BSH Grand Est juillet 2024

Synthèse du mois
Dans la continuité d’un début d’été déjà bien arrosé, de nouvelles perturbations ont à nouveau balayé tout le bassin Rhin-Meuse durant ce mois de juillet. Ces précipitations répétées, localement orageuses, ont généré un excédent pluviométrique d’environ +25% à l’échelle de la région.
En conséquence, la situation hydrologique générale reste sous l’influence de ce contexte météorologique perturbé qui s’éternise et les débits moyens mensuels de juillet sont encore très majoritairement supérieurs à la moyenne interannuelle, notamment sur la partie ouest du bassin Rhin-Meuse, sensiblement plus arrosée.
L’hydraulicité la plus élevée se retrouve sur le secteur de la Meuse amont, avec des écoulements moyens mensuels qui représentent près de 5 fois la normale pour un mois de juillet (hydraulicité de 5). A l’inverse, sur les secteurs moins arrosés du Haut-Rhin et de centre Alsace, les hydraulicités de juillet s’orientent autour des moyennes interannuelles.
Les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N), favorisés par ce contexte humide restent encore très majoritairement supérieurs à la quinquennale humide.
Sur les bassins de la Seine Normandie, la pluviométrie a été supérieure de 25 % par rapport à la normale pour un mois de juillet avec un cumul mensuel moyen de 90 mm.
Le cumul des précipitations est compris entre 60 mm au centre de la Haute-Marne et 120 mm à l’ouest de la Marne.
Les hydraulicités sont en hausse par rapport au mois de juin avec des valeurs majoritairement supérieures à 2.0.
En ce qui concerne les débits minimaux sur trois jours consécutifs (Q3J-N) en juillet, ils sont tous supérieurs au quinquennal humide.
Concernant les eaux souterraines, les niveaux moyens mensuels restent modérément hauts à hauts en moyenne pour ce mois de juillet, mais les tendances à la baisse sont largement majoritaires sur le Grand Est : c’est le cas pour 2/3 des piézomètres.
Les niveaux les plus hauts (hauts voire très hauts) se retrouvent sur les nappes inertielles ou plus réactives du Centre et du Sud-Ouest de la région et sur la nappe d’Alsace dans le département du Bas-Rhin. Au Nord-Ouest (département des Ardennes et partie Nord du département de la Marne), les points de suivi affichent plutôt des niveaux modérément hauts.
C’est à l’Est que la situation reste plus contrastée pour la nappe des Grès du Trias Inférieur et le Sud de la nappe d’Alsace. Les niveaux moyens mensuels s’y échelonnent de très bas à très haut.
Pluviométrie



Pour lire le résumé climatique mensuel de Météo-France, téléchargez le document ci dessous.
(Source : Météo-France)
Eaux superficielles
Hydraulicité

Sur le bassin du Rhin, les pluies du mois de juillet 2024 sont conformes aux moyennes interannuelles.
Sur les bassins versants du Haut-Rhin ainsi qu’en centre Alsace (Giessen et Ill de plaine), les hydraulicités s’orientent autour des moyennes interannuelles pour un mois de juillet.
Un petit excédent (+35%) est encore observé à Ostheim sur la Fecht, alors que la Lauch à Guebwiller est légèrement déficitaire (-20%).
Dans le Bas-Rhin, les hydraulicités observées sur les bassins versants de la Zorn, de la Moder et du Rhin à Lauterbourg sont plus conséquentes avec une valeur moyenne de 1.3 (excédent de 30%).
La Bruche à Holtzheim présente l’excédent d’écoulement le plus important du mois de juillet (+ 80%, c’est-à-dire une hydraulicité de 1.8).
Sur le bassin de la Sarre, les hydraulicités sur les stations de référence sont en baisse par rapport au mois de juin mais restent excédentaires (moyenne de 1.3, excédent de 30% à l’échelle du bassin).
Sur le bassin de la Meuse, les précipitations du mois de juillet sont globalement supérieures à la normale sur l’ensemble du bassin. Cela se traduit par une hydraulicité encore importante pour ce mois de juillet de l’amont jusqu’à la confluence avec la Chiers (excédent de 100%).
L’hydraulicité de la partie aval du bassin reste excédentaire mais dans une moindre mesure par rapport à la partie amont (excédent de 50% en moyenne).
Sur le bassin de la Moselle, les précipitations du mois de juillet sont légèrement excédentaires sur le bassin de l’Orne et du Madon, ce qui explique pourquoi ces deux affluents possèdent les hydraulicités les plus importantes du bassin avec un excédent de 100%.
Pour ce qui est de la Moselle, la globalité du bassin possède une hydraulicité excédentaire.
Sur le bassin de la Seine-Normandie, les précipitations de ce mois de juillet ont encore été très supérieures à la normale. Les hydraulicités sont proches de celles du mois précédent et majoritairement supérieures à 2.0.
Sur l’aval du territoire, à Soudron, Chevrières et Givry, elles sont comprises entre 1.2 et 2.0.
Débit moyen minimal enregistré pendant 3 jours consécutifs (Q3J-N)

