BSH Grand Est août 2023
Synthèse du mois
Sur le bassin Rhin-Meuse, la situation hydrologique générale est influencée favorablement par les passages orageux très actifs qui ont balayé tous les bassins durant ce mois d’août, apportant des cumuls conséquents.
À l’exception du Haut-Rhin, moins arrosé, les précipitations sont partout excédentaires (+45% à l’échelle de la région Grand Est).
Les écoulements ont bénéficié de ces apports répétés et ainsi les hydraulicités sont en nette amélioration par rapport au mois de juillet. La grande majorité des stations affiche un débit moyen mensuel proche ou supérieur aux normales pour un mois d’août.
Les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N) qui ont généralement été observés en fin de mois sont eux aussi en nette amélioration par rapport à ceux relevés en juillet. Cependant, sur une majorité de stations des bassins de la Moselle et du Rhin, les Q3J-N affichent encore des valeurs inférieures au médian, sans toutefois dépasser des périodes de retour de l’ordre de 5 à 7 ans sec.
Sur les bassins de la Seine Normandie, la pluviométrie a été excédentaire par rapport à la normale pour un mois d’août avec un excédent moyen de 45 %.
Le cumul des précipitations est compris entre 55 mm à l’ouest de la Marne et 100 mm à l’est de la Haute-Marne.
Les hydraulicités sont en hausse par rapport à celles de juillet avec des valeurs majoritairement supérieurs à 2.0.
En ce qui concerne les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N) en août, ils sont majoritairement supérieurs au médian.
Concernant les eaux souterraines, à la faveur d’une pluviométrie globalement excédentaire sur le Grand Est, près de la moitié des points de suivi sont à la hausse et 60% des piézomètres affichent des niveaux moyens mensuels autour ou au-dessus des moyennes de saison.
Les Calcaires du Jurassique, bien arrosés, présentent des niveaux plutôt à la hausse et globalement modérément hauts. Pour les nappes de la Craie, malgré une majorité de piézomètres à la baisse, les niveaux moyens mensuels se situent entre modérément bas et autour de la moyenne. À l’est de la région, les Grès du Trias Inférieur et la nappe d’Alsace présentent une situation plus contrastée : le massif des Vosges ou bien certains secteurs proches de l’Ill (67) ou le long du Rhin (68) affichent une amélioration, mais ailleurs, on note des baisses et des niveaux encore bas voire très bas.
Pluviométrie
Pour lire le résumé climatique mensuel de Météo-France, téléchargez le document ci-dessous.
Eaux superficielles
Hydraulicité
Sur le bassin du Rhin, les précipitations du mois d’août 2023 sont excédentaires dans le Bas-Rhin et sur les massifs, normales en plaine haut-rhinoise et légèrement déficitaires dans le Sundgau.
Les débits moyens mensuels observés durant le mois d’août 2023 sont partout supérieurs à ceux observés en août 2022.
Les hydraulicités sont généralement conformes aux moyennes interannuelles pour un mois d’août sur la plupart des cours d’eau (hydraulicités comprises entre 0.8 et 1.2).
Néanmoins, les stations de Didenheim (Ill amont), Guebwiller (Lauch), Sélestat (Giessen) ou Waltenheim (Zorn) sont davantage déficitaires (entre 30 et 40% de déficit).
Sur le bassin de la Sarre, les précipitations observées durant le mois d’août 2023 sont excédentaires (+25% en moyenne).
Les hydraulicités des cours d’eau étudiés sont supérieures à celles observées en août 2022 et conformes aux moyennes interannuelles pour un mois d’août.
Seule la station d’Oermingen sur l’Eichel, accuse un déficit marqué, proche de 40% (hydraulicité comprise entre 0.6 et 0.7).
Sur le bassin de la Meuse, les précipitations de ce mois d’août ont été proches des normales sur la partie vosgienne, alors qu’elles ont été nettement plus fortes sur le reste du bassin, avec localement des excédents représentant le double des valeurs de saison dans le centre meusien.
Les écoulements sont représentatifs de ces différences d’apports avec des hydraulicités qui s’étalent de 0.6 (déficit de 40%) sur l’amont à Goncourt, à 1.2 à Stenay (excédent de 20%) et jusqu’à 1.6 à l’aval à Chooz (excédent de 60%).
