure de l’étoffement du réseau piézométrique. Une amélioration de l’interface de communication actuelle (cartes format PDF) est par ailleurs en préparation.

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