Sur le bassin du Rhin, les débits moyens minimaux enregistrés pendant 3 jours consécutifs (Q3J-N) sont supérieurs à la médiane sur la majorité des stations et encore supérieurs à la quinquennale humide à Schweighouse sur Moder ou Holtzheim sur la Bruche.
Sur le bassin de la Sarre, les Q3J-N sont supérieurs à la médiane et même supérieurs à la quinquennale humide à la station de Wittring (Sarre).
Sur le bassin de la Meuse, les Q3J-N sont majoritairement supérieurs à la quinquennale humide sur l’intégralité du bassin.
Sur le bassin de la Moselle, les Q3J-N sont majoritairement supérieurs à la quinquennale humide sur l’intégralité du bassin.
Sur le bassin de la Seine-Normandie, les Q3J-N pour ce mois de juillet sont tous supérieurs au quinquennal humide.
Eaux souterraines

Concernant les nappes des Calcaires du Jurassique de Lorraine, les niveaux moyens mensuels restent en moyenne hauts pour la saison, et atteignent encore localement un niveau très haut comme sur les Calcaires du Dogger à Fréville (88) et à Villers-en-Haye (54), ainsi que sur les Calcaires Oxfordien des Côtes de Meuse Sud (à Epiez-sur-Meuse (55)) ou sur le Barrois (Stainville (55)). La tendance d’évolution est cependant globalement à la baisse, mais on peut noter une tendance à la hausse sur les points de suivi d’Epiez-sur-Meuse et de Stainville.
Pour la nappe plus inertielle des Grès du Trias Inférieur, on distingue la zone au nord-ouest du socle vosgien, où les niveaux moyens mensuels sont en moyenne modérément hauts, avec une tendance à la baisse, et la zone au sud du département des Vosges où la situation est très contrastée en terme de période de retour et de tendance d’évolution (niveau très haut et à la hausse à Plombières-les-Bains (88), mais niveau très bas et à la baisse sur le secteur plus réactif du point de suivi de Relanges (88)).
Les niveaux moyens de juillet sont en baisse par rapport au mois de juin sur presque tout le territoire alsacien, à l’exception du cône de déjection de la Fecht.
Dans le Bas-Rhin, les niveaux sont partout en baisse, -46 cm en bordure à Lampertheim, -25 cm au nord à Wissembourg, autour de -20 cm à Reichstett, Lipsheim, Rossfeld ou Baldenheim, -8 cm à Sessenheim ou Weitbruch, et quasiment stables à Haguenau (-2 cm) et Griesheim (-1 cm). Les niveaux restent tous au-dessus des normales saisonnières, sauf à Griesheim-près-Molsheim (modérément bas), variant entre hauts pour Rossfeld et Weitbruch et très hauts sur les autres secteurs du département.
Dans le Haut-Rhin, la baisse est presque généralisée, avec -55 cm sur le secteur de la Thur à Cernay, -38 cm à Wittenheim, -27 cm à Guémar ou plus au sud à Habsheim, -17 cm pour Illhaeusern, Holtzwihr ou le long du Rhin à Fessenheim, et autour de -10 cm en centre plaine à Hettenschlag et dans l’extrême sud à Hésingue. Seul le secteur du cône de déjection de la Fecht reste en légère hausse (+5 cm à Wintzenheim). Par rapport aux normales saisonnières, les niveaux sont, comme le mois dernier, plus étagés que dans le Bas-Rhin, allant toujours de modérément bas à Habsheim, autour de la moyenne à Wintzenheim, à hauts pour Illhaeusern, Fessenheim et Wittenheim, voire très hauts pour Guémar.
Sur les nappes de la craie, au comportement inertiel, la situation reste favorable pour ce mois de juillet : les niveaux moyens mensuels s’échelonnent de modérément haut à très haut. Mais la tendance à la baisse est très majoritaire.
Pour les zones les plus inertielles comme pour les plus réactives, les points de suivi affichent donc encore des niveaux modérément hauts à hauts en moyenne mais la tendance est à la baisse avec quelques hausses pour les plus réactives (comme au point de suivi de Chamoy (10)).
Une liste des piézomètres de la région Grand est disponible en téléchargement ci-dessous. Le tableau contient des liens vers les informations relatives à chaque point de mesure.
Réservoirs