Sur le bassin de la Moselle également, les précipitations de ce mois d’août ont été proches des normales sur la partie vosgienne, alors qu’elles ont été sensiblement plus conséquentes sur le reste du bassin.
Les hydraulicités s’étalent de 0.6 (déficit de 40%) sur la Seille et le Madon, à 1.2 à l’aval à Uckange (excédent de 20%).
Sur le bassin de la Seine-Normandie, les précipitations de ce mois d’août ont été excédentaires avec, pour conséquence, des hydraulicités en hausse par rapport au mois précédent et des valeurs qui sont très majoritairement supérieures à 2.0.
Cependant, la situation est plus dégradée aux stations de Villiers-sur-Suize, Bar-sur-Aube, Bar-sur-Seine, Soudron et Montmirail où les hydraulicité sont comprises entre 0.4 et 0.8.
Débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs (Q3J-N)
Sur le bassin du Rhin, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont observés en fin de mois.
La situation est variable : la moitié des stations étudiées (Didenheim, Schweighouse-sur-Moder ou le Rhin à Lauterbourg par exemple) présentent encore des valeurs inférieures aux médians, sans toutefois dépasser des périodes de retour de 5 à 7 ans sec.
Les autres stations sont proches du médian voire légèrement supérieures, comme la Bruche à Holtzheim ou la Doller à Reiningue.
Sur le bassin de la Sarre, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont majoritairement supérieurs au médian notamment sur le bassin de la Sarre.
Seul le débit moyen minimal de l’Eichel à la station d’Oermingen est inférieur à la valeur médiane (période de retour 4 à 5 ans sec).
Sur le bassin de la Meuse, les débit moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont proches du médian sur la partie vosgienne moins arrosée, et sont supérieurs au médian partout ailleurs.
La situation la plus favorable se retrouve sur la Meuse à Sedan avec un Q3J-N supérieur à la quinquennale humide.
Sur le bassin de la Moselle, la situation est plus contrastée. Plus de la moitié des stations affiche un débit moyen minimal sur trois jours consécutifs inférieur au médian.
Les Q3J-N du Madon, de la Meurthe amont, de la Seille et de la Moselle à Custines affichent une période de retour de l’ordre de 5 ans sec. Seuls l’Orne et la partie de la Moselle à l’amont de la confluence avec la Meurthe affichent des Q3J-N supérieurs au médian.
Sur le bassin de la Seine-Normandie, les débit moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs sont majoritairement supérieurs au médian pour ce mois d’août. Mais la situation est assez hétérogène.
En effet, les Q3J-N sont inférieurs à la médiane à Villers-sur-Suize, Bar-sur-Aube, Soudron et Montmirail. Mais il sont supérieurs à la quinquennale humide à Arcis-sur-Aube et Verrières.
Eaux souterraines
La pluviométrie de ce mois d’août, sous forme d’une succession d’averses orageuses notamment, est globalement excédentaire sur le Grand Est, avec quelques disparités à l’échelle des départements.
Concernant les nappes des Calcaires du Jurassique de Lorraine, elles ont été bien arrosées et présentent des niveaux à la hausse pour plus de la moitié des points de suivi. Encore un quart des stations environ reste à la baisse. Le niveau moyen mensuel est globalement modérément haut du Nord (Brieulles-sur-Bar (08)) au Sud (Fréville (88)).
Pour la nappe des Grès du Trias Inférieur, la situation est hétérogène : en limite du massif des Vosges, sur le flanc Ouest, la tendance est plutôt à la hausse et les niveaux sont modérément bas (Voyer (57)) voire conformes aux moyennes de saison (Plombières-les-Bains (88)) ; plus à l’Ouest, en s’éloignant du massif, les niveaux sont très bas mais restent stables (Gélacourt (54) ou Relanges (88)).
L’évolution des niveaux moyens d’août par rapport à ceux du mois de juillet est variable selon les secteurs de la nappe en Alsace.