Pour les réservoirs et barrages de la région Grand Est, le niveau de remplissage fin juillet 2024 est de près de 75% pour les retenues destinées à la navigation. En ce qui concerne les retenues destinées à l’alimentation en eau potable, le réservoir de Madine et la retenue de Michelbach affichent un taux de remplissage de l’ordre de 96%. Pour les retenues destinées au soutien de l’étiage, le taux de remplissage est de 100% pour le réservoir de Vieux Pré et de plus de 97% pour le barrage de Kruth. Les barrages-réservoirs du bassin de la Seine affichent un taux de remplissage de 91%, conforme à l’objectif de gestion.
La retenue de Bouzey poursuit son remplissage progressif, alimenté uniquement par les ressources naturelles (sources, ruisseaux et écoulements d’eau pluviale).
Liens utiles…..
Vigicrues :
https://www.vigicrues.gouv.fr/
Le suivi de l’étiage :
http://www.grand-est.developpement-durable.gouv.fr/etiage-secheresse-r244.html
L’HydroPortail (anc. banque hydro), le portail des données quantitatives sur les cours d’eau :
https://hydro.eaufrance.fr/
Le portail d’accès aux données sur les eaux souterraines :
http://www.ades.eaufrance.fr/
Glossaire
BSH :
Bulletin publié par la DREAL Grand Est qui présente mensuellement l’évolution de la ressource en eau.
Thème 1. Météorologie :
Évapotranspiration :
Quantité d’eau consommée qui comprend d’une part l’eau transpirée par la plante, d’autre part l’évaporation directe à partir du sol, exprimée en millimètre.
Évapotranspiration Potentielle ETP :
Correspond à la quantité maximale d’eau transpirée par les végétaux et à l’évaporation du sol dans des conditions idéales.
Normale (météorologique) :
Moyenne de variables météorologiques calculées sur une période uniforme relativement longue choisie par consensus et telle qu’une moyenne établie sur toute période plus longue n’ait pas une valeur significativement différente. En météorologie, une période de 30 années a été retenue par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Les périodes de référence furent 1901-1930, 1931-1960, 1951-1980, 1971-2000 , 1981-2010 et actuellement la période est 1991-2020.
Attention, à ne pas confondre avec la moyenne (voir définition dans ce glossaire).
Pluie efficace (ou bilan hydrique potentiel) :
Différence entre les cumuls de précipitations (RR) et l’évapotranspiration potentielle (ETP). Elle peut donc être négative.
RR (Rainfall Runoff) :
Cumul de précipitations, généralement exprimé en millimètre de pluie (mm).
Thème 2. Hydrologie :
Débit :
Volume d’eau écoulé par unité de temps généralement exprimé en mètre cube par seconde (m3/s).
Débit de pointe de crue :
Débit instantané maximum observé.
Débit minimum sur trois jours consécutifs (Q3J-N) :
Le Q3J-N (anciennement appelé VCN3 et aussi appelé débit de base) correspond au débit moyen minimal calculé sur 3 jours consécutifs sur une période donnée. La date du Q3J-N correspond au premier des trois jours considérés.
Débit moyen journalier (QMJ) :
Le débit moyen journalier correspond au volume écoulé sur une journée rapporté à l’unité de temps, et généralement exprimé en m3/s.
Hydraulicité mensuelle :
Rapport du débit moyen du mois considéré à la moyenne historique du mois considéré. Elle permet de positionner un mois par rapport à un mois moyen.
Module mensuel :
Moyenne de l’ensemble des débits moyen mensuels d’un mois considéré, calculé sur l’ensemble de la période d’observation de la station.
Thème 3. Piézométrie :
Aquifère (ou nappe d’eau souterraine) :
Formation géologique contenant de façon temporaire ou permanente de l’eau mobilisable, constituée de roches perméables et capables de la restituer naturellement et/ou par exploitation. On distingue deux types d’aquifères :
- Aquifère à nappe libre : l’aquifère reposant sur une couche très peu perméable est surmonté d’une zone non saturée en eau.
- Aquifère captif (ou nappe captive) : dans une nappe captive, l’eau souterraine est confinée entre deux formations très peu perméables. Lorsqu’un forage atteint une nappe captive, l’eau remonte dans le forage.
Niveau piézométrique :
Niveau auquel peut monter l’eau d’une nappe dans un tube (le piézomètre) lorsqu’on réalise un forage. Ce niveau correspond à la pression de la nappe, il est généralement donné en mètres NGF.
Piézomètre :
Tube foré dans le sol atteignant la nappe phréatique et permettant de mesurer son niveau. Certains puits ou forages qui ne sont plus exploités aujourd’hui servent également de piézomètres.
Thème 4. Statistique
Fréquence :
Pourcentage de chance qu’un événement se produise sur une période donnée.
Fréquence quinquennale (respectivement décennale) sèche ou humide :
Valeur-seuil dépassée 20 % (respectivement 10 %) du temps.
Médiane :
Valeur qui divise une séquence ordonnée de données en deux parties strictement égales. En l’absence de valeurs toutes similaires, la moitié des observations sera inférieure et l’autre moitié sera supérieure à la médiane. Elle est aussi appelée normale en hydrologie.
IPS (Indicateur Piézométrique standardisé) :
Il est défini sur une échelle dite « standard », sa valeur numérique varie entre –3 et +3 (sans unité), il facilite le calcul d’un indicateur global à partir d’un indicateur ponctuel, il permet d’avoir une vision homogène de l’état des nappes libres (ou captives) à l’échelle nationale.
Période de retour (ou durée de retour) :
Inverse de la fréquence, généralement exprimée en nombre d’années. Par exemple, pour une fréquence quinquennale (soit 20%, donc 1/5ème), la période de retour est de 5 ans.
Thème 5. Divers :
COTECO :
Comité Technique de Coordination de l’EPTB Seine Grands Lacs.
EPTB Seine Grands Lacs :
Etablissement Public Territorial de Bassin Seine Grands Lacs.