Dans le Bas-Rhin, les niveaux sont en baisse sur la nappe du Pliocène dans l’extrême nord (-15 cm à Wissembourg) et au sud de Haguenau (-5 cm à Weitbruch), mais également en zone de bordure de l’aquifère rhénan au sud de la Bruche (-4 cm à Griesheim-près-Molsheim). Ailleurs, les niveaux sont en hausse sur le reste du département, de +4 cm (Sessenheim, Lampertheim, Haguenau), à +9 cm pour Lipsheim et Rossfeld, jusqu’à +13 cm pour Reichstett et Baldenheim. Les niveaux sont remontés autour de la normale au nord sur les secteurs de Sessenheim, Haguenau, Reichstett et au sud à Baldenheim. Ils restent néanmoins modérément bas entre Lipsheim et Rossfeld, toujours bas à Weitbruch et très bas à Griesheim.
Dans le Haut-Rhin, tout le secteur au nord de Colmar est en hausse, de +3 cm pour Holtzwihr, +5 cm pour Illhaeusern, à +13 cm pour Guémar. La hausse se poursuit également le long du Rhin avec +10 cm par rapport au mois dernier à Fessenheim. Les niveaux sont stables en centre plaine (Hettenschlag), et en baisse en bordure dans le cône de la Fecht (-6 cm à Wintzenheim) et sur toute la moitié sud du département (entre -11 cm à Hesingue et -27 cm à Cernay). Les niveaux restent partout inférieurs aux normales de saison, avec des périodes de retour qui varient entre modérément bas (Cernay, Wittenheim, Fessenheim), bas (Hettenschlag, Holtzwihr) et très bas (Habsheim, Wintzenheim).
Sur les nappes de la craie, la situation s’améliore, avec plus d’un quart des piézomètres à la hausse, et des niveaux moyens mensuels se situant majoritairement entre modérément bas et autour de la moyenne.
Les nappes les plus inertielles ont encore pour la plupart des tendances à la baisse. Les niveaux, globalement modérément bas, se situent entre bas (Vailly (10) ou Sémide (08)) et autour de la moyenne (Les-Grandes-Loges (51)).
Pour les zones les plus réactives, les niveaux sont globalement juste au-dessus des normales de saison, et s’échelonnent de modérément bas (Saint-Etienne-sur-Suippe (51) ou Bussy-le-Château (51)) à hauts (Villeloup (10)).
Une liste des piézomètres de la région est disponible en téléchargement ci-dessous. Le tableau contient des liens vers les informations relatives à chaque point de mesure.
Réservoirs
Pour les réservoirs et barrages de la région Grand Est, le niveau de remplissage fin août 2023 est de plus de 38% pour les retenues destinées à la navigation. En ce qui concerne les retenues destinées à l’alimentation en eau potable, le réservoir de Madine et la retenue de Michelbach affichent un taux de remplissage stable par rapport au mois dernier avec plus de 88%. Pour les retenues destinées au soutien de l’étiage, le taux de remplissage est de plus de 90% pour le réservoir de Vieux Pré et de 25% pour le barrage de Kruth. Les barrages-réservoirs du bassin de la Seine affichent un taux de remplissage de 57%, conforme à l’objectif de gestion.
À noter que la retenue de Bouzey a repris un remplissage progressif, alimenté uniquement par les ressources naturelles (sources, ruisseaux et écoulements d’eau pluviale).
Liens utiles…..
Vigicrues :
https://www.vigicrues.gouv.fr/
Le suivi de l’étiage :
http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/etiage-secheresse-r244.html
L’HydroPortail (anc. banque hydro), le portail des données quantitatives sur les cours d’eau :
https://hydro.eaufrance.fr/
Le portail d’accès aux données sur les eaux souterraines :
http://www.ades.eaufrance.fr/
Glossaire
BSH :
Bulletin publié par la DREAL Grand Est qui présente mensuellement l’évolution de la ressource en eau.
Thème 1. Météorologie :
Évapotranspiration :
Quantité d’eau consommée qui comprend d’une part l’eau transpirée par la plante, d’autre part l’évaporation directe à partir du sol, exprimée en millimètre.
Évapotranspiration Potentielle (ETP) :
Correspond à la quantité maximale d’eau transpirée par les végétaux et à l’évaporation du sol dans des conditions idéales.
Normale (météorologique) :
Moyenne de variables météorologiques calculées sur une période uniforme relativement longue choisie par consensus et telle qu’une moyenne établie sur toute période plus longue n’ait pas une valeur significativement différente. En météorologie, une période de 30 années a été retenue par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Les périodes de référence furent 1901-1930, 1931-1960, 1951-1980, 1971-2000 , 1981-2010 et actuellement la période est 1991-2020.
Attention, à ne pas confondre avec la moyenne (voir définition dans ce glossaire).
Pluie efficace (ou bilan hydrique potentiel) :
Différence entre les cumuls de précipitations (RR) et l’évapotranspiration potentielle (ETP). Elle peut donc être négative.
RR (Rainfall Runoff) :
Cumul de précipitations, généralement exprimé en millimètre de pluie (mm).
Thème 2. Hydrologie :
Débit :
Volume d’eau écoulé par unité de temps généralement exprimé en mètre cube par seconde (m3/s).
Débit de pointe de crue :
Débit instantané maximum observé.
Débit minimum sur trois jours consécutifs (Q3J-N) :
Le Q3J-N (anciennement appelé VCN3 et aussi appelé débit de base) correspond au débit moyen minimal calculé sur 3 jours consécutifs sur une période donnée. La date du Q3J-N correspond au premier des trois jours considérés.
Débit moyen journalier (QMJ) :
Le débit moyen journalier correspond au volume écoulé sur une journée rapporté à l’unité de temps, et généralement exprimé en m3/s.
Hydraulicité mensuelle :
Rapport du débit moyen du mois considéré à la moyenne historique du mois considéré. Elle permet de positionner un mois par rapport à un mois moyen.
Module mensuel :
Moyenne de l’ensemble des débits moyen mensuels d’un mois considéré, calculé sur l’ensemble de la période d’observation de la station.
Thème 3. Piézométrie :
Aquifère (ou nappe d’eau souterraine) :
Formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l’eau mobilisable, constituée de roches perméables et capables de la restituer naturellement et/ou par exploitation. On distingue deux types d’aquifères :
- Aquifère à nappe libre : l’aquifère reposant sur une couche très peu perméable est surmonté d’une zone non saturée en eau.
- Aquifère captif (ou nappe captive) : dans une nappe captive, l’eau souterraine est confinée entre deux formations très peu perméables. Lorsqu’un forage atteint une nappe captive, l’eau remonte dans le forage.
Niveau piézométrique :
Niveau auquel peut monter l’eau d’une nappe dans un tube (le piézomètre) lorsqu’on réalise un forage. Ce niveau correspond à la pression de la nappe, il est généralement donné en mètres NGF.
Piézomètre :
Tube foré dans le sol atteignant la nappe phréatique et permettant de mesurer son niveau. Certains puits ou forages qui ne sont plus exploités aujourd’hui servent également de piézomètres.
Thème 4. Statistique
Fréquence :
Pourcentage de chance qu’un événement se produise sur une période donnée.
Fréquence quinquennale (respectivement décennale) sèche ou humide :
Valeur-seuil dépassée 20 % (respectivement 10 %) du temps.
Médiane :
Valeur qui divise une séquence ordonnée de données en deux parties strictement égales. En l’absence de valeurs toutes similaires, la moitié des observations sera inférieure et l’autre moitié sera supérieure à la médiane. Elle est aussi appelée normale en hydrologie.
IPS (Indicateur Piézométrique standardisé) :
Il est défini sur une échelle dite « standard », sa valeur numérique varie entre –3 et +3 (sans unité), il facilite le calcul d’un indicateur global à partir d’un indicateur ponctuel, il permet d’avoir une vision homogène de l’état des nappes libres (ou captives) à l’échelle nationale.
Période de retour (ou durée de retour) :
Inverse de la fréquence, généralement exprimée en nombre d’années. Par exemple, pour une fréquence quinquennale (soit 20%, donc 1/5ème), la période de retour est de 5 ans.
Thème 5. Divers :
COTECO :
Comité Technique de Coordination de l’EPTB Seine Grands Lacs.
EPTB Seine Grands Lacs :
Etablissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs.